Readthe publication. Votre contact presse > Caroline Manens tél. 05 63 21 79 53 fax 05 63 66 80 36 caroline. manens@tourisme82. com Sommaire Edito du Tarn-et-Garonne Carte du Tarn-et-Garonne avec accès Nouveauté 2012 Insolite Les plus beaux pigeonniers - Les pigeonniers Gourmands Les moulins de charme Spécial Évasions insolites Dossier spécial Montauban
Jules RONJAT - Essai de syntaxe des parlers provençaux modernesPublished on Sep 30, 2010Documents per l'estudi de la lenga occitana N°27 Jules RONJAT Institut d'estudis occitans de París Edicion originala Mâcon, Protat Frères, 1913 Docume... IEO Paris Readthe publication. CACG Compagnie d'Aménagement des Coteaux de Gascogne Chemin de Lalette – CS 50449 Tel : 05 62 51 71 49 Fax : 05 62 51 71 30 WWW.CACG.FR Communauté d’Agglomération du Grand Tarbes ZAC ECOPARC à Bordères sur l’Echez Dossier de Création Pièce 4 - Etude d’Impact Septembre 2015 M34BécasseNombre de messages 293Age 47Localisation MONTPELLIER - HERAULTDate d'inscription 06/11/2011Bonjour à tous,Quelqu'un pourrait il me donner l'espèce de ce pigeon ? Je ne pense pas à un pigeon des villes ...Merci !!!! hugo77CerfNombre de messages 1741Age 25Localisation FranceDate d'inscription 30/08/2011Il m'a tout l'air d'être un biset pigeon des villes _________________"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend pas le nombre des années" Pierre CorneilleM34BécasseNombre de messages 293Age 47Localisation MONTPELLIER - HERAULTDate d'inscription 06/11/2011 hugo77 a écritIl m'a tout l'air d'être un biset pigeon des villes Ce qui m'étonne c'est qu'il est assez fonçé, le biset a l'air plus clair ...JP2CerfNombre de messages 6850Age 74Localisation Haute-Saône 70 Date d'inscription 30/10/2005C'est un Pigeon Biset effectivement, le standard de ce pigeon devient de plus en plus difficile à cerner vu les multiples croisements qu'il a pu subir notamment en nature est sauvage, et il faut chasser pour qu'elle le reste" PascalM34BécasseNombre de messages 293Age 47Localisation MONTPELLIER - HERAULTDate d'inscription 06/11/2011 JP2 a écritC'est un Pigeon Biset effectivement, le standard de ce pigeon devient de plus en plus difficile à cerner vu les multiples croisements qu'il a pu subir notamment en JP2. Ok merci du renseignement !Je comprends mieux avec les croisements du pensais à un pigeon d'élevage collectio qui s'était perdu dans le coin ...hugo77CerfNombre de messages 1741Age 25Localisation FranceDate d'inscription 30/08/2011Le colombin est aussi claire qu'un ramier, en effet jp2 des bisets on en trouve en toute sorte de déclinaisons comme multicolores, mouchetés bleu ou marron, avec houpette etc.... Dernière édition par hugo77 le Dim 2 Nov 2014 - 2109, édité 1 fois Raison manque un mot_________________"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend pas le nombre des années" Pierre Corneillehunter59xSanglierNombre de messages 707Date d'inscription 02/11/2012Je n'aurai pas dit un biset moi ... Mais un pigeon de ferme ou encore de cour ou d'eglise ... Le biset est comme un bleu de gascogne mais il a deux bandes noires au dessus de chaques aileshugo77CerfNombre de messages 1741Age 25Localisation FranceDate d'inscription 30/08/2011Tu confonds avec le colombin, le biset est un pigeon de ferme, d'eglise, de ville etc..._________________"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend pas le nombre des années" Pierre CorneillemonlalCerfNombre de messages 1822Age 34Localisation Pas-de-CalaisDate d'inscription 15/04/2012Biset "classique" on va dire çà Colombin là, il n'y a pas de doute; un colombin moucheté ou roux, jamais vu !!! La couleur des yeux est bien différentes selon l'espèce. _________________ Hemingway a presque écrit; aucune chasse ne vaut la chasse avec un chien, et ceux qui ont longtemps chassé avec un chien, qui ont aimé ça… ne trouvent plus jamais saveur à autre chose. » InsulaireModérateurNombre de messages 8614Age 54Localisation EcosseDate d'inscription 22/04/2012Oui, la photo du lien est bien un "biset" de ville. Par contre voici une photo que j'ai prise, de bisets sauvages qui vivent dans les falaises des îles écossaises. On distingue bien les deux bandes alaires noires dont parle Hunter59 et qui les caratérisent ainsi qu'une couleur générale bleu clair. Ici, les pigeons bisets sauvages sont protégés mais par contre les bisets de ferme sont classés nuisibles et par extension, tous les bisets qui rôdent un peu trop près des fermes... Ce qui peut entraîner quelques confusions!Le biset sauvage était l'oiseau qui était utilisé dans les grands concours de tir au pigeon vivant Vichy, Deauville, Monte Carlo, etc... pour son aptitude à crocheter et voler pigeon des villes est une forme de pigeon biset complétement abâtardie par des croisements de messages 1093Age 39Localisation TouraineDate d'inscription 23/10/2014Pardon mais a droite l'autre oiseau c'est quoi?M34BécasseNombre de messages 293Age 47Localisation MONTPELLIER - HERAULTDate d'inscription 06/11/2011 1henri a écritPardon mais a droite l'autre oiseau c'est quoi? Un étourneauQuentin59CerfNombre de messages 1619Age 28Localisation lieu-st-amandDate d'inscription 23/02/2013Dans le nord on préfère s'abstenir de les tirer because on a des "couloneux" et on a donc des pigeons de toutes sortes, alors pour éviter de ramasser un pigeon qui a un collier de bagues, on s'abstient, du moins par chez moi1henriSanglierNombre de messages 1093Age 39Localisation TouraineDate d'inscription 23/10/2014 M34 a écrit 1henri a écritPardon mais a droite l'autre oiseau c'est quoi? Un étourneau Ok, j'avais peur de poser une question bête et c'était le cas! Pourtant j'en tire assez souvent mais ils n'ont pas de blanc comme ça, des reflets bleus et un bec moins fin...palombe62000Nouveau membreNombre de messages 6Age 56Localisation ARRASDate d'inscription 26/11/2014Magnifiques les bisets ! lors d'une balade à Belle Ile il me semble en avoir vu dans les falaises, d'après mes infos le bleu de gascogne serait issu du croisement de ce biset avec un colombin....Permission de ce forumVous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum tuas certainemùent du voir ce qu’on appelle des mulets donc croisement bleu de gascogne et palombe. Oui s’est assez beau et surtout ça reste sur l’instinct du pigeonier comme le bleu
Richement illustré, le livre Encyclopédie de la chasse » par Pascal Durantel décrit pour chaque espèce chassable en France son biotope, son comportement et ses différents modes de chasse envisageables qu’ils soient modernes ou traditionnels. Fiche de lecture Introduction Petits gibiers des plaines et des bois Le gibier d’eau Le grand gibier Le gibier de montagne Le gibier à réguler Introduction Rares sont les pays comme la France qui offrent, sur une si petite surface, une telle diversité en termes de milieux, de faune et de flore. Reflets d’identités régionales fortes, la chasse française s’exprime aussi bien dans les arts, la littérature que la gastronomie. Des défenseurs de la nature, des écrivains, des stars du petit écran ou du cinéma avouent désormais publiquement leur plaisir de chasser. Dans la culture, les exemples, souvent pathétiques, abondent de ces chasseurs qui ont mis de côté leur bonheur conjugal, leur vie de famille, leur réussite sociale ou même leur santé pour vivre pleinement leur passion. Notre littérature met en avant de nombreux personnages dévorés par la fièvre de la chasse L’homme de chasse, de Paul Vialar. Celle-ci peut aussi malheureusement conduire aux pires extrémités le braconnage et l’assassinat Montcharmont. Culpabilité et repentance sont dans l’air du temps le chien, la convivialité, le sport, les plaisirs de la table, la tradition et le poids électoral des chasseurs sont constamment évoqués pour légitimer sa pratique. Or, les chasseurs gagneraient à assumer ce qu’ils font laisser s’exprimer cette pulsion prédatrice qui vise à s’accaparer ce qui reste de sauvage dans notre espace de vie. En valorisant l’image des chasseurs, en œuvrant pour une meilleure connaissance des espèces et en contribuant aux travaux des fédérations, les associations de chasses spécialisées se positionnent en interlocuteur important du monde cynégétique. À une époque où la chasse subit des attaques de plus en plus virulentes, les ACS nous sont plus utiles que jamais. La grande diversité des chasses d’oiseaux migrateurs a profondément imprégné notre culture. L’affection portée au chien remonte aux racines de la civilisation, née dans la passion instinctive et commune de la chasse. Depuis Darwin, la domestication est considérée comme l’acte fondateur de la sélection artificielle permettant à l’homme de se substituer à la nature pour diriger l’évolution d’une espèce. Or, le chien fut la première espèce domestiquée. Dans les années 1850, la chasse s’organise autour des premières sociétés de chasse communales. Elle devient rapidement un loisir très populaire, à la portée de tous, y compris des paysans jusque-là plus ou moins tenus à l’écart des acquis révolutionnaires. Les effets pervers de cette libéralisation se font vite ressentir disparition progressive de nos grands prédateurs. Parallèlement, la littérature cynégétique prône une nouvelle éthique sportive propre à la chasse à tir. Petits gibiers des plaines et des bois Le lièvre brun Lepus europaeus. Le lièvre brun Originaire des steppes, le lièvre préfère les paysages ouverts. Dans les plaines, les développements de l’agriculture en plus de la déforestation lui sont favorables. Il se réfugie dans les bois pour se protéger des intempéries ou en cas de danger. Il apprécie les sols secs, filtrants et adopte un menu très varié plantes herbacées sauvages, céréales, tubercules, graines, fruits, bourgeons, légumineuses, feuilles de ronces, plantes maraîchères… Il se nourrit la nuit, commet peu de dégâts agricoles car un certain temps et une certaine distance séparent ses repas. Durant les hivers difficiles, il peut écorcer de jeunes arbustes ou en grignoter les bourgeons. Tout ce qui contribue à rompre l’uniformité du paysage jachère fleurie, petites parcelles cultivées, bordures enherbées est favorable au lièvre. Attention au brûlage des chaumes qui peut entraîner une forte mortalité chez les levrauts. Pour ne jamais manquer son lièvre, il faut garder son calme en laissant filer le gibier sur une quinzaine de mètres, tout en épaulant et en ajustant l’animal. Apprécier la vitesse réelle du gibier qui atteint 30 km/h sur les 20 premiers mètres. Quand un lièvre se présente par le travers, il faut viser la pointe du museau, en swinguant d’autant plus que le gibier s’éloigne et qu’il prend de la vitesse. Si le lièvre vient dans votre direction, il faut anticiper la course en visant dessous. Un lièvre chassé compte plus sur son ouïe très fine que sur la vue, c’est pourquoi il s’arrête souvent devant les chiens, prêtant une oreille attentive afin de diriger sa fuite d’après les cris de la meute. Parmi les bons chiens à lièvres, la plupart des gens optent pour l’anglo-français de petite vénerie qui cumule les qualités de nos vieilles races françaises et la vitesse et la rusticité des races anglaises. Les chiens tombent souvent en défaut sur la voie du lièvre la meute, immobile, se tait subitement, occupée à reprendre la voie de l’animal de chasse. En cas de défaut, laissez faire les chiens. Le Lapin de garenne Oryctolagus cuniculus. Le lapin de garenne Il se rencontre aussi bien dans les bosquets touffus, le long des lisières de forêt, dans les plaines cultivées, les zones de remblai, sur les talus et les coteaux, dans la garrigue ou le maquis en région méditerranéenne ou sur les cordons dunaires qui bordent les façades maritimes. Il aime les sols légers, secs, meubles et filtrants pour y creuser facilement ses terriers. Il vit souvent en grandes colonies le long des fleuves. On le rencontre jusqu’à 1400 m d’altitude. Les indices de présence du lapin sont Les empreintes semblables à celle du lièvre, plus réduites. La voie les pattes postérieures, de plus grandes tailles, sont posées en avant des antérieures, qui se trouvent partiellement ou légèrement en oblique lorsque le lapin court vite. Les coulées s’entrecroisent pour déboucher sur les terriers. Les fientes de forme arrondie de moins de 1 cm de diamètre et déposées en petits tas. Les gîtes dehors, sur un talus au soleil, le long d’une haie, sous un petit roncier ou dans une prairie de hautes herbes. Les reliefs de repas jeunes arbres écorcés avec la marque des incisives, pommes sauvages rongées. Le terrier d’habitation talus sablo-argileux, terrains meubles recouverts de broussailles. La rabouillère terriers très courts qui s’enfoncent juste sous la surface du sol. Il est 10 fois plus difficile de chasser le lapin sans chien. Un chasseur lapinier doit disposer d’une arme parfaitement adaptée à votre morphologie, légère, bien équilibrée et qui monte vite à l’épaule. Les calibres 20, voire 28 sont adaptés puisqu’on tire souvent à courte ou moyenne distance. Sinon, des fusils en calibre 12 ou 16 à canon lisse ou peu chokés. Les cartouches à bourre grasse chargées de plomb numéro 7,5 ou 8 sont parfaites, en évitant les dispersantes, dangereuses pour les chiens et peu sportives. Ne tirez jamais un lapin serré de trop près par votre chien, et pour éviter de perdre votre gibier, n’oubliez pas de doubler systématiquement les lapins blessés. Comme la plupart des petits gibiers, le lapin peut être chassé à l’arc, avec un modèle de puissance moyenne de l’ordre de 55 livres. On utilise des pointes classiques à lame, toujours très affûtées, ou bien des blunts qui arrachent les chairs à l’emporte-pièce et causent des blessures très graves. Plusieurs modes de chasse sont envisageables devant soi à la billebaude, aux chiens courants, à l’affût près des terriers. Dans ce cas, les réflexes du lapin sont si aiguisés qu’il plonge dans son trou au simple bruit de la décoche. Il faut donc viser la gueule du terrier pour l’avoir au vol lorsqu’il s’engouffre dans la galerie. La Perdrix rouge Alectoris rufa. La perdrix rouge Elle est surtout présente au sud de la Loire. On l’observe cependant dans le bocage, en Normandie, en Bretagne ou dans les pays de la Loire. Elle est plus sensible aux fortes précipitations qu’au froid en lui-même, elle apprécie donc les climats où le soleil prédomine collines basses bien exposées plantées d’une végétation broussailleuse qui se développe sur un sol sec et caillouteux. La garrigue provençale est l’un de ses biotopes préférés, ce qui ne l’a pas empêchée de s’adapter au climat doux et humide de l’Angleterre. Cet oiseau a une aptitude extraordinaire à percevoir le danger, l’analyser puis à orchestrer une défense basée sur la fuite à pied et à toute allure loin devant le chasseur. C’est une chasse exigeante et difficile, le tir s’effectue souvent dans des conditions acrobatiques. La Perdrix grise Perdix perdix. La perdrix grise Elle a beaucoup souffert de la mécanisation et des pesticides. Elle apprécie un paysage agricole ouvert, diversifié, organisé en une mosaïque de cultures alternées par des haies et des boqueteaux. Les chemins ruraux et les zones de couvert offrent des sites de nidification intéressants, une source de nourriture composée d’insectes pour les poussins et un refuge contre les intempéries et les prédateurs. Elle habite également les grandes plaines céréalières. Elle craint les terres lourdes, argileuses, qui retiennent l’eau et, lors de printemps pluvieux, entretiennent une humidité propice au développement des infestations parasitaires. Pour la chasse devant soi, c’est une excellente chasse d’ouverture. Le chasseur doit bien connaître son territoire et les remises des oiseaux. Il ne doit pas craindre les longues marches, souvent pénibles quand la terre est lourde et collante. Le vent est l’ennemi du chasseur les perdrix prennent leur essor face au vent, avant de virer sur l’aile et d’effectuer une accélération foudroyante, portée par les courants d’air. La pluie est au contraire une alliée, des oiseaux mouillés ayant plus de difficultés à prendre leur envol. Les plombs généralement préconisés sont le numéro 8 à droite et le numéro 6 à gauche. De nombreux chasseurs utilisent uniquement le 7,5. En battue, l’une des fautes les plus couramment commises consiste à suivre le gibier qui apparaît dans la ligne de mire, en effectuant des balayages latéraux dangereux pour les voisins. Il faut aussi prendre garde aux rabatteurs à la traîne qui ne se trouvent plus dans l’alignement de la ligne marchante. La convention sonore qui indique la fin des tirs devant soi, n’autorisant que ceux en arrière de la ligne, n’est pas sonnée par hasard des plombs soudés peuvent rester dangereux sur plusieurs centaines de mètres. Des retrievers collants aux talons, ou des chiens chassant sous le fusil peuvent contribuer au succès de la battue, en recherchant le gibier mort ou blessé, et en levant les compagnies qui se rasent et se laissent dépasser par la ligne. Le Faisan de Colchide Phasianus colchicus. Le faisan de Colchide Rustique, le faisan a su tirer profit de toutes les opportunités offertes par les nouvelles techniques culturales. Tout ce qui peut lui fournir un couvert automnal et hivernal est favorable à l’espèce. Le faisan s’active le matin et en fin d’après-midi. Durant ces courtes périodes une à trois heures, il abandonne ses remises pour s’alimenter à découvert. Comme tous les gallinacés, le poussin se nourrit exclusivement de protéines animales durant les trois premières semaines de sa vie vers, mollusques, myriapodes, insectes petits coléoptères, fourmis, chenilles, papillons, sauterelles…. Cette part animale diminue au fil du temps pour atteindre 10 % du bol alimentaire, tout le reste étant composé de végétaux. 9 fois sur 10, la mortalité est due à un prédateur 3 cas sur 4 par le renard. Le matin à l’aube ou en fin de soirée, l’oiseau occupe ses zones de gagnage. Concentrez-vous sur les cultures de type betterave, maïs, luzerne, sorgho, moutarde et les couverts adjacents mais aussi les friches et les jeunes coupes. Parfois, les couverts sont si inextricables qu’un springer ou un labrador s’en sortira mieux qu’un chien d’arrêt qui contourne soigneusement tous les fourrés denses. Pour la battue anglaise, on peut attaquer directement le bois ou faire un rapproché plus large. Le but est de pousser les oiseaux, puis de les concentrer en bout de traque dans un secteur plus fourré nommé zones d’attente ». Le Faisan vénéré Syrmaticus reevesii. Le faisan vénéré Rustique, il possède cependant un mauvais taux de reproduction. Sa chasse consiste à bloquer un oiseau dont la principale défense est de fuir le danger en se dérobant à toute allure. Il embrouille sa piste en effectuant une infinité de détours, égarant l’auxiliaire sur de faux cheminements. Attendez que le faisan qui s’envole franchisse les gaulis branches d’un bois bien taillé que l’on a laissé pousser et qu’il soit parvenu au sommet des baliveaux jeunes arbres jugés par le sylviculteur assez droits et vigoureux pour devenir un bel arbre d’avenir pour tirer. À l’envole devant soi et particulièrement dans les sous-bois denses, effectuer un tir rapide voire instinctif durant la phase ascensionnelle. La Bécasse des bois Scolopax rusticola. La bécasse des bois Elle évite les sols pauvres en humus, trop sablonneux, calcaires ou argileux, ainsi que les terrains froids asphyxiants ou acides. Elle préfère les pentes exposées au nord, souvent plus riches en nourriture car plus humides. Lorsque pluie ou neige tombent en abondance ou qu’il y a une tempête, la bécasse trouve refuge dans les sapinières. Les périodes de froid intense chassent les bécasses vers le sud, même si elles peuvent supporter quelques temps ces conditions défavorables en se contenant à proximité d’un cours d’eau dont les berges ne sont pas prises par les glaces. Quant au brouillard, il la désoriente et elle rejoint souvent la lisière de forêt. Un chasseur bécassier doit avoir un fusil léger, bien équilibré, doté de canons adaptés. Le tir s’effectue souvent à courte distance, d’où l’intérêt de canons peu chockés lisse ou 1/4. L’emploi de canons très courts ou rayés, de même que les munitions dispersantes sont contraires à l’éthique sportive du vrai bécassier. De nombreux chasseurs préfèrent le calibre 20, plus léger et plus maniable que le 12. Une veste au tissu et le port de cuissards est fortement recommandé pour fouler les ronces ou la végétation mouillée sans se griffer ni se tremper. Le grelot renseigne le bécassier sur le rythme de la quête du chien, la forme quand celui-ci est à l’arrêt. Il est souvent remplacé par le sonnaillon électronique » qui émet son bip » caractéristique quand le chien se trouve à l’arrêt. Le bécassier utilise souvent des cartouches traditionnelles à bourre grasse qui confèrent à la gerbe une meilleure régularité. Les plombs les plus utilisés sont les numéros 8 ou 9 à droite, et le numéro 7,5 à gauche qui perce mieux un éventuel rideau de branchages. Il existe aussi des munitions dispersantes ou chargées en grenailles mélangées. Tout chien d’arrêt qui arrête et rapporte bien peut convenir mais certaines races semblent plus appréciées l’épagneul breton, le drahlthaar, le griffon korthals, le springer… Le Pigeon ramier Columba palumbus. Le pigeon ramier palombe Cette espèce forestière colonise tous les milieux, y compris urbains, le bocage et les espaces cultivés de grandes plaines. Il s’adapte aux ressources nourricières disponibles selon le lieu et l’époque. Seuls les secteurs montagneux ne lui conviennent pas, au-delà de 1800 m d’altitude, soit à la limite des étages boisés. Il est abondant, désormais présent et chassable quasiment en toute saison. L’affût au dortoir consiste à affûter les palombes dans un bois servant de dortoir aux palombes. L’endroit propice à l’installation d’un affût est facilement identifiable aux fientes qui souillent le sol et l’écorce de grands arbres ainsi qu’aux plumes de duvet blanc dispersées ici et là. Quand il prend son envol, l’oiseau décroche subitement avant d’effectuer une brusque ressource en projetant. Ce comportement oblige à tirer vite, dans le mouvement, en jetant son coup de fusil sans se laisser abuser par la longue queue portée en éventail qui attire le regard. Les chasses traditionnelles de la palombe exigent une logistique considérable, très prisée dans le sud-ouest. La chasse à tir dans les cols est pratiquée lorsque les oiseaux franchissent les grands cols pyrénéens à partir de cabanes ou de miradors disséminés sur les crêtes. La réussite dépend beaucoup des facteurs climatiques. La Tourterelle des bois Streptopelia turtur. La tourterelle des bois Elle affectionne les milieux semi-boisés propices à la nidification, entourés de cultures où elle trouve sa pitance. Elle adore le bocage avec ses haies épaisses et ses boqueteaux, mais aussi les vergers, la garrigue, le maquis, les pinèdes et les oliveraies en région méditerranéenne et les parcs urbains. La présence de points d’eau est indispensable à cette espèce qui boit quotidiennement. L’été, les tourterelles se perchent volontiers sur les fils électriques qui dominent les cultures nourricières. En raison des hautes cadences de tir, éviter les fusils allégés par exemple votre fidèle bécassier qui cognent trop. Utiliser une arme parfaitement adaptée à votre morphologie, plutôt de petit calibre 28,28 ou suffisamment lourde pour amortir le recul. Mieux vaut tirer des cartouches rapides, pas trop chargées 28,32 g en plomb numéro 7,5 ou 8. Il faudra d’abord s’habituer à la vélocité du vol et prendre en compte sa rapidité, de façon à acquérir une mécanique de tir qui est le gage du succès. Au début, la trajectoire des oiseaux surprend. La caille des blés Coturnix coturnix. La caille des blés Elle vit dans les milieux ouverts, prairies, jachères, cultures de céréales, de sorgho ou de tournesols. Les poussins s’y nourrissent d’insectes et d’invertébrés durant les trois premières semaines. Les adultes consomment des graines de céréales et graminées sauvages, quelques insectes et fruits sauvages. L’une de ses principales défenses consiste à se dérober à toute allure en adoptant un cheminement plus ou moins sinueux et aléatoire, avant de se motter, de se laisser dépasser puis de revenir sur ses pas. Son tir, pas facile, peut surprendre. L’oiselet est vif, imprévisible, capricieux. Mieux vaut la laisser filer une vingtaine de mètres avant de tirer. Si l’oiseau échappe au second coup, une nouvelle chance vous est presque toujours offerte car le vol est court, 200 à 300 m tout au juste. L’alouette des champs Alauda arvensis. L’alouette des champs De nombreuses alouettes nichent chez nous. Mais à ces populations locales plus ou moins sédentaires s’ajoutent les contingents migrateurs en provenance de Scandinavie, de Finlande et d’Europe centrale. Certains oiseaux hivernent chez nous, d’autres poursuivent leur route. Des mouvements erratiques se poursuivent durant toute la mauvaise saison, qui s’exprime avec plus ou moins de vigueur selon les aléas climatiques. C’est ainsi que des tombées spectaculaires et inattendues peuvent se produire au milieu de l’hiver lors d’une brusque vague de froid. Les premiers beaux passages débutent vers le 15 octobre pour atteindre un pic vers la Toussaint. Certains spécialistes élaborent des stratégies sophistiquées de rabat vers des tireurs postés à l’aplomb des lignes de vol les plus régulièrement empruntées. On peut plus simplement opérer seul ou à deux, en tachant de cueillir quelques oiseaux qui décollent. Il est conseillé de chasser par temps clair et vent du Sud. Le tir devant soi est compliqué car l’oiseau multiplie les crochets. La plupart des erreurs de tir sont dues à une mauvaise appréciation de la puissance et de la rapidité de ce vol ascensionnel qui nous oblige à corriger en conséquence, en couvrant bien l’oiseau. La Grive musicienne Turdus philomelos. Les grives Les quatre espèces de grives qui nichent ou transitent chez nous sont toutes chassables La grive musicienne La grive mauvis La grive litorne La grive draine À travers les différents modes de capture mais aussi les arts, la littérature ou la gastronomie, les chasses régionales de nos grives se revendiquent art de vivre ». Les spécialistes procèdent généralement par petits rabat successifs bénéficiant d’une organisation rigoureuse, chaque traque étant orientée de façon à regarnir en grives la battue suivante. Pour une efficacité optimum, le dispositif comporte une équipe mobile d’au moins six participants deux rabatteurs de chaque côté de la haie, deux autres embusqués à mi-chemin de la remise et les tireurs postés en plaine, en retrait des couverts. Toutes les chasses d’affût pratiquées sur les couloirs de vol comprennent régulièrement les turdidés entre leur lieu de repos et leur zone de gagnage vigne, oliveraie, verger… peuvent se révéler fructueuse. Le tir à la volée des grives à la faveur de leurs déplacements journaliers est pratiqué un peu partout en France. Le merle noir Turdus merula. Le merle Faute de grives, on mange et on chasse le merle. Le merle figure parmi les premières victimes du jeune chasseur qui lui permettent d’affûter son coup de fusil sur un gibier difficile et d’apprendre les règles essentielles de sécurité à la chasse. Les haies de pruneliers et d’églantier constituent d’excellents garde-manger, d’autant plus prisées si elles comportent aussi des sorbiers, des alisiers, des cornouillers, des sureaux et de vieux chênes têtards parasités par le lierre. Mais les haies les plus épaisses sont les meilleures car elles offrent à la fois le gîte et le couvert. Le gibier d’eau Le Canard colvert Anas platyrhynchos. Les canards Très sociable, le colvert se regroupe volontiers en grandes bandes, se mêlant sans problème aux autres canards. Ses mouvements crépusculaires en quête de nourriture sont propices à la chasse à la passée. Mais il existe de nombreuses autres façons de le chasser à la botte, en foulant les herbes ou en longeant les berges des étangs et des cours d’eau, en bateau ou encore en gabion. Pour tromper la méfiance des canards, le camouflage est de rigueur. Après une brusque montée des niveaux, puis une décrue soudaine, toutes les cuvettes remplies d’eau qui se forment dans les prairies attenantes à la rivière attirent les becs plats. Les sarcelles adorent. Dans un grand recul, n’hésitez pas à associer différentes formes en disposant celles de colverts au milieu de l’eau, et celles de sarcelles près des berges, le long de branches d’arbres retombantes. Un canard ou une sarcelle démontées sont pratiquement impossibles à retrouver en rivière, si vous ne disposez pas d’un bon retriever. Le colvert parcoure souvent de longues distances à l’intérieur des terres avant de se raser sous un buisson. La sarcelle plonge puis se dissimule parmi les roseaux, ne laissant dépasser que son bec. Seul un excellent retriever saura tirer son épingle du jeu dans un cours d’eau. Ne vous aventurez jamais sur une rivière en crue quand les courants charrient des troncs d’arbres susceptibles de heurter le bateau et de vous faire chavirer. Quoi qu’il arrive, il faut toujours porter une brassière de sécurité ou une combinaison de néoprène. Un seul tireur est admis par embarcation, positionné à l’avant, le second se contentant de diriger l’embarcation. Il existe deux modes dattaches principaux L’attache individuelle le canard est fixé à la patte par une corde lestée au moyen d’une bague reliée à un émerillon et à un clou tournant. L’installation fixe une corde en double est arrimée à un piquet planté au milieu de la mare, auquel est arrimée une poulie. Toutes les chasses d’affût sont souvent fructueuses en bord de rivière. Les meilleurs lieux de pause se trouvent dans les parties assagies et peu accessibles de la rivière. L’oie cendrée Anser anser. Les oies Seules les oies cendrées, rieuses et des moissons peuvent être chassées en France, ainsi que la bernache du Canada considérée comme invasive. Ce sont des espèces terrestres qui s’alimentent plutôt en plein champ. Vous devez donc opérer le jour, dans les parcelles cultivées ou les pâtures. Le timing idéal se situe entre 1 heure après le lever du soleil et 13 heures. L’appeau ou un affût couché aux oies peuvent s’avérer nécessaires pour attirer les oies. Quand les silhouettes des oiseaux convoités s’inscrivent dans le ciel, on les appelle à l’appeau. Les oies ne tardent pas à survoler les formes pour se poser c’est le moment de tirer. On reproche à la bernache du Canada des dégâts aux semis, aux herbages ou aux espaces de loisirs périurbains. Vous pouvez l’attirer lors d’une levée d’étang ou à l’affût aux formes. La Bécassine des marais Gallinago gallinago. La bécassine des marais Pour se nourrir, elle cherche une terre meuble et suffisamment humide dans laquelle elle pourra enfoncer plus aisément son bec effilé. Elle fréquente les zones humides marquant une préférence nette pour les secteurs à végétation basse. Les tourbières d’altitude, en particulier celles des hauts plateaux du Massif central ou de la vallée du drugeon figurent parmi les plus emblématiques. Les bords d’étangs peuvent être favorables lorsque les niveaux d’eau baissent pour une pêche. Par ailleurs, elle fréquente souvent des lieux surprenants comme des champs de betteraves, de choux fleurs ou d’artichauts. Les pâtures, les terres cultivées partiellement inondées ou gorgées d’eau après de fortes précipitations peuvent aussi en accueillir. Les jours de grand vent, les oiseaux ne tiennent pas et partent à toutes distances. Certains préfèrent faire face au vent, de manière à faciliter le travail du chien qui capte mieux les émanations, et vous bénéficiez d’un effet de surprise puisque la bécassine détecte plus tardivement votre présence. D’autres préfèrent chasser vent dans le dos car l’oiselle vire rapidement sur l’aile pour remonter au vent, offrant aux chasseurs un tir plus facile, par le travers. Enfin certains préconisent l’approche par le travers, une bécassine qui décolle perpendiculairement aux chasseurs offre une cible plus facile. Le gibier blanc La chasse au gibier blanc requiert de bonnes connaissances ornithologiques car de nombreux oiseaux sont protégés. Vérifiez bien la législation avant tout acte de chasse sur ces espèces. Parmi les espèces chassables, on trouve l’huitrier pie, le courlis cendré, le chevalier arlequin, le chevalier gambette, le chevalier aboyeur, le bécasseau maubèche, la barge à queue noire et la barge rousse. Durant leur halte migratoire, tout ce gibier marin se nourrit sur les bancs de sable découverts par le jusant, avant de retourner à la côte au moment du flot. On le chasse donc devant soi ou à l’affût, dissimulé dans un trou creusé dans le sable. Pour mieux leurrer les limicoles, les experts imitent leurs cris avec un appeau ou en les sifflant. Le gilet de néoprène protège votre chien du froid et l’aide à la flottaison, ce qui peut sauver sa vie lorsqu’il doit affronter de forts courants de marée. Le vanneau huppé Vanellus vanellus. Le vanneau Gibier difficile et méconnu, le vanneau est chassé avec passion par quelques spécialistes qui opèrent à la botte et à l’affût. L’oiseau fait même l’objet de chasses traditionnelles, notamment dans les Ardennes, pratiquée par les derniers experts en la matière les Vagnolis. Les hutteaux couchés sont des abris individuels dans lesquels vous vous tenez couchés, qui vous isolent du froid et des intempéries. Certains sont flottants. Ils comportent généralement un siège bas dont le dossier est inclinable en plusieurs positions. L’ensemble est protégé par une épaisse enveloppe en tissu camo plus ou moins épais. Le fonds en PVC, imperméable, vous isole de l’humidité. Ces affûts sont parfaits pour guetter les vanneaux. Vous installez votre abri au milieu d’un champ ou près d’une zone humide, après avoir disposé des formes autour de vous. Il vous suffit de tirer sur une corde pour ouvrir l’affût et vous trouver en position de tir. Le grand gibier Le sanglier d’Europe Sus scrofa. Le sanglier Son habitat est essentiellement forestier bien qu’il s’adapte lorsque les conditions de quiétude, de couvert et de nourriture sont respectées. On le rencontre aussi bien en montagne que dans les forêts de feuillus ou les boisements de chênes verts de la garrigue et du maquis ou dans les habitats marécageux. Le développement de l’agriculture intensive du maïs et du sorgho à profondément modifié les habitudes du sanglier qui devient parfois un animal de lisières et s’établit dans les petits boqueteaux de plaine. Grâce aux poussées et aux mini-rabats dans le bocage, vous gagnez en discrétion le gibier moins dérangé, vous limitez le stress tout en évitant la désorganisation des groupes matriarcaux. Les chiens de petits pieds dérangent beaucoup moins un territoire et permettent de reprendre très vite une traque quand un gibier a été manqué. Le choix des chiens dépend du terrain et des habitudes locales. La nécessité de réguler des populations qui s’installent désormais en plaine impliquent une augmentation de la pression de chasse. Les pratiques estivales d’approche et d’affût ainsi que les battues dans les cultures sont les nouveaux outils des gestionnaires. En milieu urbain ou périurbain, l’arc permet d’intervenir efficacement, en silence et en limitant les risques. C’est une vraie solution d’avenir pour les interventions ponctuelles en ville qui a déjà fait ses preuves. Un sanglier occupé à se nourrir est moins attentif au bruit qu’un animal poussé par des chiens, mais il bénéficie en revanche d’un odorat extrêmement développé. Malgré sa vue basse, il détecte infailliblement le moindre mouvement suspect. Les aménagements destinés aux sangliers n’ont plus pour vocation première d’attirer les animaux mais plutôt de les cantonner de façon à les empêcher de commettre leurs dégâts en plaine. Pour servir l’animal à l’épieu, on peut attendre la charge de telle sorte que le sanglier s’empale sur la lame ou aller au-devant de l’animal avant de le frapper brutalement de côté au niveau du cœur. La lame pointée au bon endroit, juste en arrière d’un pied antérieur et devant le sternum, là où la pilosité semble plus clairsemée et la peau moins épaisse, le simple poids du manche suffit à la faire pénétrer. Le cerf élaphe Cervus elaphus. Le cerfs élaphe La généralisation du plan de chasse mais aussi des introductions ponctuelles ont favorisé un redressement spectaculaire des effectifs. L’observation des animaux lors du brâme est importante pour le gestionnaire qui pourra évaluer la densité d’une population sur son territoire, mais aussi repérer les meilleurs reproducteurs et les animaux déficients. Lorsqu’un faon nait, durant les premiers jours de son existence, sa meilleure arme est l’immobilité il se tient dissimulé dans des fourrés. Si par hasard vous en rencontrez un, ne le touchez pas. Le cerf est un animal corpulent et puissant dont le tir requiert l’emploi de munitions adaptées. Les calibres destinés aux tirs en battue à l’aide de carabine express sont le 9,3 x 74 et le 8 x 57 JRS. Les meilleures munitions tirées dans les carabines à verrou sont le 7 x 64 à balles lourdes au moins 10 g, le 8 x 68 S, le 9,3 x 62 et le 300 Winchester magnum. On peut également utiliser un fusil lisse, dans la mesure où la distance de tir est raisonnable 30 à 50 m maximum. Tous les types de balles en calibre 12 conviennent. On tire prioritairement Les biches non suitées Les daguets dont les perches sont plus courtes que les oreilles Tous les cerfs coiffés qui sont encore en velours début octobre Les cerfs ne portant pas de bois, coiffés de bois anormaux, ou d’un trophée s’inscrivant dans un triangle lorsqu’on observe l’animal de profile. Les cerfs dépourvus d’empaumure à la quatrième tête. Les animaux muant anormalement au printemps. Les cerfs présentant un mauvais aspect. Les animaux blessés. En revanche, on respecte les cerfs coiffés de bois se développant en hauteur et favorisant la pousse d’empaumures puissantes, les animaux portant de grands trophées, largement ouvert, qui sont des cerfs dominants et les biches meneuses. Le cerf sika Cervus nippon. Le cerf Sika En France, on note une volonté de nos autorités d’éradiquer ou de stopper l’expansion de l’espèce en éliminant systématiquement les nouvelles entités et en gérant au mieux l’existant. Ceci pour éviter des croisements entre le Sika et le cerf élaphe qui donne des individus fertiles. La communauté scientifique estime d’ailleurs que l’hybridation est généralisée au Royaume-Uni sans qu’il soit possible de revenir en arrière car le tir sélectif est impossible. À la fois discret et méfiant, le cerf Sika aime les forêts profondes, ce qui ne facilite pas son repérage. Le soir, le Sika quitte son refuge forestier pour s’aventurer à découvert. Vous le guettez alors à l’affût en vous embusquant près d’une place de brâme. L’endroit est souvent signalé par une curieuse excavation circulaire et humide que l’animal a l’habitude de creuser dans la tourbe avant de se rouler dedans pour se signaler à ses congénères. En septembre, inutile de beaucoup vous couvrir. Coupe-vent respirant et imperméable et laine polaire pour le soir. La tenue camo est recommandée. Ne pas oublier de masquer le visage et les mains, pensez aux jumelles et au couteau pour vider l’animal avant le transport à dos d’homme dans la montagne. Parmi les bons calibres recommandés, le 270, 270 WSM, 7 x 64,7 RM. Bonne optique de rigueur, suffisamment lumineuse et étanche. Le chevreuil Capreolus capreolus. Le chevreuil Doté d’une grande faculté d’adaptation, le chevreuil est présent partout. Le seul facteur limitant parait être la neige dont l’épaisseur ne doit pas excéder 80 cm. C’est avant tout un animal de lisières et de paysages ouverts. On peut le chasser de nombreuses manières en petites poussées silencieuses, en battue à cor et à cri, à l’approche, à l’affût, à courre ou à l’arc, seul ou en groupe, en début ou en fin de saison, de juin à février, en plaine comme en forêt, dans le bocage, le maquis ou en montagne. Concernant l’équipement vestimentaire, la discrétion est de rigueur. Des matières silencieuses comme la laine, le velours ou les nouveaux tissus techniques sont bien adaptées. Le camo n’est pas forcément nécessaire. L’important est de déstructurer la silhouette. Vous pouvez porter des vêtements de différents tons mais il faut éviter une tenue vestimentaire uniforme qui souligne votre silhouette. Des espadrilles à semelles de corps sont bien pour l’été. Concernant l’arme, l’approche s’accommode de calibres moins puissants que la battue. Des calibres véloces comme le 243 Winchester, le 240 Weatherby, le 6,5 x 62, le 270 WSM conviennent parfaitement. Il faut savoir prendre son temps, s’arrêter, jumeler. L’approche est une longue course de fond. Ne sortez pas systématiquement aux mêmes heures. Grâce au mirador, on dérange peu les territoires, on bénéficie de conditions optimales pour juger sur pied un animal, on est plus à l’aise et moins stressé pour tirer. L’affût et l’approche qui permettent d’exercer des prélèvements qualitatifs nécessaires à une bonne gestion viennent en complément de la battue, qui répond plus à une nécessité de prélèvement quantitatif. Blessé à mort dans une battue, la dernière défense du chevreuil consiste à se raser sous un couvert. Il aura souvent au préalable puisé dans ses dernières forces pour effectuer un formidable bond de côté qui provoque un décrochement de la voie. Les chiens peuvent alors le perdre. Contrairement à la plupart des gibiers, la voie de l’animal, forte au départ, s’atténue au fil de la chasse, devient légère, fugace, facile à sur-aller, et finit par disparaître presque complètement. C’est pourquoi ce déduit plus que tout autre nécessite des chiens requérants, rapides, suffisamment légers pour s’engager dans la ronce et robustes pour chasser des heures durant, ayant une finesse donnée exceptionnelle, de la voix et des attitudes héréditaires de sagesse qui les aident à ne pas changer d’animal. Le daim européen Dama dama. Le daim Animal forestier qui apprécie les peuplements mixtes et les paysages ouverts. Un environnement de type bocager convient à cet animal rustique et opportuniste qui s’adapte à tous les climats et aux habitats les plus variés. Dans de nombreux départements, le daim fait aujourd’hui l’objet de plans de tirs généraux destinés à réguler, voire à éradiquer ces espèces jugées invasives. Sans cesse sur le qui-vive, le daim est doté d’une vue perçante. Il distingue parfaitement les couleurs, et paraît même développer une aversion pour les gilets fluorescents qu’il semble repérer à grande distance. La tenue camouflée, la cagoule et les gants ne sont pas un luxe. Le tir s’effectuant souvent au crépuscule, le choix d’une lunette très lumineuse, de grossissement 3,5-10 s’imposent. Les jumelles doivent aussi présenter un bon indice crépusculaire. Le daim est un robuste animal que vous tirerez avec une munition à trajectoire tendue les calibres 7 x 64,7 RM, 270 Winchester ou 270 WSM sont parfaitement adaptés à cette chasse. Le gibier de montagne Le chamois Rupicapra rupicapra. Le chamois Le chamois n’occupe pas les mêmes étages selon la saison. Hôte de la moyenne montagne, il regagne les hauts sommets dès l’arrivée des beaux jours par crainte de l’homme. On le rencontre entre 800 et 2800 mètres d’altitude bien que des hardes ai été aperçues à 4000 m. Il fréquente surtout les zones d’alpages pour s’alimenter. La disette et les mauvaises conditions atmosphériques l’incitent à regagner l’étage montagnard en période hivernale. La capacité d’accueil d’un territoire est liée à ses ressources alimentaires hivernales qui conditionnent la densité du cheptel. De bonnes jumelles et une longue-vue sont indispensables pour repérer puis identifier les animaux. Les armes utilisées pour ce type de chasse doivent être courtes, légères et maniables afin de ne pas gêner le chasseur dans ses mouvements et ne pas constituer un handicap par leur poids ou leur encombrement. Les calibres les mieux adaptés à ce tir de précision sont le 240 Weatherby, le 243 Winchester balles de 6,5 g, le 6,5 x 57 balles de Seagram et le 6,5 x 68 bal de Seagram, les 270 Chester ou 270 WSM. De nombreux spécialistes accordent leur préférence au kipplauf, carabine à un seul canon basculant, légère et très maniable. La nécessité de se trouver sur place avant le jour oblige à effectuer sa marche d’approche en pleine nuit, ce qui suppose une bonne connaissance des itinéraires. Dans bien des cas, le départ a lieu la veille il est suivi d’un bivouac en altitude. Le mouflon corse Ovis aries musimon. Le mouflon de Corse En France continentale, le mouflon méditerranéen évite une couche de neige supérieure à 30 cm qui l’empêche de se nourrir et rejoint les étages forestiers dès que l’hiver s’installe. C’est avant tout un animal de paysages ouverts où il se nourrit de plantes herbacées. La chasse doit débuter très tôt, un peu avant l’aube, de manière à se retrouver sur un point élevé qui domine la vallée au lever du jour. Les mouflons, qui se trouvent au gagnage en début de matinée, se méfient moins du danger venant des cimes, portant plutôt leur attention vers le bas. L’approche s’effectue donc à partir des crêtes, contre le vent de préférence. Tous les calibres conçus pour l’approche en montagne, tendus et rapides, peuvent convenir 270 Winchester ou encore 6,5 x 68. La lunette, à grossissements variables de préférence 3,5-10 par exemple doit être parfaitement réglée et très lumineuse. Préférez les modèles escamotables logés dans le sac. Le Lièvre variable Lepus timidus. Le lièvre variable Le gros des effectifs de l’espèce vit au-delà de 50° de latitude nord son aire de répartition s’étend des Alpes françaises et des îles britanniques à la Scandinavie, la Sibérie et l’Alaska, ceci jusqu’à l’archipel d’Hokkaido. Difficile à observer par corps » en raison de ses mœurs nocturnes, sa présence sur un territoire est en revanche facile à relever. Il abandonne de nombreuses traces sur son passage. Sa piste, typique en Y, est formée de quatre empreintes, dont les deux avant correspondent aux postérieures. L’animal se déplace par sauts dont la longueur varie de 50 cm à 2 m. Il égrène de nombreuses crottes sur son territoire, lisses et rondes, un peu granuleuses comme de la sciure agglomérée. Une coupure franche en biseau sur des ramilles lui sert aussi de signature. En forêt, il effectue un parcours en cercle qui le fait presque toujours revenir à son point de départ. Lancé à découvert, le lièvre se sait vulnérable. Il perd donc moins de temps à ruser et limite ses crochets. Le Lagopède alpin Lagopus muta. Le lagopède des Alpes Son plus grand défi consiste à survivre durant les hivers rigoureux de l’Arctique et de la haute montagne qui lui imposent des conditions d’existence précaires. Il a développé des adaptations extraordinaires. Dans les Alpes et les Pyrénées, il vit entre 1800 m et 3000 m, depuis les pâtures qui se trouvent au-dessus de la limite des arbres jusqu’au glacier. À l’époque de la nidification, il occupe la partie basse de son domaine, à une altitude comprise entre 2000 et 2500 mètres. Le lagopède est un gibier superbe surtout chassé au chien d’arrêt en France dans un environnement difficile. Ailleurs, notamment en Laponie suédoise, il est également tiré à l’approche dans la neige, à l’arme rayée. Son envol, souvent bruyant, crée un effet de surprise. L’oiseau adopte un vol généralement plane et silencieux, les ailes arquées. Ses distances de vol sont assez courtes. La perdrix bartavelle Alectoris graeca. La perdrix bartavelle Sa chasse est soumise à de sévères restrictions. Elle est présente en France uniquement dans les Alpes. Sédentaire, elle effectue toutefois des déplacements saisonniers liés à la recherche de nourriture. Dès la fin de l’automne, elles se rassemblent en groupes pour rejoindre les basses vallées. L’oiseau supporte mal le froid, pas plus que la neige, ses pattes n’étant pas emplumées comme celles des tétraonidés. Il est préférable de chasser la bartavelle aux heures chaudes de la journée. Elle se laisse alors mieux arrêter et offre des coups de fusil plus faciles. Il est important de tirer l’oiseau à l’instant précis de l’envol, quand la perdrix n’a pas encore atteint sa vitesse de pointe. Le chien doit être puissant, endurant et expérimenté. La Gélinotte des bois Tetrastes bonasia. La gélinotte des bois En France, la plupart des populations vivent en zone de montagne, à des altitudes comprises entre 900 et 1800 mètres. L’oiseau colonise des forêts hétérogènes comportant des peuplements jeunes et plus âgés répartis en mosaïques. La gélinotte fréquente plus particulièrement les lisières, les sentiers et les abords de chemins forestiers. En altitude, elle occupe les forêts de conifères où dominent l’épicéa et le sapin, de préférence mélangés à d’autres essences résineuses et feuillues. La silhouette de la gélinotte est massive, grosse comme une perdrix allongée, toujours inférieure à celle d’un tétras. Son vol n’excède pas une centaine de mètres. Perchée sur une grosse branche située souvent à mi-hauteur de l’arbre, plus ou moins collée au tronc où le mimétisme de son plumage la rend presque invisible, elle conserve une immobilité absolue. Elle est actuellement chassée dans trois départements l’Isère et les deux Savoie. Les populations françaises ont souffert des pratiques sylvicoles modernes qui appauvrissent les ressources alimentaires. Coupes à blanc, uniformisation, déboisement, enrésinements intensifs ont entraîné en moins de 40 ans un rétrécissement de l’aire de répartition originelle de 40 %. C’est un gibier difficile dont le tir nécessite des chiens d’exception. Le Tétras lyre Tetrao tetrix. Le tétras lyre En hiver, l’oiseau qui limite ses déplacements se cantonne dans des remises susceptibles de répondre à ses besoins vitaux en termes d’alimentation et de protection contre le froid. Il fréquente alors des boisements clairs de mélèze, de bouleau et de sorbiers auxquelles se mêlent des pins, plutôt exposés au nord car la neige est plus légère. À la belle saison, il rejoint les étages supérieurs à la limite des arbres. L’oiseau s’accommode d’une grande variété de milieux selon les pays, seules les pentes brûlées par le soleil ne lui conviennent pas. Le Grand Tétras Tetrao urogallus. Le grand tétras Il apprécie la forêt primaire, un mélange d’arbres de tous âges pas trop serrés favorisant un bon ensoleillement du sous-bois et le développement d’une strate herbacée et arbustive indispensable à l’espèce. Il fréquente les forêts de conifères vieilles futées de sapins, épicéa, pin sylvestre… entrecoupés d’éclaircies et de clairières ou encore les boisements mixtes. La forêt doit laisser filtrer la lumière de manière à permettre le développement d’arbustes à baies. Après les atteintes portées à son habitat forestier déboisement, sylviculture intensive, fermeture du milieu…, il faut retenir la prédation exercée sur les jeunes et les pontes notamment par le renard et la martre, le braconnage des coqs chanteurs ici et là, l’aménagement de la montagne à des fins récréatives qui morcellent l’habitat et le dérangement lié à ces activités. Sa chasse est seulement autorisée dans les Pyrénées. Seuls les coqs maillés peuvent être chassés, sur environ la moitié de leur aire de répartition. Le chien doit savoir mener sa quête tête haute, pour mieux capter les émanations à grande distance. Le défi est de déjouer la défense du gibier qui consiste à se dérober comme un bolide en utilisant la végétation pour masquer sa fuite. Le gibier à réguler Le renard roux Vulpes vulpes. Le renard Très opportuniste, sa capacité d’adaptation en fait l’un des carnivores sauvages les plus répandus dans l’hémisphère nord. Nocturne, il mène une existence discrète à l’abri des regards. Pour identifier la présence du renard, il faut savoir reconnaître ses indices de présence. Longues de 5 cm pour un diamètre de 4 ou 5 cm, les empreintes ne révèlent que quatre doigts terminés par des griffes parallèles. Quand le renard marche dans la neige, il pose ses pieds les uns derrière les autres sa voie adopte une trajectoire rectiligne. Longues d’environ 10 cm pour un diamètre de 2 cm, ses crottes sont souvent torsadées à une extrémité et colorées quand il a consommé des baies sauvages. Pour la vénerie du renard, les auxiliaires doivent être à la fois rapides et endurants, fins de nez pour relever une voie fugace mais aussi perçants dans la ronce. Certains équipages opèrent à pied, d’autres à cheval. Plusieurs calibres sont parfaits pour le tir à l’approche du renard le 22 Hornet, le 222 Remington, le 243 Winchester, le 5,6 x 57, ou encore le L’arme doit être équipée d’une lunette à bon indice crépusculaire, de grossissement 6 à 8 x 52 à 56. En rajoutant un point rouge, l’efficacité n’en est que meilleure. Pour les tirs lointains, un bi-pied télescopique s’avère bien pratique, ou une canne de pirsch. Pensez aux Trigger Sticks de chez Primos qui sont dotés d’une gâchette qui libèrent les pieds et les positionnent automatiquement au sol, selon le relief. Les armuriers proposent souvent des packs arme + lunette intéressants, dans diverses marques dont Browning ou Baïkal en version kipplauf. Il est important de porter des gants, une cagoule et une tenue de type camo feuillage ». Anglo-français de petite vénerie, harrier ou beagle-harrier sont appréciés en vénerie. Ces chiens, courageux au fort sont capables en même temps de soutenir un rythme très rapide sur de longues distances. Ariégeois, grand griffon vendéen ou nivernais, fox-hounds sont également appréciés en chasse à tir, ainsi que tous les chiens de taille moyenne de type briquet briquet fauve de Bretagne, griffon vendéen, petit bleu de Gascogne, Bruno du Jura… Le Geai des chênes Garrulus glandarius. Les becs droits La corneille noire est considérée comme le plus dangereux des becs droits elle fréquente les bords des étangs où elle détruit des couvées de canard et les zones dégagées pour y repérer levreaux ou lapereaux qu’elle assomme avant de les dévorer par les yeux. La pie bavarde est une gobeuse d’œufs, qui peut aussi assommer d’un seul coup de bec un lapereau ou un levreau. Le geai des chênes, à l’époque des couvées, pille les nids de passereaux. La régulation des becs droits est soumise à une réglementation très stricte qu’il convient de bien connaître pour opérer en toute légalité. Il faut d’abord obtenir l’autorisation écrite du propriétaire du droit de chasse puis adresser ce document accompagné de l’imprimé officiel de demande de destruction des nuisibles à la mairie de la commune concernée par les prélèvements. Vous pouvez vous procurer le livre sur Amazon La librairie Eyrolles Sommaire du livre Encyclopédie de la chasse » Introduction La France le plus beau pays de chasse au monde Vers un autre regard sur la chasse ? Chasser jusqu’au bout de la passion… et de la raison! Droit à chasser ces prétextes qui n’en sont pas Les associations de chasse spécialisées Les oiseaux migrateurs, au cœur de notre culture Le chien le plus vieil ami de l’homme Les vrais débuts de la chasse à tir En octobre un dimanche à la chasse! Gibiers prélevés en France la dernière enquête de l’Office national de la faune sauvage et de la Fédération nationale des chasseurs. Petits gibiers des plaines et des bois Le lièvre brun Le lapin de garenne La perdrix rouge. La perdrix grise Le faisan de Colchide Le faisan vénéré La bécasse des bois Le pigeon ramier La tourterelle des bois La caille des blés L’alouette des champs Les grives et le merle Le gibier d’eau Les canards Les oies La bécassine des marais Les limicoles Le grand gibier Le sanglier Le cerf élaphe Le cerf sika Le chevreuil Le daim Le gibier de montagne Le chamois Le mouflon de Corse Le lièvre variable Le lagopède des Alpes La perdrix bartavelle La gélinotte des bois Le tétras-lyre Le grand tétras Le gibier à réguler Le renard Les becs droits
Bleude Gascogne, Petit Bleu de Gascogne, Petit Gascon Saintongeois. On retrouve ici encore que les chasseurs sont majoritairement intéressés par la grive et le pigeon. Figure 9 - Tableau. de chasse des 995 chasseurs d’oiseaux de passage-Réponse multiple. Gibier d’eau. Le gibier d’eau est chassé par 21,8% des interrogés. Derrière ce chiffre se cache une grande
Madinina "Reine des Antilles"Published on Jan 17, 2012Auteur William Dufougeré / Ouvrage patrimonial de la bibliothèque numérique Manioc. Service commun de la documentation Université des Antilles et de... Bibliothèque numérique Manioc / SCD Université Antilles
Découvrezle guide de l'été 2009 réalisé par les équipes de ParuVendu. Consultez les astuces, idées, bons plans ainsi que les offres de nos annonceurs pour un agréable séjour en Midi Pyrénées. Bonne lecture ! Read the publication. L304353002260 Lesnouvellesde Le meilleur de l actualité touristique des régions N°2 - Été 2009
DANS LES FONDS DE Le mari cocu, battu et content ». Gravure par Noël Le Mire d'après Charles Eisen, publiée à Paris, Basan, 1762. Illustration pour les Contes et nouvelles en vers », de Jean de la Fontaine. Rijksmuseum Amsterdam, inv. n° …, partez ! juin 2022 L'occasion nous est enfin donnée de nous pencher sur la notion de vitesse, et les mots pour la décrire et peut-être même la mesurer. Attention ici, point de bolide vrombissant, puisque nous resterons ancrés dans l'Ancien Régime, bien avant l'arrivée du cheval-vapeur. Il n'empêche que les procédures criminelles nous permettent quelquefois d'assister à des spectaculaires accidents de la circulation où la vitesse est à mettre en cause1. Prenons par exemple celui du 13 octobre 1780, qui fut fatal à Louis Mascot2. En fait de cheval, ce sont là des mules attelées, à une charrette allant fort vite ». Et c'est donc inévitablement que le malheureux Mascot, aiant été surpris par la rapidité » avec laquelle alloient les mules, a été renversé, foulé et mis à plat. Les témoins de l'accident insistent tous sur cette idée de vitesse. L'un nous explique que l'équipage s'en alloit bien précipitament vers le chemin de Saint-Martin, lesdites mulles étant aiguillonnées par les coups de fouet réitérés qu'un des trois hommes qui étoit sur ladite charrette leur donnoit ». L'autre confirme que les grands coups de fouet poussent les mules à aller avec tant de rapidité » ; un troisième parle de rapidité étonnante », un encore d'une rapidité sans égale ». Bref, Mascot n'avait aucune chance face à cet équipage mené à un train d'enfer. Deux ans plus tôt, c'est une course poursuite à pied entre un cuisinier et un postillon qui tourne à l'avantage du second car il avoit meilleure jambe que » le premier3. Les galopades sur deux jambes sont aussi légion dans les affaires criminelles ; cela s'imagine aisément tant elles contiennent de courses poursuites par des assaillants ou de fuites éperdues par leurs proies apeurées. Quand Marcel s'en prend à Comet, cela se passe tambour battant Comet ayné courroit pour s'enfermer, ledit Marcelle l'auroit rejoint à coursse avec son épée nue à la main et luy a dit de nouveau qu'il vouloit luy arracher la vie ». On imagine bien Comet, filer à la vitesse de la lumière, tellement qu'il monta à toute coursse, tout esoufflé »4. Cinq ans plus tôt, Bertrand Faget n'est pas tranquille lorsque, dans la nuit, il croise trois jeunes gens place du Salin, comme il avançoit le pas pour […] se garantir des mains desdits trois jeunnes hommes » ; ceux-ci l'interpellent et lui disent de s'arêtter et de ne marcher pas sy vitte, à quoy le plaignant leur répartit qu'ils n'avoi[en]t qu'à marcher s'ils voulet eux-mêmes »5. Ils le prennent au mot et manquent de l'écharper. Quand Margouton dit hautement » vouloir rosser Marie, on pense d'abord à une fanfaronnade ; mais attention, elle est vive comme l'éclair et, incontinent, elle s'élance à toute course » sur sa proie, sur laquelle elle se jette comme une furie »6. Les sources écrites nous offrent des éléments liés à la vitesse, quelquefois de manière inattendue ainsi, en 1730 le jeune Bitis qui, trouvant son chien empoisonné auroit accouru » chez son grand-père puis lui emprunter de l'orviétan en guise d'antidote7. Une fois la fiole en ses mains, il seroit revenu promptem[en]t à la maison » pour tenter de sauver l'animal. Mais, par un concours de circonstances, son cousin et une sienne tante prenant la mouche contre sa mère vous suivez ? Ça va vite, trop vite peut-être auroint couru après [elle] et, l'ayant jointe, se seroint jettés sur elle à corps perdu ». Ne nous quittons pas sans évoquer ces courses du mouton », régulièrement organisées dans la ville. Là, la jeunesse s'affronte et rivalise de vitesse non le mouton ne participe pas, c'est le lot du vainqueur. L'épreuve la mieux documentée à ce jour prend place le dimanche 25 août 1782 ; le lieu du départ étoit de l'allée de Lapujade », c'est-à-dire au quartier de Croix-Daurade, et l'arrivée jugée à la croix de la porte Matabiau. Celui qui remporta la victoire fut un valet d'un nommé Capou »8 ; nous n'avons malheureusement pas son chrono. Et puis, il n'y a pas que la vitesse pure. Notons par exemple cette prouesse de Joseph Claustres, qui quitte les Flandres pour rejoindre Toulouse en vingt-quatre jours seulement, et à pied s'il vous plaît9. Attendez, c'est qu'en arrivant, notre Ariégeois natif de Lapège a encore assez de souffle pour faire un enfant à Marie Escarnot – ce qu'il regrettera amèrement par la suite. Ah, si seulement il avait traîné en chemin, a-t-il dû gémir... _____________________________ 1- Les curieux pourront aussi lire le dossier n° 28 des Bas-Fonds avril 2018 Les charrettes de la mort. Chevaux emballés, petits écrasements et mortelles mises à plat les accidents de la circulation à Toulouse au XVIIIe siècle ». 2- FF 824/8, procédure 144, du 13 octobre 1780. 3- FF 822/3, procédure 055, du 7 avril 1778. 4- FF 784/3, procédure 092, du 20 juin 1740. 5- FF 769/1, procédure 004, du 16 janvier 1725. 6- FF 810/4, procédure 069, du 23 mai 1766. 7- FF 774/2, procédure 069, du 20 mai 1730. 8- FF 826/6, procédure 105, du 26 août 1782. 9- FF 794/2, procédure 026, du 17 mars 1750. [Meunier coiffé à Cahuzac-sur-Vère]. Négatif sur plaque de verre, Cliché Eugène Trutat entre 1890 et 1907 – Dépôt de l'association "Les Toulousains de Toulouse et Amis du Vieux Toulouse". Mairie de Toulouse, Archives municipales, 51Fi 290. Bonnet d’âne mai 2022 Que faire, lorsque vous prend l'envie de savourer un mois sabbatique et ne plus entendre parler d'Arcanes, que ce soit parce la thématique ne vous convient pas, ou encore parce que… zut ! Sauf que voilà, il paraît qu’il n'y a personne d’autre pour le faire à votre place, et que là, à la dernière minute il vous faut faire un billet incontinent écrire sur les chapeaux de roues » aurait-on pu dire, mais non, le jeu de mot ne prend pas, cette thématique n’est décidément pas pour moi. Pourtant, me direz-vous, les couvre-chefs, on en trouve tout le temps dans les fonds d'archives anciennes, ça ne doit pas être bien difficile. La perruque par exemple – oui, mais c'est du déjà vu, on l'a traitée à l'occasion d'un dossier des Bas-Fonds. Pareil pour la coiffe des maquerelles lors de leur châtiment de la course ou de l' asinade ». Coiffées les unes d’un chapeau de paille agrémenté en ridicule, d'un bonnet à grelot, ou encore dépeint comme un casque à plume – voire d’une mitre peinte, pour les Genevois. Le bourreau de la ville et sa cagoule ? Ah non ! Oublions cette image romantico-débile de l'exécuteur de la haute justice ; relisez-donc les Bas-Fonds qui lui est consacré, et vous verrez qu'il n'est pas masqué – d’ailleurs, il a un chapeau comme tout le monde. Les chapeaux des capitouls ? C'est bien joli tout ça, mais ces derniers n’ont pas de chapeau ou de couvre-chef dédié ; chacun a le sien les nobles l'ont plutôt à tricorne avec plumet. Pour les marchands, il est plat et rond, et les robins avocats, procureurs portent le bonnet carré. Mais alors, leur chaperon ? Zut, lisez l’article jusqu’au bout, et vous verrez que ça n'a rien à voir avec un chapeau. Non, rien à faire, en ce mois de mai, j'en ai ras la casquette, et la thématique du chapeau ne me dit vraiment rien, vous le voyez bien j'en suis contraint à recycler au risque de me voir décerner un bonnet d'âne. Ah, si ! A la limite – mais là c'est un peu tiré par les cheveux – on peut de faire du neuf en vous livrant le dernier numéro des Bas-Fonds, mais attention dans Pis que pendre », vous trouverez des insultes et menaces non équivoques, à vous faire hérisser les cheveux. Lettre de Brice-Joseph Cavaré adressée à …, princesse de France. Mairie de Toulouse, Archives municipales, FF 725 en cours de classement, procédure 9 janvier 1681 détail. … et poussière tu resteras avril 2022 Se savoir être un être insignifiant n'empêche pas de vouloir – et de pouvoir – s'adresser aux grands de ce monde. Nous avons ainsi conservé plusieurs lettres d'humbles sujets adressées à des têtes aux perruques parfaitement poudrées et, de surcroît, couronnées. En toute logique, notre premier choix nous mène en 1781 où le nommé Bravat est retenu dans les prisons de l’hôtel de ville car on le trouve un peu fou. On attend de savoir si on doit le faire enfermer en conséquence. Nul ne sait si Bravat tourne en rond dans sa cellule, mais il ne tourne pas bien rond et se met en tête d’écrire au Roi1. À défaut d'encre pour écrire sa supplique, il en est réduit à mélanger de la poussière de brique à sa propre salive. Le résultat est, somme toute, fort lisible et correct. Las, le bon Louis n’aura pas eu le loisir d’apprendre les malheurs de son brave sujet, car sa lettre étant restée à quai entre les mains des capitouls, tout comme celle qu'il rédige à l’attention Monsieur, comte de Provence. Un léger bond en arrière nous projette un siècle plus tôt, en 1681 où, cette fois, c'est un sujet libre qui s'adresse à cette princesse de France dans une lettre toute en rondeurs et déliés2, un véritable amour de calligraphie qui ouvre sur un océan de suavités à l'attention de la princesse, à tel point que, perdu dans ses ronds de jambe et ronds de lettres, Brice-Joseph en oublie le sujet de sa supplique. Car il se contente de débiter niaiseries ; sa lettre n’est finalement qu’un étalage de superfluité à la dérive. Mieux encore, il oublie même d'envoyer son humble supplique qui – comme d'autres encore, est finalement retrouvée dans ses poches lors de son arrestation par les capitouls oui, à ses heures il écrivait aussi des affiches diffamatoires contre une jeune fille de la ville qu'il n'omettait pas d'aller placarder sur les murs. _______________________________________ 1- FF 825/5, procédure 118, du 24 juillet 1781. 2- FF 725, en cours de classement, procédure 9 janvier 1681. Bourdaloue [pot de chambre adapté pour un usage féminin]. Manufacture de Meissen, porcelaine peinte par Philipp Ernst Schindler, vers 1730-1735. Rijksmuseum, Amsterdam, inv. n° BK-17439. Petits coins mars 2022 Si vous avez lu l’édito, vous savez désormais que chaque tronçon de rue de notre ville était autrefois plus au moins désigné par le terme de coin ». On pourrait donc imaginer qu’il était aisé ainsi de se trouver un petit coin pour y faire sa petite affaire ou sa grosse commission, cela en toute quiétude. Or, à en croire les baux à besogne concernant des réparations de bâtisses ou les entreprises de constructions neuves, la grande vogue des privés » ou latrines dans les maisons toulousaines ne date pas d’hier ; on même serait tenté de la situer juste après la grande peste de 1628-1632. Ainsi, un siècle plus tard, on estime que la plupart des maisons de la ville sont équipées du dernier cri de la technologie hygiénique le dernier cri étant les toilettes à l’anglaise, et là, il faudra encore attendre. On penserait donc que les gens font cela en toute intimité dans ces petits coins privés, d’autant plus que les chaises de commodité ou chaises percées se trouvent partout et permettent à chacun de se vider incontinent, sans même cesser son activité du moment – il en existe évidemment pour les enfants, et cela n’est certainement pas l’apanage des classes aisées, puisqu’on en note une parmi les meubles de l’appartement du portefaix et criminel récidiviste François Cassé1. Le père de la petite Thérèse a certainement dû en faire des cauchemars la nuit, puisqu’il ne possédait pas un tel équipement, ou bien qu’il ne l’a pas utilisé le jour où sa fillette de quatre ans a demandé à se vider, et qu’il lui a levé les jupes en la déposant dans la rue sur le pas de la porte. L’enfant n’a certainement pas eu le temps de dire ouf ni de se soulager qu’elle s’est trouvée aplatie par un lourd charroi qui passait par là ! Mais non, les intestins du Toulousain de l’Ancien Régime sont plus libres qu’on ne le croit et, à l’évidence, ils ne peuvent résister aux sirènes du grand air, à l’appel de la nature, à l’attrait d’un coin de verdure, d’un pavé luisant de pluie ou d’un mur judicieusement placé, ce qui les pousse irrémédiablement au relâchement et à déposer çà et là en plein air, dans tous les coins et recoins. Certes, les capitouls veillent au grain et font crier puis afficher des ordonnances qui interdisent ces dépôts sauvages et nauséabonds. Sans grand succès, il faut l’admettre, d’autant plus que les adeptes des pots de chambre – bourdalous » pour les dames modèle spécialement adapté à l’anatomie féminine2, pourtant créés pour un usage intérieur, s’en mêlent aussi en s’ingéniant à en vider allègrement le contenu dans la rue, directement depuis leur fenêtre, quelquefois même sans crier gare. Nul doute que Newton serait passé dans un coin de rue toulousain, il n’aurait pas attendu qu’une pomme lui tombe sur le coin de la tête pour développer sa fameuse théorie. En attendant, ceux qui veulent en savoir plus trouveront matière à réflexion en se plongeant avec délectation dans le dossier des Bas-Fonds n° 24 intégralement consacré à cette thématique. ____________________________________ 1- FF 784/9, procédure 220, du 11 mars 1740, supplément pièce n° 28 2- Du nom de père jésuite Louis Bourladoue, dont les sermons étaient très courus mais particulièrement longs, ce qui nécessitait d’emporter avec soi son pot d’aisance. [femme enceinte guidée par un homme appuyé sur un bâton]. Dessin à l'encre sur papier, Giovanni Battista Piranesi, vers 1750. National Gallery of Art, Washington, inv. n° ... de polichinelle février 2022 Vous trouverez bien chez nous l'acte de baptême de la petite Suzanne-Éléonore1. On y indique qu'elle est née le 21 octobre 1741, et a été baptisée le 24 dudit, en présence de son père, Ignace Ayral et de ses parrain et marraine. On n'y précise pas si Marie Ruffat, la maman, se porte bien, mais je peux vous assurer que oui. Si Suzanne est effectivement un vrai nourrisson, Marie est en revanche une... fausse maman. Allons-donc ! me direz-vous, mais tout le monde dans le quartier a pu voir son ventre rond ces derniers mois. Elle tricotait même le bonnet de son enfant à naître. Et puis, n'a-t-on pas entendu ses cris lors de l'accouchement. Et ce sang sur les draps de son lit après la délivrance, qu'est-ce donc, si ce n'est pas là la marque indéniable d'un accouchement ? Perdu. Les hommes sont peut-être naïfs en cette matière, mais les femmes savent reconnaître quand une de leurs congénères met un coussin ou un panier sous son ventre pour paraître enceinte. Et même si toutes les femmes n'ont pas l'œil de taupe, elles savent bien qu'un ventre rond ne tangue pas tantôt à droite, tantôt à gauche. Nous sommes là devant un cas de supposition de part », c'est-à-dire que l'enfant a été acheté et qu'on le fait passer pour sien2. Instinct maternel exacerbé d'un couple stérile ? Certainement pas il y a de l'argent en jeu, beaucoup d'argent même 20 000 livres à récupérer d'une donation, si les époux Ayral venaient à avoir un enfant. Sauf que voilà, le secret a été éventé ; non seulement à cause de ce ventre décidément bien ballant, mais encore, il a fallu trouver une sage-femme et la mettre dans la confidence d'un pour dénicher un nourrisson tout frais, prêt et emballé le jour J, et de deux pour prétendument assister la mère » lors de son accouchement feint. Et lorsque le pot aux roses est découvert, c'est d'abord la sage-femme qui trinque, puis la vraie mère de l'enfant, le couple Ayral bien entendu, et d'autres complices encore. L'affaire est d'abord jugée par les capitouls3, puis le parlement y met son grain de sel, et, en conclusion, Ayral et sa femme furent condemnés à faire amande honorable, la sage-femme, Suau, son épouse et la nommée Villaret à assister à lad. amande honorable, et ensuite lesd. Ayral, son épouze et Cazeneuve au banissement du ressort de la cour pour dix ans, Suau et sa femme au banissement de la sénéchaussée pour cinq ans »4. Et le petit polichinelle dans tout ça ? Manifestement le sort de Suzanne-Élonore n'intéresse pas les magistrats, et nous ne savons rien de son devenir. ____________________________________________ 1 - GG 318, f° 141. Paroisse Saint-Étienne, registre des baptêmes, mariages et sépultures de l'année 1741. 2 - On peut aussi le voler, l'enlever ou simplement le trouver sur le pas de sa porte. 3 - FF 785/7, procédure 190, du 10 novembre 1741 91 pièces. 4 - Annales manuscrites des capitouls, BB 283, p. 461. Au prochain virage, à droite ! janvier 2022 Dans les années 1960-1970, Toulouse disposait d’une piste de Prévention Routière » avec fausses signalisations, faux parking, fausses stations essence, mais vrais gendarmes pour faire la circulation ! La commune s'investissait dans cette opération en prenant à sa charge le transport des élèves des écoles jusqu’à cet équipement d’utilité publique. Les plus jeunes des toulousains, à bicyclettes, et les moins jeunes, à motobylettes, pouvaient ainsi y apprendre en toute sécurité les fondamentaux de la route. De quoi éviter quelques déconvenues au prochain virage ! [Le génie retrouve la folle Julie sous un arbre au bord de la route]. Gravure de Daniel-Nikolaus Chodowiecki, Berlin, 1780. Illustration pour l'ouvrage "Histoire d'un génie", Leipzig, Weygandschen Buchhandlung, 1780. Rijksmuseum, Amsterdam, inv. n° Les yeux dans les Dieux décembre 2021 Lorsque Jeanne-Marie Dupuy se couche, elle sent qu'on lui prend le bout des pieds et qu'on lui grate le chevet du lit »1. Jusque-là, il n'y a pas à s'inquiéter, mais c'est qu'elle ne s'arrête pas là ; elle rajoute entendre aussi des voix par la cheminée, en particulier cet appel pressant Actuelement tu ez à moy, je te prens ! Et là, Jeanne-Marie est convaincue que c'est le Diable qui l'interpelle ; d'ailleurs, ajoute-t-elle, celui-ci lui jette même de l'eau bénite ! par la cheminée. Seul remède, et quoyque elle ne sache point lire elle prent tous les jours et à certaines heures un alphabet de Bordeaux et, en l'ouvrant, le Bon Dieu lui donne les lumières nécessaires pour lire ce qui est contenu dans l'alphabet, qu'elle répète tout haut. Elle ajoute encore qu'elle a conversé pleuzieurs fois avec le Bon Dieu tant dans sa chambre que dans la rue ». Nous n'en saurons pas plus des entretiens célestes ou des tourments infernaux de Jeanne-Marie, parce que les capitouls jugent plus prudent de clore là l'audition de la jeune femme 23 ans, veuve, un enfant pour s'en remettre à la décision des deux experts. Ceux-ci estimeront qu'elle n'est pas entièrement folle, mais qu'elle est toutefois prête à basculer dans la démence. Ce n'est là qu'un exemple parmi de nombreux autres de cas de folie – ou bien de ses prémices, où les capitouls se trouvent confrontés à des individus qui leur font état de considérations mystiques. Car, en cette fin de 18e siècle, les magistrats municipaux toulousains ont désormais à juger » sur les cas potentiels de démence qui leurs sont présentés. Ainsi, chaque affaire donne lieu à des dépositions de témoins, une audition de l'individu, et surtout une expertise médicale dont le résultat paraît sans appel2. Trouvé dément, l'individu est retranché de la société pour être envoyé au nouveau quartier des fous de l'hôpital de la Grave. À Dieu corps et âme Hélène de Valette n'est peut être pas folle, mais elle refuse de se laisser troubler pendant qu'elle s'adonne à ses dévotions dans sa chambre. Ce qui fait qu'elle entend parfaitement le voleur qui pénètre dans la pièce et qui lui prend sa montre en or, mais elle ne réagit pas, entièrement absorbée par sa prière. En revanche, une fois le signe de croix final effectué, elle revient à elle, carrément furieuse. Un peu tard, car le voleur est déjà reparti... Ite missa est3. Marianne Viguier est un peu religieuse postulante et surtout bonne à tout faire dans le couvent du Bon-Jésus. On la dit entièrement dans la démence, tenant des propos singuliers et contraires à la raison, disant qu'elle est la parente du Roi, de monsieur de Périgord, quelle est la supérieure du présent couvent, qu'elle voit Dieu, qu'elle l'entend parler, qu'elle le voit travailler, que tous les hommes qui viennent dans le présent couvent comme le médecin, le chirurgien et ouvriers sont des apôtres »4. Mais comme le témoignage ci-dessus vient d'une consœur et pourrait être taxé de partialité, rendons sa voix à Marianne et laissons-la s'expliquer elle-même Elle s'occupe à balayer toute la maison, qu'elle est la servante du Bon Dieu, qu'elle s'est adonnée entièrement à lui, qu'elle voit quelquefois le Bon Dieu en personne, vêtu d'un habit couleur d'olive, dans l'église du présent couvent et à sa main gauche, auquel elle adresse les prières pour toute l'Europe, pour les nègres, pour les esclaves, en un mot pour tout. Elle ajoute qu'elle est la ville de Jéruzalem, autrement dit l'arbre de vie ; que son intention est de sortir de ce couvent qui est actuellement bien en règle pour aller joindre le Sr Bichon, son confesseur, Trinitaire, qui est à cinq lieues au-delà de Bordeaux, pour se joindre à lui afin d'établir un autre couvent, que c'est le Bon Dieu qui lui a inspiré pareille chose et de se dépêcher vite pour cela ; qu'elle est de grande condition et parente de la famille royale et de monsieur de Périgord, à consulter les écritures. Elle ajoute que lorsqu'elle entra dans le présent couvent, le Bon Dieu la nomma supérieure, mais comme il est venu une autre supérieure et chanoinesse, les religieuses du présent couvent ne regardent en rien la répondante, ce qui fait que le Bon Dieu lui a dit de quiter cette maison pour aller joindre son confesseur au-delà de Bordeaux. La répondante dit de plus que saint Pierre, apôtre, est venu dans la présente maison et a seigné au bras droit la répondante ainsi que plusieurs autres religieuses ; saint Jean de Kirielison est venu aussi dans la présente maison pozer des vitres ». Devant ce flot de paroles d'une incohérence manifeste pour le magistrat, celui-ci met fin à l'audition, mais Marianne parvient toutefois à glisser une dernière phrase, saisie in-extremis par le greffier elle est le bon Lazare, qu'elle est ressuscitée ». De la couleur des habits de Dieu à la saignée mystique opérée sur elle par saint Pierre, les capitouls n'ont aucun doute Marianne a bien l'esprit aliéné, les experts vont le confirmer, et elle sera donc envoyée aux quartier des fous jusqu'à résipiscence – s'il plaît à Dieu. Quatre-vingt-sept, année mystique Qu'est-ce qui fait qu'en 1787 nous trouvions plus de cas de personnes tourmentées par le Ciel et/ou les enfers ? Nous n'en saurons jamais rien. En voici une sélection de quatre seulement, évidemment choisis pour la pertinence des citations. Tourmentée par une voisine, Marie Descazeaux s'en fut devant Dieu pour l'implorer de lui tracer la conduite quelle devoit tenir pour se mettre à l'abri des tracasseries qu'on lui fait. Et Dieu s'étant fait entendre à elle d'une manière très intelligible, elle suivit de point en point ce qu'il lui avoit dit ». C'est-à-dire qu'elle fut acheter un pistolet, le chargea, et le déchargea à bout portant sur sa voisine ! Ô miracle, cette dernière en sort quasiment indemne5. Magdeleine se confie à un voisin d'un ton et d'un air évaporé ; lui dit qu'elle venoit du fauxbourg St Michel où elle avoit vu dans une grange le Bon Dieu avec St Joseph et la Ste Vierge et toute la Ste Trinité ainsi que ses père et mère ». Peut-être est-elle effectivement l'Élue car, se rendant ensuite dans l'église de St Etienne pendant que M. le curé disoit la messe, elle lui avoit crié Papa, papa, tant elle étoit charmée de le voir »6. Quiterie passe son temps dans l'église des grands Carmes, elle n'en sort quasiment pas de la journée. De telles marques de dévotion indisposent grandement lors des offices car elle donne des marques de démence, tantôt chantant et riant, et pour ainsi dire dans le même moment, pleurant, tantôt se plaçant au milieu du chœur, fixant certains religieux auxquels elle fait des signes au moyen du doigt qu'elle met sur le nez, ce qui a troublé très souvent le service divin »7. Quant à Blanche Chapel, on la voit prendre avec les mains une poignée de braize du feu, qu'elle répendoit ensuite dans la chambre, voulant se jetter sur les personnes qui se présentent à elle pour les mordre, criant Alléluya, alléluya »8. On peut avancer sans crainte que le feu de Dieu l'habite – ou la dévore. Et nous réalisons maintenant qu'aucun homme ne figure dans cette petite sélection. Que l'on se rassure, ils peuvent eux aussi être atteints de folie, mais leur mysticisme semble moins se manifester dans leurs accès de démence ; peut-être sont-ils plus adeptes de dialogues intérieurs, noyés au fond d'une bouteille… Nous nous efforcerons toutefois de clore avec un cas masculin, car il y en a bien un, et qui de surcroît a certainement vu Dieu avant les autres. Certes, pour atteindre cette première place, Bernard Tesseyre a dû recourir à une méthode extrême – et pas très catholique en septembre 1775, fêlé par trop de dévotion »9, il se pend au plafond de son appartement10. ____________________________________ 1- FF 826/7, procédure 146, du 15 décembre 1782. 2- extrêmement concis, ce rapport d'expertise laisse portant quelquefois percevoir un réel intérêt pour le patient » et de touchantes notes de compassion. 3- FF 805/5, procédure, 135, du 29 août 1761. 4- FF 829/5, procédure 078, du 21 mai 1785. 5- FF 831/8, procédure 155, du 11 août 1787. Cette procédure est intégralement reproduite en fac-similé des Bas-Fonds n° 42 Le fer et le feu ». 6- FF 831/12, procédure 237, du 31 décembre 1787. 7- FF 831/8, procédure 150, du 6 août 1787 8- FF 831/4, procédure 069, du 26 avril 1787 9- Mémoires manuscrite de Pierre Barthès, 7e volume. Ms 705, p. 81-82. 10- FF 819/8, procédure 154, du 5 septembre 1775. [L'enchaîné déchaîné ou, hachée-menu dans les prisons], gravure de Jan Luyken, 1698. Rijksmuseum, Amsterdam, inv. n° RP-P-1896-A-19368-1396. Axe for girls and girls only novembre 2021 À décliner ou graviter aujourd'hui autour d'un axe un tantinet problématique, c'est tout naturellement que nos attaches anglo-germaniques – autant généalogiquement complexes qu'affectives –, nous renvoient vers ce mot qui, décliné dans les langues de Boris et d'Angela, est entendu et compris pour le mot hache. Et voilà qui tombe à pic un pic n'étant pas une hache, mais il s'y apparente tout de même par certains aspects – ou effets, car nous nous sommes vus récemment reprocher par des esprits chagrins de n'avoir jamais traité de la hache dans un numéro des Bas-Fonds plus précisément dans le quintet consacré aux diverses armes du crime alors même que nous avions consacré un numéro entier au marteau et au maillet, qui manquent singulièrement de classe lorsqu'il servent à perpétrer un crime. Pour notre défense, cette lacune s'explique aisément. En effet, aucun pourfendeur à la hache ne semble émerger de nos fonds d'archives anciennes. Certes, les Annales manuscrites des capitouls content bien la mésaventure du seigneur de Saint-Simon, dont le crâne est fendu à la hache en son château du même nom par des voleurs1. Las, nous sommes en 1607, et Saint-Simon ne fait pas encore partie de Toulouse. Il y a bien ce Pierrot qui, devenu fou, partage en deux avec une hache la tête d'une sienne voisine ; mais là encore, l'affaire a lieu hors de la ville, en Gascogne, près de Lahas, et nous est seulement connue car ledit Pierrot se fait rattraper et occire à son tour – au pistolet, sur le pont de Tournefeuille, un pied dans Toulouse ouf, il était moins une2. Les mémoires Manuscrites de Barthès fourmillent d'affaires sanglantes à la hache jugées par le parlement3, mais toutes ont été perpétrées par ceux du Quercy, ceux des Cévennes et du Vivarais, par des Gascons tiens, encore ou même des Audois, mais jamais par un Toulousain. Voilà qui est rageant, et d'autant plus lorsqu'on sait que même notre bourreau très officiel ne possède pas un tel instrument dans sa panoplie. Avouez que cela rend les décapitations bien moins chic et moins solennelles pour Montmorency, personne n'y était – le roi avait chassé les capitouls le temps de faire sa petite cuisine tranquille, les portes de l'hôtel de ville étaient fermées et gardées par les troupes, donc personne ne sait et tout le monde raconte ce qu'il veut ; quant aux trois frères Grenier, exécutés place Saint-Georges en 1762, ils ont eu la tête tranchée avec un couteau long, un damas à décoller. Les Toulousains bouderaient-ils la hache ? Est-ce une arme trop barbare à leur yeux ? Et pourtant, à mieux y regarder on trouve quelques menaces ou agressions réelles avec une hache. Mais là, surprise ! Ce sont uniquement des femmes qui brandissent l'arme-outil. En première ligne, la Blondine. Ce n'est pas une tendre, et elle n'a besoin de rien pour se faire craindre, mais lorsqu'elle arrache une hachette une pigassa des mains de Gaspard Lustron pour la retourner contre lui4, il y a de quoi trembler, d'autant plus que la Blondine est masquée en diable ». Et voilà que la Soubiroune se joint à elle et menace à son tour de trancher la tête du malheureux Lustron dont la nuit de noces a bien failli tourner court. Et que penser de la Dumaine, qui jure, blasphème, sacre, appelle tout l'enfer à son secours, prend un bâton, vient se jetter [sur] son mari pour lui fendre la tête, le traite indignement et le charge des outrages les plus sanglants que la fureur puisse inspirer »5. Le pire est à craindre quand elle s'arme d'une hache », au point que son tendre époux prie les magistrats de le délivrer d'une telle furie. Le classement des procédures criminelles des capitouls n'est pas fini, loin s'en faut, et il nous réserve bien des surprises. Peut-être allons nous trouver, un jour, une femme qui castre son mari ou tout autre coq de village avec une hache. C'est qu'avec le dernier graffiti d'époque »6 repéré récemment au revers d'une pièce de procédure civile du 16e siècle, on doit s'attendre à tout ! _____________________________________ 1 - Annales manuscrites des capitouls, BB 277, chronique 280, année 1607, p. 127-154. 2 - FF 777/1, procédure 008, du 23 janvier 1733. 3 - Mémoires manuscrites de Pierre Barthès, 1737-1780, 8 volumes. Bibliothèque d'études et du Patrimoine, Mss 699 à 706. 4 - FF 812/1, procédure 020, du 6 février 1768 – en fait c'est un charivari organisé pour son mariage. La Blondine est identifiée pour être Claire Jonquières, dite Blondine. Sa sœur et elle sont des "habituées" de nos procédures criminelles. 5 - FF 830 en cours de classement, procédure du 5 mai 1786. 6 - FF 95, liasse non foliotée. Un triple crime sur le sable chaud en été ? Scène de sieste à l'ombre d'une cabane au Cap-Ferret ; villégiature de la famille Pauilhac à Arcachon en 1907. Cliché positif noir & blanc sur plaque de verre - Mairie de Toulouse, Archives municipales, 69Fi163 - Fonds photographique famille Pauilhac. Entre l'âge du bac à sable et celui de la déraison octobre 2021 Aux Archives, lorsqu'il s'agit de remplir notre salle de lecture, nous n'avons pas nécessairement l'habitude d'aller piocher des bambins de l'âge du bac à sable. Or, cette année, nous faisons une entorse à la règle à l'occasion des vacances de Noël. En effet, nous ouvrons exceptionnellement un atelier spécial destiné aux enfants de 7 à 12 ans. Entre archives, histoire et enquête, Les petits détectives des capitouls » vont revivre une procédure judiciaire vieille de trois siècles. En déchiffrant les divers documents qui composent cette affaire portée devant la justice des capitouls en janvier 1725, ils se replongeront dans l'atmosphère du marché de la Pierre, retiendront leur souffle lorsque l'épée est dégainée et brandie en pure perte d’ailleurs, découvriront des invectives désormais bien désuètes, avant d'être en mesure de rejuger l'affaire par eux-mêmes. - Les petits détectives des capitouls, ateliers 7-12 ans Détails, dates et modalités d'inscription aux ateliers Quant aux adultes, eux, on le sait, ne sont plus éligibles au bac à sable ni aux mêmes vacances scolaires. En revanche, les samedis d'octobre et de novembre leur sont exclusivement consacrés afin qu'ils puissent s'adonner à un loisir honnête et respectable, au travers des ateliers Tu ne tueras point, mais... tu peux toujours essayer ! ». Là, plus de place au rêve il faut trancher dans le vif en rouvrant des affaires de meurtres ou de morts violentes, reprendre des autopsies, déterminer l'endroit précis du crime ou de la découverte du corps, faire appel à toute une variété de documents issus des archives afin d'éclairer l'événement, ses circonstances et ses acteurs. - Tu ne tueras point, mais... tu peux toujours essayer !, ateliers ados-adultes Détails, dates et modalités d'inscription aux ateliers. Comme nous pensons aussi à ceux qui ne pourraient pas se déplacer, le crime vient jusqu'à eux au moyen d'une arme tout à fait étonnante l'anguille ! Ou, plus exactement, la peau d'une anguille que l’on aura remplie de sable. Lorsqu'on en frappe un adversaire, on dit qu'on le sable ». Ne souriez pas l'arme peut se révéler fatale, même entre les mains d'un enfant. C'est là le quatrième volet des Bas-Fonds consacré à l'arme du crime ; il sommeillait depuis 2019 et vient juste d'être achevé, mis en ligne et... antidaté. "L'arme du crime, acte quatre – l'art de sabler. Malicieuses anguilles des sables, ou simples sacs de sable, terre ou plomb la redoutable matraque molle à la toulousaine". Dans les Bas-Fonds, n° 41. "Le mari heureux", gravure de Noach van der Meer le jeune, d'après un dessin de Jacobus Buys, entre 1778 et 1785. Rijksmuseum, Amsterdam, inv. n° RP-P-1907-4665. Les enfants déchus de Titivillus septembre 2021 Certes, on ne connaît pas leurs mères, mais leur paternité ne fait point débat ils sont autant de rejetons de Titivillus. Mais, tels des anges déchus, ces enfants de notre démon facétieux ont suivi une voie légèrement différente. Au lieu de susurrer des paroles qui induisent le copiste, le scribe ou le greffier en erreur, ils ont choisi de tenir eux-mêmes la plume et de créer sciemment ces erreurs – afin d'en tirer un substantiel profit, c'est entendu. Qu'ils s'appellent Allaux, Bors, Cabos Chamillard, Crébassa, Danjoy ou encore l'envoûtante Charlou et pour la bonne mesure, il nous faut agréger à la bande l'éclectique et talentueux cartographe-graveur Marqué, bien que sa palette dépasse ce simple registre et s'étende à de multiples autres arts dans le fait de voler, escroquer, duper, ces enfants ont hérité de leur père d'un goût prononcé pour l'espièglerie et se sont donc naturellement orientés vers l'escroquerie, plus précisément les faux en écriture. Leur inclination naturelle les pousse à imiter à la perfection les lettres de change ou les billets à ordre prétendument cautionnés par de gros établissement parisiens, lyonnais, rouennais, genevois, pour ensuite les présenter tantôt à Toulouse, tantôt à Bordeaux, afin d'encaisser des sommes colossales ou d'engranger des marchandises. Bien entendu, ils ne répugnent pas à aller duper les négociants de Bayonne, Agen, Gaillac, Albi, Villefranche de Rouergue ; certains poussent jusqu'au Puy, ou encore à Sète. En ces décennies 1770 et 1780, on les appelle chevaliers d'industrie, quelquefois escrocs le mot commence à peine à se faire une place, le plus souvent affronteurs publics ou filous. Les nôtres opèrent sur une ligne allant de Bordeaux à Montpellier. En 1780, le procureur du roi Charles Lagane, explique que ce type de crimes est des plus graves comm'il est devenu très commun dans le royaume et, par conséquent, mérite d'être poursuivi à la dernière rigueur »1. Il n'a pas tort, car ces bandes connaissent parfaitement les rouages des circuits commerciaux et des échanges monétaires dématérialisés entre gros négociants, et leur passion dévorante pour l'or aurait tôt fait de mettre à genou les plus solides maisons. D'autant plus qu'ils sont diablement bien organisés dans leurs poches, portefeuilles ou portemanteaux, on y trouve des collections de signatures, sagement alignées, prêtes à servir ; des papiers aux format des lettres de change, prêts à être noircis. Cabos a même un attirail composé de pleuzieurs compas et autres petits outils »2 qui lui permettent de mieux contrefaire les signatures. Cette passion de l'écriture et du faux leur est tellement chevillée au corps qu'Allaux ne trouve rien de mieux en prison que d'améliorer son ordinaire en se procurant un petit travail ; naturellement, on lui fait rédiger des actes de... justice pour le corps de la Bourse des marchands, rien que ça ! Comment identifier de tels escrocs ? Cela relève presque de l'impossible, tant ils savent changer d'apparence et de nom. À Toulouse, un marchand se laisse subjuguer par le côté angélique de l'un d'eux, qu'il trouve d'une politesse et d'une honêteté sans égale », ce qui lui laisse à penser que c'étoit un homme de distinction »3 ; alors qu'à Gaillac, un de ses confrères est plus frappé par le côté démon de deux messieurs, l'un d'assès mauvaise mine, et l'autre moins désagréable »4. Mais, à trop tirer sur la corde ou le diable par la queue, on peut finir par s'y balancer sans grâce. Mais, ne nous faisons pas d'illusion, les Allaux, Bors et autres seront vite remplacés par de nouveaux venus, et le chroniqueur toulousain Pierre Barthès, tel l'archange de l'Apocalypse, écrivait en 1768 que la ville [...] n'en sera purgée qu'au dernier jour de sa destruction, tant cette vermine pullule, trouvant toujours de dupes qui se laissent prendre au filet »5. ___________________________________ 1 FF 824/9, procédure 170 – supplément, du 18 octobre 1780. 2 FF 819/1, procédure 009, du 16 janvier 1775. Ajoutons à cela que l'on trouvera encore dans ses tiroirs du papier transparent... 3 FF 824/1, procédure 001, du 4 janvier 1780; 4 FF 820 en cours de classement procédure du 17 février 1776. 5 Bibliothèque municipale de Toulouse, fonds patrimonial, Ms. 704, p. 95. Dépose des sculptures du toit du Capitole - afin d'en faire des moulages et de les remplacer par des répliques moins sensibles aux intempéries et à la pollution. Travaux effectués par l'Atelier de restauration de la ville de Toulouse. Cliché Atelier municipal de photographie, fin 20e siècle. Mairie de Toulouse, Archives municipales, 1Fi6765. Les toits du Capitole juillet-août 2021 Moins connus que les oies du Capitole romain, les toits du Capitole toulousain valent certainement, sinon le détour, tout au moins que l'on s'y penche un peu. Mais, à trop s'y pencher, attention à la chute ; celle du jeune Bournet sera fatale. Reprenons. Nous sommes en 1766. La fièvre de l'évasion gagne les prisonniers enfermés dans les geôles de l'hôtel de ville et, le 12 mai, dix-sept d'entre eux décident de jouer les filles de l'air au cri de Allons, il faut périr aujourd'huy ou s'en aller ! »1. Après avoir ménagé plusieurs brèches dans les murs et les planchers, ils gagnent les toits du Capitole et s'éparpillent. Hélas, le guet est vite alerté et tire quelques coups de fusil en leur direction. François Bournet, l'un des évadés qui galopait encore sur le toit, tombe dans le vide et va finir par s'écraser dans une des cours de l'hôtel de ville. On ne saura jamais si son décès a été causé par le coup de feu ou par sa réception brutale au sol comme quoi, il est faux de prétendre qu'avoir 18 ans donne des ailes. Bref, l'ambiance est quelque peu cassée, et le reste des prétendants à la liberté en oublie le cri fièrement lancé plus tôt, se fige instantanément et tente de se fondre, qui derrière une cheminée, qui encore derrière les sculptures monumentales du nouveau frontispice du Capitole en attendant que le guet vienne les cueillir là pour les renfermer de plus belle jusqu'à... leur prochaine tentative. Oui, car en juillet, nos prisonniers sauf Bournet donc, out remettront cela et, cette fois, en évitant des toits ; ils verront leur persévérance récompensée et leur évasion couronnée de succès. Pour en savoir plus sur cette échappée belle par les toits, nous ne saurions que trop recommander la lecture du dossier des Bas-Fonds n° 33, La grande évasion. Et, comme nous avons une pensée pour ceux qui sont sujets au vertige, nous évoquons aussi des évasions plus souterraines dans le dossier n° 24, Le grand soulagement, mais là, les claustrophobes n'y seront guère à la fête, et surtout gare aux vapeurs méphitiques. ________________________________________ 1 FF 810/4, procédure 064, du 13 mai 1766. [Fifty-one shades of wood], collection de 51 échantillons de bois provenant de l'archipel d'Indonésie, et destinés à l'examen et approbation par les chantiers navals hollandais, Rijksmuseum, Amsterdam, inv. n° NG-MC-1160. Des filles à la baguette juin 2021 Non, le titre est trompeur ; nous n'évoquerons pas de malheureuses filles menées à la baguette par des parents sévères ou d'affreuses marâtres, voire de sordides souteneurs. En fait, nous allons deviser de bois, et plus particulièrement du bois de construction, du bois d'œuvre, sous toutes ses formes et ses dénominations. En effet, qui, dans les archives anciennes, n'est jamais tombé sur des bastars, razals, puals ou pitrons sans se demander s'il s'agissait d'atroces insultes ou, au moins, de termes grossiers. Et ainsi de suite, en passant par la postille pour arriver jusqu'à la baguette. Lorsque le chercheur découvre dans le texte un tas de filles »1 qui se fait planter allègrement au mail-mouton à la force de dix-huit hommes, il est en droit de s’interroger. Pourtant, il n'est toujours question que de bois, et nous devons remercier Pierre-Hanneton Lebrun vers 1702-1752, ingénieur de la ville, pour avoir publié à titre posthume "Les us et coutumes de la ville de Toulouse, avec des instructions pour connoître les matériaux…". Bien plus récemment, Michelle Éclache, a joint à son ouvrage "Demeures toulousaines du XVIIe siècle" un précieux glossaire des termes locaux de la construction en usage entre 1600 et 1630. Ainsi, le fust postam d'Aigud ou la fille de Barousse n'auront plus de secret pour le chercheur qui pourra désormais rentrer chez lui avec la satisfaction d'avoir enfin compris ce qu'il a lu dans le confort feutré de la salle de lecture et pourra enfin s'autoriser à partager le fruit de ses découvertes à table, sans avoir à rougir devant ses enfants. Mais, pourquoi cet engouement soudain des Archives pour le bois ? Parce que nous avons été invités à rejoindre le PCR Eaurigines2, dont un des axes de recherche est précisément celui des ressources forestières du bassin supérieur de la Garonne sur la longue durée, de ce bois venant de la montagne que l'on retrouve précisément à Toulouse. En plus de mettre nos fonds textuels, cartographiques, voire photographiques, à la disposition des quatre chercheurs, créateurs et animateurs du projet 2 archéologues – dont une plongeuse, 1 géomorphologue, 1 dendrochronologue3 – bois oblige, et de la quarantaine de géographes, historiens, plongeurs-scaphandriers, archivistes, photographes et j'en passe, y associés, les Archives vont aussi apporter leur pierre à l'édifice dans le but d'aider à mieux identifier les acteurs du monde du bois et de localiser précisément les gros chantiers du passé. Et vous allez voir de quel bois on se chauffe - un catalogue des marchands de bois, charpentiers, menuisiers, tourneurs, scieurs de long, voire des rachers ou ratgers4 entre le 16e et le 18e siècle est cours en d'élaboration ; il inclut évidemment les signatures, seings manuels ou marques de chacun, ces dernières pouvant éventuellement être confrontées aux signes ou marques gravés sur des charpentes ou tout autre ouvrage en bois encore subsistant. - l'inventaire des devis de travaux publics commandités par la ville entre 16675 et 1790, réalisé à l'occasion du séminaire Mémurbis et déjà fort de 900 entrées, va être actualisé et étendu afin de remonter jusqu'au 16e siècle. ______________________________ 1 Franchement, le terme de tas – comme ceux de groupe, troupe, gang, ou bande, n'est pas flatteur, c'est pourquoi nous préférons utiliser celui de amazement of women », que propose Lawrence Durrell dans "MONSIEUR or The Prince of Darkness", Faber, 1974. 2 Un PCR est un Projet Collectif de Recherche. Le PCR Eaurigines », exclusivement financé par la DRAC et le Service régional de l'archéologie SRA, est quant à lui l'acronyme d'Études Archéologiques et géographiques Urbaines et Rurales des Implantations humaines sur le bassin supérieur de la Garonne. Intégration de la gestion de l'eau, des ressources Naturelles et de l'Environnement par les Sociétés sur la longue durée. 3 Pour comprendre ce qu'est la dendrochronologie en images, nous vous invitons à visionner une courte vidéo pédagogique avec en prime un charmant accent québécois, ou une autre, plus étendue, qui vous emmène en promenade dans le Mercantour, avec précisément le dendrochrologue du PCR Eaurigine. 4 Radeliers, conducteurs de radeaux sur la garonne. 5 Date de la nomination de Jean-Pierre Rivalz comme ingénieur de la ville. [Jeux en arrière-cour de cabaret]. Encre sur papier rehaussée à la craie, dessin par Adriaen van Ostade, 1677. Rijksmuseum, Amsterdam, inv. n° RP-T-1886-A-621. Gare, la boule ! mai 2021 Non, nous ne reparlerons pas de la boule de laiton ou la pomme » qui servit en 1592 au moins pour insérer le mot de passe destiné à ceux préposés à la garde des portes et remparts guerres de Religion obligent. On aurait aussi pu traiter ici des boulets de canon ; l’arsenal de Toulouse en fut particulièrement bien garni, jusqu'à ce que ceux-ci soient ensuite réquisitionnés et gaspillés par Louis XIII en 1621, lors de son cuisant échec devant Montauban, ville rebelle et décidément pas très catholique. Quittons donc ces temps troublés et abordons la fin de l'Ancien Régime, que l'on aime à croire régie par des mœurs plus policées. Là, les boules peuvent toujours être offensives, mais encore récréatives et enfin quelquefois curatives. Les premières se trouvent naturellement à l'état glacé, les secondes roulent et peuvent s'entrechoquer, et les dernières, bien qu'on les dise d'acier, s'ingèrent. La boule de neige, que l'on nommait alors peloton », ce qui est autrement plus charmant, ne prend un caractère martial que si un gros malin décide d’y insérer un caillou ou de la glace. Nous renvoyons au dossier des Bas-Fonds formant le premier volume sur l'arme du crime p. 14-15 où certains de nos aînés y narrent leurs malheurs et bosses suite à des jets de tels pelotons bien ajustés. Nous ne savons pas en revanche si les glaces que vend en 1777 Louis Marquant, confiseur place Rouaix, sont vendues à la boule1. Les boules, celles du jeu de quilles, celles du jeu de mail ou encore celles de la courte-boule2, roulent à tous les coins de rue, sur les quais et dans les avenues et chemins. Les voilà qui heurtent quelquefois passants ou badauds. Si nous avons eu le loisir d'évoquer le maillet servant à frapper ces boules dans le second volume sur l’arme du crime, peut-être devrions-nous envisager un numéro spécial uniquement consacré à la boule comme moyen d’agression. Le menuisier Pierre Troy, victime d’une boule de mail qui vient lui frapper la jambe en bord de Garonne, déclare que ledit coup est si dangereux qu'il risque d'en perdre la jambe »3. Il a même fallu carrément le treuiller avec des sangles qui lui furent attachées au bras », afin de pouvoir le ramener sur le quai en surplomb tellement il tombait en pâmoison. Certes, l'on joue aux boules, aux quilles ou au mail sur l’espace public, mais ceux incarcérés dans les prisons de l'hôtel de ville ont aussi le loisir de taquiner la boule lors de leur récréation dans la cour4. Passons enfin à ces mystérieuses boules aux vertus curatives, connues sous diverses appellations boules vulnéraires, boules d’acier, boules de Nancy, voire les trois à la fois. Vendues par des colporteurs ou des chimistes qui les produisent eux-mêmes, elles sont composées de diverses drogues, dont de la limaille de fer. La demoiselle Bourvart a quitté un mari un peu trop violent et dévergondé pour suivre, sur les routes, le colporteur Lanard ; ils vivent du commerce des boules d’acier, des saints-suaires et des lunettes5. En 1769, Marguerite Richard démarche les maisons de la ville pour les vendre au prix de 20 sols l’unité, elle propose en outre aux clients potentiels des bagues simphatiques » à 6 sols seulement. C’est son mari qui les fabrique, ils en ont un stock de 900, de quoi soigner toute la ville6. Quant à Grégoire, convaincu d'escroquerie en 1784, on retrouve parmi ses effets différentes boules pour le mal vénérien »7. Mais rassurez-vous, les capitouls, dans leur grande sagesse, imposaient que ces produits soient vérifiés avant d’être débités, et c'est ainsi que Pierre-Jean Bollin doit faire tester ses boules par le chirurgien-major de l’Hôtel-Dieu – le résultat ne semble pas avoir été convaincant et Bollin ira donc vendre ses boules à Montauban où il espère que les consuls seront moins à cheval sur la qualité de ses produits-miracles8. ________________________________________ 1. FF 821/7, procédure 139, du 13 août 1777. Pour les gourmands, signalons qu'en été cet établissement reste ouvert jusqu'à onze heures du soir au moins, et il y a grand foule. 2. FF 802/3, procédure 086, du 20 mai 1758 – aussi appelé jeu des boches » de bocho en provençal. 3. FF 805/2, procédure 042, du 30 mars 1761. C'est ainsi que l'on apprend qu’il est de coutume d'avertir en criant Gare la boule ! toutes les foix qu'il estoit de tour de tirer son coup de mail ». 4. FF 829/10, procédure 182, du 15 octobre 1785. Pour l'occasion, nous remettons en ligne une transcription des deux pièces de cette affaire, déjà proposée sur notre site lors du 1er confinement, sous le titre L'agité des prisons. 5. FF 800/5, procédure 168, du 26 juin 1756. 6. FF 813/9, procédure 232, du 28 décembre 1769 7. FF 828/7, procédure 151, du 6 novembre 1784. 8. FF 813/9, procédure 232, du 2 septembre 1747. Fragment de cachet des capitouls apposé sur une des pièces à conviction lors du suicide involontaire » de Torrofabes. Mairie de Toulouse, Archives municipales, FF 814/3, procédure 047, du 13 mars 1770. Les morts s’en tamponnent bien avril 2021 Certes, la déclaration du roi de septembre 1712 impose de cacheter au front les cadavres d'inconnus trouvés au petit matin dans les rues ou ramenés sur les rives du fleuve. Mais pouvions-nous être certains que la chose soit strictement appliquée à Toulouse ? En effet, plus l'on se frotte aux sources de la pratique judiciaire, plus l'on découvre ces libertés prises avec la loi », ces petits aménagements ou grands écarts faits par les capitouls dans leur pratique quotidienne de la justice criminelle, que l'on adapte aux contraintes du lieu et du moment. La lecture des procédures criminelles des capitouls montre toutefois que, dans la majorité des cas, nos magistrats municipaux se plient de bonne grâce à la volonté royale en apposant non pas un tampon encreur, mais un beau cachet de cire ardente au beau milieu du front des corps morts. Cela dit, l'affaire n'est pas toujours aisée, particulièrement lorsque le cadavre est retrouvé dans le gardiage la campagne toulousaine, là où le capitoul dépêché sur place en urgence n'a pas toujours le cachet de la ville sur lui, voire le bâton de cire rouge. Il faut encore qu'il ait la possibilité de faire chauffer cette cire, ce que l'on imagine être une opération un tantinet compliquée. Ainsi, en 1762, le danseur Dezaubry, percé à mort lors d'un duel au ramier du Bazacle, verra son front orné d'un cachet, en déffaut d'autre, gravé de trois fleurs supporté par trois palmes, à la partie supérieure du front »1. Rien de très officiel, mais peu importent les armes, pourvu qu'on ait le cachet. En revanche, en 1787, l'estampille officielle de la ville se trouve bien sur ce nouveau-né retrouvé caché sous la paillasse du lit de sa mère donc déjà bien aplati, sur le frond duquel nous avons fait apposer le sç[e]au des armes de la ville sur cire rouge & ardante »2. À défaut d'avoir reçu le baptême ni même un prénom, ce nourrisson pourra se réjouir au paradis d'avoir été l'objet d'un cérémonial dans sa vie, courte comme un souffle. L'oiseleur Torrofabes, qui se serait suicidé involontairement » selon les experts, est lui aussi scellé au front lorsqu'il est retrouvé dans la cuisine de l'ancien capitoul B…3. Dans la foulée, le magistrat ordonne que les scellés soient apposés sur le fusil et autres objets liés au tragique incident. Si le corps de Torrofabes repose désormais en paix avec ou sans son cachet de cire, celui appliqué sur l'arme du crime est toujours conservé et il vient illustrer ce court billet. Pour aller plus loin G. de Lavedan, De l'identification à l'inhumation les vicissitudes du corps des victimes dans la pratique judiciaire d'Ancien Régime », in M. Charageat, B. Ribemont, M. Soula, Corps en peines. Manipulations et usages des corps dans la pratique pénale depuis le Moyen Âge, Paris Garnier, 2019, p. 141-154. _________________________ 1. FF 806/2, procédure 036, du 29 mars 1762. Procédure La mort du cygne dans Meurtres à la carte ». 2. FF 831/8, procédure 167, du 31 août 1787. Procédure Le nourrisson était sous la paillasse ! dans Meurtres à la carte ». 3. FF 814/3, procédure 047, du 13 mars 1770. Procédure Un suicide vraiment involontaire ? dans Meurtres à la carte ». Pot-chou. Porcelaine de la manufacture de Meissen, attribuée à Johann Joachim Kändler, 1769. Rijksmuseum, Amsterdam, inv. n° BK-1973-190. Martin et ses 32 choux mars 2021 Monsieur Martin est marchand de soie à Toulouse ; il a une petite campagne à Saint-Martin-du-Touch, dans le gardiage et, là, dans un enclos, s'ébattent gaiement poiriers, vignes et carrés de choux. Déjà, durant l'automne 1712, on lui a pillé ses poires et raisins mais voilà qu'en décembre on s'attaque à ses choux. Ce n'est peut-être pas le casse du siècle, mais cette fois les voleurs sont tout de même repartis avec pas moins de 32 choux sonnants et trébuchants1 – je ne sais pas si vous suivez le cours du chou, mais le butin n'est pas négligeable. Bon, le dizenier de Saint-Martin-du-Touch mène l'enquête et va déjà retrouver 9 de ces choux fourrés dans un sac dissimulé dans le jardin du nommé C. Puis, chez M., le pot aux roses est caché dans une barrique. Là, 12 choux. On va ensuite comparer les choux saisis à ceux qui restent dans les carreaux du jardin de Martin il a de quoi voir venir, car il en a planté l'équivalent de deux charretées entières. Aucun doute possible ce sont les mêmes. Toujours est-il qu'il manque encore 11 choux à l'appel, et là... on fait chou-blanc ! Le reste du butin a certainement été discrètement écoulé ou cuisiné dans des marmites sans odeur. Si Martin pleure ses choux car un chou est un chou, on ne rigole pas avec çha, il n'est pas le seul. Et quand ce ne sont pas les voleurs, voilà que les animaux s'en mêlent. Ainsi, chèvres, ânes, bœufs2 ou autres qui divaguent dans les jardins s'attaquent volontiers aux choux qu'ils mordillent délicatement ou déplument carrément. Peut-être pensez-vous que nous devrions nous arrêter là on semble effectivement avoir fait le tour du chou. Et pourtant, non, car la grande famille des brassicaceae a plus d'un tour dans son bouquet dans sa grande versatilité, voilà notre chou devenu une arme du crime. Une agression en 1732 commence par le jet d'un trognon de chou sur le jeune Imbert3. On connaît tous les malheurs de Perrette et son pot de lait, mais, comme si cela ne suffisait pas, la voilà maintenant attaquée par la nommée Couchère, qui prit un gros chou dont elle luy donna un grand coup sur la tête »4. Enfin, lorsque les cafés, bars et tripots rouvriront leurs portes, vous pourrez peut-être vous essayer à un petit jeu bête comme chou celui du chou, de la chèvre et du loup ». Il faut trois gobelets l'histoire ne dit pas s'ils sont pleins et, vous l'avez deviné, la chèvre mange le chou, le loup mange la chèvre. Malheureusement, celui qui nous conte cette partie endiablée n'a pas le loisir de nous donner plus de détails, car il est soudain entraîné dans une querelle, devenue rixe générale en plein cabaret, et un coup de bâton sur le crâne l'envoie vite dans les choux5. ___________________________________________ 1 FF 756/2, procédure 075, du 13 décembre 1712. 2 FF 812/9, procédure 232, du 6 décembre 1768. 3 FF 776/4, procédure 136, du 16 août 1732. 4 FF 792/3, procédure 077, du 18 août 1748. 5 FF 799/2, procédure 039, du 2 mars 1755. "L'horreur". Gravure de Bernard Picart, 1713, d'après Charles Le Brun. Wellcome Library, Londres, inv. n° 33495i. Les avoir... et trouver les mots pour le dire février 2021 Ne vous paraît-il pas surprenant que les termes de terreur » ou de frayeur » n'apparaissent quasiment jamais dans les inventaires des pièces de justice d'Ancien Régime ? Le fait est flagrant, autant au sein des procédures criminelles des capitouls, que dans celles des sacs à procès du parlement, conservées aux Archives départementales de la Haute-Garonne. Les Toulousains n'auraient-ils jamais connu la peur ? Ou bien serait-ce imputable aux archivistes qui classeraient ces fonds de justice en méprisant et occultant les craintes de leurs aînés ? Ni l'un ni l'autre, car en fait la peur – comme la joie, la tristesse – n'a rien à faire dans une notice d'inventaire, normée, calibrée, précise et froide comme une couleuvre. Dans ce cas-là, il semblerait malaisé de lancer un étudiant ou un chercheur dans une étude sur la peur, les peurs… Bien au contraire, car il suffit d'ouvrir n'importe quelle affaire pour se retrouver nez à nez face à des terreurs vraies ou feintes – certainement exagérées et amplifiées. Pensez, lorsque dans la nuit vous vous retrouvez face à deux gaillards qui vous pressent de leurs épées, l'une aux reins et l'autre sur l'estomac, comment ne pas trembler de tous ses membres quand ils vous assurent d'une voix terrifiante Si tu branles je te fais vomir l'âme ! »1. Une nuit toujours, Mathieu Lanes, l'organiste de Saint-Etienne, entend des personnages caillasser sa maison en agrémentant cela de bordées d'injures et de menaces, ce qui auroit tellement épouvanté les voisins que ceux qui avoint quelque envie de le secourir n'osèrent sortir, creinte d'estre maltraités par ces scélérats »2. Même chose pour le menuisier Trilhe en 1777, qui explique que l'épouvante s'empara » de lui et de son épouse, au point qu'ils s'habillèrent à demi et, presque mourants, furent sortir par une autre issue qui répond au coin du Loup pour appeller du secours »3. En 1720, lors d'une rixe à Tounis, Françoise Pelenc est saisie d'espouvante », et rentre précipitamment chez elle pour ne pas assister à la scène4. François Roques aurait tourné de l'œil, autant de frayeur que de douleur, après les coups reçus alors qu'il était en train de conter fleurette dans un fossé – rendez-vous crapuleux et extra-marital, brutalement interrompu par des bouviers ; il tomba en sincope tant par raport à la perte du sang qui reja[il]lissoit de ses blessures que de la frayeur qu'il avoit d'une mort prochaine »5. Marie Lacombe, du haut de ses 17 ans, se prostitue et ce n'est pas gai tous les jours. Surtout lorsque sa maquerelle la pousse d'autorité dans les bras d'un homme étranger laid comme un diable » ou encore de cet huissier de fort mauvaise figure, petit en taille, mal vêtu, qui ressembloit à un volureau », et de ce marin mal fait et de mauvaise mise ». Mais un jour, alors qu'on lui amène un procureur, Marie prend la fuite, épouvantée de voir un pareil homme ». Il faut dire que là c'est le pompon l'homme est gros et grand comme un géant »6. Comment la jeune marquise de Boissé a-t-elle pu se fourrer dans un guêpier pareil, et attirer chez elles des étudiants rouge-colère ? C'est à l'heure du souper, et elle en oublie l'artichaut qu'elle s'apprêtait à déguster. L'irruption est bruyante et violente ; saizie par la peur de quelque attemtat en sa personne », la marquise s'en remet à ses nombreux domestiques pour faire barrage de leurs corps. Si certains font effectivement preuve de bravoure, d'autres n'en mènent pas large on les comprend, les sabres sont au clair et un coup de feu est même lâché. Ainsi, Antoine B. feut tellement épouvanté qu'il prit la fuite », Marguerite G. s'enferme dans la cuisine, et Marie L., la femme de chambre, elle étoit si troublée qu'elle ne se souvient plus de rien »7. Féréol Saint-Arailles ne conviendra jamais avoir pris peur, mais on peut tout de même le déduire de sa plainte. Les cris de son fils récalcitrant alors qu'il se fait corriger émeuvent le quartier, au point que certains voisins viennent tambouriner à la porte de Féréol d'une si étrange manière que […], craignant qu'on ne lui enfonçât la boutique, dit à son épouse de sortir pour voir ce que c'étoit »8. Même en l'absence de mots énonçant clairement l'angoisse ou la frayeur, la peur reste perceptible ; ainsi la réaction de cette foule à la promenade du Quay de Saint-Cyprien face à un individu qui assomoit à coups de poings et à coups de pieds un misérable qui ne luy faisoit pas la moindre résistance et qui imploroit en vain le secours des spectateurs qui, forts touchés de la scène, se contentoint de prier pour la victime sans qu'aucun ozât se mêller de l'arracher des mains de cet homme qui n'écoutoit rien ». Celui qui raconte la scène n'est d'ailleurs pas en reste, car, touché de commisération, mêlloit ses prières à celle de toute la populace »9. Passons aux animaux. Ceux qui font peur ne sont pas nécessairement l'araignée ni la chauve-souris. Voici le singe de madame Birosse. Il met si fort l'épouvante dans le cœur » de la voisine du dessous qu'elle tombe en syncope », et pas qu'une fois. Si vous ne connaissez pas encore les facéties douteuses, voire lubriques de cet animal – courrez vite le rencontrer. Et encore ce malheureux huissier qui, en 1775, poursuivi par une une troupe de chiens dogues » lancée à ses trousses par le boucher Lasserre, explique que, voyant la furie de cest atroupement et la rage dud. Lasserre avec ses chiens, aurions été obligés de prendre la fuite à grand course »10. Nous ne savons toujours pas si les animaux ont une âme, mais ils sont eux aussi sujets à la peur. Guillaume Moncabrier, du haut de ses 14 ans, est certainement un géant car, marchant avec précipitation […] auroit épouvanté un poulet qui s'est trouvé sur ses pas »11. Certes, un poulet me direz-vous… En 1757, une paire de bœufs ayant entendeu le bruit d'un tambour, ils auroint prins l'effroy et s'estant mis à galopper, traînant apprès eux la charrette », ils finissent par renverser un enfant12. Quant aux chiens que l'on terrorise, qu'ils soient gros ou petits, vous en retrouvez certains dans le dossier des Bas-Fonds consacré aux Cabots, dogues, mâtins et bassets ». Alors qu'il est bientôt l'heure pour les étudiants de licence 3 de penser à leur futur sujet de recherche en master, s'il se trouve parmi eux un amateur de sensations fortes, une fan d'épouvante, ils nageront avec bonheur dans les procédures criminelles, ils frétilleront d'aise en découvrant les mots qui content le ressenti de la peur, les exagérations subtiles ou grossières et les nombreuses syncopes ou vapeurs causées par l'effroi. _____________________________________________ 1 FF 784/3, procédure 092, du 20 juin 1740. 2 FF 738/3, procédure 059, du 29 décembre 1694. 3 FF 821/2, procédure 023, du 16 février 1777. 4 FF 764/1, procédure 022, du 11 avril 1720. 5 FF 781/3, procédure 088, du 17 août 1737 – voir fac-similé intégral publié dans les Bas-Fonds consacrés aux Premiers soins et derniers secours ». 6 FF 779/4, procédure 090, du 8 août 1735. 7 FF 784/3, procédure 089, du 14 juin 1740. 8 FF 789/1, procédure 018, du 2 mars 1745. 9 FF 810/5, procédure 093, du 25 juin 1766. 10 FF 819/10, procédure 205, du 18 décembre 1775. 11 FF 789/3, procédure 079, du 8 juillet 1745. 12 FF 801/1, procédure 014, du 22 février 1757. Les capitouls de 1452-1453 recevant l'Esprit Saint d'une colombe céleste qui les surplombe. Mairie de Toulouse, Archives municipales, BB273, feuillet 12 recto, chronique n° 141 détail. Patatras ! janvier 2021 Tant pis pour les prédictions de nos ancêtres les Gaulois le ciel ne nous est finalement jamais tombé sur la tête – pour le moment. Depuis cette formidable météorite qui aurait éradiqué les dinosaures, depuis l'Esprit-Saint venu des hauteurs célestes et, plus tard encore, lorsque Cyrano prétendit avoir chuté comme une bombe » depuis la Lune, les êtres et objets tombés et venus du ciel ne manquent pas. Ils donnent lieu à toutes les interprétations possibles de la part de ceux qui veulent y trouver un sens, ou des plus grands dols envers ceux qui en subissent les conséquences directes. Tenez, pas plus tard qu'en 1728, rue de la Maison Professe, Jeanne-Marie Dupuy est frappée de plein fouet par la chute d'un objet non identifié qui la terrasse presque et la renverse au sol. Tout compte fait, l'objet est vite identifié il ne s'agit que d'un chien dont on a cherché à se débarrasser en le projetant depuis l'étage d'une maison voisine. Jeanne-Marie en est quitte pour une clavicule cassée – quant au sort du malheureux chien volant, personne n'en souffle mot. En revanche, nous sommes certains du devenir de celui de la petite chienne caniche noire de Bertrand Barbelane. De nombreux témoins l'ont vue projetée en l'air […], laquelle tomba dans la rue et s'écraza ». Les habitants du quartier du Salin ont bien vu la nommée Jeanneton lancer la bête depuis le troisième étage, mais rien n'y fait, elle aura le culot de tout nier lors de son interrogatoire. Avec de tels exemples, la tentation est grande de voir une origine toulousaine à l'expression anglaise It is raining cats and dogs... Les voies du ciel sont décidément impénétrables. Il est indéniable que, dans sa grande malice, l'esprit céleste peut faire tomber les objets les plus divers un cruchon, un mascot1, une balle de foin, des fagots de sarments, une armoire et même quatre citrouilles ont été aperçus venant des astres ou des étages dans Toulouse au 18e siècle. À l'évidence, ce qui tombe du ciel peut aussi tuer. Marie Mouchan venue en ville depuis Aussonne est la dernière victime recensée2. Elle en a la tête en compote, écrazée dans une comporte » et l'on met en cause cette pièce de bois d'environ cinq pans de long sur environ un pam d'épaisseur » tombée du haut de la maison du traiteur Champaigne. Comme elle, c'est au quartier des Changes qu'Antoinette Dalet est victime de la chute d'un mortel chevron qui lui brise le crâne en 1777. Notons encore cet enfant aplati en 1785 par une fatale chute de bois à Tounis. Quant à ceux qui font le grand saut eux-mêmes, volontairement ou pas, citons Elizabeth qui tombe à la renverse en 1727 et Jeanne qui s'envoie en l'air une dernière fois en 1731 de façon inexplicable puisqu'un témoin la voit un instant auparavant, quy se chassoit les pusses au galetas de la maison ». Le cas d'Étienne Sabin est un peu différent c'est probablement dans son sommeil en se grattant les puces ? qu'il roule sur la paille et dégringole depuis la rochelle jusqu'au sol de la grange où il avait élu domicile le 30 décembre 1750. Patatras, et l'histoire s'arrête là pour lui. Alors, nous ne saurions trop vous recommander, avant de jeter votre sapin usagé par la fenêtre si vous logez dans des étages supérieurs, de regarder s'il n'y a pas un quidam dans la rue et de crier Gare ! au préalable afin qu'il ait le temps de se ranger. Mieux encore, c'est d'aller déposer votre sapin dans un des 57 points de collecte de la Mairie. Il y en a certainement un, à un jet de pierre de chez vous. _____________________________________ 1 désigne en général un couteau de cuisine, un tranche-lard – et semble n'avoir aucune relation étymologique avec le massicot moderne breveté par Guillaume Massicot Massiquot en 1844. 2 dernière en date car la procédure ne mentionnait absolument pas son décès et ne poursuivait donc que sur un simple cas d'excès, mais nous venons juste de le retrouver dans le registre des sépultures de l'Hôtel-Dieu à la date du 1er octobre 1765. Vue du sépulcre de marbre de la famille Buisson de Beauvoir, surmonté d’un gisant, sis dans le chœur de l’église des Cordeliers. Relevé et dessin réalisés le 17 juin 1671 par Jean-Pierre Rivalz, commissionné pour ce faire à l’occasion d’un procès. Mairie de Toulouse, Archives municipales, 5S 166. Un dernier soupir décembre 2020 Lorsque vient le moment de mourir, il n'est pas donné à tous de déclamer une belle phrase qui restera gravée dans l’esprit de ceux qui assistent aux derniers instants du postulant aux hauteurs célestes. Ces derniers mots qui, empreints de détachement, élèveront l’âme de ceux qui les recueillent et bientôt les coucheront dans des manuels scolaires pour l'édification des générations futures. Saviez-vous que les Archives municipales de Toulouse conservent un nombre conséquent de paroles prononcées dans un soupir ou un dernier râle ? Certes, vous n'y trouverez pas de Père, pardonne-leur ils ne savent pas ce qu'ils font » ni même de Tu montreras ma tête au peuple ; elle en vaut bien la peine ». Pourtant les phrases d'illustres inconnus toulousains qui vont suivre n’en sont pas moins touchantes, d'autant plus que, contrairement aux deux précitées, comme elles n’ont pas pu être préparées à l’avance, les nôtres portent en elles cette fraîcheur de la spontanéité… Mon Dieu il y a bien de l'eau icy » prononce Aymé Chapotin avant d’être entièrement englouti dans la Garonne en 1741 il renvoie ainsi à ses chères études Mac Mahon avec sa pauvre phrase Que d’eau, que d’eau » – mais, pour sa défense, le maréchal-président ne se noyait pas. Ha, mon Dieu, on vient de me donner un coup de couteau dans le ventre ! », dit Rapas avant de s'écrouler un soir d’août 1763. Clair et concis dans ses derniers mots, Rapas trépasse bientôt après. En cela, il imitait un prédécesseur, Pierre Dejean, qui en 1704, percé à mort par la broche d’un cuisinier, s'était exclamé d'une manière directe mais plus grossière Je suis mort ! Ce malheureux m'a crevé d’un coup de ladite broche ! » En 1736, percé d’un coup d'épée à la joue, le jeune Duhaget lance à l'adresse des personnes qui assistent à son agression Souvenez-vous de ce qui vient de se passer ! ». Ces derniers témoigneront après son décès et pourtant, malgré l'injonction du désormais défunt, ils semblent tous avoir un inexplicable trou de mémoire sur le déroulement des faits. En décembre 1763, le cuisinier Carrère est à l’agonie, persuadé d'avoir été empoisonné par des religieux. Le médecin Jean Merlhes, qui est à son chevet, rapporte certaines de ses dernières paroles Mon Dieu je suis à vous, Satan, retires-toy ! ». Attentionné, le médecin lui demanda si la têtte lui faisoit du mal ; il lui répondit avec le même ton furieux Chiès-y monsieur ! ». Termes qui n'étaient assurément pas très élégants, mais qui lui ont peut-être apporté du réconfort dans ses ultimes convulsions. En 1738, le jeune baron de Pordéac trompe d’abord son monde avec Ah mes amis, je suis mort ! ». Il lui faudra en effet patienter jusqu’au lendemain avant de passer l'arme à gauche, ce qui lui laisse assez de temps pour pardonner à l'auteur du coup de feu fatal mais peut être pas suffisamment pour réviser son latin de cuisine car il s'éteint enfin en prononçant un solennel Diviettimus debitoubas nostris », ce qui n’est pas franchement correct. C'est indéniablement le chevalier de Cortade qui a eu le plus à dire. En effet, après s’être fait sabler1 un soir de novembre 1772, il sait qu’il n’en a plus que pour quelques jours avant de succomber inexorablement à ses lésions internes. Il explique d’abord à son ami Louis-Roze de Gaye Aproche-toy, il me suffit de te dire que l'on m'a sablé ; ainsi tu vois toy-même que je suis sans ressource et que je n'ay que quelsques moments à vivre », puis à une cabaretière Je suis perdu, je n'en reviendray pas ». Il se confie à d’autres encore Mes amis, je vous ay beaucoup d'obligation mais je suis un homme mort ». Tous sont incrédules car Cortade est certes un peu ralenti mais il ne semble présenter aucune blessure, aucune ecchymose n’est visible. Et pourtant, l’écuyer va s’éteindre comme il l'avait prédit et ce n’est qu’après son exhumation qu'une autopsie révélera la réalité du crime commis contre sa personne. Les procédures criminelles des capitouls rapportent ainsi directement ou par l'intermédiaire de témoins les dernières paroles de ceux que la mort va bientôt emporter. Quant à celles de condamnés, il est possible que certaines belles phrases soient couchées dans leurs testaments de mort qui sont conservés aux Archives départementales de la Haute-Garonne, mais on en trouve aussi dans les mémoires manuscrites de Pierre Barthès conservées à la Bibliothèque d'Étude et du Patrimoine. Nous livrons un seul exemple, celui de François Vallier, qui aura bien amusé la galerie ce 6 juillet 1753 juste avant de se balancer au bout d'une corde. Condamné pour le viol d'une enfant dans les Cévènes, il va donc être pendu. Enjoint de monter sur l'échafaud, ce qu'il fit avec grâce et sans trouble, riant au contraire, et disant au bourreau qui l'attachoit et le regardoit faire Tu prends bien de[s] précautions ». Le confesseur qui cherche à convertir cet Huguenot goguenard en perd même son latin, Vallier se moque ouvertement de lui, demande à être pendu, puis fait semblant de se raviser et de vouloir parler à la Justice et à Dieu. Il en profite pour se faire servir un goûter. Puis, de guerre lasse, on le ramène à la potence, le prêtre ne pouvant réussir à l'assujetir à ses exhortations, le bourreau de son côté perdant aussy son temps malgré sa ferveur et son zèle ». C’est là que Vallier s’adresse aux capitouls et leur clame Mess[ieu]rs je suis innocent comme l'enfant d’un jour ». L'exécuteur lui dit alors qu'il alloit le faire sauter. Hé bien sautons, dit-il, et il s'élança luy-même »2. _________________ 1 Le terme de sabler indique une agression avec, soit une peau d'anguille, soit de petits sacs remplis de sable ; une formidable matraque molle si vous préférez. 2 Mémoires manuscrites de Pierre Barthès, "Pendaison singulière et inouïe", entrée du 6 juillet 1753. Ms. 701, p. 46-48. Bons points novembre 2020 Durant la Première Guerre mondiale, les dépenses militaires n’en finissaient plus de creuser les finances publiques. Pour remédier à cette situation difficile, l’État fit appel à la population en l’enjoignant à souscrire à l’emprunt national. Le ministère de l’Instruction publique prit part à cette collecte de fonds en éditant des bons points thématiques pour récompenser les élèves les plus méritants. Le message sous-jacent à ces petits carrés illustrés était simple En souscrivant à l’emprunt national, vous soutiendrez l’économie de guerre, sauverez les récoltes et redonnerez de l’espoir à la veuve et l’orphelin ». Rien de moins ! Personnellement, au cours de mon enfance, je n’ai reçu qu’une seule fois un bon point à l’école, mais je ne me rappelle plus pourquoi à n’en pas douter, j’avais dû bien me comporter en classe ou exceller à la dernière dictée… !. Une chose est sûre cette fois-ci, le destin de la nation ne s’en est point trouvé changé ! [Femme qui poignarde un homme dans son lit], gravure de Caspar Luyken, 1704. Rijksmuseum, Amsterdam, inv. n° RP-P-1896-A-19368-2209. Six d’un coup ! octobre 2020 Tout a commencé en douceur à l’occasion des Journées européennes du Patrimoine, où deux ateliers Tu ne tueras point… mais tu peux toujours essayer ! » étaient alors proposés pour la première fois au public. Il s’agissait de travailler ensemble sur les archives d’une procédure criminelle différente pour chaque atelier pour cas de meurtre, datant de l’Ancien Régime, et d’en extraire les données utiles pour finalement être en mesure de réunir tous les éléments nécessaires à la création d’une nouvelle entrée dans Meurtres à la carte sur Urban-Hist, et ainsi donner l’opportunité à chacun de pouvoir participer à l'enrichissement de la carte des morts violentes à Toulouse au 18e siècle. Or, voilà ces 19 et 20 septembre passés, la demande était telle que nous avons dû refuser du monde, mais en promettant aux malheureux éconduits de rééditer la chose au plus tôt. Chose promise, chose due nous sommes en mesure de proposer six nouveaux meurtres pendant les vacances scolaires de la Toussaint, rien que ça. Certes, cela fait une victime de moins que le vaillant petit tailleur du conte des frères Grimm qui ne chassait que du menu fretin – des mouches, pensez-vous !, mais le menu proposé le ferait certainement pâlir d’envie Jeanne qui prend son envol pour… s'écraser sur le pavé ; un mari qui poignarde son épouse devant leurs enfants ; un sacré coup de bouteille entre ivrognes au cabaret ; un nourrisson qui sert visiblement de yoyo ; un jeune garçon renversé et écrasé par une charrette rue du Sénéchal ; et enfin un plaisantin qui dépasse les bornes et se retrouve fauché d'un coup de fusil. Voilà en substance ce qui attend les participants lors de ces nouveaux ateliers Tu ne tueras point… mais tu peux toujours essayer ! ». Chaque session étant limitée à 9 participants, choisissez votre date et réservez vite vos places au 05 36 25 23 80 ou par mail à l’adresse archives jeudi 22 octobre 14h00 à 17h30 L'ivresse pour l'éternité un coup assené avec une bouteille se révèle fatal samedi 24 octobre 9h00 à 12h30 Baby yoyo des maltraitances qui entraînent la mort d'un nourrisson samedi 24 octobre 14h00 à 17h30 Jeanne s'envoie en l'air une dernière fois saut volontaire ou poussée dans le vide ? jeudi 29 octobre 14h00 à 17h30 Les charrettes de la mort, roulé sous le fumier tragique accident de la circulation rue du Sénéchal samedi 31 octobre 9h00 à 12h30 Pierre Ferret, un mari si doux et tranquille un homme sans histoire poignarde sa femme samedi 31 octobre complet 14h00 à 17h30 Mardi-gras le masque tombe le soir du Mardi-gras, des soldats tirent sur un trublion [Le chirurgien du village pratiquant une incision à la tête d'un patient]. Gravure de Jan Baptist de Wael, entre 1642 et 1669. Rijksmuseum, Amsterdam, inv n° RP-P-1892-A-17380 détail. MAL À LA TÊTE septembre 2020 C'est parce qu'elle a une amie souffrant de maux de tête horribles » qu'en 1764, la marquise de Livry, écrivant de Paris, s'enquiert auprès de son amie toulousaine, la présidente Dubourg, de sçavoir d'un médecin ou chirurgien la façon dont on applique un poumon de mouton sur la teste, et dans quel cas ce remède est salutaire »1. Remède de bonne-femme ou de grand-mère, pensez-vous ? Que nenni ! Le monde médical toulousain, toujours à la pointe de la recherche, utilise régulièrement ce traitement en cas de traumatisme crânien. Par exemple dans le cas de Marie Amblard, frappée à la tête d'un violent coup de caillou2 en mai 1753. Après lui avoir fait quatre points de suture, le chirurgien lui prescrit immédiatement la totale, c'est-à-dire une saignée au bras, une à la jugulaire, et une dernière au pied. Mais ce n'est pas tout un traumatisme crânien étant à craindre, il ordonne l'application d'un poumon de mouton sur la tête de Marie. Las ! Elle décédera tout de même quelque vingt jours plus tard. D'autres ont le poumon plus heureux. Ainsi, en octobre 1745, le chirurgien et docteur agrégé Bernard Carrière traite Jeanne Boulet, après une agression à coups de poings et de bûche sur différantes parties de son corps »3, particulièrement à la tête. Si son rapport indique qu'il lui prescrit une saignée au pied, l'usage du vulnéraire de Suisse intérieurement et de l'eau d'arquebusade extérieurement », on sait qu'il va aussi lui appliquer un poumon de mouton, car les experts nommés deux jours plus tard lui font enlever ce curieux cataplasme. Convaincu de l’efficacité de son traitement, Carrière pratique la même opération trente ans plus tard en soignant un confrère passé à tabac et ainsi décoré de deux belles bosses ayant le volume d'un œuf de pigeon »4. Il explique je l'ai fait saigner au pied tout de suite et lui ai ordonné l'aplication d'un poumon de mouton sur la tête pour prévenir de plus grands accidens ». Avec succès certainement, puisque la victime, le chirurgien Sergeant dit Noël, est rapidement remise sur pied. En septembre 1755, le chirurgien Bernard Darlès, constatant une tumeur traumatique sur la tête d'Antoine Vigneaux, indique qu'il faut faire des apliccations propres pour prévenir les acxidants comme le peaumon de mouton sur la teste et les veulnereros intérrieurs et ostres »5. Terminons ce rapide tour d’horizon de cures contre les traumatismes et maux de tête en juillet de cette même année 1755, où le chirurgien Rivière, appelé au chevet de Marie Dardignac6, cabossée dans une rixe, recommande d'appliquer des compresses imbibées d'eau de vie sur le crâne. Trois jours plus tard, ne voyant pas d'amélioration, il ordonne cette fois l'application... d'un pigeon ! Et par pigeon, il entend un pigeon entier que l'on applique ouvert encore vivant sur la tête […] pour ouvrir les pores et pour faire transpirer les fuliginosités du cerveau dans les transports excités par la fièvre maligne, pour la phrénésie, pour l'apoplexie & pour la létargie »7. ____________________________________ 1 - 5S 456, lettre du 31 août 1764. 2 - FF 797 en cours de classement, procédure du 2 mai 1753. 3 - FF 789/6, procédure 122, du 4 octobre 1745. 4 - FF 819/5, procédure 099, du 7 juin 1775. 5 - FF 799/7, procédure 196, du 19 septembre 1755. 6 - FF 799/4, procédure 126, du 3 juillet 1755. 7 - Voir Les pigeons de la discorde », Dans les bas-fonds, n° 35 novembre 2018, page 11, note 38. Nécessaire à découper et démembrer pour la chasse et non pour un meurtrier, travail anglais, 1560-1580. Wellcome collection, Science Museum, London. Attribution International CC BY Raymond Bley dans le désordre juillet-août 2020 Arnaud Julia a fait ses premières armes dans le crime en 1703 lorsque, au moyen d'une fourcade fourche ou bêche, il fracasse le crâne de son voisin, Bertrand Pessan, dit Cor de Lion ». Mais, à cette période, Arnaud, s'il avait déjà de l'idée, manquait néanmoins de méthode. En effet, l'idée de cacher le corps de sa victime dans une fosse timidement creusée, recouverte des branchages d'un mûrier émondé à la hâte au beau milieu de son jardin, c'est une erreur qu'il ne refera plus. Les magistrats découvrent le Cor de Lion en un rien de temps. Pensez ! Il y avait même une main qui dépassait. Arnaud voyant ainsi le pot aux roses découvert décide de quitter la ville en toute hâte, ce qui est fort avisé de sa part, car un procès lui est fait – par contumace, et il est évidemment condamné et pendu par effigie c'est-à-dire que le bourreau a pendu au gibet un tableau qui le représente. Arnaud Julia bat donc la campagne ; on dirait maintenant qu'il a pris le maquis. Que fait-il ? Où erre-t-il ? Nous ne le savons pas. Laisse-t-il une trace sanglante partout où il passe ? C'est possible il est égorgeur de cochons, de son état. Après avoir passé quelques années au vert, Arnaud a eu le temps de peaufiner sa méthode. Il réapparaît à Toulouse en 1707, frais comme un bouton de rose il rentre muni de lettres de grâce octroyées par l'évêque d'Orléans. C'est très pratique ce crime de 1703 est entièrement pardonné. Il retrouve donc femme et enfants, ses couteaux de tueur de cochon et obtient même un petit emploi à l'hôtel de ville. Mais, en décembre 1709, le goût du sang est visiblement le plus fort il lui faut tuer à nouveau, c'était dans l'ordre des choses. Et voilà que l'on retrouve sa seconde victime, Raymond Bley, proprement découpée, et les morceaux dans le désordre le plus complet - le 30 décembre, la tête avec le crâne enfoncé, l'œil arraché et le bout du nez coupé, est découverte sur le ramier du moulin du Bazacle ; - le 28 janvier 1710, son tronc est exhumé, il était caché sous des provins de vigne à la Hubiague près des Trois-Cocus ; - finalement, le 8 février 1710, une chienne de la métairie du Miraillou le Mirail du quartier Croix-Daurade rapporte la main droite de la victime. À ce jour, le puzzle pour reconstituer le corps entier de Raymond Bley n'est toujours pas complet. Et, si durant l'été il vous vient l'idée de planter des choux dans votre jardin ou de creuser un jacuzzi dans votre cave, de grâce procédez délicatement. Vous pourriez tomber sur les restes d'une main gauche ou bien gagner le gros lot en exhumant deux jambes complètes. Las, il sera maintenant difficile de comparer votre macabre découverte avec les premiers restes de Bley nul ne sait ce qu'est advenu de sa tête un temps conservée au greffe de l'hôtel de ville dans une solution alcoolisée, ni de sa main droite. Le tronc quant à lui avait été inhumé au cimetière du Taur maintenant disparu. [Le buveur à la pipe]. Gravure hollandaise de Cornelis Danckerts, d'après Adriaen van Ostade, entre 1613 et 1656. Rijksmuseum, Amsterdam, inv. n° RP-P-1925-69. Fumer tue ! juin 2020 En ces temps où la sacro-sainte science ne fait plus recette, chacun se rendant compte qu'il existe peut-être autant de façon d'aborder les sciences qu'il y a de scientifiques - et d'intérêts, nous clamons haut et fort, sans aucune étude à l'appui, que fumer tue ! Comme tous les scientifiques peu scrupuleux ou les historiens peu scrupuleux – il y en a aussi, nous mettons en avant notre preuve unique l'affaire Caboue, qui remonte à 1781. Rappelons d'abord que chez les Caboue, on a la tête dure en 1742, Antoine Caboue est assommé à coups de soliveau FF 786/6, procédure 175, du 13 décembre 1742 et on le relève cabossé et ensanglanté mais finalement sans conséquence fâcheuse. Le point faible des Caboue – leur talon d'Achille – semble être au niveau de la jambe gauche. Venons-en aux faits le 12 avril 1781, Jean Bonix, ébéniste natif de Copenhague, s'était mis en tête de fumer la pipe dans son cabaret préféré FF 825 en cours de classement, procédure du 13 avril 1781*. Paul Caboue, frère d'Antoine et, comme lui, maçon de son état, visiblement très en avance sur la réglementation relative au tabac dans les lieux publics, s'avise de faire quelques reproches au danois fumeur, avant de lui arracher la pipe et même de la casser. Les deux hommes sortent pour vider leur querelle et tenter régler ce délicat point de législation en devenir. On ne saura pas exactement comment Caboue fait son affaire, mais dans la rixe qui s'ensuit, il a certainement eu le dessous, car il se retrouve avec la jambe gauche fracturée et va en décéder quinze jours plus tard ! Fumeur passif, Caboue est ainsi mort des méfaits du tabac. Remarquez, si j'avais voulu déplaire ou aller à contre-courant des grandes vérités médicales et scientifiques sur les dangers du tabac, j'aurais pu utiliser à ma convenance le cas de Jean-Pierre Piquemal qui, en 1766, est sujet à des tournements de tête » à tel point qu'il extravague ». Les douleurs sont telles qu'il tente même de se jeter dans la Garonne pour en finir. Heureusement, il peut trouver un peu de soulagement dans le tabac, seule médication capable d'apaiser ses maux FF810/6, procédure 117, du 29 juillet 1766. * Certes, la procédure n'est pas encore classée ni disponible dans nos fonds, mais vous pouvez toujours aller la lire aux Archives départementales de la Haute Garonne ; une copie du dossier ayant en effet été transmise au parlement lors du jugement de Bonix en appel – condamné à la pendaison, il obtiendra toutefois des lettres de grâce du Roi. Page de garde du livre VI des Annales manuscrites, 1618-1633. Mairie de Toulouse, Archives municipales, BB278. Prendre son pied avec les Annales mai 2020 Certains ont vu dans le confinement l'opportunité de reprendre des lectures mises de côté ou sans cesse repoussées par manque de temps. Le Décaméron me semblait fort judicieux, tout comme la trilogie du Hussard »*. Mais voilà, en cinquante jours ou plus, on redevient insatiable Boccace ou Giono sont vite croqués et ne suffisent plus. Restait un morceau de choix que l'on aurait presque oublié les onze volumes des Annales manuscrites des capitouls oui, on vous a toujours seriné qu'il y en avait douze, mais le premier a été saccagé – il a toutefois été partiellement reconstitué par notre ancien directeur. Dans les Annales, cette succession de chroniques manuscrites depuis la fin du 13e siècle jusqu'en 1787, tout le monde trouve son bonheur. En matière d'écriture, si les chroniques écrites par Guillaume de La Perrière sont un chef-d'œuvre d'éloquence – quoique truffées de digressions et d'histoires antiques que rares sont capables de connaître sans avoir recours à Internet. En revanche, certaines, plus tardives, ont été bâclées et leurs auteurs devraient en rougir de honte du fond de leur tombeau. Quant à celles de la fin du 18e siècle, elles perdent en spontanéité et deviennent de moins en moins digestes. Alors, pour en revenir à la thématique d'Arcanes de ce mois-ci, les Annales font défiler des pieds de tous formats et de toutes les couleurs depuis la chronique rimée de 1681 par Germain de Lafaille en vers de 12 pieds vues 221 et suivantes, jusqu'aux capitouls qui se prosternent perpétuellement aux pieds du roi plus souvent en paroles qu'en réalité, il est vrai, tout ne semble être plus que pieds. Mais les pieds qui nous ont le plus frappé sont indéniablement ceux de saint Edmond, roi d'Angleterre, qui, à défaut d'être précisément mignons, sont particulièrement bien décrits dans la chronique de 1644 et reposent parmi les corps saints du trésor de la basilique Saint-Sernin. Bien entendu, si vous vénérez saint Castor, il vous faudra plutôt lire les pages suivantes, mais si vous ne jurez que par saint Thomas, vous pouvez toujours lire la chronique de l'année 1587 et y compter les ossements du dominicain. * J'en connais même une qui est en train de lire les 21 volumes pas un de moins de l'ouvrage Le Consulat et l'Empire d'Adolphe Thiers. Autant vous dire qu'elle ne sera pas déconfinée d'ici demain. [Évasion de la comtesse d'Aubigny de sa prison de Londres en 1643]. Gravure de Jan Luyken, publiée chez Pieter van der Aa, Leiden-Amsterdam, 1698. Rijksmuseum, Amsterdam, inv. n° RP-P-1896-A-19368-1464. Jouer les filles de l’air avril 2020 Voilà, la première journée d'étude sur la justice capitulaire n'a pas eu lieu – du moins, pas encore… – ; elle devait traiter des pratiques de la justice et des espaces du crime, mais ça, vous le saviez déjà. Ce que vous ignoriez encore est que l'an prochain, à pareille date, devrait se tenir une deuxième journée d'étude organisée par les Archives de Toulouse, toujours sur la justice capitulaire, mais qui aborderait cette fois la double thématique de l'arrestation et de l'enfermement. Bon, qui vivra verra, et nous verrons bien ce qu'il adviendra de ce projet. En attendant, aux Archives, l'enfermement sous l'Ancien Régime a déjà été traité – de manière très détournée, dans un dossier des Bas-Fonds La grande évasion », n° 33, septembre 2018, où, comme le titre l'indique, il est exclusivement question d'évasions des prisons. Et ce n'est pas tout l'évasion a de beaux jours devant elle, puisque deux étudiantes en histoire, Darcey à l'université de Durham cherchez sur la carte d'Angleterre, en haut – non, plus haut encore et Anaëlle à celle de Toulouse, poursuivent chacune des recherches approfondies sur le sujet et doivent, à l'heure qu'il est, être en pleine rédaction de leur mémoire de master. Pourquoi un tel engouement pour les filles de l'air ? Peut-être parce que Toulouse, ville de brique, n'a que des prisons de broc et qu'il est si facile de s'en échapper. Non pas que les serrures y soient moins solides qu'ailleurs, mais ce sont les murs qui se trouvent être plutôt … poreux. Pensez, l'évasion la plus rapide qu'il nous ait été donné de trouver s'est faite en moins d'une heure ! Oui, vous avez bien lu, moins d'une heure pour percer le mur et retourner gambader dans de vertes prairies. Ça laisse songeur. Ah, quelle aubaine pour certains criminels que Toulouse n'ait pas été construite en pierre ! Comme le sujet est loin d'être clos, ceux qui sont curieux de pénétrer dans les anciennes prisons de l'hôtel de ville pourront toujours le faire à distance. En effet, parmi les nouvelles ressources proposées en ligne depuis le confinement, vous trouverez deux procédures de 1785 "Il avoit aussi mauvaise mine que la porte du Châtelet de Paris" et "L'agité des prisons" qui exauceront vos vœux de voyage virtuel dans le temps et, si vous retrouver ainsi enfermés dans les geôles ne convenait pas finalement pas, il n'y aurait qu'à appuyer sur la touche ECHAP » en haut à gauche de votre clavier pour recouvrer votre liberté. Cachet d'une lettre de la marquise de Livry au président Dubourg, mai 1784. Mairie de Toulouse, Archives municipales, 5S457 Pile solaire mars 2020 De quoi peuvent donc deviser deux dames de la haute société du 18e siècle lorsqu’elles échangent une correspondance soutenue pendant près de trente ans entre l’une à Paris et à Soisy, l’été, et l’autre à Toulouse ? De chiffons, oui. On se tient au courant des modes en vogue à la cour ou à la capitale, on s’échange des techniques de broderie, de couture. De cuisine, aussi, et autant vous dire que les canards engraissés à la toulousaine » font fureur à Paris. De jardinage, bien entendu, avec des plantes nouvelles qui font fureur ou que l’on trouve simplement belles. Les cancans de Paris, Versailles ou de Toulouse n’y manquent pas, depuis le mariage espéré de telle fille de famille, les incartades de telle autre, les grossesses et les accouchements, la fistule du marquis de N… et les maux d’estomac de Mlle N… que les purges ne suffisent pas à apaiser. De telles informations, qui ne doivent guère surprendre entre deux amies d’enfance éloignées de deux cents lieues, sont le liant nécessaire de toute correspondance épistolaire. En revanche, on doit accorder que ces deux dames affichent un intérêt marqué pour les arts les pièces de théâtre en vogue sont, non seulement, décrites, mais encore critiquées, comme les ouvrages des philosophes ou des pamphlétaires. Les avancées de la médecine éveillent aussi leur curiosité, particulièrement les voies parallèles comme le mesmérisme. Pour compléter le tableau, ces dames suivent avec intérêt les expériences des premiers ballons aérostatiques et ne se lassent pas d’en commenter les applications possibles. Et voilà même que madame Dubourg, la Toulousaine, parle à son amie d’une pile solaire, cette découverte qui a été faite pour conserver la chaleur du soleil ». Comme quoi, les femmes et leur intérêt pour la culture scientifique ne datent pas d’hier. Il y a même fort à parier que mesdames de Livry et Dubourg ont elles-mêmes participé ou fait des expériences, mais cela on ne le découvrira qu’en lisant l’intégralité de leur correspondance. À cet effet, 446 lettres écrites entre 1774 et 1782 ont été rendues disponibles sur notre base de données en ligne. Et ce n’est qu’un début, car la correspondance échangée entre 1763 et 1773 devrait être numérisée l’an prochain. Visuel pour l'accès à "Meurtres à la Carte" à partir du portail d'UrbanHist, femme poignardant un homme dans son lit, gravure de Caspar Luyken, 1704. Rijksmuseum, Amsterdam, inv. n° RP-P-1896-A-19368-2209. Tant s’en faut février 2020 Certains de nos lecteurs le savent déjà, quelques-uns en sont même devenus des utilisateurs passionnés, d'autres n'ont jusqu'à présent entendu qu'une sourde rumeur bien inquiétante. Oui, la carte de Toulouse sur UrbanHist a vu éclore depuis septembre dernier de mystérieuses icônes en forme de tête de mort qui la parsèment au gré des… meurtres ! Donc, cette nouveauté – Meurtres à la carte est son nom – se présente comme une couche cartographique interactive et interrogeable où l'on replace les lieux des meurtres ou de découverte de corps morts dans des circonstances suspectes. Et si, parmi vous, certains ont de secrets inavouables et sanglants sur la conscience, il n'y a nulle sueur froide à avoir nous ne nous intéressons qu'au crime entre 1670 et 1790 pas qu'on ait les idées étroites, mais il faut se limiter aux sources disponibles de nos fonds. Il y avait 59 meurtres pour commencer, 62 à ce jour, et ce n'est pas fini, tant s'en faut ! Les étudiants de master d'histoire du droit de l'université Toulouse-I – Capitole et ceux d'histoire de l'université Toulouse-2 – Jean-Jaurès travaillent pour vous, main dans la main avec les Archives, et exhument des fonds de la justice criminelle des capitouls les prochaines affaires de meurtres qui viendront s'ajouter à celles déjà référencées. Alors, suivez-nous et plongez dans le crime. "Samson s'approcha de Mme de la Motte et lui imprima un fer rouge sur la peau". gravure sur bois détail, Bibliothèque Inter-Universitaire Santé, Paris-Descartes, réf CISB0591. À fleur de peau janvier 2020 Si les tatouages les plus divers ont le vent en poupe depuis quelques années, il fut un temps où les marques sur la peau se portaient aussi – mais elles étaient toutefois réservées à une sorte d'élite les criminels condamnés. Généralement placées sur l'épaule droite, ces marques apposées au fer rouge par le bourreau ce qui est autrement plus douloureux que l'aiguille d'un tatoueur n'étaient guère variées seule la fleur de lys venait orner les épaules des voleurs et autres malfrats. Puis, la palette de cette marque d'infamie s'est élargie et, en 1738, fleurissaient désormais des V, des GAL et des W, quelquefois encore des M pour cette dernière lettre, nous ne savons toujours pas si la marque était vraiment au fer rouge. Marque indélébile ? Pas nécessairement, puisque l'on s'ingéniait à masquer, brouiller, voire enlever complètement ces marques, au prix de douleurs inconcevables et au péril d'infections aussi diverses que fatales. Le fonds d'archives de la justice criminelle des capitouls offre un large éventail de cas, tant de coupables condamnés à la marque, que de rapports d'expertises d'épaules de suspects, jusques là même aux ratées du bourreau, et deux dossiers spéciaux des Bas-Fonds publiés en 2016 La marque de l'infamie » – n° 02 et 2017 Couvrez cette marque que je ne saurais voir » – n° 17 invitent les chercheurs à explorer plus avant les thématiques et problématiques liées à la marque de l'infamie. Exemplaire vierge d'un diplôme du conservatoire municipal de Toulouse. Concours international de Musique. Mairie de Toulouse, Archives municipales, 20Fi1195. La, la, la, la, laaaaa… décembre 2019 Ce rapide billet pour vous faire part, à l'occasion de la prochaine célébration du bicentenaire du Conservatoire régional de Toulouse 1820-2020, de la numérisation de l'ensemble des palmarès de l'Ecole. Cette opération d'envergure dix registres, soit 4459 pages, actuellement en cours de réalisation, devrait être mise en ligne en début d'année prochaine. Elle viendra compléter les registres déjà numérisés au cours d'une précédente campagne 1R618, 1R619, 1R620, 1R621 et 1R622 et facilitera l'accès aux résultats des élèves de 1821 à 1979. A Mohammed [sic] el Habib, Bey de Tunis et à M. Lucien Saint, résident de France, Toulouse a ménagé un accueil enthousiaste et franchement sympathique 1923. Marius Bergé - Mairie de Toulouse, Archives municipales, 85Fi147. Aboutissement novembre 2019 Autant vous le dire tout de suite le traitement des reportages photographiques du publiciste toulousain, Marius Bergé 1874-1959 – journaliste pour Le Télégramme, L'Express du Midi, Le Bulletin municipal, fondateur du Cri et de La Gazette de Toulouse – m'a occupée un bon bout de temps ! Plusieurs semaines en effet m'ont été nécessaires pour mener à bout la description et l'analyse de chacune de ces 1 900 plaques de verre documentant la vie toulousaine de l'entre-deux-guerres. Des semaines entières passées à parcourir et éplucher la presse de l'époque pour contextualiser ces photographies et retrouver les articles dont elles étaient souvent l'illustration. Un travail d'enquête immersif qui m'a permis d'identifier les lieux, les événements représentés, et d'exhumer parfois certains pans et personnalités de l'histoire locale, de la fin du premier conflit mondial à l'avènement du Front populaire. Un traitement passionnant, dont l'aboutissement a été la conception d'un plan de classement permettant à chacun, selon ses envies et axes de recherches, d'accéder au fonds et de le prendre ainsi par le bout qu'il souhaite ! Cher Marius Bergé, cela a été un honneur et un plaisir non dissimulé que de passer ce bout de temps en compagnie de vos photographies que les lecteurs d' Arcanes » peuvent désormais découvrir en suivant ce lien… Homme poignardé dans son lit. Gravure de Caspar Luyken, 1704. Rijksmuseum, Amsterdam, inv. n° RP-P-1896-A-19368-2209. L'été meurTRIer octobre 2019 À quoi avons-nous passé l'été, loin des plages bondées et des terrasses de cafés ombragées ? À nous plonger dans les dossiers de procédures criminelles des capitouls pour trier, sélectionner et compiler un bel ensemble de meurtres de toute facture, de noyades accidentelles ou quelquefois aidées par une main meurtrière, d'accidents de la circulation et de mises à plat fatales causés par des carrosses filants, des charrois pesants ou des chevaux emballés. Voilà ! Tout ceci est désormais placé sur une carte interactive on va dire un SIG, depuis le temps, vous le savez, sur UrbanHist pour être plus précis. Là, sur cette nouvelle couche au nom évocateur de Meurtres à la carte », chaque point signale et ouvre sur une fiche d'information, succincte sur la version grand public d'UrbanHist, ou extrêmement détaillée sur UrbanHist+. Cette dernière livre, en prime, les transcriptions intégrales des pièces majeures de la procédure, et un moteur de recherche. Ça fait rêver ou saliver. Seulement 59 meurtres entre 1670 et 1790, c'est tout ? Que nenni ! Chaque mois, de nouvelles affaires vont venir enrichir la base. Ainsi, 15 cas de morts suspectes ou accidentelles sont en préparation et devraient vous être servis incontinent. De plus, le classement progressif des procédures criminelles pour l'année 2019-2020, la décennie 1750 sera livrée dans son intégralité nous promet la découverte de nouveaux crimes qui viendront peu à peu s'ajouter à ceux déjà référencés. en passant, si parmi vous se trouve un légiste assermenté ou pas disposé à donner un peu de son temps, nous sommes preneurs. Délibération n° 228 du conseil municipal du 13 décembre 2002 extrait. Mairie de Toulouse, Archives municipales, 1217W49, vue 453. Sceaux et usage de sceaux septembre 2019 SIGILLUM NOBILIS CAPITOLII TOLOSANI » voilà ce que l'on peut lire sur le sceau qui clôt chaque délibération publiée par le conseil municipal de la mairie de Toulouse comprendre, pour les non-latinistes Sceau du noble Capitole toulousain ». Le sceau officiel de la ville est composé de cette devise encadrant ces célèbres armoiries, si connues des toulousains un agneau nimbé, portant la croix de Toulouse en bannière, avec en arrière-plan le château Narbonnais et la basilique Saint-Sernin. Loin d'être réservé à d'antiques parchemins, l'usage des sceaux est toujours d'actualité de nos jours. L'authenticité des délibérations étant garantie par un certain formalisme, la présence conjointe de la signature du maire, ou de l'un de ses représentants, et de la marque du sceau officiel de la ville, constituent un signe important de validation de ces documents officiels. Quant à la délibération choisie pour illustrer ce billet, il semble que deux sceaux aient été nécessaires plutôt qu'un ! CARTULAIRES. Compilation générale des privilèges de la ville et de nombreux titres des archives, exécutée par ordre des capitouls de l'année 1539-1540, connue sous le nom de "Vidimé du Livre Blanc", Cartulaire de Jean Balard 1540. 1152-1539. Registre parchemin, 885 feuillets vue 31. Ville de Toulouse, Archives municipales, AA5. Préceptes centenaires juillet 2019 Une chose est sûre, à Toulouse, la préservation des archives, c'est de l'histoire ancienne ! Il y a cinq cents ans, nos élus de l'époque, les capitouls, s'alarmaient de l'état déplorable de leur dépôt d'archives. Certes, la tour des Archives est à l'abri des effractions derrière son épaisse porte en fer aux serrures alambiquées, mais le bâtiment est tout bonnement insalubre. Les titres et privilèges de la ville sont rongés par les rats ou gâtés par l'humidité, et les sceaux chargés de les authentifier tombent en morceaux. Les capitouls décident alors de prendre des mesures pour remédier à cette situation. Une nouvelle tour est construite l'actuel Donjon du Capitole, qui accueille aujourd'hui l'office de Tourisme. Les documents y sont entreposés sur des supports adaptés étagères, râteliers et coffres fermés à clés pour les pièces les plus précieuses. Les versements et les prêts sont consignés dans un répertoire, et le dépôt est visité une à deux fois par an par les membres du corps capitulaire. Vous retrouverez les prémices de cette prise de conscience archivistique toulousaine dans le cartulaire de Jean Balard, aux vues 31 et 32. Le Minotaure. Cliché de P. Jacquelin, 2019. Mairie de Toulouse, Archives municipales. L'envol des Géants juin 2019 La piste des géants a pris son envol en fin d'année 2018 à Montaudran. Les créatures de la Compagnie La Machine ont été installées dans leur halle, et l'opéra Le Gardien du Temple a été joué dans les rues de Toulouse début novembre 2018. Comme suite à la fermeture de l'Espace Croix-Baragnon à l'été 2018, les Archives municipales ont pris en charge et traité les archives conservées dans ce lieu de culture. Dans le fonds d'archives de la direction Recherche et Développement culture, se trouvent des dossiers sur le décollage du projet, de la construction de la Halle de la Machine à l'organisation de l'opéra qui a dévoilé le Minotaure. Il faudra encore un peu de patience pour découvrir le contenu du versement 1272W, actuellement en cours de classement et mis à la disposition du public en fin d'année 2019. En attendant, quelques pièces sur cette aventure sont consultables dans le versement d'archives de l'ancien directeur général des affaires culturelles, M. Jean-Louis Sautreau versement 1209W. Construction du pont de Pinsaguel, XIXe s. Ville de Toulouse, Archives municipales, cote 1Z191. Édile et poète à la fois mai 2019 Il fut un temps où l'inauguration d'un pont, ouvrage d'art par excellence, donnait des envies d'envolées lyriques à nos hommes politiques. Il suffit de passer le pont, c'est tout de suite l'aventure », disait l'un de nos poètes contemporains. C'est ce que dut penser le président Cazes lors de l'inauguration du pont qui enjambe la Garonne, reliant Pinsaguel à Portet-sur-Garonne. Par deux fois, la fureur du fleuve fut fatale à ce pont construit par l'ingénieur Berdoulat en 1826, tout d'abord lors des crues de 1835 qui détruisirent trois arches en brique de la rive gauche. Reconstruites en 1838, elles subirent à nouveau le débordement du fleuve en 1875 qui anéantit le village de Pinsaguel, à l'exception de l'église Saint-Pierre. Les arches manquantes furent remplacées par un tablier métallique continu, de type Eiffel, ce qui donna un air curieux à ce pont réalisé pour moitié en maçonnerie et en métal. Ciel mon Zénith ! avril 2019 À Toulouse, si vous cherchez le zénith, vous le trouverez non seulement au-dessus de votre tête, mais aussi sur le plancher des vaches dans le quartier des Arènes ! Inauguré en 1999 et d'une capacité de 11000 personnes, le Zénith de Toulouse est l'une des plus importantes salle de spectacle de France. Grâce aux reportages photos de la mairie de Toulouse, vous pouvez admirer les différentes phases de construction de cet étonnant bâtiment aux allures de soucoupe volante » ! Livre des proprietés des choses Barthélemy l'Anglais, traduit du latin par Jean Corbichon 1401-1425. Bibliothèque nationale de France. Département des manuscrits. Français 9141 détail du feuillet 171 v°, enluminure réalisée par le maître de Boucicaut. Jeune et jolie mars 2019 Les procédures criminelles des capitouls nous entraînent dans un monde où les langues se délient, où les gestes et pratiques des uns sont scrutés par les autres. À l'évidence, lorsque la voisine est jeune et jolie, les locataires du dessus, du dessous ou d'en face rivalisent de contorsions ou de subterfuges pas toujours très discrets afin de tenter d'apercevoir un bout de gambette, voire plus lorsque la chance leur sourit. D'autres se contentent d'écouter aux portes. Lors de procès pour prostitution ou maquerellage, ceux qui viennent témoigner n'hésitent pas à se vanter d'avoir épié cette voisine fort jolie et fort dégourdie » depuis leur fenêtre ou à travers les fentes et trous des cloisons ou du plancher. D'autres accordent même volontiers avoir eux-même ménagé ces observatoires de fortune en soulevant un carreau ou en creusant un œilleton. Le sculpteur Loubeau n'est pas en reste, puisque par un trou du plancher il assiste aux ébats de sa... sœur ! Par le trou de la serrure », le dernier dossier téléchargeable des Bas-Fonds fera peut-être le bonheur des voyeurs, mais que l'on se rassure les scènes les plus torrides ont été sagement laissées dans les procédures et il faudra donc venir les consulter sur les documents originaux en salle de lecture. Un petit conseil tout de même, essayez de rester discrets ou il pourrait vous en cuire comme à Hugues Larivière qui, en 1762, croyant surprendre l'intimité des soeurs Dupuy s'est fait attraper la main dans le sac plutôt l'œil collé à la serrure et vertement tancer en ces termes F... vieillard si nous pouvions te jetter dans l'eau nous t'empêcherions bien de nous regarder ! » Détail papier à entête du Grand Hotel Tivollier. Ville de Toulouse, Archives municipales, 1Z625/2. Tivollier, l’empereur toulousain du pâté de foie gras ! février 2019 Difficile à Toulouse d'évoquer le gras sans parler du canard et plus particulièrement de foie gras, tradition culinaire ancrée dans notre région depuis des lustres. Déjà les capitouls, le 28 décembre 1788, se délectaient de cinq foies de canard servis avec un ragoût. Le pâté de foy » de canard était un mets réservé aux personnes aisées et/ou aux grandes occasions. Grâce à la capacité de voyage des pâtés, surtout à la saison froide, ce foie gras jouissait d'une renommée qui s'étendait à toute l'Europe. À Toulouse, depuis Pâques 1858, le foie gras est synonyme de maison Tivollier » avec son célèbre pâté Tivollier ». Médailles et récompenses consacrent la réputation planétaire du Pâté Tivollier » Paris, Philadelphie, Londres, Liverpool, Moscou, Vienne, Chicago, etc. Le pâté Tivollier » est incontournable et trouve place dans tous les menus, au milieu d'autres plats loin de répondre à nos préoccupations actuelles de santé puisque, à l'époque, le menu était une succession de mets et non pas un choix. Le temps passé à table lors des repas festifs était fort long. Après avoir été préparé en sauce, en croûte, au sel, ou au torchon, aujourd'hui, modernité oblige, on peut même utiliser le micro-ondes et le congélateur. Café - restaurant, 15 place du Président-Wilson. 3 février 1913. Plan d'ensemble de la terrasse du grand café restaurant Lafayette avec le personnel posant devant. Mention sur l'image "Baron G. Duquesne, 3-2-1913". Ville de Toulouse, Archives municipales, 9Fi1107. De comptoir en comptoir janvier 2019 Grâce aux photos que nous conservons précieusement aux Archives, vous pourrez voyager dans le temps, flâner de comptoir en comptoir, pour vous imbiber de l'ambiance des cafés de l'époque. Immersion totale des années folles jusqu'aux années sixties pour les amoureux de ces époques. Devinez ainsi les conversations de ce groupe de badauds assis en terrasse dégustant leur verre de vin au début du 20e siècle. Imaginez l'ambiance des années folles dans la grande salle du café-bar du Dix-Avril, à la manière des scènes décrites par l'écrivain américain Francis Scott Fitzgerald dans son livre Gatsby le Magnifique. Enfin, transportez-vous dans les années sixties, avec le snack des Nouvelles galeries dont le design du comptoir, des chaises et de l'éclairage, aux lignes pures et sobres, est inspiré de la mode américaine. Ce voyage spatio-temporel prend fin, à vous chers lecteurs de le prolonger à souhait. Récit de carrière de Nicole Roux-Loupiac et Jean-Philippe Loupiac, architectes, Atelier 13 à Toulouse 1966-2017 vidéo de présentation. Arrêt sur image. Nicole Roux-Loupiac et Jean-Philippe Loupiac Atelier 13 / Annaëlle Guérin Agence Bird - Ville de Toulouse, Archives municipales, 3Num33. Quand les archives donnent de la voix… décembre 2018 Saviez-vous que nous comptons parmi nos collections des archives audiovisuelles ? Et saviez-vous que, parmi celles-ci, nous conservons également la parole de plusieurs témoins du XXe siècle toulousain ? Recueillis par des professionnels lors de campagnes ciblées, auprès de personnes choisies pour le rôle qu'elles ont tenu dans les événements relatés, ces récits, le plus souvent filmés, apportent des informations que même le plus complet des dossiers administratifs ne peut laisser entrevoir un côté sensible, palpable, humain ». Quatre thématiques ont jusqu'ici fait l'objet d'une collecte de témoignages • la restauration du couvent des Jacobins, • le travail des architectes de l'Atelier 13, • l'ancienne usine papetière JOB, • l'œuvre des photographes Jean Dieuzaide et André Cros. Les enregistrements qui en sont issus sont librement accessibles en ligne et mis à disposition du public, dans le respect de quelques règles de réutilisation. Alors, si vous ne supportez plus les films de Noël, tenez bon vous savez désormais qu'il existe une alternative... Portrait d'Émilienne Gosse posant à l'avant d'un canot sur la Seine à Courbevoie, 7 septembre 1917, négatif N et B stéréoscopique. Raoul Berthelé - Ville de Toulouse, Archives municipales, 49Fi1189 détail. Sans voix décembre 2018 Il en est un qui n'a pas voix au chapitre au sein de la rédaction d'Arcanes. Trop déprimant ! », s'entend-il répondre à chaque proposition d'article. Pauvre de lui ; torturé depuis son enfance par des clowns faussement gais, des cirques miteux, des trapézistes rampants et des numéros d'écuyères sur de poussifs poneys, il porte cette indélébile blessure et traîne son mal ; il cherche sa voie dans une thérapie fort peu académique l'image du mois qu'il présente régulièrement sur le site des Archives. Rejeté par Arcanes, contraint à faire cavalier seul, P... nous pourrions aussi l'appeler Z... nous offre depuis 2013 des billets d'humeur mensuels mensuelle conviendrait aussi bien autour d'une image forte conservée dans les collections des Archives. Au fil des mois, des années, nous avons pu mesurer l'océan infini de sa déprime devant les gens heureux, les vélos, les enfants, les walkman, les ados, les mobylettes, les post-ados, les quarantenaires en trottinette, les vieux-beaux gominés, sans oublier cette profonde aversion pour les clowns en tout genre. L'écriture comme catharsis. Nul ne saurait dire si sa thérapie marche, mais, finalement, il faut avouer que l'on s'en moque s'il écrit, c'est avant tout pour notre plus grand plaisir. Le pastel. Gros plan sur les graines. 40 × 30 cm. Ville de Toulouse, Archives municipales, 3Fi260 détail. En avoir un grain… octobre 2018 C'est finalement drôlement cathartique de rédiger tous les mois un petit billet dans la lettre d'informations des Archives. En dépit des figures imposées, cela nous donne ainsi l'occasion de vous rouler gentiment dans la farine… tout en séparant le bon grain de l'ivraie. Car même si nous sommes parfois pris d'un petit grain de folie, nous nous efforçons toujours d'apporter une information fiable et nous l'espérons utile à votre moulin. Mais revenons-en à la spécialité du jour figurez-vous qu'il existe, dans le thésaurus de la bibliothèque, une entrée Boulangerie », qui vous permet de consulter, d'un côté les notices des ouvrages indexés, et de l'autre, celles des articles de presse répertoriés. Toutes nos collections d'imprimés pertinentes accessibles en un seul clic ! Et si vous poussez un peu plus avant vos investigations, vous découvrirez que certains articles sont désormais lisibles depuis votre écran en cliquant sur le contenu du champ Documents associés, sans même avoir à quitter votre chez vous… car si, en 1930, les boulangeries doivent fermer le dimanche sur décision du préfet, nos ressources numérisées sont, quant à elles, toujours disponibles. Jeune fille transportant du pain, années 1960, fonds Ribière. Ville de Toulouse, Archives municipales, 41Fi359. De la multiplication des pains... octobre 2018 Il en est question dans les arrêtés municipaux réglementant l'établissement de la taxe et la vente du pain à la fin des années 1930 à Toulouse. Les temps sont durs, la guerre est à nos portes, et l'on ne rigole plus sur le prix du pain. En 1939, finit les pains dits de luxe » ils n'étaient pas dorés à l'or fin, mais seulement faits sur commande avec de la farine de qualité supérieure, dite de force » ou de gruau ». En ces temps de restriction, la règle est aux pains dits de consommation courante » et pour ce pain de tous les jours, la police administrative veille attentivement à ce qu'aucune farine gâtée ou avariée n'entre dans sa composition. Toute règle ayant son exception, il reste possible, moyennant quelques centimes de francs supplémentaires, d'égayer sa table avec des pains de fantaisie », des flûtes parisiennes ou des petits pains en forme de brioche ou de pistolet. Sur le chemin du Do septembre 2018 Depuis près de deux siècles, nombreux sont les jeunes Toulousains à être partis à la recherche de l'accord parfait sur les bancs du Conservatoire. Depuis 1820, cette institution dispense à la fois des enseignements de musique, de chorégraphie et d'art dramatique. Bien que cet établissement soit désormais à rayonnement régional, ses archives historiques sont conservées aux Archives municipales de Toulouse. Vous pourrez, en ligne ou dans notre salle de lecture, parcourir au choix les palmarès des élèves, admirer les ornements de leurs diplômes et découvrir en images l'histoire du Conservatoire à rayonnement régional de Toulouse. Archives municipales, 2 rue des Archives. 29 juillet 2016. Magasin de la bibliothèque. Collection du Journal officiel de la République française PO16. Stéphanie Renard - Ville de Toulouse, Archives municipales, 4Num13 vue 61. Être bibliothécaire, ou comment veiller à toujours en avoir plein le dos... septembre 2018 Rassurez-vous tout de suite ceci ne sera pas une longue tirade sur la solitude du rat de bibliothèque, ni même un exposé circonstancié à la manière du monologue d'Hamlet… Non, je vais vous parler des livres, de leur structure, de leurs habits » ; bref, de la reliure. Tout comme on parlerait d'un petit animal, le livre possède une tête, une queue et… un dos. Il s'agit de la partie opposée à la gouttière, qui est elle-même la tranche qui n'est ni en haut ni en bas. Formé par le fond des cahiers, c'est-à-dire par la partie pliée des feuilles qui le composent, il peut, dans le cas des ouvrages anciens, posséder des nerfs, être complété par un faux dos » et même être ornementé, grâce à la dorure ou l'estampage à froid. Évidemment, les plus beaux dos de la bibliothèque appartiennent aux collections de la Réserve. Ce sont également les plus fragiles. Il faut donc veiller à les manipuler avec précaution en évitant d'appuyer pour forcer l'ouverture et lutter contre ses instincts ne jamais attraper un livre par sa coiffe. Vous voilà désormais avertis et prêts à consulter nos trésors. Ne reste plus qu'à les trouver ! L'Alouette, la meilleure lieuse du monde. Fabriquée par les usines Amouroux Frères, Toulouse. Pont-Neuf et place Saint-Étienne. Vers 1900. Carte postale illustrée, 14 × 9 cm. B. Sirven, imprimeur-éditeur - Ville de Toulouse, Archives municipales, 9Fi4096. Et la tête, alouette ! juillet - août 2018 Alors, voilà ne sachant pas par où commencer la rédaction de cet article, j'ai décidé de revenir aux fondamentaux. Étymologie, quand tu nous tiens... Caput, itis, n. tête ; personne entière ; vie, existence ; personnage principal ; chef ; partie principale, capitale. Merci Félix ! Grâce à toi, nos lecteurs ont ainsi l'occasion de découvrir notre magnifique collection de dictionnaires latin-français, ô combien capitale dans notre catalogue, et je sais qu'ils apprécieront... On aurait pu aussi évoquer la bibliothécaire, la personne entière responsable des collections bibliographiques, mais je crois qu'il vaut mieux s'abstenir et garder une part de mystère… Avec un tel personnage principal, la saga de l'été risquerait de vous faire opiner du chef plus que de raison... Nous reste donc la tête. Pensante ou chercheuse, de mort ou d'affiche, la perdre n'est jamais bon signe, si tant est qu'on tienne à la vie… Mais arrêtons-là avec ces pensées négatives tâchons de passer un bel été pourquoi pas à Toulouse ou dans un champ de blé ? et forgeons-nous de beaux souvenirs, à conserver précieusement dans un coin de notre tête... Affiche de propagande anti franquiste représentant un poing rouge terrassant un homme vert en en bas à gauche "Altavoz el frente. Informacion y propaganda para el pueblo en armas. Servicio de Mundo Obrero [Haut-parleur du front. Information et propagande pour le peuple en armes. Service de Mundo Obrero] - Ville de Toulouse, Archives municipales, 11Fi38. Toulouse, capitale de l'exil républicain espagnol juillet - août 2018 Dès 1939 et durant plusieurs décennies, notre ville a joué un rôle fondamental dans la continuation du fonctionnement des institutions politiques et culturelles de l'Espagne, pays ami et voisin, soumis à la dictature. En janvier 1939, la chute de Barcelone sonne le glas de la république espagnole et l'exil pour des centaines de milliers de républicains. Durant la seconde guerre mondiale, les exilés espagnols s'organisent propagande, réseau clandestin, résistance, guérilleros. A la fin du conflit, nombre d'entre eux comprennent que l'exil va s'installer dans le temps. Dès septembre 1944, salle du Sénéchal, se tient le premier congrès en exil du PSOE Parti Socialiste Ouvrier Espagnol. Les organisations politiques et syndicales telles que le PSOE, la UGT Union Générale des Travailleurs installent leur siège social à Toulouse et tiennent régulièrement des congrès rue Pargaminières dans le cloître des Jacobins ou rue du Taur, rue de Rémusat. La CNT confédération nationale du travail quant à elle, élit domicile rue de Belfort. Les journaux CNT, El Socialista, Ruta, Mondo Obrero sont imprimés à Toulouse. Peu à peu, les espagnols s'intègrent à la communauté toulousaine par le travail et l'éducation tout en maintenant une cohésion identitaire par de nombreux rassemblements culturels avec la création du Casal Catala en 1944, la 1re exposition intitulée L'art espagnol en exil » en 1947 et l'Ateneo Espanol en 1959. Aujourd'hui plusieurs associations perpétuent la mémoire de cet exil. De nombreuses manifestations culturelles et festives dont Cinespaña, Toulouse Espagnole » réunissent les descendants de ces exilés, du temps où Toulouse était capitale de l'exil républicain espagnol. Être verni au musée juin 2018 Eh oui, au musée des Augustins, il n'y a pas que les tableaux qui sont vernis ! Jean Escudier, gardien chef au musée des Augustins, en tient lui aussi une bonne couche lorsqu'il gagne à la Loterie nationale en 1952. Cet événement lui a valu d'être l'objet d'un reportage du photographe toulousain André Cros. Nous avons ainsi un aperçu en image, façon Martine à la plage », de la vie de notre employé municipal M. Escudier fait valider son ticket gagnant, M. Escudier à son poste derrière son guichet, posant avec un groupe d'enfants dans le cloître du musée, seul dans sa cuisine, en plein repas de famille, jouant aux cartes au tripot du coin, posant cigarette à la main devant un tableau… Une autre époque en somme ! Loterie nationale, Chance & Fortune ,1re tranche vers 1900. Reproduction. Carte postale couleur, 14 × 9 cm. André Galland - Ville de Toulouse, Archives municipales, 9Fi4340. Grattage ou tirage tentez votre chance ! juin 2018 Ah… le loto du dimanche ! Les petites balles qui tournent, la main innocente » qui les attrape, les numéros qu'on coche sur une petite grille achetée avec espoir, et parfois le cri de joie de votre mémé, qui a enfin réussi à remplir une ligne / colonne / diagonale au choix de son petit carton… Et tout çà pour quoi ? Des trucs à manger ou à boire le plus souvent… Nostalgie, quand tu nous tiens. Bien sûr, il y a depuis longtemps maintenant la version télévisée plus de joueurs, plus de gains… surtout pour la Française des Jeux. Alors, pourquoi ne pas utiliser cette manne financière pour aider à restaurer notre patrimoine qui en a, il est vrai, bien besoin ? C'est l'idée lancée par le plus royal de nos présentateurs télé Stéphane Bern, inspiré par ce qui se fait notamment au Royaume-Uni. Là-bas, les revenus générés par la loterie nationale ont permis de rénover le Royal Albert Hall, une des salles de concert les plus prestigieuses d'Europe, ou encore de restaurer la verrière du British Museum. Tout de même. Alors, si vous souhaitez tenter votre chance, et contribuer par la même occasion à sauvegarder des monuments historiques, sachez que les tickets à gratter du loto du patrimoine » seront mis en vente début septembre, et que le tirage du super loto correspondant aura lieu la veille des journées du patrimoine. Et si l'histoire de la loterie en France vous intéresse, vous trouverez peut-être dans notre bibliothèque un livre ou deux à piocher dans notre collection... École supérieure d'agriculture du Sud-Ouest. Purpan-Toulouse "Le repas en commun des poules et des dindes couveuses". Voyagée en 1926. Ville de Toulouse, Archives municipales, 9Fi4981. Le sucre au secours des poules mai 2018 On peut être comte et connaître des déboires domestiques bien contrariants. Au début du 19 e siècle, le lieutenant général, le comte Clauzel, domicilié rue Tolosane à Toulouse, voit son poulailler subir les assauts de nuisibles, en particuliers de rats, fléau des villes et des champs. Les poules et les rats devinrent le sujet de conversation dans tous les salons de notre ville. Comment se débarrasser de cette vermine ? Une recette infaillible fait alors son apparition. Il suffit de mélanger du plâtre avec de la farine de Millet et du… sucre. La bête qui a consommé cette mixture est alors assoiffée et se jette sur la bassine d'eau déposée à coté. Le mélange de l'eau avec la bouillie sucrée fait gonfler le ventre du pauvre animal et alors… Dommage que cette recette ne soit pas restée dans les annales, car il paraît que certains de nos contemporains connaissent des vicissitudes avec les rats des champs, surtout dans le nord du canton et que les produits modernes n'en viennent pas à bout. Extrait du plan de la façade côté rue Gamelin de la biscotterie Paré réalisé le 30 août 1963 par et architectes SN ING AM&ECP, ING CONSEIL. Ville de Toulouse, Archives municipales, 604W853. Biscottes sucrées, biscottes Paré ! mai 2018 Les biscottes Paré, avant de devenir Heudebert et de passer sous l'enseigne LU puis Mondelez, embaumaient à Toulouse les environs de la rue Gamelin, dans le quartier de Fontaine-Lestang, où elles étaient fabriquées à partir des années 1950 voir le projet de construction d'une usine de 2000 m² pour la fabrication des biscottes 708W4213. En plein essor, en 1963, la biscotterie s'agrandit et prévoit l'extension de ses ateliers et entrepôts côté Nord ainsi que les espaces dédiés aux bureaux administratifs et commerciaux, vestiaires, service médical, locaux sanitaires et sociaux qui étaient devenus nettement insuffisants en raison de l'augmentation de personnel voir le permis de construire relatif à l'extension de l'usine 604W853. En 1974, elle emploie alors près de 300 personnes. Mais ses activités n'étant pas assez compétitives, un regroupement au nord de la Loire est envisagé. La société toulousaine de Minoterie, souhaite dès lors reprendre les terrains occupés par la biscotterie Paré avec un projet de construction de près de 1000 logements comme en témoigne l'étude de possibilité de construction » réalisée le 10 avril 1974 102W213. Finalement cette étude ne sera pas suivie de faits pour le plus grand plaisir de nos papilles même si l'usine a depuis longtemps abandonné la croustillante et cassante biscotte pour les barres céréalières et les pains grillés ! Sentence des capitouls, rendue le 19 décembre 1771 contre Jean Sacaley, imprimée et publiée le 21 dudit. Ville de Toulouse, Archives municipales, BB167, pièce n° 55 détail. 100 sols, l'amende amère avril 2018 Lorsqu'on a fait une bêtise quelconque et l'échelle des bêtises est vaste, il faut s'attendre à être jugé par les capitouls. Les sentences sont adaptées à la gravité de l'acte, rien de bien étonnant à cela. Dans l'échelle des punitions, suite à des sottises répréhensibles, on peut imaginer que les amendes décernées par les capitouls ne concernaient que celles des petites infractions. Vrai, mais... pas tout à fait. - Omettre de balayer les immondices devant sa porte, cela vaut bien une amende. - Un pot de chambre déversé malencontreusement sur la perruque d'un passant, c'est non seulement une amende, mais aussi des dommages et intérêts une perruque supportant mal le pressing, il faut en rembourser à son propriétaire la valeur d'une nouvelle. - à ne pas tenir son chien à l'attache avant les vendanges et le laisser divaguer dans les vignes, on écope aussi d'une amende ; en prime, le vigneron peut, en toute impunité, mettre à mort votre cabot glouton. Bon, vous admettrez qu'il n'y a pas là de quoi fouetter un chat, ces amendes restent raisonnables. Elles apparaissent même ridicules lorsqu'on lit trop rapidement certaines sentences de nos anciens magistrats municipaux. En effet, nombre de leurs jugements portent que la personne fautive d'un crime quelconque est condamnée à 100 sols d'amende en faveur du roi. À s'arrêter là, on ricane et... non, revenons-y. Lorsqu'on tombe sur ces 100 sols, c'est au contraire le signe invariable d'une sentence plutôt coriace. En effet, ce terme clôt les jugements à mort où le condamné se voit aussi dépouillé de ses biens distraction faite d'un tiers pour sa femme et enfant s'il en a, ou bien encore de ceux qui sont simplement fouettés et bannis de la ville, ou envoyés aux galères. Bref, mieux vaut transcrire les sentences dans leur intégralité sous peine de se fourvoyer, car ces maigres 100 sols cachent bien une réalité autrement plus amère. Société des sauveteurs toulousains et de la Haute-Garonne. Bateau de sauvetage dans la Garonne. Vers 1910. Carte postale N&B, 9 × 14 cm. A. Baudillon - Ville de Toulouse, Archives municipales, 9Fi7272. Vague à l'amer avril 2018 En navigation, un amer est un point de repère fixe, situé sur la côte et identifiable sans ambiguïté clocher, tour, bâtiment isolé, utilisé pour se guider. Un peu comme un phare au milieu de la tempête… ou une base de données dans un océan de ressources documentaires. Affublée de différents noms et de différentes formes inventaire, catalogue, fichier ; papier, électronique, en ligne, elle n'en reste pas moins le point d'ancrage de toute recherche effectuée dans les collections des musées, des bibliothèques ou des archives, interrogeable selon un chenal balisé ou la plupart du temps tous azimuts. Pour faciliter la navigation des chercheurs, ou des simples curieux, l'équipe des Archives se réunit régulièrement pour partager, échanger, se confronter et finalement améliorer les notices descriptives des documents qu'elle conserve ou proposer des aides à la recherche. Bien sûr, il y a encore quelques remous ici où là l'ampleur de nos collections et la complexité de certains documents nous met souvent au défi, mais c'est bien là ce qui fait le sel de nos métiers… tout comme la volonté collective de ramer dans la même direction. Alors, à votre tour de prendre la mer… et bon vent ! Bar-Restaurant Au Tonneau », 9 place du Pont-Neuf. 1976. Vue de l'entrée de l'établissement encadrée par les menus proposés. Au premier plan voitures garées et chaises. Jean Ribière - Ville de Toulouse, Archives municipales, 41Fi283 détail. Choucroute garnie mars 2018 Ce mois-ci, vous êtes garnis » avec un thème surgi des tréfonds d'un esprit vraisemblablement torturé, il a bien fallu trouver une approche particulièrement capillotractée pour vous parler des collections de notre bibliothèque, bien garnie ». Alors, j'ai cherché longtemps bouquet, panier, choucroute… et pourquoi pas cassoulet ou bouillabaisse ? Une fois rendue à ces extrémités culinaires, j'ai dû me résoudre à vous compter », par le menu, les mille et unes richesses de nos fonds bibliographiques... Sachez donc que nous conservons plus de 12 700 titres. Certains sont parfois reliés ensemble à l'intérieur d'un même volume, ce qui réduit donc quelque peu le nombre d'objets livres » posés sur nos rayonnages… Ils peuvent appartenir à différentes collections, identifiées par provenance bibliothèque Hermet, dépôt de l'école des Beaux-Arts..., nature usuels, instruments de recherches, travaux universitaires… ou destination bibliothèque professionnelle. Mais ce n'est pas tout. Nous conservons également une importante collection de périodiques 315 titres répertoriés au dernier recensement. Eux sont en revanche uniquement organisés par typologie presse, revues, publications officielles…. Toutes ces ressources sont à votre disposition, en salle de lecture, dans les limites que peuvent éventuellement imposer leur état de conservation. Elles sont là pour vous permettre d'approfondir un sujet, de compléter une étude ou de mettre en contexte un document d'archives. Alors, n'hésitez pas ! Et si, comme à moi, cet article vous a ouvert l'appétit, vous trouverez ici en bonus une recette à votre disposition. La violette de Toulouse », dessin avec une fillette qui propose des violettes à deux autres enfants. Au fond le donjon du Capitole. Marcel Pendariès - Ville de Toulouse, Archives municipales, 9Fi5487. Bouquet garni de violettes mars 2018 Alors que nous bravons le froid, le vent glacial et multiplions les épisodes neigeux, une petite fleur d'hiver marquée par sa corolle d'un bleu tendre et son délicieux parfum est en pleine floraison. La violette a trouvé dans la région toulousaine sa terre de prédilection dès le 19e siècle. Sa culture est alors entreprise par les maraîchers de Lalande, Saint-Jory, Aucamville et Castelginest, qui vendent les bouquets de fleurs fraîches présentés dans des paniers ronds en osiers dans la cour Henri IV du Capitole puis le réfectoire des Jacobins. En 1960 la violette de Toulouse obtient un label de renommée internationale et devient l'emblème de la ville. Mais sa culture décline peu à peu et les producteurs abandonnent sa production à partir des années 1970. Quelques irréductibles amoureux de la précieuse essaient de la cultiver de nouveau dès les années 1990. La violette de Toulouse se refait alors une beauté pour retrouver le devant de la scène le Festival de la Violette, les expositions, la Maison de la Violette et diverses animations concourent à cette renaissance permettant ainsi à la ville de renouer avec un symbole de son histoire et de son patrimoine. Références ouvrages B4182 et B1847, périodique REV145 Squelettes d'animaux présentés dans la salle Edouard Filhol du Muséum d'Histoire naturelle de Toulouse, vers 1920. Ville de Toulouse, Archives municipales, 9Fi7309. Jauni be good février 2018 Oui vieillir à parfois du bon, comme cette carte postale quasi centenaire. Le papier jauni, le grain de l'image ont un charme suranné qui nous mettent tout de suite dans l'ambiance de ce début de siècle. Mais de jaune, il n'en sera pas question dans les quatre volumes consacrés aux œufs de l'inventaire des collections du Muséum d'histoire naturelle de Toulouse de 2013 1219W95 ; 1219W96 ; 1219W97 ; 1219W98. Dans ces registres, pour chaque œuf conservé, il y a un numéro d'inventaire, la discipline concernée ici l'ornithologie, le nom scientifique, la nature, la provenance, le mode d'entrée et bien sûr l'état du spécimen. Quant à savoir s'il y a un jaune dans l'œuf, l'histoire ne le dit pas ! [chien noir sur fond jaune] Tirage photographique noir et blanc contrecollé sur carton. Cliché Jean-Baptiste Allard, La photographie Toulousaine » entre 1872 et 1897 - Ville de Toulouse, Archives municipales, 1Fi169 détail. Jauni à la rage février 2018 - Un cas de jaunisse, on en a vu un ; un seul c'est vraiment trop peu pour s'étendre dessus. Il s'agit de la mésaventure arrivée à cette pauvre Marie Rouzières qui, victime de ragots peu flatteurs sur sa vertu, colportés par des voisines, en attrape une jaunisse. Sautant sur l'occasion, Jeanneton va enfoncer le clou et la traiter de... vérolée ! C'en est là trop pour Marie qui va la poursuivre en justice pour cas de diffamation FF834/1, procédure 026, du 6 mai 1790. - La peste, c'est surfait et puis on pense immédiatement à peste noire, or là on est bien loin du jaune. Vous pourriez toujours faire un petit tour dans les registres de dénonce de peste par exemple le GG997 mais, comme ils ne sont pas encore numérisés, il est à craindre que le bacille soit toujours actif... ce serait dommage de repartir de chez nous avec un bubon ! à noter tout de même que nous avons été plusieurs à le manipuler et personne ne manque à l'appel. - La suette miliaire, nous ça ne nous évoque aucune couleur particulière, je dirais le rouge vif ou le rose chaud à cause des violentes éruptions cutanées qu'elle provoque, mais après tout les cas manquent de nos jours à Toulouse pour s'en assurer vraiment. En tout cas ceux qui ont réchappé à l'épidémie qui surprend et assomme Toulouse en mai 1782 pourraient nous le dire. Quant aux victimes, vous les trouverez sagement rangées dans le registre GG1012. - Finissons par la rage, et là on se rapproche insensiblement du jaune car, en effet, ne dit-on pas vert de rage. À Toulouse on parle souvent d'une recrudescence de la rage à la fin du 18e siècle, voir carrément d'une épidémie, mais en fait le danger rode depuis des siècles, il frappe épisodiquement et la moindre morsure de chien peut causer une réelle psychose. Mais, inutile de s'étendre plus avant, si vous voulez en savoir plus, il ne vous reste plus qu'à télécharger puis lire le dernier numéro des Bas-Fonds "Cabots, dogues, mâtins et bassets". Quant à la photographie qui vient égayer ce billet, rassurez-vous, elle n'a rien a voir. Ce caniche cycliste ne semble absolument pas atteint de la maladie hydrophobique, son maître non plus d'ailleurs on le verrait à ses moustaches qui là sont tombantes et non hérissées. En revanche, ce tirage noir et blanc a bien jauni avec le temps. Zone verte de Sesquières, entrée du camping municipal de Rupé, 1982. Ville de Toulouse, Archives municipales, 2Fi4385. Poser ses valises "au Rupé" janvier 2018 L'hiver est bien installé et voilà que nous pensons déjà à la chaleur, aux grillades et longues soirées d'été. Pour cette invitation au voyage, pourquoi ne pas songer à poser ses valises au camping municipal de Rupé ? Situé près de la zone verte de Sesquières, au 21 chemin du Pont de Rupé, il doit son nom à un maître chaussatier artisan du textile, Jacques de Rupé, qui possédait une métairie en ce lieu au 16e siècle. Pour développer le tourisme, la Ville, a acheté, en 1962, une parcelle de 28 000 m², a procédé à l'aménagement des installations et a décidé le classement du camping de Rupé dans le domaine public communal en 1970. Depuis sa création, la Ville a assuré son exploitation en régie directe. Mais pour maintenir le classement du camping en trois étoiles, moderniser l'équipement et étendre la capacité d'accueil jusqu'alors fixée à 600 campeurs, en 1991, il a été décidé de confier à un professionnel, par contrat de concession, l'ensemble des missions de construction, d'exploitation et de développement des activités de camping caravaning. C'est ainsi que la Société Financière Midi-Pyrénées s'est vue confier la délégation de service public de cet établissement pour une durée de 30 ans. Lettre adressée à sa majesté l'empereur Napoléon III par J. Roaldès, ancien conseiller municipal au sujet de la construction d'un pont devant la gare de Toulouse. Ville de Toulouse, Archives municipales, 1Z449/1 détail. Quand les valises tombaient dans le canal janvier 2018 Après maintes discussions et incertitudes sur son emplacement, la gare Matabiau fut inaugurée le 31 août 1856, en présence de l'archevêque Mgr Rioland, qui bénit 4 locomotives ornées de drapeaux, consacrant la ligne Bordeaux-Cette. La compagnie ferroviaire du midi s'était engagée à édifier un pont afin de permettre la circulation entre la ville et la gare, mais devant l'ampleur et le coût des travaux, la construction pris du retard. De ce fait, de nombreux voyageurs, ne pouvant s'offrir l'omnibus qui empruntait les contre-allées Louis Napoléon pour acheminer les voyageurs en ville, marchaient tout droit en sortant de la gare et tombaient dans le canal avec leurs valises. Déjà en novembre et décembre 1857, plusieurs voyageurs furent repêchés sains et saufs mais leurs valises furent perdues ou bien détériorées. Malheureusement, le drame prévisible s'avéra et, le 20 janvier 1858, un soldat du 93e régiment qui venait d'Afrique se noya. La liste des incidents s'allongea encore le 11 février 1859. C'est ainsi que Le Journal de Toulouse relata que vers 6 heures du soir, Gustave Saver, sergent fourrier au 88e régiment était tombé dans le canal en sortant de la gare et que heureusement il savait nager ». C'en était trop, M. Roaldès, ancien conseiller municipal décida d'agir et envoya une requête à Napoléon III, empereur des Français et à M. Boselli, préfet du département. Sans doute fut-il entendu puisqu'en 1860 la construction du pont Bayard aujourd'hui du 19 mars 1962 fut décidée et confiée à l'ingénieur Urbain Maguès. Détail du plan de la façade Sud-Ouest de la résidence l'Orée du Bois extrait du permis de construire délivré en 1974. Ville de Toulouse, Archives municipales, 614W422. À l'Orée du bois décembre 2017 En juin 1974, la ville de Toulouse accorde le permis de construire à la SARL MAP Saurat, une société civile immobilière familiale, pour la construction d'une résidence étudiante située 71 rue Aristide Maillol, à deux pas de la nouvelle université du Mirail. Elle se distingue alors par sa forme, car construite sur le modèle d'un tripode de 9 étages, et par le nombre de logements 399, essentiellement des studios. Malgré un si joli nom, tout n'est pas rose à l'Orée du Bois… Est-ce d'ailleurs pour cela, qu'en 1987, l'assemblée générale des copropriétaires change le nom pour devenir Les Castalides ? Assez rapidement la résidence souffre d'une mauvaise fréquentation et d'une gestion inadaptée. Vandalisme, insécurité, squats, trafic de drogue, insalubrité sont le lot quotidien des habitants. Dans ce contexte, un arrêté municipal d'urgence pour l'évacuation de l'immeuble est pris le 26 août 2013. En parallèle, la ville de Toulouse entreprend le rachat progressif des logements dans le but de démolir la résidence. Une démolition initialement prévue pour l'automne 2017... Croix en bois de carolin, détail d'un dessin accompagnant la déclaration de cambriolage au couvent des Jacobins en 1967. Ville de Toulouse, Archives municipales, 332W82. Croix de bois, croix de fer... décembre 2017 Si je mens, je vais en enfer ! ». C'est certainement ce que s'est dit un vieux monsieur l'an dernier avant de passer de vie à trépas. Cinquante ans plutôt, cet individu dont nous tairons le nom, participe à un cambriolage au Couvent des Jacobins. Il en profite pour dérober, entre autres objets du culte, une croix de procession en bois de carolin. En 2016, à l'aube de sa vie et pris d'atroces remords, il décide de confier ce qui subsiste de son larcin à un prêtre. Pierre Esplugas-Labatut, adjoint au maire en charge des musées de Toulouse, expliqua alors à la presse que la preuve de ce vol avait été trouvée parmi les documents des Archives municipales de la ville. Nous vous invitons aujourd'hui à découvrir les pièces de cette affaire conservées aux Archives dans le dossier portant la référence 332W82. En téléchargeant le fichier pdf, vous pourrez ainsi consulter - la copie pelure du courrier rédigé par Denis Milhau, conservateur du musée des Augustins, adressée au commissaire du 1er arrondissement, le 31 janvier 1967, - la liste des objets dérobés, - les croquis de ces derniers, - et deux photographies de Jean Dieuzaide montrant un fragment sculpté et la fameuse croix en situation. Encore un exemple de l'intérêt de bien gérer ses archives ! Catalogue de la XXX° Exposition Canine Internationale. C-A-C, Toulouse 26 octobre 1958. Parc des Expositions. XI° quinzaine de Arts Ménagers. Imp. A. Gomes. Toulouse. Ville de Toulouse, Archives municipales, 1Z370/1. Quant la canne devient canine à quatre pattes. novembre 2017 Notre engouement pour ne pas dire notre passion pour nos amis à quatre pattes est assez récente. En effet, il fallut attendre mai 1863 pour que les Parisiens puissent assister à la première exposition canine organisée en France. Cette manifestation se déroulait au jardin d'acclimatation du bois de Boulogne, à Paris. Le but était de réunir une collection de chiens aussi complète que possible afin de distinguer les races pures, utiles ou d'agrément et les croisements à conserver. Bien qu'elle se déroule sous l'égide de Napoléon III, elle intéressa assez peu les Français, et ce n'est qu'en 1881 que la société centrale canine vit le jour. Les débuts furent modestes car contrairement à l'Angleterre, les Français étaient indifférents à l'élevage de chiens de pure race. D'ailleurs, la société ne sera reconnue d'utilité publique que le 28 avril 1914. A Toulouse, dès la fin des années 20, une exposition canine internationale fut organisée annuellement, révélant ainsi tout l'intérêt que nous portons désormais à nos animaux de compagnie. Le don de Madame Hermet nous permet de feuilleter une jolie collection des catalogues officiels de ces expositions, allant de 1958 aux années 2000. Vie des Archives. Archives municipales de Toulouse, 2 rue des Archives. 26 mai 2016. Reportage de 341 clichés sur la vie des Archives de Toulouse réalisé pour la journée internationale des Archives du 9 juin 2016. Ici est illustrée la recherche documentaire, dans un magasin plein. Stéphanie Renard - Ville de Toulouse, Archives municipales, 4num12/95. Un festival de cannes ! novembre 2017 A l'heure où tout se calcule, la canne, cette ancienne mesure remplacée par le système métrique, pourrait être réhabilitée le temps d'une lecture. Les Archives municipales, c'est plus de 800 ans d'histoire quelle distance, n'est-ce pas ? C'est d'autant plus vrai que, mises bout à bout, les archives conservées dans notre bon vieux réservoir de Bonnefoy représentent désormais la distance qui nous fait, à vol d'oiseau, traverser Toulouse, depuis sa limite avec Portet-sur-Garonne, jusqu'à ses confins avec Launaguet et l'Union. Alors, combien de cannes ? Grosso modo, sous l'Ancien Régime, on comptait 725 cannes. Et comme l'administration se modernise, on vous le donne en kilomètres 14,5. Pour les sportifs des randos vélos, c'est une heure de bécane. Avec la prise en charge des PACS par les mairies, ce sont 130 mètres de dossiers actifs que le tribunal d'instance va transférer aux services communaux… soit la longueur de la rue de Cannes ! Face à un tel volume, l'archiviste chicane, puisque ce sont désormais en moyenne 200 cannes vous convertirez vous-mêmes de dossiers et maquettes qui concourent chaque année à repousser nos statistiques, hélas bien plus extensibles que nos murs. Des murs qui ont une capacité de conservation de 2734 m², soit 1367 cannes carrées. Tempête dans un verre d'eau... ou hurricane dans un réservoir ? Attention danger ! octobre 2017 Fin 19e, le bureau de l'Hygiène de la mairie de Toulouse est chargé de donner son avis sur les installations classées, à savoir toutes les industries susceptibles d'être dangereuses, insalubres ou d'incommoder leur voisinage immédiat. Cette surveillance, organisée par les préfectures dans l'intérêt de la salubrité et de la sécurité publique, remonte à la fin du 18e siècle, lorsque l'explosion de la fabrique de poudre de Grenelle entraîna la mort de près de 1 000 personnes. À Toulouse, les dossiers d'inspection des installations classées nous permettent d'avoir un panorama des activités artisanales et industrielles présentes sur le territoire depuis plus d'un siècle. On redécouvre par exemple les métiers de la fin du 19e siècle, à une époque où les vacheries, laiteries et porcheries étant en plein cœur des villes et où vous pouviez avoir une usine de fabrication de peignes et boutons en os au pas de votre porte, ce qui suscitait, quelques fois, des frictions entre les différents protagonistes. C'est ainsi qu'en 1907, les voisins d'un chiffonnier établi rue de l'Industrie attirèrent l'attention de la municipalité en ces termes Il se dégage journellement des odeurs nauséabondes provoquées par les dépôts d'os et de peaux de lapins fraîches, [établissant] un véritable foyer d'infection ». Charmant ! Liens vers les fonds concernant les installations classées 119W ; 274W ; 293W ; 755W ; 813W ; 1157W Bourdon ? écrasé dans un registre ancien. Ville de Toulouse, Archives municipales. Attention le bug ! octobre 2017 Il vole, il vole le bourdon. Mais celui-ci était mal avisé lorsqu'il a entrepris de se poser sur la page de garde d'un registre laissé ouvert, En effet, le malheureux ne se doutait pas que le commis en charge de la tenue du livre veillait et que, dans un éclair, ce dernier aller refermer brusquement le volume ! Pim, paf ! Fixé pour l'éternité au registre... Mieux encore, cet employé aux écritures du moulin du château Narbonnais qui, a réussi le tour de force d'en avoir cinq d'un coup. Oui, cinq ! Alors qu'il inscrivait les entrées de blé et le millet en cette année 1735, cinq mouches vinrent innocemment s'y poser. D'un coup magistral, elles y furent joliment aplaties pour l'éternité - ou presque. Il faut dire que nos commis du moulin s'était longuement entraîné auparavant, car une grande partie de ce "Livre des mistures", est un véritable cimetière de mouches ! Et si d'aventure un bug vrombissant se trouvait dans une salle de lecture d'archives ou de bibliothèque, là, à tournicoter et vous agacer, à vous déconcentrer dans votre recherche, de grâce ne vous prenez pas pour le vaillant petit tailleur du conte de Grimm, qui a réussi le tour de force d'en avoir sept d'un coup, respectez les documents et éventuellement le monde animal. Cartes de chômeurs extraites du fonds 164W des Archives de Toulouse. Ville de Toulouse, Archives municipales. Le chômage à la carte septembre 2017 Le fonds municipal de chômage de la ville de Toulouse a été créé en 1927 et cessera toute activité en 1969. Les archives de cet organisme viennent d'être reclassées et constituent le fonds 164W, désormais consultable par tous. Ces documents livrent aux chercheurs une formidable source pour l'étude de l'histoire sociale toulousaine, mais aussi un panorama des dépressions économiques qui auront pu frapper le pays et plus particulièrement la ville. On y perçoit clairement l'essoufflement de certains secteurs d'activités, comme la chute d'entreprises locales. Finalement, ces archives permettront peut-être de tordre le cou à certaines idées reçues, car les femmes y figurent en aussi grand nombre que les hommes, preuve s'il en est de l'importance des femmes dans le monde du travail, impulsée par la mobilisation générale de la première guerre mondiale. On pourra y consulter trois types de documents - les volumineux registres d'inscription des chômeurs entre 1932 et 1968 ; - une sélection de cartes individuelles d'allocataires et de bénéficiaires de secours. Roses pour les femmes, ocres pour les hommes et vertes pour les étrangers, ces cartes ont été patiemment triées, amoureusement dépoussiérées et tendrement conservées afin de suppléer aux lacunes de certains registres d'inscriptions ceux des années 1934, et 1937 à 1939. - et finalement des échantillons de dossiers individuels où se mêlent divers formulaires d'inscription, de radiation, de réinscription, des rapports d'enquête sur la moralité des demandeurs, les certificats de travail de précédents employeurs, les cartes de pointage, etc. Pour découvrir ce fonds d'archives, munissez-vous de votre carte de lecteur, et on vous donne rendez-vous tôt le matin en salle de lecture. Menu du banquet offert par des élèves le 17 janvier 1914, conçu par le Grand-Hôtel et Tivollier. Toulouse Imprimerie Cléder 1914, Ville de Toulouse, Archives municipales, 14Fi205 détail. Au menu de la bibliothèque... septembre 2017 Ah… septembre ! Le temps de la rentrée des classes, des Journées du Patrimoine, de l'arrivée de l'automne... Bref, le dur retour à la réalité après des vacances bien méritées. Alors, pour reprendre en douceur, ce mois-ci le chef vous propose • une sélection d'atlas la forme ultime de la carte en bibliothèque..., • une séquence souvenir, avec la présentation de notre collection d'une revue régionale consacrée aux cartes postales anciennes, • un assortiment de menus toulousains, collectionnés avec ferveur par André Hermet pour se mettre l'eau à la bouche, • et, pour terminer sur une note festive, mais néanmoins avec modération, une monographie sur le vignoble aquitain, qui éclairera peut-être votre choix lors de la prochaine foire aux vins... Et si vous souhaitez prolonger l'expérience en mitonnant à votre tour quelques mets dignes de figurer sur la carte, n'hésitez pas à consulter notre catalogue en ligne vous y trouverez certainement l'inspiration ! Fac-similés de cartes de clubs révolutionnaires toulousains. - Ville de Toulouse, Archives municipales, 190W142/1. Révolution'air ! juillet-août 2017 Les archivistes ont parfois leurs raisons que la raison ignore… ! Au hasard de mes pérégrinations dans nos magasins d'archives, je suis tombée un jour sur une boîte dont le contenu m'a plus qu'étonnée un ensemble hétéroclite d'objets commémoratifs du bicentenaire de la Révolution française aérosol judicieusement nommé Parfum de Liberté », boîtes d'allumettes, sachets de sucres, cartes de jeu, tickets de métro parisien, serviette en papier, … !. En poussant mes recherches un peu plus loin, il s'est avéré que cette boîte était issue d'un versement des Archives municipales elles-mêmes les archives des Archives en quelque sorte. L'un de mes prédécesseurs, à une époque où je n'étais pas encore née, avait consciencieusement collecté un florilège de goodies comme on dirait de nos jours célébrant cet événement historique. Un seul d'entre-eux est véritablement en lien avec les fonds des Archives municipales un fac-similé de cartes de clubs révolutionnaires toulousains dont l'original est effectivement conservé dans nos locaux dans le dossier 4S46. La boucle est bouclée ! Bicentenaire de la Révolution française, 1789-1989. Carte postale couleur à caractère publicitaire, 14 x 9 cm. Édition Guy Paris 1989. – Ville de Toulouse, Archives municipales, 9Fi4381. Une bibliothèque en [r]évolution juillet-août 2017 Ah le 14 juillet ! Ses défilés, ses concerts, ses feux d'artifice… Vous comprendrez qu'on évitera soigneusement d'expérimenter cette dernière facette de la fête nationale dans notre bibliothèque. Toutefois, pour rester dans le sujet, nous pouvons vous proposer une approche plus classique », comme une sélection d'ouvrages et de revues sur la Révolution française. D'ailleurs, en parlant de révolution », notre base de données est en train de connaître certaines améliorations, pour l'instant invisibles du grand public, mais qui vont permettre d'échanger des informations sur nos collections avec d'autres institutions patrimoniales. Un projet de portail régional commun est même en préparation. Mais chut… nous vous en reparlerons bientôt. Alors, en attendant, n'hésitez pas à profiter de la pause estivale pour consulter notre catalogue en ligne et, pourquoi pas, à venir nous rendre visite en salle de lecture ! Le Miroir entièrement illustré par la photographie, Paris 4e année, n° 40, 30 août 1914, première de couverture détail. Ville de Toulouse, Archives municipales, PRE6/40. Quand la presse reflète l'actualité d'une époque juin 2017 Celles et ceux qui ont un jour entrepris de faire des études d'histoire contemporaine le savent bien hormis les sources primaires, que constituent les documents d'archives, il existe une autre mine remarquable d'informations, dont la richesse mérite bien un dépouillement souvent fastidieux la presse. Nationale ou locale, généraliste ou spécialisée, elle est toujours, et par essence, le reflet d'une société à un moment donné, le témoignage d'une époque. Malheureusement, cette ressource est très fragile. La netteté de l'impression est parfois approximative, la qualité du papier souvent médiocre et les encres typographiques particulièrement acides. Sans parler des pliages divers et successifs, des conditions de livraison et de réutilisation éventuelle, qui peuvent l'altérer définitivement et rendre plus difficile sa conservation. Pour essayer de préserver ce qui peut l'être avant l'autodestruction programmée, la Bibliothèque nationale de France a lancé depuis quelques années un plan de numérisation des titres de presse à l'échelle du pays. Avec ses partenaires, comme le pôle associé Midi-Pyrénées, elle organise le traitement des collections expédiées sur ses chaînes de numérisation, consultables ensuite dans Gallica. C'est ainsi qu'un hebdomadaire national, curieusement » nommé Le Miroir, est devenu accessible en ligne. Notre collection l'est ainsi devenue à son tour. Boucherie des Puits-Clos, projet de transformation de la devanture, 1947. Ville de Toulouse, Archives municipales, 708W3 détail. Miroir, mon beau miroir ! juin 2017 Dis-moi qui a la plus belle enseigne ! Telle était la supplique quotidienne des agents du service de l'Esthétique Urbaine. Ce service, rattaché à la Direction de l'Urbanisme, avait pour mission de se prononcer sur les modifications de devantures de commerce, les poses d'enseignes, et plus généralement sur tous les travaux susceptibles d'impacter l'apparence générale de la cité. Une minuscule fiche de renseignements à remplir, un plan du projet, voire quelques photos de l'état initial à joindre au dossier, et le tour était joué ! Pas de chichi, avec le Bureau d'Esthétique, ça passe ou ça casse ! Porte de la Commutation au jardin des Plantes, le long de l'avenue Frédéric-Mistral. Fin 19e siècle. Vue de la porte prise depuis le jardin ; au premier plan, une femme avec une ombrelle, tenant un enfant par la main. Photographie N&B, 9 x 12 cm. Ville de Toulouse, Archives municipales, 1Fi5337 détail. Mamma mia ! mai 2017 Je dois vous arrêter tout de suite nous ne parlerons ni de comédie musicale, ni de variétés suédoises, ni même de cuisine italienne… Il faut dire que pour tous ces domaines, bien qu'intéressants, je n'ai guère de ressources à vous proposer dans la bibliothèque des Archives. Désolée, mais on fait ce qu'on peut avec ce qu'on a. En revanche, si vous cherchez quoi offrir à votre maman pour sa fête prochaine, je peux vous faire quelques suggestions… un beau livre sur les Archives et pourquoi pas ?, un ouvrage retraçant l'œuvre et la carrière de la plus grande femme photographe toulousaine du 20e siècle, un petit manuel de recettes réservé tout de même aux initiés ou bien encore, pour les It-Mums, un guide pointu sur la mode à travers les siècles. De quoi sortir un peu des sentiers battus… même si, personnellement, un joli bouquet de fleurs reste une valeur sûre. Mais au fait, et moi, quel sera mon cadeau ? Couverture du programme de la cérémonie de remise des Médailles de la Famille Française au Théâtre du Capitole sans date. Ville de Toulouse, Archives municipales, 95W243 détail. Une Maman en Or ! mai 2017 Il fut un temps où le mérite des mamans toulousaines était récompensé comme il se doit. Pas avec des colliers de nouilles ou la dernière centrale vapeur, non ! Dans les années 1940-1970, la municipalité célébrait cette fête nationale en grande pompe. Les mères de familles nombreuses recevaient un carton d'invitation pour une représentation spéciale du Théâtre du Capitole, suivie d'une cérémonie de remise de médaille de la Famille Française et d'un goûter pour les enfants. Comme en témoignent les listes des médaillées, les critères de sélection sont clairs médaille de bronze, cinq enfants minimum ; médaille d'argent, entre huit et neuf ; médaille d'or, pas moins de dix bouts de chou certaines familles comptant jusqu'à douze enfants. On en conviendra, cela valait bien une médaille. Projet de "Téléférique pour voyageurs, ligne Parc des Sports – Coteau de Pech-David", par la société Legendre et Cie, plan de la station supérieure du téléphérique. Ville de Toulouse, Archives municipales, 529W119/1/2 détail. Se déplacer sur un fil avril 2017 Décidément, l'histoire n'est qu'un éternel recommencement, notamment en matière de transports en commun. Alors qu'il est aujourd'hui question de créer un téléphérique à Toulouse entre l'Oncopole et Paul-Sabatier, en 1936, on s'interrogeait déjà sur ce mode de transport aérien. Le devis et les plans proposés par la société Legendre & Cie, conservés aux Archives municipales, évoquent une ligne de 1800 mètres permettant de rallier le Parc des Sports à Pech David en moins de 8 minutes. Cabine de 20 voyageurs et un conducteur, vitesse de pointe frisant les 5 mètres par seconde, débit horaire d'environ 150 personnes et une batterie de dispositifs de sécurité le projet avait tout pour réussir, mais n'a jamais été concrétisé. Toulouse reprendra-t-elle le fil de cette histoire ? Seul l'avenir nous le dira ! Intérieur de la Tour de Contrôle Blagnac. 28 octobre 1972. Plan rapproché de 3/4 face d'une jeune femme au téléphone épouse de Bernard Ziegler, un des pilotes de l'équipage du vol d'essai. Cliché pris lors du 1er vol d'essai de l'avion Airbus A300 B. Négatif N&B, 2,4 x 3,6 cm. André Cros - Ville de Toulouse, Archives municipales, 53Fi1997 détail. Allô ? Y a-t-il quelqu'un au bout du fil ? avril 2017 S'il est une ressource précieuse, et parfois insoupçonnée, de la bibliothèque des Archives, c'est bien sa collection d'annuaires de la Haute-Garonne. Ne vous méprenez pas, nous sommes d'accord cela fait belle lurette que les gens qu'on y trouve n'habitent plus à l'adresse indiquée, que leur numéro de téléphone a gagné au moins quatre chiffres depuis l'impression du bottin et que vous n'y trouverez certainement pas d'information sur le mystérieux correspondant qui vous a appelé hier soir sans laisser de message… Pourtant, cet outil se révèle indispensable quand on recherche où habitaient nos arrières grands-parents, s'ils exerçaient une activité particulière, ou même pour vérifier que le directeur de l'école cette année-là était bien M. Machin… Un annuaire est également bien utile quand on mène l'enquête pour savoir si des activités polluantes se sont tenues dans tel ou tel quartier ou pour localiser où se tenait telle épicerie qui figure sur plusieurs de nos cartes postales. Et en plus, on y trouve des publicités d'époque ! Alors, si désormais vous considérez d'un autre œil notre collection d'annuaires vintage », consultez-en la liste et rendez-vous en salle de lecture ! Spectacle de magie. Fonds photographique fabrique Giscard, photographie stéréo colorisée, 8,5 ₓ 17 cm. Ville de Toulouse, Archives municipales, 46Fi1375 détail. AbraCADAbra ! mars 2017 Pas de mystère, les archives publiques sont accessibles à tous, et ce depuis la Révolution française, excusez du peu ! Accessibles, oui, mais à toute règle il y a des exceptions, et dans ce domaine bien précis on les appelle délais de communicabilité ». En effet, tout document qui comporte des informations protégées sera infailliblement soustrait aux regards des citoyens pour une durée allant de 25 à 120 ans selon les cas. Le plus souvent, la restriction survient lorsque les archives contiennent des données à caractère personnel, le but premier étant de protéger la vie privée de l'individu concerné. Et oui, la liberté d'accès des uns s'arrête là où commence la vie privée des autres ! Si vous souhaitez malgré tout consulter des archives non communicables, il est possible de demander une dérogation. Le précieux sésame vous sera accordé si et seulement si la consultation de ces documents ne conduit pas à porter une atteinte excessive aux intérêts que la loi entend protéger ». En cas de refus, vous pourrez toujours faire appel, abracadabra, à la Commission d'Accès aux Documents Administratifs, également compétente en matière d'archives publiques, avant de tenter, last but not least, votre chance au tribunal administratif. Diableries, n° 65 Une nuit en enfer. A. Block Paris, photographie stéréo N&B, 8,5 ₓ 17 cm. Ville de Toulouse, Archives municipales, 46Fi1412 détail. L'Enfer n'existe pas mars 2017 Cela fait maintenant plusieurs années que je vous parle régulièrement de la bibliothèque des Archives de ses ouvrages, de ses collections, de son catalogue. Elle n'aura bientôt plus de secrets pour vous. Elle reste pourtant un petit paradis hors du temps, où des ouvrages du 16e siècle cohabitent avec d'autres à peine parus, tout juste sortis des presses, dans une sorte d'osmose thématique et scientifique. Ce qui les lie, c'est l'histoire de Toulouse et de ses habitants, de sa culture et de ses industries. Elle ne connaît pas la censure. Bien sûr, elle fait l'objet d'une politique d'acquisition raisonnée elle ne peut en effet viser à l'universalité. Mais on n'exclut pas un livre à cause de sa mauvaise réputation… il n'y a donc pas d'Enfer dans notre bibliothèque. Les seules restrictions qui s'appliquent concernent l'état de conservation du document s'il est trop mal en point pour être consulté en salle de lecture, il devient alors incommunicable. Mais cet état n'est pas forcément définitif. Après un passage à l'atelier de restauration et/ou de numérisation, il peut regagner son statut, physiquement ou virtuellement. Alors, n'hésitez pas à consulter notre catalogue en ligne tous nos ouvrages vous y attendent ! Classes transplantées - Classes de Neige à Aulus. 13 février 74 [sic]. Colonie de vacances de la Ville de Toulouse, Aulus-les-Bains, Ariège. Direction de la Communication - Ville de Toulouse, Archives municipales, 15Fi1925 détail. Blanc comme neige... février 2017 Ah elles sont belles, nos jolies petites têtes blondes et pas que blondes d'ailleurs ! Elles en ont bien de la chance de pouvoir partir en classes de neige, d'admirer la montagne ariégeoise recouverte de son blanc manteau ! Cette photo a été prise par le service des techniques de communication de la mairie de Toulouse en 1974. Elle illustre la contribution de la ville aux excursions sportives des jeunes Toulousains au cours des années soixante-dix et quatre-vingts. Un fonds d'archives papier, le 40W, vient compléter ce reportage photographique. Malheureusement, ce versement a été transmis en 1988 aux Archives municipales sans avoir été inventorié au préalable. Il a été rapidement noyé dans la masse des archives contemporaines nous en sommes maintenant au versement 1238W ! seules les informations inscrites sur les chemises nous renseignent sur leurs contenus classes transplantées ; classes rousses ; classes de neige ; classes vertes ; ... ». En attendant une description plus précise, nous espérons que ces informations vous auront donné envie de découvrir la folle aventure des classes de neige toulousaines ! C'est beau, ça glisse tout seul, comme le cygne gracieux sur son lac 2016. Stéphanie Renard - Ville de Toulouse, Archives municipales, 4Num12/88. Magie blanche février 2017 Et si, traînant au milieu des rayonnages de notre bibliothèque, vous vous preniez pour... Harry Potter ? Ou Merlin l'Enchanteur ? Nous ne sommes bien sûr ni à Poudlard, ni à Camelot... et ce n'est pas dans nos magasins que vous trouverez de vieux grimoires poussiéreux. Car, vous ne le savez peut-être pas, mais nos Annales manuscrites, celles de la ville de Toulouse, sont vigoureusement protégées de ce fléau par deux gentes dames, qui par ailleurs peuvent être drôles, mais qui ne plaisantent guère avec la poussière. Ce n'est pas pour autant que les Archives sont dépourvues de magie... blanche évidemment ! En cherchant bien, on en trouve un peu partout en salle de lecture, quand un lecteur obtient LA réponse à sa question ; sur notre site Internet, quand on imagine que des documents du 14e siècle sont désormais accessibles de presque partout dans le monde en seul un clic ou un petit peu plus... ; dans notre bibliothèque, où quelques ouvrages de magie vous attendent... Alors, n'hésitez plus, venez vous émerveiller devant nos trésors et... Abracadabra ! Extrait du reportage Vie des Archives », 2016. Stéphanie Renard - Ville de Toulouse, Archives municipales, 4Num12/20 détail. J'en ai plein le chariot... » janvier 2017 Lorsque vous entendez de la part d'un archiviste Ah, j'en ai plein le chariot ! », ne vous méprenez pas, ce n'est pas une preuve de découragement ! C'est qu'il ne chôme pas, tout simplement il collecte, classe, transporte et déplace sans relâche, véritable Sisyphe des temps modernes ! Et le dénominateur commun à tout cela, c'est le chariot, bien sûr ! Fidèle compagnon de l'archiviste, le chariot se devra de répondre à un cahier des charges des plus précis. Il devra être assez large mais pas trop, inutile de rester coincé entre les rayonnages et maniable avec des roulettes dignes de ce nom, pas celles des caddies de supermarché. Si c'est à l'outil que l'on reconnaît le bon artisan, c'est au chariot que l'on reconnaîtra le bon archiviste, enfin, on peut l'espérer ! Collecte Classement Transport Déplacement Vue 331 Vue 14 Vue 97 Vue 125 BORDES, François dir.. Ils observaient les étoiles... » cinq siècles d'astronomie toulousaine, Toulouse Mairie de Toulouse / Archives municipales, 2002, première de couverture détail. Ville de Toulouse, Archives municipales, US/ Chariot, casserole, ourse. Petite ou grande. Et si on parlait d'astronomie ? janvier 2017 Ah, la nouvelle année ! Avec ses bons vœux, ses bonnes résolutions, son horoscope... enfin là, je m'égare un peu. N'étant pas Madame Soleil ou sa réincarnation, ce n'est pas ici que vous trouverez les dernières prédictions de votre signe pour 2017. Désolée. En revanche, pour ce qui est des conjonctions de planètes, des alignements d'étoiles, voire des trajectoires d'objets volants plus ou moins identifiés, la bibliothèque des Archives a peut-être quelques pistes à vous proposer. Elle compte en effet plusieurs ouvrages techniques d'astronomie, ainsi que des monographies sur l'histoire de cette science particulièrement développée dans notre région. Grâce à sa situation géographique exceptionnelle, Toulouse, et plus généralement l'Occitanie, sont un lieu d'observation unanimement reconnu, et ce, depuis près de cinq siècles, comme en témoigne l'exposition réalisée par les Archives municipales en 2002. C'est pourquoi nos collections reflètent elles aussi cette identité forte. Alors, envie d'en savoir plus ? N'hésitez pas à consulter notre catalogue ! Musée des Augustins, 21 rue de Metz. 3 janvier 1896. Vue en perspective du musée et de son jardin prise depuis l'angle de la rue des Arts et de la rue de Metz. Dessin, 60 x 93 cm. Eugène Curvale. Ville de Toulouse, Archives municipales, 21Fi72 détail. Où est passée la grille des Augustins ! décembre 2016 Il fut un temps où le musée des Augustins était contenu dans un élégant écrin de fer forgé, une grille monumentale incitant les passants à venir découvrir ce temple des Arts. Telle en témoigne cette vue en perspective dessinée en 1896 par l'architecte Eugène Curvale, dont le charme bucolique donnerait presque envie de remonter dans le temps ! Mais où est donc passée la grille des Augustins ! Voilà une question qui mériterait quelques recherches, notamment au sein des Archives municipales de Toulouse. Les indices sont minces en 1951, le chef du Service Jardins et Promenades rédige une note pour avertir de l'état de délabrement du portail, qu'il estime être un danger pour la circulation du public et la sécurité des enfants jouant dans le parc. Il y a urgence, il faut agir. Quant à savoir quand la grille a été supprimée, je ne saurais vous le dire... La réponse se cache certainement dans les dossiers évoquant la réorganisation du musée des Augustins, entreprise au cours des années 1960. Ou bien d'autres auront déjà répondu à cette question, se servant de cette anecdote pour illustrer l'histoire du musée à travers les âges. Je vous ai mis sur la piste, à vous de poursuivre l'enquête ! En attendant, vous pourrez toujours aller visiter le musée des Augustins et sa toute nouvelle exposition temporaire "Fenêtres sur cour - peintures du XVIe au XXe siècle". Présentation du projet de l'équipe Almudever – Lefebre lors du concours d'architecture pour la réalisation de la médiathèque de Toulouse, vue en perspective depuis les allées Jean Jaurès, 1997. Ville de Toulouse, Archives municipales, 891W25. Pas 1, pas 2, mais 3 arches perdues ! novembre 2016 Toulouse, la ville qui fait mieux qu'Indiana Jones ! Car de l'actuelle médiathèque José Cabanis, vous ne connaissez que le projet définitif, mais il y en eu trois autres, trois arches perdues en quelque sorte ! Enfin pas tout à fait grâce aux Archives municipales, vous pourrez tout de même vous en faire une idée. Ce projet remonte aux années quatre-vingt-dix, du temps où la municipalité partit en quête d'idées pour succéder à l'imposante École vétérinaire. Un appel à candidature est lancé pour la réalisation d'un nouvel équipement culturel, une médiathèque régionale, capable de symboliser la porte Marengo sous la forme d'une arche monumentale reliant le cœur historique de la ville et ses faubourgs. Quatre cabinets d'architectes s'opposent alors dans cette compétition féroce. Un rapport d'une vingtaine de pages énonce les tenants et les aboutissants de ce concours. En introduction, on peut découvrir les attentes de la ville en sa qualité de maître d'ouvrage. Puis sont exposés les arguments des candidats, vantant les qualités architecturales et techniques de leur projet, photos en perspectives et plans à l'appui. Au final, c'est l'architecte Jean-Pierre Buffi et le cabinet toulousain Séquence qui l'emportent, reléguant aux oubliettes de l'histoire nos arches perdues... BERTRAND, Nicolas. Opus de Tholosanorum gestis ab urbe condita, Tholose Industria Magistri Johannis Magni Johannis, 1515, détail du folio 88 verso. Ville de Toulouse, Archives municipales, RES343. L'arche perdue... ou comment apporter des réponses quand ce n'est pas à nous que s'adressait la question. novembre 2016 Si l'on peut éventuellement considérer l'Arche d'alliance comme une sorte de bibliothèque des Dix Commandements, force est de constater qu'à mon humble niveau, je ne peux être d'une aide capitale dans l'entreprise de sa redécouverte. D'ailleurs, un certain archéologue chapeauté et habile à manier le fouet fait cela beaucoup mieux que moi. Cela étant posé, ici, à la bibliothèque des Archives, on peut néanmoins trouver des incunables perdus, des églises perdues, des frontières perdues et même des Heures perdues ». Comme quoi tout n'est pas toujours perdu pour tout le monde... Le tout est de savoir s'y retrouver. Et pour cela, un peu de méthode ne nuit pas. Le catalogue de la bibliothèque est accessible de plusieurs façons • par la recherche simple proposée par défaut, elle vous permet, en une seule fois, d'interroger l'ensemble des champs d'une notice bibliographique ; il faut donc choisir ses mots avec précision ; • par la recherche avancée pour les habitués », et ceux qui disposent de certains renseignements préalables, elle vous propose une approche plus classique par cote, auteur ou titre ; • par le plan de classement thématique et/ou typologique, il vous donne à voir l'ensemble des collections et vous ouvre l'accès aux notices qui y correspondent. Et c'est bien connu, rien de tel qu'un plan quand on est perdu cela peut toujours être utile... À ce propos, on vous l'a peut-être déjà dit le plus vieux plan de Toulouse, ou plutôt la plus ancienne vue cavalière de la Civitas Tolosa, figure dans l'ouvrage de Nicolas Bertrand intitulé Opus de Tholosanorum gestis » [folio 88 verso]. Il s'agit d'une représentation de la fondation de la ville, avec au centre le roi Lémosin, revêtu d'un manteau à parement et collet d'hermine, qui, muni d'un sceptre, donne ses instructions aux deux artisans maçons qui bâtissent le rempart. Mais savez-vous qui était ce mystérieux Lémosin ? Fondateur mythique de la ville, à qui l'on attribue traditionnellement le peuplement de l'Europe, il était également le petit-fils de Japhet, et donc l'arrière-petit-fils de Noé. Celui-là même qui fabriqua jadis une arche... que l'on aurait retrouvée sur le Mont Ararat, en Turquie. Mais cela, c'est une autre histoire. "Cité Madrid", étude de l'Agence d'Urbanisme de l'Agglomération Toulousaine, janvier 1986. Ville de Toulouse, Archives municipales, 379W4 détail de la couverture. Cité Madrid La petite Espagne à Toulouse » octobre 2016 La cité Madrid est située, comme son nom ne l'indique pas, non pas en Espagne, mais au cœur du quartier toulousain des Sept-Deniers. Sa construction est décidée dans l'urgence, à la fin des années trente, pour accueillir les familles espagnoles en exil suite à la prise de pouvoir de Franco. Certains de ces logements rudimentaires ne comprennent alors ni salle d'eau, ni chauffage. Avec le temps, les conditions ne sont pas améliorées, si bien qu'au début des années quatre-vingt, la ville entame un programme de réhabilitation. On fait appel à l'agence d'urbanisme de l'agglomération toulousaine pour étudier la faisabilité du projet. Si vous souhaitez découvrir tout un pan de l'histoire de cette cité, ce rapport est fait pour vous ! Vous y trouverez pêle-mêle une analyse socio-démographique de la population, la liste des équipements publics et des espaces extérieurs, une présentation des problèmes du bâti et les propositions d'amélioration envisagées. ¡Olé! Hôpital de Varsovie, actuellement hôpital Joseph-Ducuing, élévation antérieure. Phot. Chloé Baychelier, Région Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées – Inventaire général / Toulouse Métropole / Ville de Toulouse, 2007, IVC31555_20073100662NUCA détail Un château » de l'Espagne républicaine à Toulouse octobre 2016 On peut avoir été élevé dans la Manche et ne pas avoir lu Don Quichotte. De la même façon, on peut être passé devant l'hôpital Joseph-Ducuing, y avoir rendu visite à un proche malade ou à une jeune maman, et ne pas savoir qu'il est l'héritier de l'hôpital Varsovie, fondé en 1944 par les républicains espagnols exilés dans le sud de la France. Alors, pour remédier à cette fâcheuse situation, je vous invite à découvrir son histoire méconnue, singulière, pleine de rebondissements et d'implications géopolitiques. Vous apprendrez ainsi que cet hôpital, installé dans un château » de la rue Varsovie, fut d'abord un hôpital militaire, créé par les guérilleros en vue de l'opération Reconquista de España ; qu'il devint ensuite un hôpital civil destiné à soigner l'ensemble des réfugiés et des survivants espagnols des camps de concentration nazis ; qu'il bénéficia de l'aide humanitaire internationale, notamment nord-américaine, qui lui permit de développer un centre de formation pour son personnel soignant, des recherches cliniques et des campagnes sanitaires ; puis qu'en 1950, en pleine guerre froide, les médecins espagnols qui le dirigeaient furent arrêtés parce que membres d'un parti communiste étranger. C'est alors grâce à Joseph Ducuing, professeur de chirurgie à l'université de Toulouse et directeur du centre régional anticancéreux, que l'hôpital fut sauvé de la disparition pure et simple. Vingt ans plus tard, le nom du professeur lui fut donné pour lui rendre hommage. Voilà, désormais, vous en savez un peu plus. Mais pour poursuivre sur votre lancée, n'hésitez pas à consulter l'ouvrage coordonné par Àlvar Martínez Vidal disponible dans notre bibliothèque. ¡ Et promis, très bientôt, je lirai Don Quichotte ! Permis de construire, construction d'un immeuble collectif, SCI des Jardins, à l'angle des Allées François-Verdier et de la rue des Jardins, 1962. Ville de Toulouse, Archives municipales, 2 Fi 2799. PC 007 - Permis de construire septembre 2016 Lorsque la commune vous accorde un permis de construire, vous ne devenez pas subitement un agent au service secret de la mairie, non ! Vous obtenez simplement le droit d'ajouter votre pierre aux nombreux édifices que compte déjà la ville ! Et des permis de construire, il y en a plus de 64 000, qui vous attendent tels des spectres, rien que pour vos yeux, dans les entrailles des Archives municipales. Vous pouvez désormais mettre au jour ces diamants éternels grâce au moteur de recherche de notre base de données en ligne pour les bâtiments édifiés entre 1922 et 1999 ; l'année 2000 sera bientôt disponible, et venir les consulter sans attendre dans notre salle de lecture, parce qu'on ne vit que deux fois ! En revanche, pour les permis demandés entre 2001 et 2016, vous devrez vous adresser au service des Autorisations d'Urbanisme, 1 place des Carmes. Bibliothèque des Archives, magasin 6, 2016. Cliché Stéphanie Renard - Ville de Toulouse, Archives municipales. À l'heure de la rentrée littéraire, voici les nouveautés de notre bibliothèque septembre 2016 La période estivale est souvent l'occasion de nous lancer dans de grands chantiers désherbage, reconditionnement, recotation, refoulement, mise à jour de la signalétique… Bref, de quoi faire un peu de sport en attendant le réconfort des vacances bien méritées… Et cette année n'a pas fait exception. Nous nous sommes donc lancés dans la réorganisation matérielle et spirituelle ? de nos collections de périodiques. La principale difficulté de ce type de ressources est justement d'anticiper l'accroissement des collections dites vivantes » c'est-à-dire pour lesquelles de nouveaux numéros à paraître vont venir compléter ceux que nous conservons déjà. C'est un exercice d'autant plus délicat que l'espace est une denrée rare, qu'il faut s'efforcer d'optimiser. Par ailleurs, les 279 titres que nous possédons balaient un éventail assez large de thématiques. Jugez plutôt les Cahiers de civilisation médiévale côtoient la Revue du Touring-club de France, en passant par le Bulletin du Club des cartophiles de Midi-Pyrénées ou la Lettre des Amis des archives de la Haute-Garonne… Alors, pour vous proposer un accès plus simple, nous avons mis en place un plan de classement des périodiques. Vous pouvez ainsi, en quelques clics, disposer d'un panorama général de nos ressources. Une fois parvenu sur la notice du titre qui vous intéresse, vous avez même la possibilité de consulter l'état de collection correspondant en cliquant sur Voir les exemplaires bulletinés », ainsi que la liste et les références des articles qu'il contient, relevés dans notre base de données en cliquant sur Voir les articles dépouillés ». Ne reste plus maintenant qu'à vous lancer... [Portrait d'une enfant]. Entre 1871 et 1875. Portrait en pied d'une enfant appuyée sur une pile de livres, vêtue d'une robe et d'une veste sombres. Photographie collée sur carton, 9 x 5,5 cm. Eugène Delon. Ville de Toulouse, Archives municipales, 1 Fi 777 détail. Sur la route des vacances, n'hésitez pas à Partir en livre »... juillet-août 2016 Une fois n'est pas coutume, ce n'est pas que de la bibliothèque des Archives dont je vais vous parler ce mois-ci, mais d'une opération lancée par le Ministère de la Culture qui se déroulera du 20 au 31 juillet. Partir en livre » c'est son nom se présente comme la grande fête du livre pour la jeunesse. Et comme ce sont les jeunes d'aujourd'hui qui deviendront nos lecteurs de demain, il est donc tout naturel pour une bibliothécaire d'en faire la promotion çà tombe bien ce sont les soldes... alors, qu'elle soit scolaire, universitaire, ou avant tout de loisir, pratiquez la lecture ! Et encouragez vos petits camarades autour de vous les jeunes, mais aussi les moins jeunes... Prenez-vous en photo avec votre livre fétiche sur la plage, assistez à l'heure du conte dans votre librairie préférée ou laissez-vous tenter par une bibliothèque nomade au détour d'un jardin... Et si l'inspiration vous manque, ou que vous, infatigable chercheur, décidez non seulement de passer l'été au frais dans notre salle de lecture attention, elle sera fermée la deuxième quinzaine de juillet, mais en plus, d'y traîner votre neveu désœuvré, pas de problème nous avons la solution. En fouillant dans notre catalogue, vous trouverez bien une bande-dessinée, un roman d'aventures... ou un atlas routier collector. De quoi passer un bon moment en notre compagnie ! Boulevard Delacourtie. 26 janvier 1969. Vue d'un convoi transportant le fuselage de l'avion Lockheed Constellation L-1049G Super G d'Air France lors de son acheminement vers le centre d'attraction de Castelnaudary Aude depuis le site de Montaudran, cliché André Cros, négatif noir et blanc 6 x 6 cm. Ville de Toulouse, Archives municipales, 53Fi2327. Un convoi exceptionnel bien déroutant juillet-août 2016 Ceux qui suivent, depuis plus de 100 ans déjà, le Tour de France cycliste ne seront pas étonnés en matière de véhicules incongrus, la caravane du Tour tient la palme. Dans une moindre mesure, on voit aussi quelquefois passer sur nos routes de superbes yachts ou voiliers juchés sur une remorque et qui, à l'instar des saumons, taquinent les bouchons et remontent le courant pour rejoindre un nouveau port d'attache. Mais voilà, l'illustration proposée n'a absolument aucun lien avec une quelconque course à la voile ou à la pédale, car il s'agit là d'un avion certes en pièces détachées effectuant son premier envol, certes au ras du sol, entre les ateliers de fabrication toulousains et la zone de montage. Ainsi, certains d'entre vous, nés avant les années 1970, se seront-ils probablement retrouvés un beau jour nez à nez avec la Caravelle ou le Concorde, alors qu'ils évoluaient lentement dans les rues de la ville. Le photographe André Cros, que l'on apprécie particulièrement pour ses superbes clichés d'événements sportifs, aura su se faufiler dans les embouteillages afin de capturer ces étranges oiseaux encore rivés au sol et nous offrir ainsi ces beaux témoignages, vestiges d'une époque révolue. Décret du parlement de Paris sur rouleau de parchemin, portant adjudication des moulins de Lisle-Jourdain et Daux aux capitouls, 22 décembre 1515. Ville de Toulouse, Archives municipales, ii 14/6 zoom sur une partie des sceaux servant à assurer les attaches entre les différentes peaux cousues et ainsi empêcher toute falsification de l'acte. Le recyclage pour les sceaux juin 2016 Les sceaux tout le monde connaît, il y en a partout et cela depuis belle lurette ; et malgré des multiples évolutions de la diplomatique, ils ne sont pas prêts de disparaître, les grands de ce monde en font encore usage lorsqu'ils veulent valider un traité, une loi, etc. Bref, le sceau a encore de beaux jours devant lui. Mais attention, les sceaux sont fragiles par essence, et comment faire pour les préserver ? Depuis longtemps Archives et Bibliothèques se sont penchées sur le cas des sceaux et diverses recommandations ont été produites, des techniques de conservation développées, et nos restaurateurs savent parfaitement protéger et bichonner ces petites choses qui scellent les actes. Au lieu de vous présenter les dernières techniques de pointe en matière de préservation des sceaux, nous avons préféré vous montrer en image celle en usage sous l'Ancien Régime. Elle est toute simple, se fait à base de recyclage de vieux manuscrits poussiéreux sur parchemin que l'on considère inutiles* on découpe deux ronds dans le vieux parchemin qu'on va ainsi recycler, on enveloppe le sceau sur l'avers et le revers, un coup d'aiguille bien placé pour lier le tout, et le tour est joué, on obtient une ingénieuse et non moins ravissante enveloppe à sceau. Voilà un sceau qui se trouve désormais protégé des dégradations. Un conseil toutefois si d'aventure vous aviez un sceau à protéger, ne vous amusez pas à reproduire cette technique démodée et contactez votre restaurateur le plus proche. * De nos jours, l'emploi des qualificatifs vieux, poussiéreux et inutiles feront évidemment bondir tout archiviste qui se respecte. Récupération d'annuaires téléphoniques 1985. [Camion benne, place du Capitole, pour symboliser, en présence du maire, le recyclage du papier par le biais d'une campagne de sensibilisation]. Ville de Toulouse, Archives municipales, 2 Fi 4510. Le papier une invention millénaire, toujours d'actualité, facile à recycler juin 2016 À l'heure où l'on nous exhorte, à force de beaux discours, de crédits d'impôts et de malus écologiques, à sauver la planète, les baleines et les abeilles, une question cruciale se pose que peut-on recycler dans notre bibliothèque ? Les numéros en double du Bulletin d'Information du Personnel municipal ? Le mobilier ? Les lunettes de la bibliothécaire ? Il faut être réaliste on a beau avoir mis en place une bibliothèque numérique et numérisée, c'est bien le papier, inventé par les Chinois trois siècles avant notre ère, qui reste le principal support de nos documents. Alors, concrètement, quand vient le temps de désherber les collections, en retirant des rayonnages les ouvrages et les revues qui n'entrent plus dans notre champ de recherche, qu'en faire ? Tout d'abord, les proposer à d'autres bibliothèques, centres de documentation, services d'archives. On ne sait jamais on pourra peut-être les aider à compléter leurs fonds. En général, cela fonctionne plutôt bien, car cette pratique s'est beaucoup développée, tant au niveau régional avec la mise en œuvre de plans de conservation partagée qu'au niveau national grâce aux outils de consultation des états de collections en ligne, comme Périscope. Et pour ce qui ne les intéresse pas ? Alors, dans ce cas, on envoie les documents au pilon », autrement dit au recyclage. Autant le dire tout de suite, on n'aime pas çà. Pour nous, le livre n'est pas un objet comme un autre, qui prend la poussière sur les étagères ou qui passe de mode. Mais il faut bien se rendre à la raison l'espace de stockage est une denrée précieuse, qui oblige à certains sacrifices. Et puis, c'est ce qu'on appelle le cycle de la vie » le papier ainsi recyclé sert à imprimer de nouveaux livres. Hakuna Matata ! MALBREIL, François. Muséum d'histoire naturelle de Toulouse. Voyage dans les collections Carnet pictural, Toulouse Éditions Privat / Muséum, Collection Patrimoine régional », 2015, première de couverture. Ville de Toulouse, Archives municipales, 3764. Invitation au voyage... mai 2016 Dans la bibliothèque des Archives, on trouve de beaux livres sur l'architecture et le patrimoine, les expositions d'archives ou d'objets d'art..., des brochures, de la littérature grise, de la presse, des travaux universitaires, des dictionnaires et même des bandes-dessinées si si, je vous assure. Il est cependant beaucoup plus rare de trouver des ouvrages qui mêlent à la fois la rigueur d'une description scientifique des collections et le ressenti d'un artiste qui les représente. C'est pourtant ce qu'ont réalisé François Malbreil et le Muséum d'histoire naturelle de Toulouse. À travers l'ouvrage intitulé Voyage dans les collections carnet pictural », publié en 2015 pour les 150 ans du Muséum, on découvre les objets, souvent d'origine lointaine, qui ont marqué l'homme, le voyageur et l'artiste, et qu'il a retranscrits à travers ses dessins, gravures, estampes ou lithographies. Le portrait qu'il a peint de cette Malgache des hauts-plateaux », à partir d'un cliché en noir et blanc de la collection Julien, retrouvé dans la base iconographique du musée, en est un très bel exemple. À tel point qu'il a servi de première de couverture à l'ouvrage. Librairie papeterie "Aux Six Sœurs", 2 place Saint-Étienne, années 1960, vue de la façade de l'établissement sur la place. Ville de Toulouse, Archives municipales, 41 Fi 362 détail. Sœurs jumelles mai 2016 Le saviez-vous ?! Toulouse fait partie d'une grande famille ! Et je ne vous parle pas de l'Occitanie, non, mais de ses sœurs de sang, ses villes jumelles ! Car la ville rose ne compte pas moins de six villes jumelées de part le monde Bologne en Italie, Kiev en Ukraine, Tel-Aviv en Israël, Atlanta aux États-Unis, Chongqing en Chine et Elche en Espagne. De quoi programmer un véritable tour du monde pour aller faire connaissance avec les petits cousins ! Ces alliances transfrontalières peuvent vous sembler incongrues, mais elles permettent de nouer des relations amicales entre villes de taille plus ou moins équivalente et les échanges qui en découlent sont d'autant plus fructueux. Sans cela, il faut bien se le dire, la marchande de fruits secs du boulevard de Strasbourg n'aurait jamais serré la main du maire d'Atlanta et les élèves du collège de Lalande n'auraient jamais pris l'avion pour aller à la rencontre de leurs homologues chinois ! Comme quoi, on ne choisit pas sa famille, sauf dans le cas des villes jumelées ! Reproductions de vues perspective dessinées du projet de bains-douche sur la place Jean Diébold. Crédit manuscrit en bas du dessin à droite "Dressé par l'Architecte de la Ville, diplômé par le gouvernement. Toulouse le 28 décembre 1929. Jean Montariol", Ville de Toulouse, Archives municipales, 921 W 332 et 57 Fi 7. Jeu des 7 erreurs eau bas mot... avril 2016 Car il y a quelques erreurs je ne les ai pas toutes comptées... entre ces deux images ! Il s'agit en fait de deux représentations très similaires des bains-douche de Saint-Cyprien, dessinées par l'architecte Jean Montariol en 1929. Au début du 19e siècle, la municipalité fait construire cinq établissements de ce type à destination des personnes n'ayant pas accès à l'eau courante. Ces images illustrent bien l'animation qu'il pouvait y avoir autour de ces lieux de vie, les enfants qui courent, les ouvriers qui viennent se délasser après une longue journée de travail, la haute bourgeoisie qui passe au loin sans détourner le regard eh oui, elle a l'eau courante, elle.... Mais ne comptez pas sur moi pour vous donner tous les indices ! La véritable erreur, s'il en est une, ou plutôt l'heureux hasard, c'est d'avoir trouvé la reproduction couleur de cette image dans l'un des 64 000 dossiers de permis de construire que nous conservons autant dire une goutte d'eau dans un océan de déclarations d'urbanisme !. Cela s'explique par le fait qu'au début des années 1990, le bâtiment, n'ayant plus réellement d'utilité, est désaffecté, démoli puis remplacé par une mairie annexe, des locaux pour la police municipale et un parking en sous-sol. Ne subsiste de ces bains-douche que la porte en fer forgé au monogramme VT Ville de Toulouse ornée de son enseigne douches municipales » en mosaïque. NB Dépouillement informatisé des permis de construire à consulter uniquement en salle de lecture en raison des données personnelles qu'il contient. GUIZARD, Georges. De la Garonne au robinet L'eau potable à Toulouse au XXe siècle, Toulouse Mairie de Toulouse / Service des Eaux, 2006, première de couverture. Ville de Toulouse, Archives municipales, US/ Il était une fois... la Toulousaine » des eaux avril 2016 Toutes les grandes villes se sont construites au bord d'un fleuve Rome, Alexandrie, Londres, Paris, Montréal, New Delhi... Lyon et Toulouse. Pour chacune d'entre elles, il s'agissait de profiter de ses bienfaits irrigation des cultures, transport de marchandises, voie de communication, réserve de nourriture..., tout en essayant de minimiser les risques encourus invasions, épidémies, inondations.... Car si l'eau est source de vie, elle peut tout aussi facilement causer la mort. L'hygiène et la salubrité publique sont l'une des préoccupations majeures du pouvoir municipal depuis l'Antiquité apporter et mettre à disposition une eau potable de bonne qualité, c'est s'assurer aujourd'hui encore de la bonne santé de ses concitoyens. Et c'est au Service des Eaux de la Mairie de Toulouse désormais Direction du Cycle de l'eau de Toulouse Métropole qu'il revient d'accomplir cette mission au quotidien. En 2006, Georges Guizard, qui a dirigé ce service pendant de nombreuses années, est parti à la retraite. On aurait pu croire que toute cette mémoire serait perdue... C'était sans compter sur son envie de transmettre et sa passion pour son métier. Soutenu par la mairie, il a donc publié un ouvrage à la fois historique et technique, illustré mais pointu, qui appartient aux Usuels de notre bibliothèque, à consulter librement en salle de lecture ! BORDES, François. Sorciers et sorcières Procès de sorcellerie en Gascogne et Pays basque, Toulouse Éditions Privat, 1999, détail de la première de couverture. Ville de Toulouse, Archives municipales, 1253. Rugby, archives et sorcellerie bibliographie d'une promotion réussie mars 2016 Alors voilà... Tout comme le Stade Toulousain a vu partir Guy Novès, devenu sélectionneur du XV de France, c'est au tour des Archives municipales de laisser s'en aller leur directeur, désormais inspecteur général, et que l'on aurait pu mais pour d'autres raisons, évoquées un peu plus loin également surnommer le Sorcier »... Afin de faire la promotion du récent promu, il a semblé opportun d'établir la bibliographie non exhaustive, on ne sait jamais ce qu'on peut retrouver dans l'arriéré de la bibliothèque... des ouvrages et des travaux publiés par notre aimable et néanmoins barbu ancien directeur. Cette bibliographie, que vous pouvez télécharger ici, s'articule autour de quatre thématiques l'histoire urbaine, les archives et la mémoire, la photographie et les cartes postales, et... la sorcellerie. Quand je vous disais qu'il y avait des points communs… et je ne vous parle même pas de la couverture de son livre sur le sujet vous jugerez par vous-mêmes… Un indice néanmoins Jeanne Mas aurait apprécié… Mais revenons à nos moutons landais bien entendu… Les références précises et la cote des documents sont indiquées. Toutefois, n'hésitez pas à consulter le catalogue en ligne de notre bibliothèque pour y retrouver des informations complémentaires résumé, description matérielle ou observations, susceptibles de vous aider à choisir l'ouvrage convenant le mieux à votre recherche. Bon vent et bonne chance ! Magasin 3 des Archives municipales, mars 2016, Stéphanie Renard. Ville de Toulouse, Archives municipales, non coté. Quand la paperasse prend du galon ! Ou comment devenir archives historiques… mars 2016 Ah, la paperasse ! L'administration croule sous la paperasse ! Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, la production de documents administratifs n'a cessé de croître, et l'avènement de l'informatique n'y a rien changé, bien au contraire. Toujours plus de formulaires à remplir, de rapports et autres comptes-rendus à rédiger, si bien qu'on ne sait plus où donner de la tête ! Et pourtant, parmi cette masse croissante de documents, mêlant allègrement papiers et mégaoctets, sont enfouies, bien cachées, les sources de l'histoire. Au cœur de cette paperasse mal-aimée se trouve un véritable trésor, une mine d'informations que l'archiviste a pour honorable mission de révéler au grand jour. Aidé d'une armada de circulaires et d'instructions ministérielles, ce travailleur de l'ombre évalue sans relâche l'intérêt des productions administratives et sélectionne les documents qui seront promus au rang tant convoité d'archives historiques. Car cette reconnaissance, cette élévation suprême au rang de patrimoine, ne peut être décemment accordée qu'aux archives porteuses d'une valeur juridique perpétuelle et/ou d'une valeur historique. C'est ainsi que chaque jour, les agents des Archives municipales de Toulouse partent en quête de ces documents qui, de simple paperasse, deviendront les archives de demain. Carl Spitzweg. Le Rat de bibliothèque ». Huile sur toile, vers 1850. 49,5 x 26,8 cm. Actuellement conservé au Musée Georg Schäfer Schweinfurt, Allemagne. Source The Yorck Project [Licence GNU Free Documentation License via Wikimedia Commons. Vous faire la courte échelle » ou la mission du bibliothécaire... février 2016 À quoi sert une bibliothécaire ? À remplir des fiches, à ranger des livres, à répéter Chuuuuut... » en boucle toute la journée et à garder à l'œil, ses lunettes bien vissées sur le nez, les fauteurs de trouble éventuels qui oseraient s'aventurer en salle de lecture. Voilà qui semble tout de même bien réducteur comme vision du métier... Non, en vérité, le la bibliothécaire, comme tout professionnel de l'information, a pour mission d'être à l'écoute de vos attentes, de déterminer ce qui, dans les ressources dont il elle dispose, pourra vous être utile et vous aider dans vos recherches qu'elles soient professionnelles, scolaires ou universitaires, ou même personnelles, et de vous en permettre l'accès grâce à des outils et un accueil adaptés. Autrement dit, sa mission est de vous faire la courte échelle, afin que vous puissiez voir, par dessus la barrière des catalogues et des procédures particulières, les documents dont vous avez besoin. Une sorte de passeur de savoir, finalement. C'est pourquoi nous vous proposons des entrées thématiques, accessibles depuis le plan de classement de la bibliothèque, et des index spécifiques comme Bibliothèque numérisée » par exemple, destinés à vous faciliter les recherches et à vous faire apprécier encore davantage la richesse de nos collections. Alors, pensez-y la prochaine fois que vous franchirez la porte de la salle de lecture n'ayez pas peur de la personne qui vous accueille, elle est là pour vous aider !
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See other formats 1^ Je donne au prieuré de Sainte-Foi cinq sous morlans sur la course de chevaux qui a lieu à Mor- làas à la fête de Toussaint. Le prieuré était obligé de loger et de nourrir pendant trois jours le vainqueur delà course {qui vicerit cursuuï avec deux hommes de sa suite. Gaston fut un des héros des croisades. Tude- bcuf racontj qu'un jour, marchant contre les Sarra- zins avec Godefroy, Tancrède et d'autres chevaliers, les chevaux de bagage les suivaient sans garde, ce qui fut regardé comme de bon augure. L'affection des guerriers pour le cheval allait jusqu'à la superstition. L1- CHi^VAi.. 19 Ce qui passionnait surtout les esprits aux temps che- valeresques, c'était le tournois, image de la guerre, école de prouesse, divertissement de braves. Les seigneurs de Béarn, en bâtissant le château de Pau, avaient réservé ce que nous appelons la basse ville pour le caui hatailhc le champ de bataille. Ressusci- tons par la pensée un des nombreux tournois que Ton y donna. L'espace destiné aux combattants est entouré de hours, espèces d'échafiiudages en planches ornés de guirlandes de buis, de fleurs et de tentures, afin de recevoir les populations accourues de toutes parts. En ce temps-là, le choix du costume n'était pas fa- cultatif. Chaque classe de la société avait le sien, et y tenait. La variété des habillements était très pittores- que. L'écuyer ne pouvait porter d'aussi riches four- rures que le chevalier, qui avait seul le droit d'orner son manteau de soie, d'hermine et de petit-gris. La femme du peuple ne portait que des robes de laine sans ornements d'or ni d'argent. Le costume des gens de la campagne ne variait pas seulement de province à pro- vince, mais encore de village à villaJ BEARN. Foix et de Béa m. Il portait au cou un écu aux armes de Monseigneur; il avait à la main une belle épée. L'cpée fut offerte à l'évèque ; le comte prit l'écu, le montra à l'assemblée, puis en fit don avec le cheval à l'écuyer qui ôta sa cotte de maille et la livra. Le cheval de la bannière fut offert par un noble per- sonnage de la famille du comte; celui-ci portait les di- verses pièces de l'armure du défunt, jambard, cuissards, gantelets^ bassinet, et cotte de maille armoriée. Le cheval du peunon et celui de la devise furent re- mis à leur tour, l'un par un écuyer armé de toutes pièces, l'autre par un seigneur également armé et coiffé d'un cabasset de fer entouré de guirlandes et de fleurs. Alors les communautés et les seigneurs présentèrent à l'oftrande des draps d'or au nombre de 221 et des cierges au nombre de 2,251. Tous ces dons furent aussitôt placés dans le lieu destiné à cet usage. La messe dite, l'évèque d'Oloron prononça quelques paroles touchantes, et récita les dernières prières. Madame se leva ensuite de son banc et fut conduite au caveau où reposait celui qu'elle avait tant aimé et qui l'avait toujours adorée. L'accompagnaient les ba- ronnes, d'autres grandes dames et des femmes qui avaient obtenu la permission d'exprimer, selon Tusage populaire, leur vive douleur par des pleurs, des cris et des déplorations bruyantes. Dans l'ordonnance des funérailles du comte Jean, il est dit que toutes les dames suivraient l'affligée au lieu de la sépulture, pleureraient et crieraient doucement tout bas, kl scf^uiran tôt es la doues ploran et doceinent r rida h DI-S l'NTI-KKhMKNTS. 93 ti vas. l^uLir les obsèques d'Archaniband, l'autorisation avait été donnée de pleurer et de crier fort. Quand toutes les cérémonies turent terminées, les 1,200 prêtres et clercs, les abbés et les évéques se ran- gèrent à la hasalhiqiic et reçurent chaque prêtre un florin, chaque clerc 3 florins, chaque évéque, abbé ou grand clerc, un écu. En rentrant au château, on se mit à table, et les convives, dont le nombre était très considérable, trou- vèrent assez de vivres de toutes sortes et de vin pour boire et manger complètement à souhait conipIcUvnen à plascr. Tout le peuple fut invité au repas, et à tous on donna la pitance, piliviça. Le lendemain, une messe lut célébrée pour les morts de la famille comtale, et, le sm-lendemain, une autre messe pour les vivants i\c la même famille. Le premier jour, il y eut trois grands repas ; le second jour, il y en eut deux ; le troisième jour, on donna à plus de cent pauvres du pain, de la viande et du vin. Pour tenir noblement, pendant trois jours, envers une foule si grande d'invités, de toute classe et de tous pays, table ouverte où l'on mangeait sans compter f^vw coude, il avait fallu faire bien des préparatifs. L'ordonnance avait tout prévu, tout réglé. On enplova 120 conques de blé pour fiiire le pain et il fallut quatre jours pour le iaire cuire. Les provisions principales consistaient en 30 bœuls, 100 moutons, 50 chevraux et 200 poules. On fait observer que, s'il n'y a que ça de poules, c'est qu'il est d'usage en pareil jour de ne pas dépenser trop de volailles, // lui j'orn no 94 LA SOC[ÉTE ET LES MŒURS EN BEARN. / despence trop poralhe. On but 25 pipes de vins 6 hec- tolitres à la pipe dont sept étaient de vin blanc. Dans les repas funèbres, même chez les princes, on ne se servait pas de vaisselle d'argent, mais d'assiettes de bois. Les évoques et les hauts seigneurs avaient seuls droit à des assiettes d'étain. Comme pour faire cuire tant de viandes, toutes les chaudières de la ville n'auraient pas suffi, l'ordonnance désigne les villages voisins où il faudra en emprunter. Il n'y avait pas de salle assez grande pour contenir cette énorme fouie de convives. On avait eu soin de se procurer d'avance assez de tables, de bancs ^ d'esca- beaux et de serviettes. Le couvert fut dressé dans toutes les chambres, et jusque sous les porches. Enfin l'ordonnance avait prescrit des mesures pour la bonne exécution du service ; elle recommandait de se procurer un nombre suffisant de domestiques et de choisir dans le pays des personnes connues, afin que les étrangers fussent bien soignés que lotis eslrangers si an pi à a pensat. II L'histoire des funérailles des seigneurs de Béarn deve- nus rois de Navarre et lorsque de cette royauté le titre seul leur fut resté, cette histoire serait trop longue. Les Etats votèrent souvent, dans ces occasions, des fonds extraordinaires. Par exemple 4,000 écus pour les obsè- IiS ENTKRKliMENTS. 95 qucs de Jean d'Albert '. Les litats participèrent égale- ment aux frais des funérailles de Marguerite de Valois-'. Il y eut des difficultés de préséance aux honneurs fu- nèbres de la reine de Navarre, entre les pays de Béarn et de Foix \ De la cour de France et de divers pays était venue une foule considérable de person- nages; le roi de France s'était fiiit représenter. C'est lui qui, d'accord avec le roi de Navarre, fixa le rang que devaient occuper les grands seigneurs et régla l'ordre de la cérémonie. Le vicomte de Lavedan était le i^rand maître du convoi. Après la duchesse d'Lstouteville, le duc do Montpensier, M. le Prince, le duc de Nemours, le duc d'Aumale, le duc d'Estampes, le marquis du Maine et M. de Rohan. Les grands deuils étaient conduits par le duc du Vendômois, le comte de Caraman, qui descen- dait d'Isabeau de Foix portait la couronne royale; deux gentilshommes portaient le sceptre et la main de justice. Le vice-chancelier de Navarre et les trois plus anciens conseillers tenaient les coins du drap mortuaire. Les Etats de Navarre, de Foix, de Béarn, de Bigorre et de Nebouzan assistaient en corps aux funérailles i\ la ca- thédrale de Lescar. L'eifigie de la reine, vêtue de noir, fut étendue sur une estrade dans une chapelle ardente. De Thou * rapporte qu'en 1388 Vejji^ie du duc de Joyeuse fut portée dans les funérailles, honneur qui n'c- ' Aicliivcs de Pau C. CSo. • IbiJ., C. 38 i. ' Ibid., C. ôSj. * Livre X. C. h - 8 114 LA SOCIÉTÉ ET LES MŒURS EN BÉARN. dues démontrent sa sagesse et ses sentiments d'hu- manité. Guiraude Biélère avait blessé méchamment Bertaud deCarresse, curé de Castagnède. Un acte notarié cons- tate que Gaston condamna le coupable à ne plus entrer de sa vie au presbytère, à payer dix florins et à ve- nir le dimanche, pendant la grand'messe, en chemise, offrir au curé, en lui demandant pardon, une torche de cire de dix livres. Un trésorier concussionnaire fut condamné par le même Gaston Phébus à payer 25 florins et à demander pardon an peuple, à genoux, à l'église. Cette peine d'amende honorable était tout à fait dans les idées béarnaises . Ramonet de Garde avait frappé un moine de Lucq auquel il reprochait de grosses injures. Un acte de notaire de Lescar, daté de 1419, rapporte qu'il n'eut d'autre punition que d'aller en chemise devant la porte de l'église demander pardon et déclarer que le moine n'avait jamais traité sa femme ni sa belle-mère de ce qu'on disait... Depuis Gaston Phébus, aucun acte de cruauté ne tache la mémoire des souverains du Béarn. Les fiers barons féodaux, dans leurs châteaux à hautes tours, à larges fossés et à pont-levis, commirent- ils des horreurs en Béarn ? Aux vieilles déclamations contre la tyrannie seigneu- riale, il est d'abord facile d'opposer les principes trop oubliés de l'ancienne chevalerie office principal de che- valier est de soutenir femme veuve et orphelins , et hommes mal aisés et non puissants. MŒURS SEIGNEURIALES. I I > On a dit que hi rnfTale n'était pas plus dans la tctc des Béarnais que dans l'atmosphère de leur pays. Or, avant la llévolution, on vantait leurs inaHicrcs aisées, leur politesse séduisante ^ leur noblesse sans orgueil et leur peuple sans grossièreté. Ces éloges de la douceur des mœiu's béarnaises sont justifiés par l'histoire. Il nous est resté plusieurs testaments du xiV^ siècle ; j'en ai publié /// extenso. Le testateur, en général, fiiit aux pauvres des legs considérables. Parfois il ordonne la vente de sa vaisselle et de ses jo3'aux pour que le produit en soit distribué en bonnes œuvres ; il laisse ses beaux vêtements pour l'ornement des églises ; il n'oublie pas les mendiants et les pauvres filles sans dot; il songe aux défunts. Ainsi, dans son testament de 1392, Pées de Laxague laisse de l'argent pour être partit et distribuit aux paubres niendicans, et à paubres punceles maridar, et en niissas cantar en loc de pietat per ma anime et per tôles las aninws que io soy tengut. Les documents hitoriques et la tradition fournissent la preuve que le seigneur béarnais cherchait à être le père et non le tvran de son village. Lorsque l'heure d'abolir le servage eut sonné, Henri II et Marguerite Tirent les plus généreux etïorts pour qu'il n'y eût plus de serfs sur leurs terres. La résistance à cette tentative d'affranchissement général vint des serfs eux-mêmes. La liberté qu'on leur offrait à bon marché ne les séduisait pas. Sans doute ils devenaient libres, mais ;\ la condition de travailler pour vivre. Qui les soignerait en cas de maladie ? dui Il6 LA SOCIÉTÉ HT LES MŒURS EN BEARN. les nourrirait dans la vieillesse ? Qui marierait leurs • filles ? QjLii leur donnerait un toit pour s'abriter ? Qui leur assurerait le pain quotidien ? Henri II voulut prouver qu'il établissait l'égalité entre les serfs et ses autres sujets il fit entrer un serf dans la noblesse, malgré de grandes résistances du procureur général de la cour de Béarn. Les seigneurs de Béarn avaient intérêt à se faire aimer de leurs sujets. Il leur en coûtait cher d'être mal vus par eux. En tête du vieux For du pays, on raconte qu'an- ciennement le Béarn n'avait pas de seigneur. Les Béarnais en choisirent un en Bigorre. Au bout d'un an, comme ils en étaient mécontents, ils le tuèrent, et en choisirent un autre en Auvergne. Celui-ci se montra trop orgueilleux, la cour de Béarn le fit mettre à mort par un écuyer qui le férit d'un tel coup d'épieu que l'arme ressortit par le dos. Il me semble que ce début du For devait vivement impressionner les seigneurs. Anciennement, il y avait en Béarn douze barons, C'étaient de puissants hommes ; ils composaient la cour majeur et tenaient à la fois dans leurs mains le -glaive de la justice et celui de chevalier. Un jour le baron de Mirepeix se montra dur pour les pauvres. Et voici ce que dit là-dessus le vieux For Item judice lo seignor de Mirepeix qui si auguus deu da diers et no los posque pagar que posque et fo déposât de judice qui era deus doutée de Bearn. Idem a jugé le seigneur de Mirepeix que si quelqu'un doit de l'argent et ne peut MŒURS SKIGNiURIALiS. II7 le payer, il faut qu'il puisse, et il fut déposé de la qua- lité de juge, et il était l'un des douze de Béarn. » On a publié un livre sous ce titre Un baron béarnais au xVa^ siècle. QjLiand bien même un baron aurait com- mis des horreurs, ce ne serait pas une raison de répé- ter ab II no disce onines. En matière historique comme en matière judiciaire, il ne sulïït pas de dire la vérité, il faut la dire toute- entière. Pour juger une affaire, surtout une affaire poli- tique, il ne faut pas se contenter d'une pièce unique, en l'isolant de celles qui peuvent en modifier l'impor- tance, ou en détruire la valeur. J'ai examiné, avec mes habitudes de magistrat, le dossier de l'affaire du baron de Coarraze. Il se compose de cinquante -sept pièces réunies aux archives des Basses-Pyrénées'. Ce dossier n'est, d'ailleurs, pas com- plet et l'on courrait risque de se tromper si on ne tenait compte des influences sous l'empire desquelles l'affaire a été instruite et jugée, par deux cours, en sens con- traire. Il importe d'abord de bien connaître les faits. Ils ne sont pas racontés dans la procédure, ils sont constatés par riîistoire. François Phébus, roi de Navarre et seigneur de Béarn, mourut jeune à Pau. Sa sœur Catherine lui suc- céda, sous la régence de sa mère Madeleine. Jean de Foix, vicomte de Narbonne, père de ce t'ameux duc de Nemours surnommé V Achille français, voulut intro- ' K. ri Il8 LA SOCIÉTÉ ET LES MŒURS EN BEARN. duire la loi salique en Béarn. Il organisa donc une conspiration à Pau, et tenta de faire comprendre aux Béarnais qu'il leur valait mieux prendre pour seigneur un chevalier qui put les défendre que deux Jîlaridiêres c'était son expression. Louis XII, beau-frère du vicomte de Narbonne^ désirait faire passer la couronne de Navarre sur la tête du duc de Nemours, qu'il affection- nait particulièrement. J'ai raconté toute cette histoire ' dont l'aftaire du baron de Coarraze n'est qu'un épi- sode. Gaston de Foix, baron de Coarraze, avait pris parti pour le vicomte de Narbonne ; il paraît qu'il s'enten- dait avec le roi de France. Catherine et Jean d'Albret redoutaient ce voisin puissant et rebelle. Il ordonnèrent une information contre lui. Le baron présenta requête pour s'y fliire représenter par procureur. Ordre lui fut donné de com- paraître en personne ; mais il n'eut garde d'aller se mettre aux mains de ses ennemis. Sa terre fut immé- diatement saisie par Gaillardet de Lavignole, viguier de Pau. L'irritation du roi de Navarre était visible; il voulait perdre le baron révolté l'enquête eut lieu sans que le baron fut admis à se faire défendre. Cette enquête^ qui a été publiée sans commentaire, prêterait fort à la critique si elle était examinée par un juge impartial. Les témoins qui déposent sont parfois très suspects. Ciarmontine, âgée de trente ans, déclare qu'elle a été la maîtresse du baron ; elle ajoute qu'elle Voir Navarre française, t. I. p. 271. MŒURS SEIGNKURIALES. II9 n'aurait rien dit contre lui s'il l'avait bien payée etc.. QjLiels sont, dans cette enquête, les faits assez prou- vés pour que la justice pût les retenir ? Sept. Un seul est relatif à un acte d'immoralité non prévu par notre code pénal; les six autres sont relatifs à la conspiration ourdie contre le Roi de Navarre, en faveur du vicomte de Narbonne ou du duc de Nemours. Gaston de Foix a-t-il promis de livrer son château de Coarraze d'abord au vicomte, ensuite au roi de France ? A-t-il proféré des menaces contre la reine de Navarre ? N 'a-t-il pas mis son château en état de guerre ? N'a-t-il pas agi constamment contre les intérêts de Jean et de Catherine ? Voilà l'accusation vraie. On redoute le voisinage du château de Coarraze le baron est déclaré par défaut coupable d'avoir troublé le repos public, et son château est brûlé sans retard ni merci. Le baron, si durement traité par le roi de Navarre, était fort protégé par le roi de France. Il s'adresse au parlement de Toulouse qui, ayant quitté cette ville in- festée par la peste, siégeait à Montauban. Pierre Ferrant, un des juges de Pau, qui avaient condamné le baron, se trouvait à Montauban pour des affaires personnelles. Le parlement réclama de lui toutes les pièces du procès et, sur son refus formel de les communiquer, le fit ar- rêter et mettre en prison. Ferrant parvint à s'évader, et, dès qu'il tut à Saint-Gaudens, il porta plainte au pape et lit appel au prochain concile Qîcuménique. Devant le parlement de Toulouse, le baron de Coar- 120 LA SOCIETE ET LES MŒURS EN BEARN. raze gagna complètement le procès qu'il avait non moins complètement perdu à Pau. Un arrêt, en date du 1 1 jan- vier 1507, déclare le roi et la reine de Navarre coupables du hmslement du château de Coarraze; en conséquence, les condamne à cent pistoles d'amende envers le roi de France, à 5,000 livres de dommages-intérêts envers le baron et à la reconstruction du château dans le délai de quatre ans. De plus, Gaston de Foix était délié, sa vie durant, de la juridiction du roi de Navarre et de la fidélité qu'il lui avait promise. Cet arrêt, qui portait atteinte à la souveraineté du Béarn et aux droits de Jean et de Catherine, fut l'objet de longues discussions. Les Etats de Béarn soutinrent vivement leurs seigneurs et l'indépendance nationale; le roi de France menaça, par lettres patentes, de faire exécuter par la force l'arrêt rendu en faveur du ba- ron de Coarraze. L'exécution en fut ordonnée le 17 juin 1509. Mais^ en ce moment-là même, un événement im- prévu fit tout-à-coup succéder à l'inimitié la plus vio- lente la réconciliation la plus complète. Louis XII per- dit son neveu le duc de Nemours à la bataille de Ra- venne {13 12 et il sentit la nécessité d'une alliance avec Jean et Catherine contre Ferdinand le Catholique. Le traité fut signé le 17 juillet 13 12. Le même jour, l'arrêt du parlement de Toulouse fut cassé, et personne ne contesta plus l'autorité du seigneur de Béarn. Lorsque toute l'afîaire est ainsi expliquée, il n'est plus logique d'en conclure que Gaston de Foix était un odieuxtyran de village, et il n'est pas surtout juste défaire MŒURS SKIGNKURIALKS. I 2 1 entendre que tous les barons de Bcarn étaient taillés sur le même modèle. Que dit donc l'histoire ? Est-ce que les seigneurs féodaux ne commirent jamais de violences? Non pas. Elle dit seulement que le Béarn avait des tors qui ac- cordaient au peuple plus de garanties qu'ailleurs contre les violences des grands. Les vieux fors racontent qu'un seigneur élail très orgueilleux^ et ils approuvent qu'on l'ait mis à mort; ils racontent qu'un baron fut un juge trop dur et ils approuvent qu'on l'ait dégradé. Même en admettant que le baron de Coarraze ne dût être jugé que sur l'enquête fliite en son absence, il n'en résulterait qu'une chose la punition sévère qui l'avait atteint par le brusknienl de son château. Or, c'est le seul château brûlé par autorité de justice comme châtiment de l'inconduite d'un baron du pays. Dieu nous garde de fausser l'histoire pour calomnier la mémoire des anciens chevaliers béarnais, braves et doux entre tous ceux de leur temps. CHAPITRE XIV LA SORCELLERIE Histoire de la sorcellerie. — Un génie télégraphiste. — Thiltres d'amour. — Compte rendu d'une affaire de sorcellerie devant le conseil souverain. - Prétendus sorciers brûlés vifs au XIV^ siècle une sorcière béarnaise en 1882. - Transformation moderne de la sorcellerie. La croyance à la magie, à la sorcellerie remonte aux premiers siècles du monde ; peut-être ne finira-t-elle jamais. On la rencontre chez les anciens et chez les modernes, chez les Hébreux, les Grecs et les Romains, comme chez les Barbares. Elle existe encore, plus ou moins, chez tous les peuples de la terre, aussi bien à Naples qu'en Laponie. De nos jours, des juges ont condamné des sorciers. Le Neiu-York Herald nous a appris qu'une vieille femme indienne avait été lapidée, en décembre 1872, comme sorcière, en vertu d'une condamnation à mort prononcée par le conseil de Pina- Met, État de Nevada. LA SORCELLKKIK I23 De récents travaux ont paru sur la sorcellerie en I3éarn. J'avais trouvé dans les anciens manuscrits de Larcher de curieux détails sur des pratiques supers- titieuses que je croyais spéciales à nos régions pyré- néennes ; mais en relisant le livre de Bodin et d'au très ouvrages de démonologie, j'ai été surpris de trouver ces superstitions populaires répandues partout avec de légères variantes. De Lancre, dans son livre fameux et bizarre de Fln- constarice des Démons s'occupe des Basques et non des Béarnais. L'histoire des superstitions qui, par leur ori- gine et leur caractère, n'appartiennent qu'au Béarn, exige un triage qui n'est pas sans difficulté. Une quarantaine de textes de pièces relatives aux sorciers, ont été extraits des archives des Bassses- Pyrénécs. Les laits embrassent une longue période^ du 20 juillet 1392 au 19 mars 1671. Personne ne doute que les sorciers n'aient été jadis traqués en Béarn comme dans toute la France. Mais, comment ces affaires étaient-elles discutées et jugées ? Sous quel aspect se présentaient-elles ? 11 est intéressant de le savoir. Froissart raconte ' coiiiincnl Pierre de Béarn fui ma- lade par janlôme, et aussi '' eommetil un malin esprit, nommé Orlon servit pour un temps le sire de Corasse et lui rapportait nouvelles de par tout le moniie d' hu\ à len- demain . ' Liv. m, ch. XIV. 2 Liv. m, ch xxii. 124 LA SOCIÉTÉ ET LES MŒURS EN BÉARN. Cette dernière histoire est trop longue; elle a été trop souvent répétée pour être reproduite ici dans tous ses développements. Froissart paraît profondément convaincu de Texac- titude de ce qu'il rapporte Le sire de Coarraze avait eu, devant le pape à Avignon, un procès contre un clerc. Il le perdit, mais malgré toutes les supplications et les menaces du clerc, il ne voulait pas exécuter la sentence. Or, une nuit que le sire était couché avec sa femme, messagers invisibles commencèrent à bûcher et à tempêter tout ce quils trouvèrent parmi ce chastel, en telle manière quil semblait qu'ils dussent tout abattre, — La dame est fort effrayée ; mais le sire asse^ hardi pour attendre toutes aventures ne sonnait mot, car il ne voulait pas montrer courage d'homme ébahi. Bref, il découvre que c'est un messager du clerc qui lui jouait ce tour. Il par- vint à s'attacher ce messager invisible qui lui déclara se nommer Orton. Orton s'énamoura tellement du seigneur de Coarraze, qu'à nuit passée, il venait lui conter à l'oreille les nouvelles de ce qui se passait en Angleterre, en Ecosse, en Allemagne, dans les Flandres, en Bra- bant, en Hongrie et autres lieux. Lorsque le sire de Coarraze allait voir Gaston Phé^ bus, il l'émerveillait en lui contant ce qui s'était passé la veille dans les pays lointains. Un télégraphe n'eut pas mieux fait. L'ébahissement du comte de Foix est facile à com- prendre. Il excita la curiosité du sire et lui conseilla de chercher à voir ce nouvelliste mystérieux. Le sire se mit à solliciter Orton de se laisser voir. Orton refusa LA SORCELLKRIE. 12 longtemps et finit par lui dire la première personne chose que vous verrc{OH enconlrere{deniain an matin quand vous soudre^ de votre lit, ce serai-je. Le matin, il eut beau chercher, il ne vit rien. Le soir, il se plaignit à Orton /// n'es qu'un lourdeur. Orton répondit Rappelez-vous bien ce que vous avez vu ? » — Je n'ai vu que deux longs fétus sur le pave- ment qui tournaient ensemble et se jouaient. — Lh bien ! c'est dans cette forme-là que je m'étais mis. Regardez demain. Le matin, en se levant, il vit une truie haute et maigre comme il n'en avait jamais vu. Il lui lança les chiens. La truie jeta un cri, regarda le sire de Coarraze et s'évanouit. Depuis, Orton n'a plus reparu. Cette croyance aux génies invisibles apportant les nouvelles des lointains pays paraît avoir été assez ré- pandu dans nos contrées et ailleurs. Almanzor perdit en 998 une bataille sur les frontières de Léon et de Castille et ne survécut guère à sa défaite. 3r, le jour même où les musulmans avaient été vaincus et bien qu'aucun messager n'eût humainement pu fran- chir la distance du lieu du combat à Cordoue, un homme, vêtu en pécheur, parcourut les rues de la ville, d'une voix lamentable, d'abord en arabe, ensuite en espagnol^ la perte de la bataille. Ow accou- rut, on voulut s'approcher de cet homme Soudain, il s'évanouit, » CHAPITRE VII UN DRAME VECU AU CHATEAU Personnages Catherine de Navarre. — Corisande. — Palma Cayet. — Sully. — Henri IV, personnage muet. Pau cesse d'être capitale. Comme toutes les grandes demeures féodales , le château de Pau a été le théâtre de sanglantes tragédies et de drames mystérieux. On raconte qu'un jour Montgonmery fit passer d'un repas au trépas de braves gentilshommes à qui d'ailleurs il avait promis la vie sauve. Au lieu de rapporter ce que l'histoire a consigné, faisons revivre un véritable drame vécu. La scène se passe au château. Personnages Cathe- rine de Navarre, Corisande, le comte de Soissons, Sully, Palma-Cayet. Personnage muet Henri IV. Catherine avait le cœur aussi sensible, mais plus constant que son frère Henri IV. Dix ou douze princes sollicitèrent sa main. Le roi faisait bon accueil à tous, mais ne voulant déplaire à aucun, il n'arrêtait pas UN DRAME VECU AU CHATEAU. I93 son choix. Celui de Catherine était fliit. Elle aimait le comte de Soissons qui, après avoir gagné l'affection d'Henri IV, encourut toute sa haine. Catherine, qui avait donné son cœur, n'était pas femme à le reprendre pour le porter à un autre. Son amour profond résista pendant vingt-six ans à tous les efforts faits pour l'amener à y renoncer. Henri IV adorait sa sœur, mais il était résolu à em- ployer tous les moyens pour empêcher ce mariage. Co- risande prit parti pourHenri, tant qu'elle en fut aimée; lorsque sa beauté fut flétrie et son amant infidèle^ elle prit parti pour Catherine. Corisande était une femme supérieure. A Pau, elle occupait une haute situation; elle pleurait toujours Henri qui l'avait tant adorée, mais elle cachait ses larmes et ne montrait pas son dépit. Le peuple la saluait lors- qu'elle traversait les rues de la ville. Elle ne sortait, même pour aller à l'église Saint-Martin, qu'avec un cortège qui paraîtrait aujourd'hui bien bizarre elle était accompagnée d'un mercure, d'un bouffon ^ d'un More, d'un basque avec une robe verle, d'un nia^ot appelé Bertrand, d'un page anglais, d'un barbet el d'un laquais. Son influence était grande au château. Elle était la confidente, le conseil, l'intime amie de la régente. Palma-Cayet était aussi fort considéré à la cour béar- naise^ c'était un homme d'une immense érudition. Savant et poète, il a composé des ouvrages fort esti- més. Il avait été à Genève l'élève et le prosélyte de Calvin; il finit par se convertir et mourut docteur de la faculté de théologie de Paris. A Pau, il était ministre i3 194 LA SOCIÉTÉ ET LES MŒURS EN BÉARN. protestant attaché à la princesse qui le tenait en estime et affection. On a sérieusement accusé Palma-Cayet de s'occuper de sciences occultes, d'avoir fait un pacte avec Satan sons le nom de Terrier, prince des esprits sou - terrains. Ce qu'il y a de certain, c'est qu'il avait de l'esprit comme un diable. Sully, qu'il ne faut pas appeler ici l'austère Sully, joue le vilain rôle. Les personnages sont connus. Ils vont agir. Corisande devient pressante Catherine ne pouvait point laisser passer sa jeunesse sans conclure son union avec le prince qu'elle aimait. Une fois le mariage accompli, Henri chérissait trop sa sœur pour ne pas tout lui pardonner. Catherine cède à ces raisonnements qui répondent si bien aux désirs secrets de son cœur. Le comte de Soissons et la princesse de Navarre signent en bonne et due forme une promesse de ma- riage. Palma-Cayet est appelé pour célébrer la cérémonie nuptiale. Il refuse. Il ne fera rien sans les ordres du roi. Le comte insiste. Palma-Cayet reste inflexible. Après les promesses, viennent les menaces a Obéis, dit le comte furieux en tirant son épée, obéis ou je te tue.» — J'aime mieux, répond Palma, périr de la main d'un prince en faisant mon devoir, que de la main du bourreau après avoir trahi mon maître. » Henri apprend que sa sœur a signé à son insu, la pro- messe de mariage avec un prince qu''il accusait de con- voiter sa couronne avec l'aide du pape et du roi d'£s- UN DRAME VÉCU AU CHATEAU. 195 pagne. Il donne des ordres sévères. Le sieur de Pangeas, président du conseil souverain de Béarn, se rend au château, en chasse le comte et met des gardes autour de la princesse, afin qu'elle ne puisse se laisser enlever. Soissons promit à Pangeas de se venger, mais il n'en tira qu'une tardive et mesquine vengeance l'ayant un jour rencontré à Poatoise, il le fit roule r du haut d'un escalier. Le roi, inquiet et tourmenté du traité signé par Ca- therine, appelle Sully, lui ordonne de partir pour Pau et de rapporter cet acte. // me prit un fré/nissenient, dit Sully, quand je reçus cet ordre. Le roi ne voulut rien écouter, il fiillut obéir. Mais lorsqu'il fut seul, Sully réfléchit aux difficultés de sa mission. Faire renoncer Catherine à épouser Soissons est impossible si l'on n'y emploie que de douces paroles et des moyens honnêtes. Il fiiut user d'artifices. La fourberie lui répugne sans doute ; mais il faut plaire au roi, et l'austère calviniste trouve des accommodements avec sa conscience. Après tout, c'est rendre service à Catherine que de conjurer les mal- heurs que l'irrégularité de sa conduite peut attirer sur elle et sur le royaume. Sully prend le rôle de fourbe et le joue à merveille. Il redouble d'amabilité auprès de Madame; elle le retrouve plus charmant, plus empressé que jamais. Sully savait que du Perron avait de l'influence sur la princesse ; il gagna complètement sa confiance, afiec- tant un air d'insouciance qui éloignait tout soupçon, si bien qu'au moment de p.itir, il n'avait encore rien 196 LA SOCIÉTÉ ET LES MŒURS EN BÉARN. dit. Enfin, comme cédant au besoin de s'épancher dans le cœur d'un ami, il a l'air, sous la promesse formelle du secret, de lui faire une confidence le roi s'était beau- coup apaisé ; il aimait sa sœur et ne voulait pas la rendre malheureuse ; bref, pour qu'il donnât son con- sentement il ne restait plus que quelques difficultés faciles à aplanir. Du Perron fut pressé de tout raconter à la princesse et àCorisande. Sully avait bien compté sur cette indiscré- tion. Il feignit d'être à la veille de son départ et vint prendre congé de la princesse qui lui fit le meilleur accueil. Corisande épuisa toutes ses séductions pour qu''il prit le parti de Catherine et qu'il les aidât à ter- miner le mariage. Sully le lui promit avec tant de cha- leur d'agir que Corisande l'embrassa avec élan. Alors, on retint Sully ; on ne douta plus de son concours les deux amoureux lui en auraient une éter- nelle reconnaissance. Mais, au moment où on croyait tenir Sully, il se refroidit subitement ; il éprouvait le regret d'avoir commis une imprudence ; il ne disait plus rien, comme s'il en avait trop dit. Catherine et Corisande mettent tout en œuvre pour le flûre parler ; enfin il paraît vaincu par leurs caresses il lui est impossible de rien cacher. Le roi, dit-il, n'aurait pas été fâché que le comte de Soissons, prince du sang, épousât sa sœur, puisque sa sœur adorée l'avait préféré à tout autre. Mais ce qui l'avait profondément blessé, ce qu'il ne lui pardonnait pas, c'était de vouloir épouser sa sœur contre son aveu. > UN DRAME VI'XU AU CHATEAU. I97 — Que f^iire, alors, dit Corisnndc ? Sully se tait et paraît réfléchir profondément. Catherine et Corisande, dupes de cette sincérité ap- parente, le pressent, le supplient de leur dire comment on pourra calmer le roi. Sully se tait toujours. Enfin, à de nouvelles instances, il répond Vous avez aigri le roi en manquant de confiance envers lui; vous pou- vez gagner son cœur en adoptant le système contraire ; il faut vous en remettre entièrement à lui ; sacrifiez- lui cet engagement qui l'a tant irrité; faites-lui une déclaration constatant que vous renoncez à vous ma- rier sans son consentement, et je vous assure qu'après cet acte de complaisance, il ne s'écoulera pas trois mois que le bon Henri ne soit heureux de combler vos dé- sirs et de cimenter une union, d'ailleurs^ bien as- sortie. » La déclaration demandée coûtait à si2ner il ne fal- lait pas seulement la signature de Catherine, il fal- lait aussi celle du comte de Soissons. Sully parvint à lever tous les obstacles, donnant sa parole d'honneur qu'il ne remettrait jamais l'écrit au roi si les choses tournaient autrement qu'il comptait. Sullv ne livra pas cette déclaration à Henri IV, mais il s'en servit pour empêcher l'union qu'il avait promis de favoriser. Le dernier acte du drame, c'est la fureur du comte de Soissons contre Sullv. Mais cette fureur, bruyante autant qu'impuissante, n'cnipécha pas la rupture du mariage d'être définitive. Lorsque son tronc lut atlormi et sa gloire complète, 198 LA SOCIÉTÉ ET LES MŒURS EN BÉARN. Henri IV voulut dédommager sa sœur des peines qu'i lui avait causées. Il l'appela auprès de lui. Depuis ce jour, Pau cessa d'être une résidence royale, et la société royale y prit fin. CHAPITRE VIII L ENLEVEMENT DE LA FIANCEE Aveu t lires d'Amie de Fonteiuoret et de Jean de Piiy Giiyon. Dans le cours des xv^ et xvi'' siècles, à côté des grandes figures de chevaliers comme Gaston de Poix et Bayard, on trouve des hommes qui faisaient bon marché de la vie humaine, qui enrôlaient les spadas- sins aussi disposés au rôle de bandit qu'au métier de soldat. Le pays de Béarn était trop petit, le seigneur était trop puissant pour que la répression des violences et le châtiment des coupables y fussent diOicilcs. En France, au contraire, et surtout en Italie, la justice ne pouvait atteindre tous les grands criminels. Voici un drame qui ne se passait pas à la cour et qui nous lait voir que le malheur des temps s'étendait aux diverses classes de la société. Anne de Fontemoret, unique héritière du sire de Parcy, était à la fois jeune, belle et riche. Aussi les 200 LA SOCIETE ET LES MŒURS EN BEARN. prétendants étaient nombreux. Plus d'un fut éconduit. En ce temps-là , bien des hommes regardaient un refus comme un affront, et la vengeance paraissait licite. Un brillant écuyer, Jean de PuyGuyon, maître d'hôtel de Jean d'Albret, roi de Navarre, conçut le désir de gagner le cœur d'Anne de Fontemoret et d'obtenir le consentement de sa mère, Jeanne de Laporte. Les articles et convenances du futur mariage furent ré- glés d'un commun accord, les fiançailles célébrées avec pompe. Mais on décida qu'avant la bénédiction nuptiale on ferait un voyage ; Jeanne de Laporte désira que h fiancé fût content de les amener dans sa maison, en France loin de Pau . Le voyage fut long, mais charmant au début. Rien n'abrège les heures comme les tendres propos et les rêves d'amour entre deux cœurs prêts à s'unir pour toujours. Non loin de Tours, ils naviguaient sur la Loire, s'arrêtant dans les hôtelleries, qui bordaient le rivage, pour y prendre leurs repas et se reposer. Un jour qu'ils sortaient joyeux de l'une de ces hôtelleries, des cava- liers se jetèrent tout à coup sur eux, enlevèrent la de- moiselle et disparurent. Jean de Puy Guy on, désarmé par surprise, accablé par le nombre, n'avait pu s'op- poser à ce rapt odieux. Mais Jeanne de Laporte en avait reconnu l'auteur. C'était du Mesnil, frère puîné du sieur de Maupas. Plusieurs fois il avait demandé la main de la jeune fille pour laquelle il éprouvait une L j;nlivhmknt di-; la i-ianche. 201 passion violente ; son âge, sa personne, son caractère brutal avaient fait repousser ses sollicitations. Du Mesnil jura de se venger. Informé de l'arrivée des fiancés en Touraine, il ne recula pas devant un enlèvement à main armée. Jeanne de Laporte s'adressa au parlement de Paris. Sa plainte y fut accueillie. Un arrêt condamna du Mesnil à être pendu, et ses complices à une amende de 4,000 livres; mais les coupables n'avaient eu garde de comparaître. Cependant, la mère et le fiancé ont reconquis la jeune fille. Ils ont hâte de fuir ces rivages maudits et de revenir à Pau ; mais voici que, repassant au même endroit, ils voient avec terreur une troupe d'hommes armés en guerre, les arbalètes bandées et les traits dessus. Une voix terrible s'écrie Tue^le, tiiC/^-Ie! et aussitôt une grêle de flèches s'abat sur Puy Gu3^on. Le fiancé eut beau résister, la mère crier au secours ; la jeune fille se rouler à terre en poussant des cris la lutte ne fut pas longue. Puy Guyon put s'échapper; mais les assaillants, taisant cette fois main basse sur les bagages, l'or, l'argent, les bijoux et le trousseau valant mille écus, garrottèrent solidement la mère et la fille, qu'ils emportèrent au château de Maupas. Là, on renvoya la mère. L'écuyer tenta vainement de recourir à la justice toutes ses réclamations restèrent sans résultat. Vovant l'insuccès de ces démarches, il se retira chez le sire d'Al- bres, puis rejoignit le roi de Navarre qui n'était pas très bien en ce moment avec le roi de l'rancc, Louis XII. 202 LA SOCIETE ET LES MŒURS EN BEARN. La mère désolée ne pouvait pas s'éloigner des lieux où sa fille était retenue captive. Elle tenta des efforts inouïs pour la revoir. Elle parvint un jour à se glisser sous un déguisement dans la chapelle où, pendant la messe, elle aperçut enfin la pauvre Anne de Parcy. Mais Anne était bien gardée; à partir de ce moment, elle ne reparut plus dans aucune église. Brisée de douleur, Jeanne de Laporte finit par aller rejoindre Puy Guyon qui avait repris ses fonctions à la cour de Navarre. Ce fut pour y mourir. Une commu- nauté d'infortunes lui avait encore rendu plus cher celui qu'elle avait choisi pour son fils. C'est entre ses bras qu'elle expira, emportant la promesse formelle que le fiancé sacrifierait tout pour la délivrance de sa fiancée.. L'écuyer avait trop d'honneur pour manquer à sa parole ; il avait trop d'amour pour ne pas hasarder sa vie, afin de reconquérir celle qu'il avait tant pleurée. La cour de Navarre ne manquait pas de braves ca- valiers, avides de périlleuses aventures. Plusieurs s'at- tendrirent aux récits de l'amant malheureux, et lui promirent le secours de leur épée. A la tête de ces amis dévoués, Puy Gu5^on entreprit un long et difficile voya- ge. Il n'était pas bien fixé sur le lieu où se trouvait le château de Maupas. On y arrive enfin. Il saute de cheval et frappe à la porte ; mais le guetteur l'a recon- nu et refuse d'ouvrir. Il enfonce la porte, pénètre dans le château, se livre avec ses compagnons aux plus mi- nutieuses recherches Anne de Parcy ne paraît point. Cependant, un sayon de satin et un pourpoint de da- L ENLEVEMENT DE LA ELANCEE. 20 3 mns cramoisi disent assez qu'elle était là. La dame de Maupas crut qu'on venait l'outrager, a Mademoiselle, lui dit l'écuyer, je ne suis pas venu ici pour faire dom- mage à votre personne ni à vos biens. Je garderai qu'il ne soit rien touché de ce qui est à vous. » Mais toutes les perquisitions restèrent sans résultat Anne de Parcy, à la première alerte, avait été conduite dans un château éloigné. Puy Guyon revint à Pau plus désespéré qu'il n'en était parti. Quatre ans s'écoulèrent. Il fut un jour, obligé d'al- ler à Dax, qui était terre française. A peine y était-il arrivé qu'en vertu d'un ordre de la chancellerie, il était arrêté et mis en prison. Voici ce qui s'était passé Le sire de Maupas, cachant les circonstances du rapt et les fiançailles d'Anne de Parcy, s'était plaint à la justice de la violation de son domicile et des violences commises par une compagnie d'hommes d'armes organisée pour le crime et le pillage. Ajour- nement avait été donné à Puy Guyon pour comparaître devant le parlement de Paris. Mais l'écuyer qui était déjà à cent cinquante lieues de distance, n'avait eu aucun avis de l'information. 11 ignora l'accusation portée contre lui, ut jugé par contumace; la sentence devint définitive, et, lorsqu'on l'arrêta, il eut beau réclamer, sa plainte ne put être entendue. Dans le cachot oii il était enfermé, Puy Guvon avait perdu toute espérance. Un prince étranger le vit, en visitant la prison ; il l'interrogea et fut frappé de la sin- 204 L'^ SOCIÉTÉ ET LES MŒURS EN BEARN. cérité de ses paroles, et, usant du droit de grâce dont il joussait pour première venue et joyeuse entrée, il lui rendit la liberté. Tous ces faits, exactement résumés, sont extraits d'une pièce des archives des Basses-Pyrénées, ayant pour titre lettres de grâce et de rémission accordée à Jean dePuyGuyon, prisonnier à Dax, par Philippe, archiduc d'Autriche, à son entrée dans le royaume, suivant le pou- voir qui luy avoit esté donné par le roi, 2 1 janvier 1 501 ^ » 1 Archives de Pau, E. 1 1 . CHAPITRE IX LES EAUX DES PYRENEES Antiquité des Bains des Pyrénées. — Les bains de Bagnères-de-Bigone déclarés lieux d'asile. - Un drame au xiye siècle. — Ordonnances pour les bains de Caiiterets et d'Ossaii an moyen âge. — Henri II et Marguerite à Cauterets. — Aventures d'une excursion à Barîges. — Eloge des eaux Olhagaray, du Bartas. — Satire d'Auger Gaillard. — Les frotteurs ; médecine et sortilège. — Catherine de Médicis et Elisabeth d'Espagne. — De Thon et les buveurs d' Eaux- Bonnes. — Le marquis de Gontaut à Barèges. Là merveilleuse vertu des sources minérales était connue dés la plus haute antiquité Hippocrate l'a pronéc et Pline a parlé des eaux chaudes des Pyré- nées. Les Romains ont laissé des monuments de leur pas- sage à Bagnéres-de-Bigorre, des témoignages de leur reconnaissance envers les Nymphes de la montagne qui leur donnaient la santé Nxniphis pro salulc. Les thermes qu'ils avaient construits disparurent du- rant la période barbare ; mais le malade est trop dési- reux de revenir ;\ la santé perdue pour négliger ce qui 206 LA SOCIÉTÉ ET LES MŒURS EN BÉARN. peut la rendre. Aussi le moyen âge ne dédaigna pas Bagnères et Cauierets. M. le docteur Dejeanne s'est occupé, avec beaucoup de zèle ei; de talent, des antiquités des établissements thermaux de Bagnères il a publié le texte d'un règle- ment de 13 17 sur la police des bains, accompagnant le texte d'une traduction. Alais pour bien interpréter les chartes bigorraises, il flmt connaître à fond la vieille langue et les vieilles mœurs du pays. M. Dejeanne a commis peu de fautes dans sa traduction, mais il en a commis au moins une il a traduit que les bains sien sau- bedat par que les bains soient bien gardés. Le docteur Honnorat dans son Dictionnaire provençal français, tra- duit sauvetat, salvedat, par lieu de santé, lieu d'asile. Les mots salvitas, saubedat, dans la langue locale, sont sou- vent employés dans les Fors de Bigorre et dans plusieurs chartes de nos contrées que Ducange et Carpentier ont citées dans leur Glossaire. Or, le droit d^isile était évi- demment accordé aux bains de Bagnères, puisque le docteur Dejeanne traduit lui-même un peu plus loin que tout homme ou femme, pauvre ou riche, de la ville ou étranger, soit sauf et en sûreté, en entrant ou en sortant, dans l'eau ou hors de l'eau, à côté ou aux alen- tours des dits bains ». Des peines sévères étaient édic- tées contre ceux qui commettaient des crimes contre les baigneurs ou qui altéraient la pureté de l'eau des bains. Dans ces temps de violences et de vengeances, il était commode d'aller attaquer dans la baignoire son ennemi désarmé et sans défense. Le docteur Dejeanne et M. Fr. Soutras ont à ce sujet publié un très eu- LKS EAUX DES PYRÉNÉES. 207 ricLix document intitulé Un Procès criminel à Bagnèrcs en ij2. Raymond deus Frais, condamne à mort pour avoir assassiné un individu dans le bain, fut conduit d'abord près du bain où il avait commis le crime ; là fut proclamée la sentence rendue contre lui ; puis il fut mené de rue en rue et dans tous les carrefours ; au son de la cornj qui attirait la foule, publication était faite que celui qui agirait comme le patient serait puni comme lui, et, après avoir été trainé jusqu'à la potence, le meurtrier}' fut pendu. Les eaux de Bagnères n'étaient pas les seules fré- quentées dans les Pyrénées. On a dit que les moines du moyen-âge n'aimaient pas les bains parce que les païens les aimaient trop, et qu'il préféraient comme moyen curatif l'exercice que procuraient les pèlerinages. Sans doute les chrétiens, à la ditîérence des Romains ou des Musulmans d'Espagne, ne regardaient pas les bains comme une des voluptés de la vie ; mais l'Eglise, en soulageant les souffrances de l'âme, n'a jamais dé- daigné les moyens que la Providence et la science met- taient à la disposition de l'homme pour le soulagement des souffrances physiques. L'origine antique de Cauterets est prouvée ' ; maintes lois, des bulles pontificales furent accordées à Vbopital de ce lieu, et les rèi^lcs cl ordonnances per los buinos cl Cabanes de Caiilares sont connues. Un moine de Saint-Savin était, de temps immémorial, obligé de ' Voir nuU-c Moiio^i;rjyliic Je \\ 120 et suivantes. 208 LA SOCIÉTÉ ET LES MŒURS EN BÉaRN. résider dans la maison des bains, ainsi qu'un maître chirurgien ; les cabanes étaient louées aux enchères ; si les cabaniers faisaient des distinctions entre les riches et les pauvres, les cabanes leur étaient retirées ; tous les comestibles devaient être publiquement vendus sur la place, on ne pouvait aller les vendre dans les mai- sons, à cause, est-il dit, de certains abus qui se commet- taient ordinairement au préjudice des pauvres et des étran- gers et pour d'' autres considérations. De notre temps, où l'égalité est inscrite partout, sans être pratiquée nulle part, elles seraient bien venues les ordonnances qui, dans les stations balnéaires, prescri- raient de ne faire aucune distinction entre les indigents et ceux qui ont beaucoup d'argent à dépenser ! Les rois d'Aragon et de Navarre allaient jadis cher- cher aux eaux thermales de Cauterets la guérison de leurs maux. Mais il y avait des eaux plus voisines de Pau les Eaux- Bonnes et les Eaux- Chaudes que Jeanne d'Albret, Henri IV et Catherine de Navarre protégeaient et prirent en prédilection. Les jurats de Laruns ne négligèrent rien pour attirer leurs souverains dans ses sauvages montagnes et pour leur en rendre le séjour agréable. La première chose était d'approvisionner de vivres ces lieux stériles, de difficile accès. Comme à Cauterets, les maisons des- tinées aux baigneurs s'appelaient Cabanes. Les jurats de Laruns louaient aux enchères le monopole de la vente des vivres pendant les saisons thermales ^ * Archives des Basses-Pyrénées, E. 1861. LES EAUX DiS PYRENEES. 209 Maigre la modicité du prix il paraît que les ma- lades s'endettaient souvent en allant aux eaux. Dans un registre de notaire de 1523 à 1525 ', se trouve le testament d'Augustin Tahon qui déclare devoir cinq sols à Noël de Bcudat pour dépenses aux Eaux de Cau- tère ts. Henri II ramena d'Italie des soldats blessés par les arquebuses, armes nouvelles alors. Les eaux sulfureuses les guérirent, et le roi de Navarre appela les Eaux- Bonnes, eaux d'arquehusade. Des femmes longtemps stériles trouvèrent aux Eaux-Chaudes la réalisation de leurs vœux ; on appela ces eaux ciuprcgnadcres . Dans une lettre à François P"", Marguerite s'ex- prime ainsi Encore que l'air chault de ce pays de- voit ayder au roi de Navarre, il ne laisse pas de se ressentir de la chute qu'il prist ; par le conseil des médecins à ce mois de may s'en va mettre aux baings de Cautercts, ou il se fait tous les jours des choses merveil- leuses. Je me deslibére^ après m'estrerepouséececaresme, d'aller avec luy pour le garder d'ennuy et foire pour lui ses affaires ; car tant que l'on est aux baings, il fault vivre comme ung enfant sans nul soucy. » Et voici le commencement de VHeplaniérou f. 68 1. - Archives, l"^. 187J. 214 LA SOCIÉTÉ ET LES MŒURS EN BÉARN. empêchait les personnes i^morantes et crédules d'ap- procher des montagnes fréquentées par les fées, Bor- deu ajoute que, sous Jeanne d'Albret,les Eaux-Chaudes étaient déjà très célèbres. Montaigne, dit-il, les prati- quait et les aimait, et les appelait Gramontoises K » Parmi les baigneurs et les visiteurs, il ne faut pas oublier les auteurs et les poètes du temps de Henri IV, qui les mirent en faveur en célébrant leurs vertus. Olhagaray ^ vante les Aiguë s-Bonnes . Qui pouvait assez louer, dit-il^ les Aigues-Caudes, sujet assez^ ample, pour quelque brave médecin^ d'une œuvre admirable pour la postérité. » Du Bartas a écrit ces vers très connus Or, comme ma Gascogne heureusement abonde En soldats, bleds et vins, plus qu'autre part du monde. Elle abonde de même en bains non achetés, Où le peuple estranger accottrt de tons côtés. Où la femme brehaigne, où le paralytique, L'ulcéré, le goutteux, le sourd, le sciatique. Quittant du blond soleil l'une et l'autre maison, Trouve sans déhoiirser sa prompte guérison. Encausse en est témoin, et les eaux salutaires De Cauderets, Barège, Aigues-Chaudes, Baignères, Baignères la beauté, l'honneur, le paradis De ces monts sourcilleux Elle n'a pas maison qui ne semble être neuve ; L'ardoise luit partout, chaque rue a son fleuve Qui clair comme cristal par la ville ondoyant, Va toute heure qu'on veut le pavé balayant. . . . ;.. Henri II, dit-on, aimait certaine dame à laquelle il aurait donné une chaîne d^'or faisant trente fois le tour du cou, si Jeanne d'Albret ne l'eut pas gagnée en chantant au moment où elle mettait au monde Henri IV. Marguerite aimait tant à écouter et à conter les. anecdotes grivoises qu'on l'a accusée de s'être permis elle-même beaucoup de grivoiseries. — Elle admirait beaucoup, et elle a bien pu aimer un peu, son valet de chambre, Clément Marot, qui, à travers des images poétiques^ laissa percer pour la reine de Navarre un sentiment plus tendre que le respect. On peut voir,, disait-il Que je suis serf d'un monstre fort étrange, Monstre, je dis, car pour tout vrai, elle a Corps féminin, cœur d'homme et tête d'ange. Quant à Antoine de Bourbon^ le désordre de sts> mœurs était un scandale qu'il ne se donnait même pas la peine de cacher. En tête des pensionnés de la reine Jeanne figure M. de Comminge, bâtard de son époux. Les ennemis du mari n'avaient, du reste, pas man- qué d'avertir la femme. Des lettres violentes lui disaient qu'Antoine se laisse mener par un tas de gens desquels la dépravation ne peut apporter avec soi aucun de bon fruit, si ce n'est de toute dissolut ion , paillardise^ ido- lâtrie ». MŒURS BEARNAISES SOUS LES ROIS. 233 D'après L'Estoile, Antoine de Bourbon était sifacile, si indolent, si voluptueux, qu'une intrigue d'amour lui faisait abandonner les plus grandes affaires du monde. Ses amours avec Iseult de la Béraudière sont trop connues pour les rappeler. Jeanne d'Albret, si vénérée des calvinistes, passa pour avoir eu une austérité de mœurs qu'on a souvent mise en contraste avec les désordres de son mari. Ce- pendant, les pamphlets de l'époque lui ont reproché ses amours avec le ministre Merlin qui vint s'établir près d'elle, à Pau, dès qu'elle fut veuve. Elle contracta ensuite un mariage, fait à petit bruit, avec un de ses gentilshommes, M. de Goyon, qui la rendit mère. Les ministres protestants les plus dévoués regardèrent ce mariage secret comme entaché d'irrégularités qui ne furent jamais rectifiées '. Les catholiques n'ont pas épargné Henri IV avant sa conversion, ni les huguenots^ depuis qu'il eût abjuré. C'est à Pau que le bon roi trouva les premiers com- pagnons de sa valeur, et sa correspondance révèle sa prédilection constante en fiiveur de ses premiers sujets. Cependant, voici ce qu'on lit dans une brochure du temps intitulée V Advcrlissemcnt des catholiques de Bcarn aux catholiques français Connaissant de longue main à nostre dam le poil du loup qui tâche de vous charmer pour après vous égorger, nous avons estimé être de nostre devoir de vous descrire le naturel de la bcstc, afui que, vous ' Ih'uri IV, vie priv.'c. ch. xxiv, y. 272. 234 LA SOCIÉTÉ ET LES MŒURS EN BÉARN. tenant sur vos gardes, elle n'ait moyen de vous endom- mager. Depuis vingt ans, il a appelé un million d'étran- gers pour butiner et partager votre royaume... C'est lui qui a pillé et démoli 20,000 temples et 2,000 mo- nastères, c'est lui qui a fliit mourir, tant en guerre que par divers supplices, jusqu'à 1^600,000 hommes; c'est lui qui a fait abattre 900 hôpitaux; qui depuis Taver- tissement flùt à la noblesse en 1580, avec les protesta- tions qu'il réitère, a tait vendre les prêtres l\ l'encan et les délivra au plus offrant, afin que les huguenots eussent sur qui exercer tout à loisir leur diabolique fureur. — Il se croit roi de France ; c'est une maladie de ceux qui sont estropiés du cerveau de se dire rois du premier pays qu'ils avisent et de se fiuitastiquer des seigneuries en l'air... Gardez-vous de confier vos poules à ce renard » . Ils y allaient bien, certains insulteurs de ce temps- là!... Les amours de Henri IV sont une longue histoire qui a de tristes chapitres. Lisez^ dans les Mémoires de Marguerite, ce qu'elle dit de Fosseuse, que son mari avait conduite sans elle à Eaux-Chaudes. Quelle in- constance ! Et Corisande, comme il l'abandonna quand elle fut devenue grosse, grasse et rouge de visage ! Les désordres de sa femme Marguerite peuvent seuls soutenir le parallèle avec le scandale de ses mœurs ! Les chroniqueurs et les romanciers du temps en sont pleins. Ils sont entrés dans le détail des raffinements inouis de luxure qu'elle mettait à recevoir des amants. Après avoir prodigué ses fîiveurs aux personnages les MŒURS Br,ARXAlSI-S SOUS LI-S ROIS. 235 plus illustres, clic descendit jusqu'au iils d'un chaudron- nier, le musicien Villars; et elle afficha tellement cette passion qu'on baptisa l'amant du surnom de roi Mivxot ! Heureusement, à cette cour de Navarre^ il est d'autres tableaux. Les historiens sont tous d'accord à reconnaître les mœurs irréprochables de Jean d'Albret. Jean était heu- reux à Pau où les mœurs béarnaises lui permettaient de vivre comme en flimille avec ses sujets, d'avoir avec eux une familiarité que les mœurs espagnoles, n'eussent pas autorisée. Comme roi, la fermeté lui eut, certes ! plus servi que la bonté pour garder sa couronne ; mais comme seigneur de Péarn sa bonté suffit pour le taire adorer. Henri II admirait et respectait Marguerite. Il l'en- tourait d'hommages, à cause de François P'' son frère et à cause d'elle-même. S'il y eût entre eux quelque divergence d'idées, il exista toujours entre eux une grande communauté de sentiments et une affection réciproque. Henri II fut inconsolable de la mort de sa femme. La chasteté de Marguerite avait été mise en doute, mais les travaux de la critique moderne ont démontré la fausseté des soupçons jetés sur sa vertu. Sa vie fut chaste, pieuse, exemplaire. C'est chose aujourd'hui ju- gée par l'histoire. Du reste, Marot a pu dire d'elle liî chasteté, elle excède Lucrèce. Les expressions qui nous choquent et qui ne sont plus admises dans la bonne compagnie, étaient jadis. 236 LA SOCIÉTÉ ET LES MŒURS EN BÉARN. étalées partout sans choquer la pudeur publique. Le fond des contes de la reine de Navarre a toujours une certaine moralité. Et depuis quand juge-t-on exclusi- vement de la moralité des auteurs par celle de leurs- romans ? Antoine de Bourbon eut sans doute une conduite qui ne fut pas toujours exempte de reproches; mais avant de mourir il montra son repentir et sa grandeur d'âme. Il fut frappé d'un coup de feu dans une posi- tion ridicule, mais c'était au moment où il allait mon- ter à l'assaut. Il n'était pas seulement le plus aimable des hommes, il était aussi l'un des plus vaillants. Car, dit Brantôme, de cette race de Bourbon, il n'y en a pas d'autres ». Jeanne d'Albret éprouva de sa perte une vive dou- leur que Palma Cayet, alors auprès d'elle, raconta ainsi La royiie Jeanne tstoit pour lors à Pau, Qui entendant ce désastre nouveau Devint en soy de faict toute éperdue Et à peu près en eust l'ame perdue. Elle se mist de grand zèle en prière ; Qj-i'ainsi en fut sa façon coutumière C'étoit de faire oraison au Seigneur, Qu'il la gardât de mal et déshonneur. Jeanne était austère dans ses principes et sa manière de vivre. Si elle n'a jamais paru désapprouver les cruautés commises par son farouche lieutenant Mont- gonmery, il ne faut pas oublier à quel point les pas- sions religieuses, mêlées aux passions politiques, étaient surexcitées en Béarn, au xvi*^ siècle. L'adversaire de MŒURS BEARNAISES SOUS LES ROIS. 237 Montgonmery, Montluc, n'ctait pas tendre, lui non plus. Qi-iant au mariage secret de Jeanne avec M. de Goyon, les ministres protestants les plus éclairés qu'elle avait consultés avaient répondu, en 1571, que cette union devait être régularisée. Mais, au moment où Jeanne s'occupait du mariage de son fils, elle ne pou- vait s'occuper du sien elle mourut en 1572, et le comte de Goyon périt pendant la Saint-Barthélémy. La reine Margot avait été élevée dans une cour où la vertu ne brillait pas. Ses aventures galantes ont été nombreuses ; mais, de son temps et de nos jours, on lui en a prêté beaucoup. Oiielle imagination que celle de certains romanciers ! Qui pourrait, par exemple, croire à cette historiette de Tallemant des Réaux Elle pendait tous les soirs à un crochet, qui fermait à cadenas, derrière le dossier de son lit, un grand vertugadin qui avait des pochettes tout autour, en chacune desquelles elle mettait une boëte où était le cœur d'un de ses amants trépassés; -car elle était soigneuse à mesure qu'ils mouraient d'en faire embaumer le cœur. » Une librairie pornographique de Bruxelles a fait réim- primer le Divorce salyriqiie. On ne doit pas s'arrêter à des accusations d'une grossièreté repoussante. Marguerite reprochait à son mari de sentir l'ail ; mais Henri avait été élevé parmi les paysans de Coar- raze. Et, sans atténuer ce qu'il y a eu de scandaleux, au point de vue moral, dans les amours du vert-galant, il faut bien reconnaître que la galanterie du bon Henri 238 LA SOCIÉTÉ ET LES MŒURS EN BÉARN. a contribué, tout autant que ses victoires, à sa popu- larité. Les rois de ce temps -là pouvaient donner de mau- vais exemples ; mais, il fliut bien le dire, on les imitait beaucoup plus que l'on ne s'en scandalisait. LIVRE TROISIÈME LA SOCIÉTÉ BÉARNAISE SOUS L'ANCIEN RÉGIME CHAPITRIi PREMIER LA COUR A B A N D O X \ H P A U Epanoiiissi'iih'iit de J'i'spn'l hcaniais. — Lutte contre le roi. — Que- relles religieuses pamphlets et satires. — Les queues de renard. — Voyacre héroïque de Bordeaux à Pau. — Conversion générale des huguenots de Pau. E départ de Catherine de Navarre fut une révolution pour Pau déshérité de son titre de capitale. Subitement, tout changea d'aspect. Le salon du château n'a- vait pas de rival il dominait, il dirigeait, il absorbait tous les autres. Dès qu'il fut fermé, plusieurs autres s'ouvrirent. La société, 240 LA SOCIÉTÉ ET LES MŒURS EN BEARN. une jusque-là, s'éparpilla, se divisa en plusieurs petites sociétés ou coteries. L'autorité royale n'avait pas de contradicteurs ; elle faisait taire toutes les petites riva- lités de famille ou d'influence qui surgirent aussitôt avec une violence d'autant plus grande que le feu des querelles religieuses se ranima tout à coup. Mais rien de violent ne dure^ en Béarn et à Pau sur- tout. L'esprit français avait envahi la cour de Marguerite, importé en Béarn des idées et des modes nouvelles. L'ancien régime fut, au contraire, l'ère de l'épanouisse- ment de l'esprit béarnais. Pau, petite ville parlementaire, aristocratique, gar- dant des traditions de courtoisie et d'élégance, était trop loin de Versailles pour trop ressentir l'influence de la cour des rois de France. Pau eut donc sa vie propre, sans beaucoup d'éclat, mais avec un cachet spécial d'originalité et de pittoresque. Sous la reine Jeanne, les huguenots s'étaient empa- rés des biens ecclésiastiques. On en réclama la restitu- tion, dès que la persécution eut cessé. Henri IV cher- cha à calmer les impatiences, à réconcilier les esprits ; Louis XIII voulut parler en maître, et ne fut pas écouté malgré tous les édits et tous les ordres du roi, les huguenots trouvaient que ce qui avait été bon à prendre était bon à garder. La lutte fut ardente entre les cathoHques que sou- tenait le roi de France et les protestants qui avaient pour eux la possession et l' influence des autorités lo- cales. LA COUR ABANDONNE PAU. 24 1 Le Béarn se trouva donc divisé en deux camps, où Ton se battit, heureusement ! à coups d'épigrammes beaucoup plus qu'à coups d'épée. Jamais on ne fit à Pau plus grande dépense d'esprit et de malice. Chaque jour voyait éclore quelque nouveau pamphlet^ auquel succédait une réponse immédiate. A peine le Moine avait-il paru, qu'on voyait paraître V Anti-moine. Les habitants de Pau, en ce temps-là, devaient être fort instruits, car on leur servait autant d'épigrammes en vers grecs et latins qu'en vers français et béarnais. Il yaurait quelque attrait à exhumer ces écrits éphémères qui, après avoir fait un jour beaucoup de bruit, sem- blent tombés dans l'éternel oubli, si l'on pouvait fiire comprendre les traits piquants de l'esprit d'autrefois, sans recourir à des longs commentaires sur des per- sonnes et des faits dont il reste peu de souvenirs. Bor- nons-nous à donner une idée de la poésie de Pau à cette époque. Un des pamphlets, qui lit le plus grand tapage, avait pour titre la Mouche. Un arrêt du 25 avril 161 5 ordonna qu'il serait brûlé par la main du bourreau. Ce fut alors une pluie d'épigrammes. Hn voici une qui parut en français avec sa traduction en béarnais Moiisqiie casti^iulii quoin luil Per goardàa que hissa no ponsqiies, Bc couiiilàii piiloiit qiioiii à Pau Eutciicn à biras las nioiisqiifs. C'est-à-dire 242 LA SOCÉITE ET LES MŒURS EN BEARN. Mouche punie comme il faut A cette fin que rien ne touches, Va-t-en pubHer tout haut Qu'à Pau on chasse bien les mouches. Louis XIII, voyant son autorité méconnue, expédia en Béarn un commissaire cliargé de faire exécuter ses ordres. C'était un conseiller d'Etat, nommé Renard. Les huguenots résolurent de s'en débarrasser, en lui faisant peur sans lui faire de mal. Ils l'accueillirent à coups de fusils chargés à poudre. Ces détonations per- pétuelles étaient désagréables aux oreilles du commis- saire il fut fort effrayé de voir sa maison assiégée par des hommes armés, portant des queues de renard atta- chées à leurs bonnets, et vociférant Au renard ! à la chasse au renard, forçons le renard dans sa tanière ! » L'envoyé du roi se trouva très heureux de pouvoir fuir; on ne demandait pas mieux. Les catholiques répondirent aux huguenots, fiers du succès de leur équipée Béarn, un prudent commissaire, Ne t'a pu réduire au devoir ; Il sera doncque nécessaires Que le roi conquérant t'aille voir. Sa présence qui tant étonne Apprendra la rébellion. Qu'où la peau du renard n'est bonne On y coud celle du lion. En effet, pour pacifier le pays, il fallut que le roi de France s'y rendit avec une petite armée. Un prince qui^ de nos jours, traverserait le grand dé LA COUR ABANDONNF- PAU. 243 sert du Sahara n'obtiendrait pas le quart des éloges que l'on décerna à Louis XIII pour avoir traversé les sables des Landes. Le voyage de Bordeaux à Pau cinq heures à peine de train express, maintenant exigea plusieurs jours de marches pénibles *. L'enthousiasme des historiographes ne connaît pas de bornes pour célé- brer l'héroïsme du jeune monarque passant à travers des routes impraticables et des lieux inaccessibles, via- rum asperitaleSf loca avia et inaccessa, dans l'immensité et la stérilité des déserts, vastilatein, steriliîatemet solitii- dinem, avec le danger de mourir de faim, pahuli et co- mcaliis penuriain. Lorsque Louis XIII eut fiit triompher sa volonté, et que la restitution des biens ecclésiastiques fut opérée, les huguenots se virent vaincus. Ils sentirent la nécessité de se tourner du côté d'où venaient toutes les faveurs. Les questions d'intérêt une fois résolues, les questions de conscience furent promptement tranchées. Il y eut encore quelques querelles théologiques et quelques hommes indomptables dans leurs convictions. Ce fut tout. Ln cherchant à soulever les protestants de Mon- tauban et de la Rochelle, Lescun fut pris les armes à la main, condamné par le parlement de Bordeaux, et exé- cuté. Mais les Béarnais se laissent facilement entramer par le parti le plus fort. Pour plaire i\ la reine Jeanne, ils avaient plus facilement abandonné la foi de leurs pères que les Basques et les Bigorrais. Il ne fiillut pas ' Voir notre relation complète du voyage de Louis XIII, d'après les documcnls contemporains conservés ù la Bibliothèque Maza- rine. — {Mcmorial Jes Pyrénées, iSjy, 244 LA SOCIÉTÉ ET LES MŒURS EN BEARN. plus d'efforts ni de temps pour expulser le calvinisme qu'il n'en avait fallu pour l'introduire. Au bout de quelques années, il ne restait plus à Pau une seule fli- mille protestante. Louis XIII, entrant en conquérant, fut mal reçu dans cette ville où son père n'avait jamais paru qu'en ami et entouré des sympathies populaires. Néan- moins, il ne garda pas rancune à la capitale de ses aïeux, et, avant de la quitter, il la dota de plusieurs institutions utiles et la choisit comme siège du parle- ment de Navarre. I CHAPITRE II LES GOUVERNEURS DU BEARX, VICE-ROIS DE NAVARRE Caumoul La Force. — Mariage âcRoquclaurc. — La Foire el Granioiil épigriiiiiiiies cl coups }\'pi'e. — Coiiiinetil Granionl se débarrasse de sa femme. — Le chevalier de Gramont, son èdiicalion, ses aven- tures. — Le duc de Gramont, vice-roi. — Antoine III de Gra- mont anecdotes et lettres inédites. — Querelles avec le parlement, réconciliation officielle in articulo m rtis. — Antoine IV de Gra- mont, fêtes à son arrivée, cadeaux des Etats de Béarn et des jurais de Pau. Les gouverneurs du pays avaient le droit d'habiter le chf\teau royal ; mais ils étaient trop grands seigneurs pour se résigner à demeurer dans une petite ville comme Pau. La lutte fut souvent très vive entre le gouverneur et le parlement. Caumont de la Force était déjà gouverneur du Béarn lorsque Catherine quitta Pau. Il avait rendu de grands services ;\ Henri IV ; mais ses ennemis étaient puis- sants et il ne sut pas toujours plaire à la cour de Louis XIII. Pourtant, après des disgrâces répétées, se relevant tout à fait, il devint maréchal de France, duc 246 LA SOCIÉTÉ ET LES MŒURS EN BÉARN. et pair. Il a laissé des Mémoires que le marquis de La- grange a publiés ; de plus, les documents historiques sur son compte abondent. Il avait dix-huit ans, lorsqu'il épousa Charlotte de Gontaut^ fille du maréchal de Biron, âgée seulement de quinze ou seize ans. La première nuit de noces^ l'épousée lui fit une telle résistance qu'il jura d'attendre qu'elle le suppliât d'être tout à fait son mari. La jeune femme ne tarda pas, en effet, à se repentir de sa rigueur. Mais comment oserait-elle faire le premier pas ? Elle demanda conseil à une amie, qui lui suggéra de dire à son mari Moussu, donnât de la cibada à la caballe. Cette phrase, rapportée par Tallemant des Réaux, n'étonne pas ; en Béarn, à cette époque, on parlait le béarnais. On raconte que, consulté par deux gentils- hommes qui se disputaient un riche parti, Roquelaure les mit d'accord en gagnant le cœur de la belle et en la prenant pour femme. Mais il ne se hâta pas de la produire à la cour où l'on ne tenait pas précisément école de morale. Henri IV, un jour, lui demandant pourquoi il ne la produisait pas dans le monde, il ré- pondit N*a pas sabattoiis, elle n'a pas de souliers. Le mariage de La Force avec Charlotte de Gontaut fut d'ailleurs des plus heureux ils eurent douze en- fants. Le maréchal de la Force se remaria à quatre- vingt-deux ans, et, devenu veuf une seconde fois, il contracta une troisième union et il se préparait à une quatrième à quatre-vingt-douze ans, lorsque le bruit se répandit que le vieillard épouserait encore deux femmes avant de mourir ; or, parmi les jeunes femmes LH GOUVERNEUR DU BEARN, VICE-ROI DE NAVARRE. 247 que séduisait l'ambition d'avoir un tabouret à la cour, plusieurs auraient brigué l'honneur d'être la dernière, mais aucune n'osa courir le risque d'être l'avant-der- nière. Lorsque la majorité de la population de Pau et du conseil souverain résistait à la restauration du culte catholique, La Force favorisait secrètement les hugue- nots malgré les colères de la cour il suivait le courant. Il avait deux puissants ennemis le comte de Gramont, gouverneur de Rayonne et le marquis de Poyanne, gouverneur de Dax. Dans ses Mémoires il ne flatte pas Antoine II, comte de Gramont; il lui reproche d'avoir épousé les griefs du parti cathoHque et les récriminations de ses enne- mis. La Force, paraît-il, s'était exercé aux courses de taureaux que les rois de Navarre avaient mises à la mode. Un jour, un taureau furieux se jette sur le roi qui allait à lâchasse ; d'un coup d'épée, La Force abat- tit le taureau. Cet acte de courage fit beaucoup de bruit. Gramont, impatienté d'entendre l'éloge de son ennemi, fit le couplet suivant sur un air alors en vogue Le marquis de la Force A tué par sa force, La grand' vaclic ;\ Colas, La, la, déridera. La Force, irrité, s'en fut au devant de Gramont, qu'il rencontra dans l'antichambre du roi Vous êtes poète, lui dit-il, je le suis aussi. J'ai fait un couplet sur le même air que le vôtre 248 LA SOCIÉTÉ ET LES MŒURS EN BÉARN. Des cornes de la vache Je fais faire un panache Pour Gramont que voilà, La, la, déridera. L'injure était sanglante. Malherbe^ raconte, en effet, que le comte de Gramont, gouverneur de Bayonne, ayant trouvé son écuyer Marfissan en quelque action deshonné te avec sa femme, commença par le tuer. Quant à sa femme, fille de Roquelaure, la meilleure opinion est qu'il ne l'a pas tuée. S'il ne l'a pas immédiatement et ostensiblement frappée, il ne l'épargna pas ; il l'a fit entrer, un jour, dans une chambre où le plancher vermoulu céda sous ses pas et la fit tomber dans un trou profond. La chute fut terrible. La malheureuse femme se rompit une cuisse et en mourut. Quelle est la vérité ? J'ai fait rechercher à Bidache ce qui pouvait encore rester de la tradition populaire. La tradition rapporte que Louise de Roquelaure eut une intrigue galante, et que son mari, Antoine de Gramont, ayant acquis la certitude de son infidélité, la fit pour- suivre et juger par la cour de Bidache qui la condamna à mort ^ Mais le roi de France aurait envoyé M. de Gourgues pour arrêter les poursuites. Gramont alla l'attendre au pont de Garruich, sur la Bidouze, limite de la France et de la souveraineté de Bidache, et il lui déclara que s'il se présentait comme investi de quelque autorité, il ne le laisserait pas entrer dans un pays où il * Lettre du i^' avril 1610. 2 Voir Tabbé Haristoy Recherches historiques sur le pays basque, p. 541. LH GOUVERNEUR DU liHARX, VlCi-ROI DH NAVARRE. 249 était le seul souverain ;miis que, s'il se présentait comme ami, il recevrait bon accueil. Gourgues déclara qu'il se contentait du titre d'ami. Quoi qu'il en soit, Gramont eut ensuite d'intermi- nables queielles avec Roquelaure. QjLiant à l'affaire des couplets, un combat singulier devait la vider ; mais, pour empêcher de se battre deux grands seigneurs qu'il aimait^ le roi les fit garder à vue dans leur maison, jusqu'à ce que l'affaire fut arrangée. Elle s'arrangea de la seule manière possible ils se battirent, et la ren- contre eut lieu sans que les exempts qui les surveillaient se fussent aperçus de leur sortie ni de leur rentrée. Parmi les noms historiques de la France, celui de Gramont est un de ceux qui ont jeté le plus d'éclat à la cour des descendants d'Henri IV. Après Antoine II, on ne saurait oublier l'un de ses fils, Philibert, le fa- meux chevalier de Gramont, dont le comte de Hamilton a écrit, sous sa dictée, les mémoires. c On me mit, dit il, au collège de Pau, dans la vue de me faire d'église; mais comme j'avais bien d'autres vues, je n'avais garde d'y profiter. J'avais tellement le jeu dans la tète que le précepteur et les régens perdi- rent leur lalin à me le vouloir apprendre. Le vieux Bri- non qui me servait de valet de chambre et de gouver- neur avait beau me menacer de ma mère, je n'étudiais que quand il me plaisait, c'est-à-dire jamais. » Le frère aîné avait demandé pour lui une abbaye au cardinal Mazarin dont il avait épousé la nièce. Il le fit appeler et lui tint ce langage Or ça notre petit ca- det, il faut opter. \'oyez donc si, tenant à Téglise, vous 250 LA SOCIÈTF ET LES MŒURS EN BFARN. voulez posséder de grands biens et ne rien faire, ou avec une petite légitime, vous faire casser bras ei jambes pour être le fructus helli d'une cour insensible et parvenir sur la fin de vos jours à la dignité de maré- chal de camp avec un œil en verre et une jambe de bois. » Le chevalier n'hésita pas. Il se sentait porté aux guerrières et galantes aventures. Il brilla d'abord sur les champs de bataille; puis, dans un intervalle de paix, il jugea qu'au milieu d'une cour florissante en beautés et abondante en argent, il ne devait s'occuper que du soin de plaire, de faire valoir les avantages que la nature lui avait donnés pour le jeu et de mettre en usage de nou- veaux stratagèmes en amour. » Il fut heureux au jeu et malheureux dans une entreprise amoureuse. Il vit que le grand roi portait son attention sur La Motte- Houdancourt, une des filles d'honneur de la reine, et il voulut être le rival de son maître. Cela lui valut d'être banni de la cour. Retiré à Londres, on le rechercha tout particulièrement à la cour de Saint- James et il y fit la conquête d'Elisabeth Hamilton, l'une des femmes les plus renommées par l'esprit et la beauté. Il lui pro- mit mariage. Rappelé en France, il quitta Londres précipitamment, les frères d'Elisabeth coururent après lui et le rejoignirent à Douvres. Chevalier , lui crient- ils du plus loin qu'ils l'aperçoivent , chevaUer , n'avez-vous rien oublié à Londres ? — Pardonnez- moi, j'ai oublié d'épouser votre sœur. » Il rebrousse chemin avec eux et le mariage se fait. Philibert de Gramont ne garda pas longtemps la lieutenance générale de Béarn. Il la céda cà un de ses LE GOUVERNEUR DU BI-ARX, VîCR-ROI DE NAVARRE. 25 I neveux et revint à la cour qu'il charmait par son esprit, dont il abusait parfois. Le roi riait de ses mots piquants, mais les courtisans les redoutaient. Devenu vieux, le beau chevalier cherchait à se rajeunir. Un jour, Louis XIV demanda son âge, à l'éveque de Senlis^ qui répondit Il ne peut pas cacher son âge; il doit être aussi vieux que moi, nous avons cliidié dans la même classe. » Le roi répéta la conversation Cet évéque, sire, répondit Gramont, n'accuse pas juste, car ni lui, ni moi n'avons jamais étudié. » Antoine III, duc de Gramont, maréchal de France, fut l'epiilé le plus galant seigneur de France et l'ornement de la cour. Il naquit à Hagetmau en 1604 et mourut à Bayonne en 1678. Il a publié des mémoires; son his- toire anecdotique fourmille de curieux détails. Il était d'une exquise distinction. C'est lui qui fut chargé d'al- ler, pour le roi de France, demander la main de l'in- fante Marie-Thérèse. Sa politesse était parHiite ; mais il ne pouvait rester en plein air la tête nue, et lorsqu'il rencontrait une dame dehors, il n'attendait pas qu'elle le priât de remettre son chapeau; il se couvrait aussi- tôt, mais en disant avec une bonne grâce charmante Ah! madame, puisque vous l'ordonnez donc I » Il aimait à parler de ses terres du Béarn où il voulait aller planter tout doucement ses choux. Un jour, dans un salon de Paris, il se mit à suren- chérir sur des gens qui s'amusaient // dire des menterics. Il raconta qu'il avait établi dans une de ses terres un moulin à rasoirs. Les pavsans, en y approchant les joues, avaient la barbe faite en deux tours de roue. 252 LA SOCIETE ET LES MŒURS EN BEARN. Au passage du Rhin, au moment où un officier se disposait à se jeter dans le fleuve, le maréchal de Gra- mont courut à lui le pistolet au poing. Halte-là ! lui dit-il, vous ne passerez pas que vous ne m'ayez payé les 50 louis que vous me devez. — Etes-vous fou, répond l'officier. — Moi! non, réplique Gramont. Je sais que vous n'avez pas peur de mourir; noyé de dettes, c'est peut-être ce qui pourrait vous arriver de plus heureux; mais, quand vous serez mort, sur quoi prendrai-je mes 50 louis ? Payez-moi, vous dis-je, ou vous ne passerez pas. » On a beaucoup écrit, et il reste beaucoup à écrire sur le duc Antoine III de Gramont. Toutes les lettres qu'il a laissées ne sont pas publiées. Il était en corres- pondance avec les plus grands personnages de son temps. M. Tamisey de Larroque a publié des lettres adressées au maréchal par Richelieu, Lamoignon, Bourdaloue, Voiture et Balzac. J'en possède plusieurs écrites de la main d'Antoine III. En voici une tex- tuelle du 2 décembre 1603, adressée à M. le marquis de Poyanne, conseiller de Sa Majesté en son conseil d'Etat et son lieutenant général au gouvernement de Navarre et de Béarn. Monsieur^ jay receu la lettre qu'il vous a plu de m'escrire depuy vostre arrivée à Pau, qui m'a apprins touts les ordres que vous y aves donnes, lesquels ne peuvent estre meilleurs. à l'affaire du parle- ment estant generalle, il semble qu'on ne peust sépa- rer aucun des particuliers qui se sont trouves comprins dans la désobéissance et dans l'orgueil le plus mal LE GOUVERNEUR DU BÉARN, VICE-ROI DE NAVARRE. 23 tonde et de plus accompagne de hi dernière foiblesse dont on ait inmais ouy parler, car enlln il est inouy que des personnes, dont les noms et les usages ne furent iamais cognus exposes aux outrages des moindres pai- sans de Bearn, ayent voulu donner la loy au Roy dans une province ou son autorite est Dieu merci assez establie par moy, je les prens a témoins si je veux mal a pas un d'eux et toute la province sait ce que jay fait trois ans de suitte pour les empescher de tomber dans l'inconvénient où ils sont plongés. Mais ce qu'il y a de plus plaisant est le crédit qu'ils se sont imagi- nes avoir à la cour, car sur ce suiet on peut dire que ceux qui sont dans les petits maisons, et qui y sont enfermés pour croire estre Dieu le père, ne sont pas touches d'une plus grande folie. » J'ai copié exactement l'orthographe du duc qui avait une jolie écriture, mais complètement dépourvue d'ac- cents. Le reste de la lettre est relatif à d'autres affaires, et contient des phrases gracieuses pour M. de Poyanne Sa Majesté n'acceptera pas d'ciuircs expéd l'en l s que ceux qui lui seront proposés par le marquis. Il ajoute ' Cet Antoine IV était rentré d'Espagne où il était ambassadeur en 1705. Il y a de curieuses choses dans sa correspondance avec le roi et les ministres ^ Par i 1 B. 4^8. Archives de Pau. 2 Trois volumes in-folio inédits. LU gouvirxiur DU bkarx, vich-koi du 25 exemple, le 30 septembre 1704, il écrivait au roi que la reine d'Espagne l'avait fait appeler dans son quarto secreto pour jouer de la guitare. M. de Torcy, secrétaire d'Etat, répondit en comparant le grave ambassadeur jouant de la guitare à Orphée jouant de la lyre. Dans une lettre adressée de Madrid au même marquis de Torcy^ le 30 octobre 1704, Gramont écrit Ne pré- tendés-vous pas vous moquer avec vos lyres d'Am- phion et d'Orphée ? Je ne sçais si elles eussent produit un meilleur effet que ma guittare, avec une chaconnc soutenue d'algiinas signidillas espariolas qu'il me fal- lait chanter et qui ne laissèrent pas d'avoir leur mé- rite tant auprès de la reine que de las duerias que esse- ran incanladas y deîan a todos que desde el tieinpo de Pbelipe quarto no havian oydo cosa tal, uy fan Ihida vo^. Si l'abbé d'Estrées revient jamais en Espagne faites lui apprendre à chanter et à jouer de la guittare. Cehi vaudra mieux que le sérieux en el quarto secreto. Pour moy je m'en suis très mal trouvé lorsque je l'ay voulu arborer et j'ay connu, qu'ayant à vivre avec des jeu- nes gens il fallait avoir Tesprit jeune comme eux pour parvenir à leur plaire dans le courant de la vie. Il n'en est pas tout à fait de mesme avec messieurs les grands d'Espagne, aux quels les castagnettes dans la conver- sation ne conviendraient pas, aussi puys-je vous assurer que je ne les mets pas en pratique et que je ne chemine devant eux que la sonde à la main... » M. Communay * cite encore deux lettres inédites I Revue de Gascogne. 256 LA SOCIÉTÉ ET LFS MŒURS EN BÉARN. du duc de Gramont. L'une est écrite de Bayonne à la fille du maréchal de Grancey, surnommée VEspagnole parce qu'elle avait été dame d'atours de Marie-Louise d'Orléans, reine d'Espagne Mon espagnole, vous êtes juste et délicate dans vos expressions; ce que vous dites, lorsqu'il sort de votre bouche est plein de charme et d'agrément, mais, mon espagnole, je suis forcé de vous dire qu'il n'en est pas de même de ce que vous couchez par écrit et qu'il n'y a ange ni démon qui puisse déchiffrer vos pieds de mouches. Je viens de recevoir de vous un fragment de lettre dans celle de madame de Gramont où je n'ai pu démêler si vous parliez de politique, de guerre ou d'amour. Voilà Tem- barras dans le quel vous m'avés jette qui me détermine à prendre la poste pour aller vous demander l'explica- tion de votre lettre et me mettre à portée que vous puissiez toujours me parler et ne m'écrire jamais. » Si le duc de Gramont venait rarement en Béarn, il ne cessait jamais de s'en occuper. Parmi les lettres que je possède, j'en trouve une écrite à Lons, en date du 3 janvier 1758, et adressée aux jurats de Pau pour 1 eur annoncer qu'il ferait le 6 son entrée d'honneur à Pau. Il y eut, paraît-il, quelques désordres à réprimer^ témoin cette pièce Antoine Adrien Charles, comte de Gramont^ Bri- gadier des armées du Roy, commandant en chef dans le Royaume de Navarre, pays de Béarn et généralité d'Auch, Menin de Monseigneur le Dauphin, Vu le procès-verbal par les sieurs Defeschens et Lahitole, jurats de Pau, ordonnons qu'en conséquence LE GOUVERNEUR DU BliARN, VICE-ROI DE NAVARRE. 257 de la résistance faite par les nommés Dufau aîné, Du- boscq cadet, Canet Fougère aîné, d'obéir à l'ordre qui leur a été présenté par Paloque et Poye, soldats du guet, ils seront conduits et détenus dans les prisons de l'hôtel de ville, jusqu'à nouvel ordre. An-c française, t. I, p. j^q. 294 LA SOCIETE ET LES MŒURS EN BEARN. n'avaient pas la même prétention ; mais le moindre en- richi pouvait paraître noble. Le plus humble ouvrier prenait la particule, et cela voulait dire que Jean ou Pierre était de telle maison. L'héritière d'une maison imposait son nom à son mari. En 1669, l'intendant d'Aguesseau fut chargé de rechercher en Béarn les usurpateurs de noblesse. Ce ne fut qu'une panique. Tout s'arrangea moyennant finance. Il paraît que les titres de noblesse se payaient 30 livres, et le nombre des nobles alla toujours gros- sissant. Au xvi siècle, on comptait aux États de Béarn 20 députés de la noblesse; en 1788, on en comp- tait 500. Chose curieuse! chaque fois qu'on a voulu pour- suivre les faux nobles^ on n'a fait qu'en augmenter le nombre. Ainsi, durant le second empire, les gens qui s'étaient parés de noms qui ne leur appartenaient pas, profitèrent du moment où on voulut réprimer les abus de cette nature pour faire régulariser, à l'aide de protections de toute sorte, la fausse position où ils se •trouvaient. Sous l'ancien régime, on pouvait être anobli par l'achat de certaines charges de finance ; on en comptait 4,070 conférant la noblesse. M. de Pontchartrain sur- tout abusa de la création d'offices honorifiques dans le but d'enrichir le Trésor. Il disait au roi Chaque fois que Votre Majesté crée un office, Dieu crée un sot pour l'occuper. » La fortune immobihère, aujourd'hui détrônée par la fortune mobilière, menait droit à l'anoblissement. On LA NOBLHSSl- 15l'; AKXAISI- . 295 n'a plus besoin de réfuter Boulainvilliers et Montes- quieu qui voulaient trouver l'origine de la noblesse dans l'invasion germanique et dans l'inégalité de la race. La vraie origine de la noblesse féodale, c'était la puissance résultant de la richesse foncière, de la pos- session ancienne de la richesse territoriale. Le roturier enrichi acquérait un bien noble; il cher- chait à enter sa famille sur celle des anciens posses- seurs de la terre dont il prenait le nom; il dissimulait le nom obscur des aïeux sous celui d'une seigneurie, grande ou petite. Ces abus remontaient loin et gran- dissaient chaque jour, malgré d'énergiques protesta- tions. Comme il se récrie le seigneur des Accords contre ceux ipii estant yssis de bonnes et honnestes familles changent le nom de leurs pères connue- s' il s dédaignaient de le dire et faire remarquer ; enfants oublieux de leur origine prenoient plaisir par une insigne fausseté de s'élever par dessus leurs ancestres et vouloient par ce moyen fouler aux pieds leur mémoire.. . Ce que Molière résumait ainsi Qiiel abus de quitter le vrai nom de ses pères Pour en vouloir prendre un bâti sur des chimè'res ! Aujourd'hui que l'usurpation des faux noms ne mène plus à rien qu'au ridicule, combien de gens, cependant, s'aflublent de titres auxquels ils n'ont aucun droit! La distinction, si martluée en France, entre la noblesse d'épécet celle dérobe existait aussi en Béarn; mais les gentilhommcs de haute noblesse, comme les Gramont, habitaicni Paris plutôt que la cité béarnaise. 296 LA SOCIÉTÉ ET LES MŒURS EN BÉARN. A Pau, les nobles qui auraient dédaigné de porter la robe étaient peu nombreux. Les douze barons de Béarn, au moyen âge, tenaient en main le glaive de la guerre et celui de la justice. Ils étaient chevaliers, guerriers et juges. Dans une vicomte^ le plus haut titre ne pouvait être que celui de baron. Le titre était attaché à la terre, et la terre pouvait changer de maître. Voici quel était, à la fin du dernier siècle, l'état des possesseurs des douze baronnies Andouins . le duc de Gramont. Navailles. de Mesplès. Arros. . d'Espalungue. Miocens . . de Navailles Poeyferré Lescun . . . de Laur. Gabaston. . . de Faget. Coarraze . , . de Boeilh. Domy. . . de Courrèges. Gayrosse . . . de Laborie. Gerderest . de Noguès. Les deux baronnies de Miramon et de Vidouze avaient été distraites du Béarn au xiv^ siècle. Aux douze grandes baronnies^ quatre petites furent ajoutées Monein . . . comte de Montréal. Lons .... marquis de Lons Mirepeix. . , vicomte de Navailles. Làas. . . . baron de Lataulade. De nos jours, on s'occupe beaucoup d'écrire le nobi- liaire de chaque province. Ces publications ne sont LA NOBLESSE BÉARNAISE. 297 malheureusement trop souvent que des spéculations. LeChesnaic des Bois serait fort étonné de voir l'édition nouvelle de son livre enrichie de tant de généalogies fantaisistes. De tout temps, il y a eu des généalogistes complaisants moyennant salaire. Saint-Paul a dit Genealogias devita, siint enim inutiles et varice; et Cha- teaubriand On compte ses aïeux quand on ne compte plus. Parmi les généalogies anciennes des familles de Béarn, plusieurs excitèrent le sourire des contempo- rains. Tallemant des lléauxdit, en parlant des Gassion Ils font des efforts pour fiiire passer leur maison pour une maison d'ancienne noblesse, et se font une généa- logie telle qu'il leur plaist. » Lorsque le frère du maré- chal de Gassion obtint, par lettres patentes de février 1661, l'érection en marquisat de la terre de Camou, il arrangea sa généalogie. Je ne sais quels noms il y ajouta; mais je connais ceux qu'il en a retranchés, notamment celui d'un oncle Jacob, médecin. 0\\ est allé récemment jusqu'à nier l'existence de ce Gassion, médecin; mais je possède imprimés des vers fiiits par lui et contre lui. Un de ses autographes existe aux archives de Pau; c'est une quittance, datée du 4 juin 1623, d'une somme de 3 livres, 4 sols, 6 deniers pour avoir fait, par ordre du parlement, la visite corporelle de trois sorcières, afin de rechercher si elles n'a- vaient pas sur elles quelque signe annonçant le contact du démon. Les Gassion étaient dévoués aux rois, mais ils appar- 298 LA SOCIÉTÉ ET LES MŒURS EN BÉARN. tenaient à une famille pauvre, originaire d'Oloron. Jean de Gassion fut élevé aux frais de Jeanne d'Albret et le père du maréchal aux frais d'Henri IV. Le maréchal disait à M""^ de Motteville que, lorsqu'il quitta Pau, il n'emporta que 30 sols dans sa poche, et que, pour économiser ses souliers, il les portait au bout d'un bâton. On raconte qu'en partant pour la campagne, de Savoie, son père lui donna pour tous chevaux un vieux courtaut qui pouvait bien avoir trente ans et qui ne put aller plus loin qu'à quatre ou cinq lieues de Pau. Il fallait être bien pauvre gentilhomme pour savoir marcher pieds nus, et n'avoir pas un cheval pour faire un long voyage. Le maréchal fut tué le 15 septembre 1647. Il laissa à sa famille 900,000 livres vaillant ; et son frère Bergeret mourut peu de temps après. Aussi disait-on qu'en voyant arriver si vite dans l'autre monde celui qui, dans celui- ci, venait toujours après lui, le maréchal avait dû s'é- crier 4 LA SOCIÉTÉ ET LES MŒURS EN BEARN. celui des autres ; si elle en a beaucoup, elle en commu- nique à ceux qui en ont peu. La présence d'une femme de haute compagnie dégage une atmosphère de poli- tesse et de bon ton qui agit sur tous les hommes comme il faut. Parmi les jeunes Béarnaises, on en trouve peu qui soient parfaitement belles ; on en trouve moins encore qui soient complètement laides. Elles ont, en général, quelque chose d'agréable et de piquant. Dans le monde aristocratique il régnait un ton particulier de politesse. On y trouvait bien parfois une teinte d'orgueil et de fatuité, mais on n'y admettait jamais rien qui sentit la trivialité et le pédantisme. L'art de plaire dans la société s'enseignait à toutes les grandes dames. L'esprit de salon est, en effet, un esprit à part que donne seul l'usage du monde. Il brille surtout par l'exquise délicatesse de l'expression, par la mobihté de l'imagination, par la finesse du sen- timent, la soudaineté, l'a propos et l'imprévu. Les Béarnais avaient de la grâce et du trait. La pu- reté de l'accent et du langage était chez eux une marque de distinction et de noblesse ; car les gens du peuple avaient conservé l'idiome local, l'accent du terroir; ils pensaient en béarnais, et, quand il leur arrivait de se traduire en français, ils étonnaient par des tournures de phrases et des expressions inconnues à Vaugelas. Les traditions de la cour de Navarre avaient été trop profondes pour ne pas laisser de traces dans le monde élégant. Mais, après le départ de Catherine, on parla moins des affaires étrangères que de celles du pays. Les SALONS DI- 1>AU. }2^ sujets les plus futiles étaient souvent ceux qui passion- naient le plus. L'épigramme se répandait plus vite que le madrigal. Mais c'est un mauvais métier que celui de médire. Un madrigal, une chansonnette s'avouait facilement et va- lait bien des sourires dans les salons. Le gazetier vivant qui récoltait le plus de nouvelles du Parlement et du pays et qui savait les raconter d'une manière spirituelle était fort recherché. Au conteur habile, le causeur ai- mable était souvent préféré. Je voudrais en quelques coups de pinceau faire le por- trait des nobles dames de Pau sous l'ancien régime. Ce n'est pas, d'ailleurs, une galerie de tableaux, mais des esquisses d'après des documents épars, échappés à l'histoire, conservés dans des papiers de flimilles, et notamment dans un livre du baron de Laussat la Sociélc béarnaise dit dernier siècle. Voici d'abord la marquise de Lons. Elle a plus de cent mille livres de rente. Elle tenait maison ouverte et recevait le meilleur monde. Brune, d'une beauté piquante, elle cherchait à plaire, et les mauvaises langues disaient qu'elle y avait trop bien réussi. On l'accusait d'avoir fait la conquête de M. de Faget de Pomps, qui passait pour le gentilhomme le plus ac- compli. Augustine de Lons avait les plus exquises qualités de l'esprit et du cœur; elle aurait eu les moyens de plaire, mais elle n'en avait pas le désir. Elle repoussa tous les prétendants, et ne se maria pas. Deux filles du marquis de Lons furent mariées, l'une 326 LA SOCIÉTÉ ET LES MŒURS EN BÉARN. à M. de Camou Blachon, l'autre à M. de Borda. Elles méritèrent des éloges sans réserves. Au commencement delà Restauration, la douairière de Lons laissa à Pau le souvenir de la vieille crrâce béarnaise de l'ancien régime. La maison de Gassion fut longtemps l'une des prin- cipales de la ville. Le maréchal Jean de Gassion fut brave comme Henri IV, mais il n'aspira jamais à être un vert galant ; il avait pour le beau sexe une antipathie profonde, inouiC;, inexplicable. On dit qu'il était laid et que sa laideur lui avait fait prendre en haine la beauté. D'après des portraits de famille, il avait un air intelligent et martial qui plaisait. Son histoire nous apprend qu'il aurait pu faire des con- quêtes s'il eût voulu. Sa renommée de héros était grande. Compagnon de gloire du roi de Suède Gustave Adolphe, il devint maréchal de France très jeune. Le cardinal Mazarin, sachant son étrange aversion pour le mariage, essaya de la vaincre sans pouvoir y parvenir. Gassion disait qu'il estimait trop peu la vie pour en faire part à qui que ce fût. Quant à la beauté, il répé- tait que la beauté d'un cheval lui plaisait plus que celle d'une femme. Cette réputation d' anti-galanterie et d'in- sensibilité pour l'amour fut un motif pour qu'on lui fît des avances. Moins il faisait de frais pour les jolies femmes, plus celles-ci en firent pour lui. Devenir maré- chale et prendre d'assaut un cœur déclaré invulnérable,, cela valait la peine de quelques vives tentatives. Les plus ravissantes bouches avec les plus séduisants sou- rires murmuraient sans cesse les plus doux propos aux LES SALONS DE PAU. 327 oreilles du jeune maréchal, il restait inflexible, et les instances redoublaient Oh ! monsieur, vous avez fait vraiment les plus belles choses du monde ! » Le jeune héros ne répondait pas et n'avait pas l'air de com- prendre le but de ces éloges. Une noble et ravissante jeune fille, voulant un jour le pousser à bout, dit très clairement Je voudrais bien avoir un mari comme M. de Gassion. — Je le crois bien, mordioux! » répondit celui-ci^ et il lui tourna brusquement le dos. Une dame, indignée d'entendre que le maréchal disait Femme et vache, c'est tout un pour moi, mor- dioux ! — répondit avec malice Bœuf et Gassion, c'est tout un ». Gassion n'avait pas obtenu sans difficulté le bâton à cayse de sa naissance. Il avait de nobles et illustres concurrents, notamment Turenne. Il lutta contre lui, et l'emporta; il disait M. de Turenne honorerait cette charge et, si on me l'accorde, j'en serai honoré ». La nouvelle de sa promotion à la dignité de maréchal fut un événement à Pau. Sa mère occupait un rang modeste. Toute la haute noblesse s'empressa d'aller lui offrir des hommages, auxquelles elle n'avait pas été accoutumée. Chaque fois qu'elle recevait un personnage ou une grande dame, elle allait faire la révérence devant le portrait du maréchal en disant Mon fils, c'est à vous que je dois l'honneur de cette visite ». Cette anec- dote n'est pas puisée à des sources très sûres ; mais ce que l'on sait du caractère de M'"' de Gassion la rend fort vraisemblable. Hlle était bonne et avait de l'esprit, 328 LA SOCIÉTÉ ET LES MŒURS EN BÉARN. mais surtout de cet esprit goguenard, un peu trop de mode à Pau. Tallemant des Réaux rapporte qu'un jour elle ren- contra une femme qui boitait des deux côtés Holà ! lui dit-elle^ ma commère, vous qui allez de côté et d'autre — et cela disant, elle la contrefaisait — don- nez-moi des nouvelles ». — La boiteuse répondit C'est vous qui devriez m'en donner, puisque vous portez le paquet ». La boîte du facteur n'était pas encore inventée, et le sac aux lettres se portait sur le dos. La gloire du Maréchal, mort sans postérité, profita à ses neveux. Les aînés devinrent marquis et présidents à mortier ; les cadets acquirent de hauts grades dans l'armée. Enfin de riches alliances attirèrent dans cette maison la fortune et l'éclat. La marquise de Gassion, dont Renaud d'Elissagaray fut le page, avait un grand train en son château d'Ar- bus et en son hôtel de Pau. Les Béarnais, fidèles au vieil usage national de ne donner le titre de Madame qu'à la femme de leur seigneur, hésitèrent longtemps à le donner, comme cela se pratiquait ailleurs, aux grandes dames. Ils commencèrent par appeler la mar- quise de Gassion Madametie. La fortune des Gassion alla toujours grossissant. D'après Tallemant des Réaux, un président de Gassion s'était brouillé avec sa mère pour une rente de 4 livres, et il possédait 800,000 livres de biens. L'horreur que le Maréchal manifestait pour les femmes ne fut pas héréditaire dans la fiimille. Si les LES SALONS DE PAU. 329 premiers Gassion furent des savants ou dos braves, les derniers furent surtout des hommes aimables. Je retrouve dans mes papiers une lettre du marquis de Gassion à la marquise de Poyanne, sa sœur. Elle est datée de Bagnères-de-J3igorre, le 3 octobre I7>2. Le marquis annonce d'abord à sa sœur que sa femme est attendue, puis il ajoute Je profite, pour vous écrire, du plus aimable courrier du monde^ Madame de Jonca. Tout le monde veut que j'en sois amoureux, et cela du premier jour que nous nous sommes vus à la fon- taine. On me l'a tant dit, que je commence à me le per- suader. Dieu veuille que je le lui aie persuadé aussi. Mais elle s'en va... Je lui ai donné un bal, mais mon fils a dansé à ma place. C'est là le sort des pères qui ont de grands enfants. On dit aussi que mon fils était un peu plus amoureux que moi. Je crois même qu'il a été un peu jaloux » Si la correspondance intime et secrète de Messieurs du Parlement pouvait être retrou- vée, elle offrirait des pages spirituelles et charmantes à l'histoire de la galanterie béarnaise. Les archives de Pau contiennent une correspondance de Daniel de Tristan, curé de Gan, qui avait été secré- taire du cardinal Dubois. Je n'y ai pas trouvé ce que je cherchais. Il ne dit rien du cardinal et parle peu de la société de Pau. Il se montre très obligeant, très disposé à faire des cadeaux aux personnages qui peuvent le ser- vir; il a dépensé des sommes fabuleuses en présents de jambons et de cuisses d'oie, et aussi en présents de bon tabac il en expédie à un de ses amis comme étrennes à Monsieur son nc;^. On s'adressait à lui pour 330 LA SOCIÉTÉ ET LES MŒURS EN BÉARN. avoir du tabac d'excellente qualité. Le 12 janvier 173 1, l'évêque de Lescar lui écrit x 11 n'y a que le tabac d'Espagne qui me tient à cœur. Nous en avons de si mauvais ici que je ne puis en prendre et je souhaiterais fort que le directeur de Paris pût m'en avoir, à quelque prix qu'il coûte ; du vieux havane bien noir, qui fût moelleux sous les doigts serait fort de rnon goût ». Au commencement du xviii* siècle, un jésuite, le P. Buffier, disait que tout ecclésiastique, magistrat ou homme du monde qui s'avisait de priser était montré au doigt comme des gens sans pudeur ou livrés au li- bertinage. Fumer, ajoute-t-il, était le comble de l'éva- poration et du ridicule, ce n'était permis qu'aux marins et aux grenadiers. » L'extravagante guerre faite au tabac et au café finit vite à Pau. Le béarnais Hourcastremé * raconte que ^nie jg *** ^^ gg contentait pas de priser, qu'elle ava- lait six tasses de café et fumait dix pipes par jour. Les élégantes marquises ne firent sans doute pas grand usage de la pipe, mais elles ne dédaignèrent pas de prendre le café dans une tasse de Sèvres, ni de priser au tabac dans une coquette boîte d'or ornée de quel- que ravissante miniature et encadrée de perles ou de brillants. Un intendant, qui n'aimait pas le procureur général M. de Cazaux, l'accusa de ne venir au palais que pour troubler le service en allant de chambre en chambre dis- traire les juges par des discours frivoles et en leur of- ' Œuvres, t. I, p. 78. LES SALONS DH PAU. 33 I franl du tabac. Ce tabac provenait sans doute de l'abbé de Tristan, car ce procureur général était un de ses amis. Il lui écrivait en 1729 qu'il allait s'abinicr dans les horreurs de l'instruction d'un procès, chose capable de le faire mourir d'ennui. M. de Cazaux figure mieux parmi les hommes du monde remarquables par l'amabilité et l'esprit que parmi les grands magistrats dont le savoir fut l'honneur du Parlement. Entre temps, M. de Cazaux recommandait à l'abbé de Tristan de mettre les lettres qu'il lui écrivait sous r enveloppe de quelque ministère^ non pour épargner le port, mais parce que cela donne un air d'importance qui quelque- fois nest pas trop indiférent. La première présidente de Courbons ne savait pas modérer sa langue. Sa parole toujours abondante était tantôt piquante jusqu'à la malice, tantôt caressante jusqu'à la flagornerie. Elle eut avec son mari des que- relles bruyantes qui finirent par une réconciliation sincère. Devenue veuve, la marquise de Courbons con- tinua à tenir maison, quoiqu'elle n'eût que 14,000 livres de rente. Ses intempérances de langage ne rendirent son salon que plus amusant. Elle avait deux filles. L'aînée épousa le président de Mcsplès d'Esquinle. Sans être jolie, elle était très bien faite ; et, sans avoir beaucoup de jugement, elle avait beaucoup d'esprit. Elle voulut tout diriger, et elle avait besoin de direc- tion. Elle avait la manie de se mêler de tout et n'aurait dû se mêler de rien. Son caractère était pkis propre à tout gâter qu'à raccommoder les choses. Sa fille, la présidente de \'erthamoii, mourut sans postérité 332 LA SOCIÉTÉ ET LES MŒURS EN BÉARN. laissant pour héritière sa cousine germaine M""^ de Gramont-Caulet. La seconde fille de la marquise de Courbons^ M"'^ de Gaubert, grande et bien faite, n'était pas, d'après M. de Laussat, ingrate envers la nature de tout ce qu'on peut faire de ses dons. La famille de Mesplès joua un grand rôle dans la so- ciété béarnaise. Dominique de Mesplès, ayant perdu sa femme, entra dans les ordres et devint évoque de Lescar. Son fils et son petit-fils furent successivement présidents au Parlement. L'un des derniers barons de Mesplès, capitaine de dragons, fit assez de folies pour être enfermé à Charen- ton, et il eut assez d'esprit pour s'en échapper. Sa violence de caractère était telle qu'un jour, il cassa la tête d'un coup de pistolet à un postillon qui, le con- duisant^ lui avait, disait-il, manqué de respect. Sa plus grande folie fut sa passion pour M""^ de Labaudauge, veuve, mère de cinq enfants, et ayant passé la quaran- taine. Son amour brisa tous les obstacles pour arriver au mariage, mais s'éteignit tout à coup dès qu'il eût touché le but. Le souvenir delà rare beauté de la dernière baronne de Mesplès vit encore. Jetons un voile sur sa vie. Cette famille est éteinte comme celle de Livron. M""^ de Livron, sœur du marquis de la Case, pre- mier président, était petite, mais très jolie. On ne lui reprochait pas de ne point faire des frais pour plaire, mais d'en fiiire souvent trop. C'est un défaut assez rare chez les jeunes femmes dont la conduite échappe à LhS SALONS DK FAU. 333 toute critique. M""" de fut admise à l'honneur d'une présentation à la cour. Elle avait une fortune énorme, et faisait les charmes de la société de Pau. Le chevalier de Livron, qui avait servi dans les guerres du roi Stanislas en Lorraine, brillait à Pau et devint fort épris de M"'*^ de Breteuil, qui passa une année chez le premier président de la Case. Le cheva- lier suivit à Paris M'"^ de Breteuil dont il reçut agréa- blement le congé. Cet adverbe n'est pas de moi, et je ne me charge pas de l'expliquer. J'ai vu dans mon enfimce le baron de Boyrie, pres- que centenaire dans son hôtel aujourd'hui reconstruit '. Je vois encore les vieilles tentures de soie aux vives couleurs représentant diverses scènes de la vie des Chinois. Je n'aurais certes pas pris le baron Je Boyrie, dont le frère avait épousé une Livron, pour le type de l'an- cien gentilhomme de Pau. Sa voix féminine, flûtée, son visage imberbe, son intelligence bornée l'exposaient aux railleries de sa famille où l'esprit abondait. Le baron aimait le monde et s'y montrait beau joueur. Sa mère, fille d'un avocat distingué, M. de Lafargue, avait laissé une réputation de joueuse. Un jour, qu'elle était tombée en syncope, on cherchait vainement à la faire revenir. Tout d'un coup, le médecin s'écrie duinte et quatorze ! » La malade se redresse aussitôt et réplique Avez-vous le point, docteur ? » Une des sœurs du baron épousa W. de Ségure ' Rue du Lyccc, n ii. 334 LA SOCIÉTÉ ET LES MŒURS EN BEARN. dont le fils, un brave colonel, a épousé la dernière des Boyrie, mère de la marquise actuelle de Nolivos. M""^ de Ségure, mère du colonel, avait brillé dans les salons de l'ancien régime par sa beauté, son esprit et ses manières. Même parvenue à un âge très avancé, elle avait conservé un charme extrême dans sa physio- nomie. Ses yeux qui avaient été très admirés, étaient restés caressants et d'une douceur exquise. Les Nolivos, attachés jadis au service des rois de Navarre, brillèrent à la cour de Henri IV et au Parlement. Ce fut un mar- quis de Nolivos qui épousa l'héritière du baron d'Holbach. J'ai vu s'éteindre les marquis d'Esquille, présidents à mortier de père en fils pendant toute la durée du Parlement. Longtemps, ils eurent plus d'honneurs que de richesses, mais un d'Esquille épousa M'^^ de Lezons,. qui lui apporta 400,000 écus de dot. La jeune marquise, admirablement élevée par une femme supérieure, M"'^ de Sorberio, fille du marquis d'Ossun, avait de l'instruction sans pédanterie, beau- coup d'esprit et autant de bonté. Son fils, le président d'Esquille, se maria deux fois, sa seconde femme était très jolie. J'ai connu le dernier descendant de cette noble race. C'était un très bel homme, la loyauté personnifiée. Un jour, je lui expri- mai mon regret de voir son nom s'éteindre. Il me ré- pondit /w/r6'que la langue espagnole est trop fasi lieuse, l'italienne trop lascive, la française trop molle et si pauvre que sans les viols mendiés à la noire elle ne serait — je copie — jn* Il ne poêle sans queue, un mignon sans maîtresse, lin marchand sans cabale, un orfèvre sans or, une doublure sans dessus, un enfant sans nourrice, une femme sans mari, une vigne sans èchalas, une plume sans être taillée. Les auteurs ont prétendu que les langues des diffé- rent^ peuples ne sont qu'une sorte d'imitation des cris des animaux qui fréquentent leur pays. Bernardin de Saint-Pierre remarquait que la langue des Anglais sifflait comme celle des oiseaux qui se trouvent sur le 348 LA SOCIÉTÉ ET LES MŒURS EN BÉaRN. rivage de leur île_, que celle des Hollandais a quelque chose du coassement des grenouilles dont leurs marais abondent, que le hottentot glousse comme l'autruche, et^ pour ce qui est du patagon, il semble imiter la mer dans ses mugissements. Le béarnais n'avait-il pas quelque chose du chant des rossignols jadis si nombreux dans les bosquets des bords du Gave ! Il y avait dans l'accent béarnais quel- que chose de mélodieux qui allait très mal avec le fran- çais, mais qui était en harmonie avec les mœurs locales. Le béarnais rivalise de douceur avec l'italien; il se prête merveilleusement au chant et, comme il brille surtout par le pittoresque, l'expression, il perd beau- coup à être traduit. Dans mon Essai sur la langue et la littérature du Béarn, j'ai montré que le béarnais, dialecte de la langue romane, offrait dans nos contrées des variantes à l'in- fini. La diversité de ces nuances, dans l'accent et dans l'expression, est sensible d'un canton à l'autre ; on ne parle pas dans la plaine comme à la montagne^ au vil- lage comme à Pau où l'on avait la prétention de par- ler le plus doux^ le plus pur béarnais. Aujourd'hui on ne sait guère lire le béarnais, et qu'a-t-on à lire ? Les monuments écrits de l'idiome national ne remon- tent pas bien haut^ excepté les fors et quelques chartes. Parmi les petits poèmes regardés comme de petits chefs-d'oeuvre, on discute souvent pour savoir si l'idée appartient à l'auteur qui l'a revêtue de toute la grâce de l'idiome natal, ou bien si ce n'est qu'une simple imi- tation. LA LANGUK BliARXAISH. 349 Ainsi le chnnt si gracieux, si renommé de Gas- ton Phébus aquères moitntagnes^ exprime, d'après plu- sieurs savants, une idée que l'on retrouve dans un chant populaire de la Grèce moderne et dans une vieille chanson de la Corrèze. Le plus fameux sonnet écrit en béarnais serait imité d'une pièce du cardinal Bembo. Sous l'ancien régime, dans les salons où l'esprit re- cevait bon accueil, des hommes du monde qui auraient reculé devant un travail sérieux, aimaient à composer une chansonnette ou une épigramme chansonnette ou épigramme plaisait d'autant plus qu'elle avait une saveur de terroir. Parmi les poètes de cette époque, plusieurs noms brillèrent Gassion , Fondeville, d'Espourrin, Théo- phile de Bordeu, Cazalet, Hourcastrémé, Cazaux, l'abbé de Puyo, Bonnccase et Bitaubé. Une des plus charmantes pièces qui ont été publiées, est connue sous le nom de Sonnet de Gassion. J'ai démontré ailleurs* qu'il y a eu tant de Gassion, poètes qu'il est bien difficile de savoir lequel fut l'au- teur du sonnet. Henri de Fondeville, de Lcscar, né en 1633 et mort en 1705, occupe un des premiers rangs parmi les écri- vains béarnais. Un juge compétent du dernier siècle disait de lui Il était vraiment poète et le seul à verve que nous ayons eu ». 0\\ a imprimé de lui en 1767 ^ Revue d\\ qui ta. ne ^ 1862, p. ir2. 350 LA SOCIETE ET LES MŒURS EN BEARN. la PasloiiraJe du Paysàa et, en 1880, Calvinisme en Bèarn, divisât en sept eclogues\ Ronsard, persuadé que les richesses de la langue grecque provenaient de la fusion des dialectes des di- verses républiques helléniques, avait imaginé un sin- gulier art poétique Tu sauras, dit-il, dextrement choisir et approprier à ton œuvre les vocables les plus signiticatlfs des dialectes de notre France, quand ceux de ta nation ne seront pas assez propres ni signifiants. Ne se £iut soucier s'ils sont Gascons, Poitevins, Nor- mans, Lyonnais, ou d'un autre pays, pourvu qu'ils Aux Bohèmes , i 10 s, Aux valets et aux servantes o 6 s. Un relevé pour le pourteur ,0 3 s. 31 Arresté par moy, pour la somme de trente et une livres, 7 sols, 6 deniers, ;\ Toulouse, le 7 mai 1669. Dr. Marca. Comment le caliicr tenu à Pau avec un ^rand désor- dre avait-il suivi l'archevêque à Toulouse ? Le prix de la volaille avait doublé du temps de mon enfance une paire de poulets coûtait i6 sous. Aujourd'hui, combien se payerait-il, le beau chapon tout lardé qui coûtait 14 sols à Marca ? CHAPITRE XIII DIVERTISSEMENTS POPULAIRES Les hais masqués au château. — Les clercs de la Basoche. — L'asouade. — Plaisirs du dimanche. — Promenades . — La fontaine aux cent écus. — L'exécution du carnaval à Bianos. Les divertissements varient selon les temps., les âges, les conditions. Les nobles béarnais avaient avec le peuple des habi- tudes de familiarité qui, ailleurs, auraient fort étonné. La ville capitale était si petite que, dans les grandes occasions, le désir de s'amuser abaissait toutes les bar- rières tout le monde voulait participer à la fête. Le roi permettait l'usage des grands appartements du château pour les bals d'hiver. Ces bals masqués étaient fort suivis. Les conseillers du Parlement, les avocats et jus- qu'aux clercs de Bazoche en faisaient alternativement les frais. Les clercs de la Bazoche étaient fort aimés du peuple qu'ils amusaient de leurs folies *. » ' Dugenne. — de Pau. DIV] POPULAIKHS. 367 Dans une pièce du dernier siècle, je lis que le corps des procureurs était composé de très houuêtes gens. Il soldait ce que les clercs de la Bazoche dépensaient. Il riait de leur divertissements, même quand ils s'amusaient aux dé- pens des procureurs, pourvu que ceux de Pau fussent respectés. Un jour, quelle joie dans la ville! que de bruit et d'éclats de rire I Tout le monde riait, excepté celui qui était l'objet de la risée générale. C'était un procureur de la sénéchaussée de Morlaàs qu'on promenait dans les rues, assis à rebours sur un âne dont il tenait la queue en guise de bride. Son cortège burlesque était composé de clercs de la Bazoche, et précédé d'une musique charivarique de cornes, de chaudrons, de clefs forées, et autres instruments discordants. A cette musique infernale s'entremêlaient des chants patois composés pour la circonstance et fort épicés de gri- voiseries. Qli 'avait-il fait ce procureur pour mériter ainsi le supplice de Vasoiiade 1 Le peuple aimait à s'amuser bruyamment ; il ne comprenait pas que le gros rire fût de mauvais ton et qu'il y eût du plaisir à se gêner par respect pour l'éti- quette. Lorsque le vin de Juran*;on échauffait un peu les tètes et qu'un feu roulant d'épigrammes finissait par une querelle, il ne fallait pas dégainer ; le Jurançon, qui avait fait tout le mal, suflisait à tout réparer on buvait ensemble et la réconciliation était scellée. Ce n'était pas tous les jours fètcs. Les Béarnais n'é- taient pas riches; ils avaient besoin de travailler. Mais 368 LA SOCIÉTÉ ET LES MŒURS EN BÉaRN. aussi, quand venait le dimanche^ quel bonheur de se reposer tout le jour. Saint-Martin était la seule paroisse de la ville. On allait à grand'messe et aux vêpres. C'était une occa- sion de se rencontrer, de faire exhibition de toilettes et d'organiser quelques parties pour la soirée. Les jours de grand' fête s'appelaient hestes en naii, parce qu'on s'habillait de neuf ces jours-là. L'église était vraiment le lieu de l'égalité un pre- mier président, s'approchant de la sainte table, vit le bourreau qui, par respect, s'éloignait de lui ; le prési- dent exigea qu'il restât à son côté, disant Devant Dieu, nous sommes tous frères ! » Chaque quartier delà ville, parfois chaque rue, avait des usages à part et ne formait qu'une seule famille. Le titre de voisin ressemblait à celui de parent. Les voisins se rendaient des services réciproques ; ils se réunissaient par le beau temps devant la porte, dans la rue et les femmes y faisaient de belles parties de loto; j les hommes allaient au jeu de paume ou au jeu de quilles. Les bals champêtres étaient fort en vogue, et le noble, sans crainte de déroger, y dansait volon- tiers avec une jolie fille. On se promenait à la place Royale ornée d'une belle statue; au quinconce de la Haute-Plante, sous des arbres superbes ; à la Basse-Plante, fière de sa magni- fique allée de maronniers ; au parc de Henri IV qui, par la beauté et la variété de son site, sera toujoui's une des plus jolies promenades du monde. Les jeunes gens aimaient à gravir les coteaux, à y DIVERTISSEMENTS POPULAIRES. 369 boire du vin sous des treilles. Plusieurs fontaines renom- mées des environs attiraient aussi les promeneurs. C'é- taient la fontaine des Fées, celle des Marnières, celle de Trespoey, celle des Cent-écus ». Au pied du parc, enfouie sous d'épais ombrages, coulait une fontaine. Un soir, en y venant puiser de l'eau, une jeune fille^ assise sur le gazon, pleurait en racontant à son amie ses chagrins d'amour le jeune homme qu'elle aimait ne pouvait obtenir le consente- ment de son père, qui refusait de recevoir en sa maison toute fille qui n'apporterait pas au n'oins une dot de cent écus. Et la jeune fille ne savait où trouver cette dot; elle demandait si quelque bonne fée ne pourrait venir à son secours. Mais où découvrir une fée ? Le lendemain, la jeune fille revint à la fontaine. Elle avait cherché toute la nuit sans dormir les moyens d'avoir une dot et n'était pas plus avancée. O surprise ! Elle aperçoit une bourse \wec cette étiquette .]iie phraseuse et ecrivassière, on a entassé lin tas prodii^icux de papiers qui ne sont pas classes, ni cataloj»ués. 392 LA SOCIETE ET LES MŒURS EN BÉAKN. nées par l'éducation et l'expérience des affaires. La basse classe pouvait avoir de la bravoure sur les champs de bataille, de l'élan, du patriotisme; mais le talent naturel ne peut se passer d'instruction. Les sans-culottes remplaçant les aristocrates ne cher- chèrent point à imiter leurs bonnes façons ni leurs élégances ; ils affectèrent, au contraire, une grossièreté de langage et de forme, heureusement passées de mode. Le peuple parlait béarnais plus que français. Les ad- ministrateurs improvisés, élus dans la dernière classe, furent obligés de parler français et s'imaginèrent tout savoir sans avoir rien appris. Aussi ne devra-t-on pas s'étonner de ce que les orateurs des clubs eussent à Pau une éloquence peu française. Ce n'était pas, non plus, dans les écrits du temps, le style de Messieurs de l'Académie béarnaise. Voici un exemple inédit tiré des archives nationales J'ai l'honneur de vous adresser la délibération de l'assemblée électorale du district d'Oloron. Veuillez, Monsieur le président, présenter cet acte à vos dignes coopérateurs les législateurs immortels de V Empire français, en démonstration du zèle et du dévouement que le district d'Oloron porte à notre heureuse Cons- titution. Puissiez-vous y voir l'observation littérale, quoique informe^ de décrets d'autant plus sages qu'ils ont pour base la liberté, le plus précieux apanage du chef-d'œuvre de la Déité. » Cet échantillon suffit pour donner un avant-goût du style des orateurs clubistes. CLUBS RHVOLUriOWAIRES. 393 En Béarn, comme partout, les salons se fermèrent, les clubs s'ouvrirent. C'étaient les salons du peuple. Les plaisirs, la galanterie, les doux propos firent place aux discours farouches que la permanence de la guillo- tine rendait plus sombres. La tragédie remplaçait l'idylle au château, et Florian, si longtemps à la mode, périssait sous le couperet du bourreau. Je voudrais faire revivre avec sa physionomie vraie un club de Pau. J'espère y parvenir en donnant l'ana- lyse exacte d'un document inexploré des archives des Basses-Pyrénées, intitulé Registre des délibérations de la société populaire et montagnarde de Pau, commencé le i8 germinal, an II. Le fondateur de ce club n'était autre que le sangui- naire Monestier. En ouvrant ce registre où, à côté de la signature de Monestier se trouve celle de plusieurs Béarnais, j'ai craint de rencontrer quelques taches de sang sur les noms aujourd'hui les plus honorés. Si j'ai bien su lire à travers la féroce phraséologie du temps, les Béar- nais avaient plus de peur du proconsul révolution- naire qu'il n'avaient de sympathie pour lui. Parlait- il ? On l'applaudissait, car on n'aurait pas osé lui ré- sister en tace ; mais il est facile de voir qu'on cher- chait des moyens détournés de lui dérober quelque victime. On ne s'oppose point, c'est vrai ! aux me- sures de sang qu'il propose, mais on cherche ;\ les rendre illusoires; on admet la règle, mais on l'étoutlc sous les exceptions. Ouvrons le registre. Monestier préside. De sa bouche 394 LA SOCIETE ET LES MŒURS EN BEARN. ne sortent que des menaces terribles. Sans cesse, il parle du glaive de la loi qui doit frapper les coupables. Et l'on sait quelle extension il donnait à ce dernier mot. Monestier est trop habile pour ne pas voir que, si son auditoire frémit, il n'est pas charmé. Pour plaire là ceux qui r écoutent, il organise une ït\.Q avec déjeunes citoyennes vêtues de blanc et une musique bruyante. La séance était ouverte au chant de L'hymne de la Liberté ; on la terminait par des chants patriotiques, et l'on se retirait en dansant de joyeuses farandoles au sinistre chant du Ça ira. Les buveurs de sang avaient toujours le mot d'hu- manité sur les lèvres, sans que leur cœur eût aucun sen- timent de pitié; ils parlaient toujours de liberté en organisant la terreur. La monarchie absolue était tem- pérée par les chansons ; la République supprima les chansons. Lombez, de Pau, fut accusé d'avoir copié quelques couplets contre- révolutionnaires . Monestier décida que ce crime, plus ou moins prouvé, méritait la mort. Lombez monta sur l'échafaud. Cette exécution cruelle d'un pauvre artisan, soutien d'une nombreuse famille, produisit une sensation si pénible que le vertueux Mones- tier_, — cette épithète lui était donnée dans les actes publics, — crut devoir en parler au club révolution- naire. Le proconsul monte à la tribune. Il fait un tableau touchant de la famille de la victime le frère de Lombez est un bon citoyen ; le défunt laisse huit ou dix enfants sans ressource ; la mère est souffrante et dans les angoisses CLUBS RKVOLUriONNAIRKS. 39 de la détresse. Soyons, dit-il, leur pcrc, leur appui, cherchons leur des secours efficaces et montrons en même temps que les lois ne sont pas violées en vain, et que le mérite est honoré sans être flétri par le vice d'autrui quelconque. » — Après ce pathos d'étrange sensibilité envers ceux que sa cruauté venait de rendre des orphelins, il prend l'initiative d'une mesure adop- tée ;\ l'unanimité quatre commissaires sont délégués pour porter à la flimille désolée les consolalions de la bienfaisance et les embrassements de l'amitié. Séance du 2 floréal. Ainsi le proconsul altéré de sang versait des larmes de crocodile. Et quelle bizarre consolation pour ceux qui allaient mourir, de songer que le meur- trier plaindrait les veuves et les orphelins et leur en- verrait les embrassements de Va mi tic ! Dès les premières séances du club, on flt la proposi- tion de prendre des mesures contre les reclus et les sus- pects. Pour plaire à Monestier, on ne les ménagea pas liùs citoyens flétris par les mandats de réclusion. On les attaquait terriblement, d'une manière générale Ils sont, disait-on, durs par caractère j malfaisants par prin- cipes, méchants et cruels par état et par préjugés. . . ils sont trop encroûtés pour ne pas tout entraver ». Mais, parmi CCS reclus, dépaysés dans les prisons éloi- gnées, se trouvaient des magistrats, des avocats, des amis dont on avait reçu des services, et ceux qui les maudissaient tous en bloc les auraient volontiers tous sauvés un par un. La question des suspects était souvent posée. Un orateur les divisait en trois classes les traîtres à la 396 LA SOCIÉTÉ ET LES MŒURS EN BÉARN. patrie, et il réclama contre eux la mort ; ceux qui, loin de rajfermir la liberté, ont la lâcheté de ne pas concourir à sa conquête; et il réclama contre ceux-là la déportation ; il réclame enfin la surveillance contre les faibles qui, égarés par la perfidie, nont pas été méchants. Il était facile de tout faire entrer dans la dernière ca- tégorie qu'on pouvait, en pratique, rendre très élas- tique. Le comité de surveillance annonçait à la société qu'il allait prendre des mesures pour ramener les esprits hypo- crites et si, contre toute attente, ils ne réussissaient pas, ils emploiront tous les moyens que la loi met à leur disposition ». Comment ne pas réussir avec un argument aussi persuasif que la guillotine ? Après quelques tirades trop vives, inspirées par la terreur de Monestier, un Béarnais hasarde une proposition Pour radoucir les esprits, dit-il, pour calmer les âmes fiêres et généreuses, il faut chanter des airs patriotiques et aller danser le soir à la salle du théâtre ». La proposition est acceptée sans contradiction. Les déclamations contre le despotisme qui avait inventé V antre de la Bastille n'eurent pas grands succès. Les diatribes furibondes contre le fanatisme et les prêtres plaisaient davantage à Monestier. Le registre ne nomme pas les orateurs, mais quel langage ! Si le style c'est Thomme, c'étaient des hommes qui ne va- laient pas grand'chose. Voici comme s'exprime le procès-verbal Un orateur dévoile les vieux secrets des prêtres qui par principes canoniques greuchaient sic les CLLBS riOXNAIM-S. 397 hommes et mettaient en parade les femmes au son de leurs flageolets magiques ». Séance du 26 messidor an III. Lorsque Monestier présidait, il était souvent obligé de tonner contre l'apathie, le vice qu'il regardait comme l'une des causes des malheurs publics. Mais, lorsque les Béarnais étaient débarrassés de sa présence, les orateurs qui criaient encore contre la fanatisme n'avaient pas beau jeu. Tantôt on leur répondait par un poème sur l'Être Suprême qui n'était pas encore détrôné et tan- tôt par des murmures. Un orateur, dit le procès-ver- bal, se plaint que, pendant l'instruction sur le fanatisme, divers jeunes gens se sont introduits dans les galeries, dans d'autres vues que celle de l'écouter et que les mus- cadins trouvaient mauvais qu'on ra'ienne sur ces matières. Un orateur répond qu'il est temps de cesser les discours sur ce sujet, qu'il ne faut plus s'occuper du fiuiatisme sacerdotal, mais uniquement du fanatisme de la li- berté. Ces paroles sont vivement applaudies. Une autre fois, un orateur remarque avec regret que les' patriotes ne sont plus assidus aux séances. Il pa- raît, dit-il, que ce n est pas aujourd'hui la fête de la ci-de- vant Notre-Dame, car les galeries sont désertes. » Ces gale- ries de l'église Saint-Martin où s'assemblait le club, étaient naguère combles, lorsqu'on célébrait la fête de l'Assomption. On fut bientôt las des diatribes contre tout ce qui était vénérable ; le tempérament béarnais ne pouvait se fixire aux surexcitations violentes. Plus l'orateur s'en- llammait, plus l'auditoire restait froid. Les procès-ver- baux constatent souvent le bruit qui se lait au tond de 398 L'^^ SOCIÉTÉ ET LES MŒURS E\ BÉARN. la salle, les plaintes de l'orateur non écouté qui re- proche aux censeurs Vindulgence qui retarde le calme dans lequel seul la voix majestueuse de la vérité se fait en- tendre. La liberté du désordre était difficile à comprimer. On proposa de prendre des mesures sévères et de veiller à ce que la lumière du vestibule fût toujours allumée. Quand les violentes déclamations qui blessaient la conscience et réclamaient du sang cessèrent après le départ de Monestier, les séances devinrent plus calmes. On y fliisait la lecture des journaux ; on applaudissait j avec patriotisme aux victoires de nos armées ; on dis- f cutait des questions d'intérêt local ; on finissait la séance par la musique guerrière et sentimentale dirigée par le citoyen Furtz^. Ce Furtz était un brave homme; sa fille, M""^ Colalto, fiit, sous la Restauration, organiste de Saint-Martin et maîtresse de piano. La lecture des journaux charmait toute l'assemblée. Un orateur fiit fort applaudi en disant quil ny avait pas de meilleur moyen que les journaux pour dissiper les ombres de Vignorance. Rome, s'écria-t-il, n'aurait jamais péri, d'après un grand homme révolutionnaire, si elle eût eu des journaux et des sociétés populaires. » Il proposa, en conséquence, de fonder un journal dans les Basses-Pyrénées. Parmi les projets d'intérêt local présentés à la société montagnarde, on n'en trouve guère qui aient abouti. En face de la place Royale, lorsque la révolution éclata, se construisait l'église Saint-Louis; l'édifice restait inachevée et ressemblait à des ruines. Un ora- CLUBS KHVOLUTIONNAIRES. 399 tcur proposa d'en faire un temple dédié à l'Être Suprême mœurs béarnaises ont-elles perdu \ hi Révolu- tion qui brisa brusquement les traditions du passé ? Le parallèle serait curieux à établir entre les mœurs l'affinées de l'ancien régime et les mœurs nouvelles violemment introduites par la Terreur. Le vertueux Monestier avait uncvertit dans une signi- fication que ce mot ne comporte guère au cynisme des paroles^ il joignait le cynisme des actes. Il imitait les Romains qui, après l'orgie, aimaient à arroser de liba- tions de vin et du sang des gladiateurs la table des fes- tins il était cruel siu'tout quand il était ivre, et il l'était très souvent. Longtemps sa cruauté resta légendaire. ToutesMes horreurs qu'il commit ne sont pas écrites ; la mémoire populaire a gardé les détails de beaucoup d'inédites. 422 LA SOCIETE ET LES MŒURS EN BÉARN. Voici ce que, bien des fois, j'ai entendu raconter par mon père Un brave gentilhomme de Vic-Bigorre, M. de la Salle, avait été trouvé caché dans un champ de blé. On le conduisit devant Monestier, qui achevait de souper; celui-ci donna l'ordre de fusiller immédiatement le fugitif et l'exécution eut lieu aux flambeaux. Le lendemain matin, les vapeurs de l'ivresse s'étant dissipées, Monestier n'avait qu'une idée confuse de la scène de la veille, et il se mit à dire en riant . Il faut convenir que ce pauvre la Salle a eu hier soir une fu- rieuse peur ; eh bien ! il en sera quitte pour la peur. Qu'on le mette en liberté ! — Mais, lui répHqua-t-on, par ton ordre il a été exécuté. — Il répliqua Puisque c'est fait_, autant vaut. » , La pudeur publique n'était pas mieux respectée que la vie humaine. Le vice se transformait en déesse. Ce n'est point par la décence du costume, ni par la pureté de la vie que brillait la jolie fille qui représentait la déesse de la Rai- son. La relation du temps^ racontant la promenade de cette Raison portée sur le pavois civique, dit que ses yeux étaient des sources où chaque orateur puisait des idées révolutionnaires qui embrasaient les cœurs. On a sou- vent parlé des sources de larmes, et comparé les beaux yeux à des astres Astres dont nul soleil ne peut flétrir la flamme, mais les comparer à des sources qui allument le feu au lieu de l'éteindre, c'était du style nouveau. MŒURS BÛARNAISES SOUS LA 423 Dans les clubs et les grandes assemblées populaires où se trouvaient des femmes, on ne manquait pas de voter le baiser fraternel. En théorie, le vote était accueilli avec enthousiasme; mais, dans la pratique, il surgis- sait des difficultés; certains pères, certains maris sus- ceptibles se plaignaient de façons trop sans-culottidcs avec lesquelles on embrassait leurs filles et leurs femmes. Des gens délicats ne cachaient pas leur répugnance pour certaines accolades trop fraternelles. Et Monestier devait se dire que les Béarnais étaient plus terrorisés que partisans de la Terreur. Voici comment il s'expri- mait dans une proclamation adressée aux citoyens du district et communauté de Pau, le 14 messidor an II Si je n'avais eu à franchir que les menées des aristo- crates, ce n'eût pas été là un obstacle qui m'aurait K soumis à l'étude et aux méditations les plus réfléchies, • mcler à cet incident la politique qui n'y avait que faire. Parmi les avocats qui plaidèrent, je me souviens de Dulaut, l'ancien ami de Robespierre, et de Moc- quard, le futur ami de Napoléon III. Dulaut était bon époux ; sa femme était parfaite, elle avait sauvé beaucoup de victimes; sa plus grande ambition était de sauver l'âme de son mari. Ses efforts pour réveiller dans la conscience du vieux Béarnais une étincelle de foi furent longs, persévérants et, enfin, couronnés de succès. Elle l'envoya un jour auprès d'un ancien révolutionnaire qui écartait le prêtre de son lit de mort Ami^ lui dit Dulaut, si je me mettais en //r modérer réUvation des prix des subsistances. L'esprit de conciliation et de réconci- liation vivait encore dans la petite cité d'Henri IV. En relisant le Mémorial de 18 17, je trouve ces vers qui peignent bien les idées en circulation à Pau Ne vous contentez pas de les avoir soumis, Sire, défaites-vous de tous vos ennemis. Disait au Béarnais un homme sanguinaire. Tu vois, lui répondit ce prince débonnaire Qjiie je défère à ton avis Car de ses ennemis n'est-ce pas se défaire Que de s'en faire des amis ! FÊTES PUBLia'HS. 47 C'est à Louis-Philippe que Ton doit la restauration du château d'Henri IV. Meublé d'une manière splcn- dide, on y donna plusieurs fêtes. Le duc d'Orléans, le plus populaire des princes, et la duchesse d'Orléans y séjournèrent au retour d'Afrique où le duc avait si bril- lamment montré qu'il était du sang de Henri I\'. Le duc de Nemours et le duc de Montpensicr se reposèrent plusieurs fois à Pau, en se rendant aux eaux des Pyré- nées. C'est alors que furent ouvertes les rues Mont- pcnsier, d'Orléans et d'autres encore. Des fêtes données par les princes ou en leur hon- neur, je ne citerai qu'une seule. Jamais peut-être, depuis Marguerite de Valois, le château n'avait vu d'aussi magnifiques réjouissances. LoLiis-Philii-jpe avait fait don à la ville de Pau de la statue en marbre blanc d'Henri IV^, œuvre de Raggi avec les bas-reliefs d'Ltex, qui décore aujour- d'hui la place Royale. Le dimanche 27 août Tinauguration de la sta- tue fut célébrée avec une royale magnificence. Les fêtes durèrent trois jours. Le duc de Montpensier les présidait, en costume de capitaine d'artillerie. Le cortège était splcndide quand il se rendit à la place Royale pour la cérémonie de l'inauguration. La cour royale en robes rouges, tous les fonctionnaires du département en grand costume, une foule de géné- raux et d'olliciers venus de tous les pa\s escortaient le jeune prince. Des nuiltiiudes de izuirlandes et de fleurs décorjient 458 LA SOCIÉTÉ liT LES MŒURS EN BÉARN. la place entière; six cents dames rivalisant d'élégance occupaient des places réservées. Dès l'arrivée du cortège des chœurs exécutaient à grand orchestre la cantate suivante du poète béarnais Liadières Jour d'orgueil et d'ivresse Un monarque chéri Revient aux bords heureux qu'habitait sa jeunesse, Le voilà, c'est Henri, C'est le grand, c'est le bon Henri. Henri, reconnais-tu ta cité souveraine, Les pics qu'elle regarde, et ton château natal, Et ce Gave azuré qui, sillonnant la plaine, Baigne en passant ton parc royal ? Le temps peut imprimer sa trace irréparable Sur le granit des monts comme au front des palais, Mais ce qui reste inaltérable C'est le cœur de tes Béarnais. Jour d'orgueil, etc.. Durant ta longue absence un immense naufrage Engloutit les débris des trônes et des lois. Et la sourde rumeur qui succède à l'orage Loin de nous gronde quelquefois. Mais, Henri, ton génie, en planant sur nos villes, Y confond les partis dans un même faisceau. Le souffle des haines civiles Expire au pied de ton berceau. Henri, sois fier de nous ! Si plus d'une victoire A signalé les fils de tes preux triomphants. Le siècle où tu reviens réservait plus de gloire Aux petits-fils de leurs enfants. 1-HTES PUIiLIQLiS. 459 Sous le drapeau d'Arcole, en ces courses lointaines, Ils furent conquérants et justes à la fois. La l'rance en fit des capitaines, Ht le Nord en a fait des rois. Depuis longtemps, Henri, dans une douce extase, Nos champs et nos cités attendaient ton retour, Des créneaux de Moncade au donjon de Coarraze Nos coteaux frémissaient d'amour. Le vieux château d'Albret, lavé de ses souillures, Et dont l'herbe cent ans déshonora le seuil, Sous les pompes de ses dorures Souriait pour te faire accueil. QjLii te rend à nos vœux? Qiii relève le faîte Du manoir paternel où tu reviens en roi ? C'est ton fils, comme toi battu de la tempête. Il sut pardonner comme toi. Henri de notre siècle est digne de sa race. Il préfère pour nous, sans craindre les combats, Au bruit de la gloire qui passe La liberté qui ne meurt pas. Des enfiints du Béarn accourus pour l'entendre, Reconnais-tu celui qui marche au premier rang? Nos cœurs, en le voyant, ne peuvent s'y méprendre, C'est ton image, c'est ton sang. C'est ta jeunesse, Henri, laborieuse et forte Et les nobles travaux dont Vincenne a fait foi Plus que le nom roval qu'il porte Prouvent qu'il est issu de toi. Salut, salut, Henri ! Devant ta face auguste. Inclinons, Béarnais, nos fronts reconnaissants Aux pieds d'un roi clément, aux autels d'un roi juste On ne peut brûler trop d' dZ7k. 141 290 69 348 277 167 314 321 9

croisement pigeon ramier et bleu de gascogne