Professeur de droit Ă lâuniversitĂ© arabe de JĂ©rusalem al-Qods, conseiller municipal de HĂ©bron, prĂ©sident de lâassociation dâĂ©changes culturels HĂ©bron-France, le Docteur Abu Eisheh est un proche de Mahmoud Abbas. Il a rencontrĂ© Slate Ă penser de la dĂ©claration de Khaled Mechaal, prononcĂ©e le 8 dĂ©cembre Ă Gaza, selon laquelle la Palestine, de la mer MĂ©diterranĂ©e au fleuve Jourdain, du nord au sud, est notre terre et notre nation, dont on ne peut cĂ©der ni un pouce ni une partie. Nous ne pouvons pas reconnaĂźtre de lĂ©gitimitĂ© Ă lâoccupation de la Palestine ni Ă IsraĂ«l»? Faut-il craindre une troisiĂšme Intifada? Quel est le rĂŽle du Qatar? Comment imaginer la cohabitation entre Palestiniens et IsraĂ©liens en Cisjordanie? Entretien. Slate Vous ĂȘtes proche du PrĂ©sident de lâAutoritĂ© palestinienne Mahmoud Abbas qui a obtenu un franc succĂšs Ă lâONU avec le statut dâEtat observateur accordĂ© Ă la Palestine. Vous ĂȘtes bien placĂ© pour juger qui du PrĂ©sident de lâAutoritĂ© palestinienne ou du chef du Hamas Khaled Mechaal peut devenir le nouveau leader dâun peuple palestinien rĂ©unifiĂ©. Et dâabord, quelle est la prochaine Ă©tape pour Mahmoud Abbas? Abu Eisheh Il va ĂȘtre plus prĂ©sent sur la scĂšne internationale pour obtenir notre adhĂ©sion aux organisations internationales qui nous donnent une tribune plus large et qui pourraient faire une pression plus forte sur IsraĂ«l pour lâamener Ă respecter le droit international.» La dĂ©claration de Khaled Mechaal Ă Gaza qui rejette de fait lâexistence dâIsraĂ«l nous ramĂšne Ă plusieurs annĂ©es en arriĂšre, on avait dit pourtant quâil sâĂ©tait modĂ©rĂ© depuis son dĂ©part de Syrie et son installation au Qatar. Comment comprenez-vous cette dĂ©claration? Il a dĂ©clarĂ© beaucoup de choses. Dâabord il a parlĂ© de la Cisjordanie et ensuite il sâest enflammĂ© et a parlĂ© de la Palestine historique. Khaled Mechaal nâest pas aussi charismatique que Yasser Arafat, loin de lĂ . Mais il manie bien la parole et il est actuellement soutenu plus quâauparavant. Mechaal fait partie du mouvement des FrĂšres musulmans. Tout est liĂ© aux Ă©vĂšnements de ces derniers temps la guerre entre Gaza et IsraĂ«l, lâarrivĂ©e au pouvoir de Morsi en Egypte et le retour plus transparent de lâIran en Irak. Tous ces Ă©vĂšnements poussent Mechaal Ă se voir Ă la tĂȘte de lâOLP. Dâailleurs, pendant son discours, il se montrait comme le chef de tout le peuple palestinien et cela est inquiĂ©tant. Je crois que le peuple palestinien serait perdant et IsraĂ«l aussi si le courant religieux lâemportait.» Ne pensez-vous pas que cette stratĂ©gie du Hamas pourrait nuire Ă la position du prĂ©sident Abbas et aux relations avec les IsraĂ©liens et surtout les AmĂ©ricains? Ce qui nuit Ă la position dâAbbas, câest dâabord la position dâIsraĂ«l qui nâa rien lĂąchĂ© et qui nâa fait aucun geste positif. En fait, le seul succĂšs dâAbbas est sur la scĂšne internationale. Sur le terrain, il est clair quâIsraĂ«l poursuit la colonisation qui reprĂ©sente un fait fondamental nĂ©gatif. En effet, lorsque les Palestiniens proposent un Etat dans les territoires occupĂ©s en 1967, il faut dire que cela ne dĂ©passe pas kmsÂČ. La poursuite de la colonisation veut dire que lâon nous laisse moins dâespace notamment dans la vallĂ©e du Jourdain et mĂȘme aux alentours des villes. En ce qui concerne ma ville de HĂ©bron, nous disposons dâun stade pour habitants alors quâen 1967, jusquâĂ lâoccupation israĂ©lienne, nous en avions cinq pour habitants. Il faut comprendre que tout ce qui touche aux citoyens dans la vie de tous les jours influe sur le processus politique. Sur le terrain, on vit une crise Ă©conomique grave. Les salaires des fonctionnaires ne sont pas versĂ©s et tout rĂ©gresse pour les autres citoyens de la Cisjordanie. IsraĂ«l Ă©touffe lâautoritĂ© palestinienne et les citoyens.» Une troisiĂšme Intifada serait contre tout ce qui est le pouvoir» Les observateurs annoncent depuis longtemps que la place de Mahmoud Abbas est Ă prendre, cela explique-t-il la surenchĂšre Ă laquelle nous assistons aujourdâhui? Câest Ă celui qui se montrera le plus nationaliste pour capter lâattention de la population palestinienne? Câest en fait que celui qui obtiendra le plus rĂ©ussira. Pendant que lâAutoritĂ© ne peut empĂȘcher la destruction des maisons partout dans la vallĂ©e du Jourdain, Gaza devient moderne et bĂ©nĂ©ficie, peut-ĂȘtre pas de la justice sociale, mais dâune bonne sĂ©curitĂ© tout en nâayant pas de colons comme nous. Les habitants de Cisjordanie sont presque jaloux de ceux de Gaza oĂč tout semble aller bien. Ils ont mĂȘme obtenu une victoire contre IsraĂ«l pendant la derniĂšre guerre. Le Hamas a au moins connu une victoire alors que le Fatah nâa connu que des Ă©checs politiques quant au processus de paix.» Mahmoud Abbas, ou le Fatah, nâa-t-il pas intĂ©rĂȘt Ă prendre de court le Hamas en lançant une initiative originale comme celle de sâasseoir demain Ă la table des nĂ©gociations pour mettre au pied du mur les israĂ©liens et par consĂ©quent le Hamas? Les dirigeants palestiniens, sans exception, sont trĂšs déçus parce que beaucoup dâaccords nâont pas Ă©tĂ© respectĂ©s ou nâont pas Ă©tĂ© mis en Ćuvre par le gouvernement israĂ©lien, la feuille de route par exemple. Venez visiter les territoires occupĂ©s oĂč la vie Ă©conomique est misĂ©rable alors que paradoxalement lâĂ©conomie prospĂšre en IsraĂ«l. Aucun dirigeant palestinien ne fait plus confiance au gouvernement israĂ©lien pour sâasseoir Ă la table des nĂ©gociations.» Des bruits circulent en IsraĂ«l selon lesquels les Palestiniens envisagent une troisiĂšme intifada. Pensez-vous que la stratĂ©gie sera payante et ne risque pas dâenvenimer les relations dĂ©jĂ tendues? Je crois quâune Intifada nâest pas envisageable; elle ne se planifie pas. Dâailleurs les deux intifadas que nous avons connues nâavaient pas Ă©tĂ© planifiĂ©es. Une anecdote dâailleurs des soldats israĂ©liens ont chargĂ© un policier palestinien qui a ripostĂ© en entraĂźnant la foule Ă le soutenir. Les soldats ont usĂ© de bombes lacrymogĂšnes comme sâil sâagissait dâun dĂ©but dâIntifada mais lâAutoritĂ© palestinienne a jouĂ© lâapaisement en empĂȘchant la foule de manifester contre les soldats israĂ©liens. Il est vrai que les jeunes en particulier font pression Ă la fois contre IsraĂ«l et contre lâAutoritĂ© palestinienne mais pour des raisons beaucoup plus Ă©conomiques et de dignitĂ© que pour des raisons politiques car ils ne trouvent pas de travail et nâont pas de perspective dâavenir. Si une intifada a lieu, elle ne sera pas contre IsraĂ«l mais contre tout ce qui est le pouvoir. Câest aussi vrai que le terrain est propice Ă des manifestations car les gens souffrent dans leur vie quotidienne.» Donc vous ne pensez pas que les dirigeants pousseront la population Ă une Intifada. Si elle a lieu, ce serait contre lâavis de lâAutoritĂ© palestinienne? Si une intifada a lieu, câest le peuple qui lâaura voulu.» La politique du Qatar a toujours Ă©tĂ© nĂ©faste aux Palestiniens» Le Qatar donnait lâimpression dâadopter une attitude pragmatique vis-Ă -vis dâIsraĂ«l, or le Premier ministre du Qatar a appelĂ© les pays arabes Ă revoir leur plan de paix au Proche-Orient, dâinspiration saoudienne, qui proposait Ă IsraĂ«l une normalisation des relations, en Ă©change dâun retrait israĂ©lien des territoires occupĂ©s en 1967. Le Qatar semble donc en rupture avec lâArabie saoudite⊠La politique du Qatar a toujours Ă©tĂ© nĂ©faste aux Palestiniens. Câest une politique de soutien variable. Le Qatar a de trĂšs bons rapports avec les AmĂ©ricains et avec les IsraĂ©liens et tout le monde a du mal Ă comprendre la politique du Qatar. Les Qataris se prĂ©sentent comme sâils Ă©taient le Nasser des annĂ©es 1950 mais ils commettent des gaffes, plutĂŽt des fautes, en ne respectant pas les droits de lâhomme.» Mais ils sont les inspirateurs de Khaled Mechaal; ils le financent et lâhĂ©bergent. Ils lâont poussĂ© Ă modĂ©rer son attitude. Or la nouvelle attitude de Mechaal est ambigĂŒe au point de tout faire capoter⊠Vous nâĂȘtes pas le seul Ă avoir du mal Ă comprendre, car moi aussi jâai du mal Ă comprendre. Mais je crois que les Qataris veulent absorber les Palestiniens en favorisant les rĂ©gimes religieux. La laĂŻcitĂ© nâest pas leur premiĂšre prĂ©occupation et le paradoxe est que ces rĂ©gimes religieux ont les faveurs des AmĂ©ricains, directement ou indirectement.» Vous qui ĂȘtes un dirigeant du Fatah, comment voyez-vous lâavenir des relations entre Fatah et Hamas et avec Khaled Mechaal qui prend de plus en plus dâimportance dâautant plus quâen face, Ă part Mahmoud Abbas, on ne voit pas une personne charismatique Ă©merger du clan du Fatah? Tout dâabord, je ne suis pas un dirigeant du Fatah, je nâen suis quâun simple membre mais depuis trĂšs longtemps. Cela peut arriver quâun dirigeant Ă©merge un jour car câest en pratiquant le pouvoir quâil peut montrer ses capacitĂ©s cachĂ©es. Il est clair que Mechaal a une grande ambition; il parle et se comporte comme sâil Ă©tait en route pour ĂȘtre le prochain prĂ©sident du peuple palestinien. Mais il a dĂ©clarĂ© quâil gardera lâOLP comme seul reprĂ©sentant du peuple Ă condition quâil y ait des rĂ©formes. Il sâagit de savoir si le Hamas est prĂȘt Ă organiser des Ă©lections libres; ce sera la preuve quâil dĂ©sire une vraie rĂ©conciliation. Le problĂšme des relations entre Gaza et lâEgypte est entier. Il est acquis Ă prĂ©sent que Gaza est devenu une principautĂ© dans la sphĂšre du rĂ©gime Ă©gyptien actuel. En tout Ă©tat de cause lâEgypte sâest portĂ©e garante de lâapplication des accords conclus entre le gouvernement israĂ©lien et Hamas Ă la suite de la derniĂšre attaque israĂ©lienne contre Gaza.» Avez-vous de bonnes relations avec Morsi? Nous sommes obligĂ©s dâavoir une relation aussi bonne que possible mais on sait quâil ne porte pas dans son cĆur lâOLP telle quâelle est car trop laĂŻque alors quâil a les FrĂšres musulmans derriĂšre lui. Il faut savoir aussi quâau Hamas il nây a pas que Mechaal qui veut devenir prĂ©sident du Hamas et du peuple palestinien; il y a dâautres dirigeants Ă Gaza comme Haniyeh ou Al-Zahar qui peuvent gĂȘner un processus de rĂ©conciliation.» Pensez-vous que la rĂ©conciliation est lointaine? Je nâen sais vraiment rien; je sais que tous les Palestiniens souhaitent la rĂ©conciliation, mais il y a des limites. Tout dĂ©pend de ce que le Hamas veut avoir. Ce nâest pas possible sâil veut devenir Ă lui seul lâOLP. Il doit se mettre en rĂšgle avec un Etat dĂ©mocratique et accepter les Ă©lections tout en aidant Mahmoud Abbas Ă avoir un meilleur soutien international.» Aucun dirigeant palestinien ne nĂ©gociera sur dâautre base que les frontiĂšres de 1967» Justement, Mahmoud Abbas nâaurait-il pas intĂ©rĂȘt Ă provoquer les conditions dâune nĂ©gociation avec IsraĂ«l en apportant des propositions originales et sĂ©rieuses pour mettre au pied du mur Benjamin Netanyahou? Je crois que les IsraĂ©liens et les Etats-Unis aux yeux des Palestiniens et du monde arabe sont dĂ©jĂ mis au pied du mur parce quâon a eu des nĂ©gociations stĂ©riles pendant de longues annĂ©es et lâon ne fait plus confiance aux IsraĂ©liens en raison des problĂšmes Ă©conomiques et de la poursuite de la colonisation et jâemploie Ă bon escient ce mot de colonisation qui est un cancer pour la paix.» Les observateurs politiques Ă©trangers constatent quâil nây a pas de projet palestinien sous forme de plan concret et Ă©crit pour dĂ©marrer la nĂ©gociation. Nous avons toujours dit que notre rĂ©fĂ©rence est le droit international qui a Ă©tĂ© fait par lâoccident et nous demandons lâarbitrage international. Or le gouvernement israĂ©lien dĂ©teste ce mot de droit international. Par ailleurs les Palestiniens ont la blessure des accords dâOslo qui ont plutĂŽt conduit Ă des affrontements. Nous avions cinq ans pour prĂ©parer nos institutions Ă©tatiques mais il nây a jamais eu de gel de la colonisation, ce qui est en contradiction avec les accords dâOslo et qui a rendu impossible la poursuite du processus de paix qui avait bien commencĂ© en 1994-95.» Que pensez-vous de la proposition de Naftali Benett leader du grand parti national religieux sioniste qui prĂŽne lâannexion de la zone C Ă IsraĂ«l avec la possibilitĂ© pour les arabes qui y vivent de devenir IsraĂ©liens et la crĂ©ation dâun Etat palestinien dans les zones A et B rĂ©unies? Câest une solution irrĂ©elle et ridicule car la vallĂ©e du Jourdain incluse dans la zone C est le grenier de la Cisjordanie, câest la zone la plus agricole de la Palestine et il restera alors peu dâespace pour notre Etat. Cette proposition ne mĂ©rite pas quâon sây attarde. Ne cherchons pas autre chose que lâapplication du droit international.» Louer les terres de ces colonies pendant 30 ou 40 ans» Câest quoi le droit international pour vous? Ce sont les frontiĂšres de 1967. Aucun dirigeant palestinien ne nĂ©gociera sur une autre base.» Et que ferez-vous des grandes implantations comme Ariel, Maale-Adoumim ou Goush-Etsion et des habitants juifs de Cisjordanie? Nous avons eu, IsraĂ©liens et Palestiniens, beaucoup dâimagination. Ainsi il a Ă©tĂ© proposĂ© de louer les terres de ces colonies pendant trente ou quarante ans pendant lesquels nous atteindrons une pĂ©riode de stabilitĂ© et de confiance pour envisager la cohabitation. Les IsraĂ©liens auront un jour la possibilitĂ© de choisir de rester chez nous en tant que citoyens palestiniens ou Ă©trangers ou bien de retourner en IsraĂ«l, aprĂšs tout le Fatah revendiquait dans sa charte un Ă©tat laĂŻc et dĂ©mocratique Ă Ă©galitĂ© de droits et de devoirs pour les juifs, chrĂ©tiens et musulmans. Par ailleurs, lorsquâIsraĂ«l a annexĂ© JĂ©rusalem-Est, il nâa pas annexĂ© les Palestiniens qui pouvaient rester Jordaniens, ou prendre la nationalitĂ© israĂ©lienne. Et pourquoi dans quelques annĂ©es, les colons ne demanderaient pas la nationalitĂ© palestinienne puisque nous serons un pays laĂŻc et dĂ©mocratique?» La dĂ©claration de Mechaal nâest pas pour vous une fin de non-recevoir. Ătes-vous donc raisonnablement optimiste sur la suite des Ă©vĂšnements? Je ne suis pas trop optimiste Ă terme, mais je me dis que les IsraĂ©liens et les Palestiniens nâont pas dâautre choix que de faire la paix. Les IsraĂ©liens doivent comprendre que les meilleurs protecteurs du peuple israĂ©lien et de la sĂ©curitĂ© dâIsraĂ«l, câest le peuple palestinien. La paix avec les Palestiniens tirerait le tapis sous les pieds de tous ceux qui font de la surenchĂšre, en Iran ou ailleurs.» Propos recueillis par Jacques Benillouche/ Article original TAGS Fatah Hamas Qatar Morsi Egypte Israel Mechaal Gaza Abbas AutoritĂ© Palestinienne Elections libres Implantations politique Processus de Paix 1967 Intifada Double Language Benillouche
Ladure rĂ©alitĂ© est que la France est sur le podium depuis plus de 15 ans, et qu'elle a bel et bien Ă©tĂ© championne d'Europe donc du monde des prĂ©lĂšvements obligatoires de 2013 Ă 2019, avec En d'autres temps, cette histoire aurait beaucoup amusĂ© Volodymyr Zelensky. S'il n'en avait pas Ă©tĂ© le principal protagoniste, il l'aurait recyclĂ©e Ă coup sĂ»r en un bon sketch, lui qui concassait du politique Ă longueur de programmes avec ses copains de la tĂ©lĂ©. Le pitch aurait Ă©tĂ© le suivant un comĂ©dien, soi-disant normal, est propulsĂ©, prĂ©tendument par accident, prĂ©sident de l'Ukraine. Trois mois aprĂšs, il reçoit le premier coup de fil de Donald Trump. ImpressionnĂ©, le type en fait des tonnes pour plaire au maĂźtre des aussi - Impeachment Donald Trump se venge aprĂšs son acquittementEntre deux flagorneries, il lui demande quand mĂȘme oĂč en est le versement des 400 millions de dollars d'aide militaire promis. Et l'autre de lui glisser qu'il y pense mais que ce serait aussi une bonne chose qu'une enquĂȘte soit lancĂ©e sur les activitĂ©s Ă Kiev de Joe Biden, candidat Ă l'Ă©lection amĂ©ricaine, et de son fils. Ă ce chantage dĂ©guisĂ©, le novice rĂ©pond qu'un nouveau procureur va bientĂŽt aussi - ENQUETE. Michael Bloomberg, le milliardaire qui veut dĂ©trĂŽner Donald Trump"Volodymyr Zelensky est aussi charismatique qu'autoritaire", estime une ancienne dĂ©putĂ©e de son parti Cet Ă©pisode est Ă©videmment celui qui a valu un procĂšs en destitution au milliardaire de la Maison-Blanche. Mais l'autre acteur au bout du fil, ce prĂ©sident ukrainien obsĂ©quieux et un brin amateur, Volodymyr Zelensky, donc, qui s'en est vĂ©ritablement souciĂ©? "Cette affaire n'a pas vraiment eu d'incidence ici, balaie le politologue Ruslan Bortnik. Tout le monde a compris qu'il ait voulu plaire Ă Trump."Peut-ĂȘtre. Mais ce fameux Ă©change de juillet 2019 a pourtant marquĂ© un tournant dans la courte carriĂšre prĂ©sidentielle de Zelensky. Pour la premiĂšre fois, il a malgrĂ© lui un peu fendu l'armure. Et les poncifs qui couraient Ă son sujet se sont lĂ©zardĂ©s. Non, il n'est pas seulement ce saltimbanque, populiste d'un genre nouveau, caricaturĂ© par les mĂ©dias Ă©trangers. Non, son fils de 7 ans n'est pas le seul Ă exercer une influence sur lui. Oui, il sait se salir les mains quand il le faut. Ceux qui l'ont rencontrĂ© ou scrutent l'animal politique qu'il est devenu savaient cela depuis longtemps. "C'est un trĂšs grand ambitieux, un nĂ©gociateur redoutable, un pragmatique qui peut ĂȘtre trĂšs dur avec ses Ă©quipes", affirme Ruslan Bortnik. "Son image de mec cool et sympa, c'est de la poudre aux yeux, ajoute l'ancienne dĂ©putĂ©e de son parti Hanna Skorokhod. Il est aussi charismatique qu'autoritaire."En bon illusionniste, l'ancien amuseur public aurait donc trompĂ© son monde. Et si, pour tenter d'y voir plus clair, il fallait refaire son chemin Ă l'envers, retourner dans le passĂ©?Il est nĂ© Ă KryvyĂŻ Rih, 450 kilomĂštres au sud-est de KievKryvyĂŻ Rih, 450 kilomĂštres au sud-est de Kiev, entre Dnipro et Odessa. C'est ici, dans cette ville de gueules noires, que le bouffon devenu roi est nĂ©. "Faites un tour dans la ville et vous comprendrez pourquoi il a eu envie de se barrer", grince de bon matin Roman, vendeur de tĂ©lĂ©phones. Le brouillard Ă©pais et glacial de cet hiver sans neige n'arrange rien. On cherche un centre un peu charmant qui Ă©chapperait aux bĂątiments staliniens et aux trolleybus brinquebalants. En roman officiel veut que Zelensky ait grandi dans un coin privilĂ©giĂ© de la ville. Le quartier 95, certes central, ressemble pourtant Ă un territoire Ă l'abandon avec ses barres d'immeubles qui encerclent un terrain presque vague. Le bĂątiment oĂč a grandi Zelensky et oĂč ses parents vivent encore desquame par endroits. Natalia, une voisine, se souvient trĂšs bien du prĂ©sident dans ses jeunes annĂ©es, "ce gamin normal, gentil" qui jouait avec sa fille. Les parents, Oleksandre et Rimma, sont des scientifiques, produits de l'intelligentsia soviĂ©tique. Lui est prof d'informatique et travaille encore. Elle est ingĂ©nieure Ă la retraite. Une famille rigoriste, russophone, juive aussi, mĂȘme si leur fils n'en fait jamais grand cas."Il Ă©tait poli, trĂšs bien Ă©duquĂ© mais aussi trĂšs direct, il savait oĂč il allait"Adolescent, Vova, le diminutif de Volodymyr que tous ses proches utilisent, frĂ©quente le collĂšge-lycĂ©e situĂ© Ă 200 mĂštres de sa barre. Il y rencontre Olena, sa future Ă©pouse, qui, dit-on, a l'oreille de son prĂ©sident de mari. "Une brillante Ă©lĂšve", se souvient la proviseure, la dĂ©licieuse Alla Chepilko. Zelensky lui non plus n'est pas un cancre. "Il Ă©tait poli, trĂšs bien Ă©duquĂ© mais aussi trĂšs direct, il savait oĂč il allait", affirme la crĂ©e en novembre 2015 Serviteur du peuple, une sĂ©rie Ă l'humour potacheSes parents l'imaginent avocat. ObĂ©issant, Vova fait du droit, dĂ©croche son diplĂŽme, qui ne servira Ă rien. Son truc, c'est la scĂšne. Il y a pris goĂ»t au lycĂ©e lors de battles d'improvisation organisĂ©es tous les ans entre enseignants et Ă©lĂšves. Ă la fac, il crĂ©e sa troupe, Kvartal 95, avec ses Ă©ternels amis de KryvyĂŻ Rih, qui le suivront jusqu'Ă la prĂ©sidence. Le petit groupe participe Ă la finale tĂ©lĂ©visĂ©e d'un KVN, des shows d'improvisation trĂšs populaires dans l'ex-monde communiste. C'est le dĂ©but de la gloire. En 2002, un producteur leur propose leur propre Ă©mission Ă la tĂ©lĂ©vision russe. L'acteur devient une star, crĂ©e sa sociĂ©tĂ© de production, Kvartal 95, une affaire trĂšs vite florissante. En 2012, Forbes Ukraine Ă©voque un revenu de 15 millions de dollars. L'acteur s'offre une villa de quinze chambres en Toscane."Il lui arrivait aussi de faire des spectacles privĂ©s pour les oligarques"Ă l'Ă©poque, il n'est pas exactement ce franc-tireur revendiquĂ©. "Il connaissait personnellement tous les dirigeants de parti et tous le connaissaient", affirme le politologue Ruslan Bortnik. "Il lui arrivait aussi de faire des spectacles privĂ©s pour les oligarques", ajoute Tetyana Chevtchouk, du Centre d'action anticorruption Antac.2014 marque la fin d'une Ă©poque. Ă MaĂŻdan, l'Ukraine fait sa rĂ©volution. Pendant des mois, le pays est en Ă©bullition, Poutine annexe la CrimĂ©e, l'Est s'enflamme. Kvartal 95 coupe ses liens avec la Russie et crĂ©e en novembre 2015 Serviteur du peuple, sĂ©rie Ă l'humour potache oĂč Vasyl Holoborodko, un simple professeur d'histoire, est bombardĂ© prĂ©sident de l'Ukraine. Est-ce d'incarner ce Robin des bois qui donne des idĂ©es Ă Zelensky? AprĂšs des premiers sondages encourageants Ă l'Ă©tĂ© 2018, il se lance dans la course prĂ©sidentielle le 31 de lui, il y a son Ă©quipe de Kvartal 95. Plane aussi l'ombre d'un personnage aux airs de pĂšre NoĂ«l avec sa barbe grise et son embonpoint Ihor KolomoĂŻsky. Il est l'un des plus redoutables oligarques du pays, propriĂ©taire de la chaĂźne 1+1, sur laquelle se produit Zelensky. Les deux hommes sont proches. Trop, disent les mauvaises langues, qui accusent KolomoĂŻsky d'ĂȘtre le marionnettiste du producteur-comĂ©dien, son pourvoyeur de fonds aussi. "C'est trĂšs exagĂ©rĂ©, corrige le politologue Ruslan Bortnik. Ce sont plutĂŽt deux businessmen qui se sont utilisĂ©s l'un l'autre."Pendant la campagne, Zelensky entretient son image de libĂ©ral gentiment anar et d'antisystĂšme Qu'importent les soupçons. Pendant la campagne, Zelensky entretient son image de libĂ©ral gentiment anar, d'antisystĂšme qui ne promet rien Ă part d'essayer de rĂ©gler le conflit du Donbass et de se dĂ©barrasser de la ploutocratie aux commandes de l'Ukraine depuis la fin de l'URSS. Un peu court, mais suffisant dans un pays oĂč le vent du dĂ©gagisme souffle fort. Il arrive en tĂȘte du premier tour. Puis pulvĂ©rise le prĂ©sident sortant, Petro Porochenko, au second avec 73 % des voix! En quatre mois, Zelensky et ses copains d'enfance viennent de rĂ©aliser l'un des plus grands braquages Ă©lectoraux de l'Histoire."L'entourage proche de Zelensky ne connaĂźt rien des grands concepts politiques. Lui-mĂȘme est totalement apolitique et gouverne Ă coups de sondages"Mais prendre le pouvoir est une chose ; savoir l'utiliser en est une autre. Selon l'expert Oleg Saakyan, c'est lĂ oĂč le bĂąt blesse "L'entourage proche de Zelensky ne connaĂźt rien des grands concepts politiques. Lui-mĂȘme est totalement apolitique et gouverne Ă coups de sondages." Et de souligner une complĂšte dĂ©sorganisation "Au dĂ©but, ils n'avaient une vision que de la veille pour le lendemain. Aujourd'hui, c'est une semaine pour l'autre. Pas davantage."Il y a tout de mĂȘme un domaine dans lequel Zelensky et ses proches excellent le divertissement et la communication. Alors, sur Facebook, les vidĂ©os se succĂšdent Zelensky dans sa Tesla passant au McDrive, Zelensky marchant dans la rue, Zelensky courant sur son home-trainer⊠"Il entretient l'image du simple gars devenu prĂ©sident", souligne Oleksandr Martynenko, rĂ©dacteur en chef de l'agence de presse Interfax. Au New Yorker, l'ancien comĂ©dien confie d'ailleurs ĂȘtre mal Ă l'aise avec les dorures de ses bureaux. "Ce n'est pas un endroit pour une personne normale", lĂąche-tâ heures de confĂ©rence de presseZelensky sait pourtant bien qu'il ne l'est plus. Pourquoi sinon cet hypercontrĂŽle de la communication, ce peu de foi dans les corps intermĂ©diaires? Pourquoi tenir Ă l'Ă©cart les mĂ©dias traditionnels? Les journalistes, eux, enragent de ce octobre, Zelensky leur offre tout de mĂȘme une grande confĂ©rence de presse. Enfin, plutĂŽt une performance oĂč, autour d'une grande table de restaurant, les journalistes se relaient pendant⊠douze heures. "Record du monde!", fanfaronne l'Ă©quipe prĂ©sidentielle. "Pourtant, niveau journalistique, c'Ă©tait nul, se souvient Anastasia Tovt, du site d'investigation Strana. La plupart du temps, il rĂ©pondait 'je ne sais pas', et interdiction de le relancer!" Son attachĂ©e de presse veille au grain. Ah, Iuliia Mendel! Un vrai cerbĂšre qui n'hĂ©site pas Ă s'en prendre physiquement aux reporters en croire Hanna Skorokhod, la brutalitĂ© serait d'ailleurs une marque de fabrique du nouveau pouvoir. Cette juriste fut, fin juillet, l'un des 254 candidats de Serviteur du peuple, le parti baptisĂ© du nom de la sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e, Ă©lus Ă la Rada. Pour recruter ses aspirants parlementaires, le parti prĂ©sidentiel a, un peu Ă la maniĂšre d'En marche, piochĂ© dans le rĂ©servoir de petites mains qui ont bĂ©nĂ©volement ĆuvrĂ© au succĂšs du patron. Les prĂ©tendants avaient tout de mĂȘme dĂ» envoyer un CV et une vidĂ©o, les Ukrainiens Ă©taient ensuite invitĂ©s Ă les sĂ©lectionner sur Facebook en envoyant des frĂ©nĂ©sie lĂ©gislative vaut Ă l'exĂ©cutif un surnom "le turborĂ©gime"Hanna Skorokhod fut donc parmi les heureux Ă©lus. AprĂšs sa victoire, elle participe Ă un sĂ©minaire de formation organisĂ© par le parti dans une station balnĂ©aire. Quand elle y repense, elle lĂšve les yeux au ciel "On faisait des trucs dĂ©biles comme jouer Ă 'oĂč est Charlie?' avec des images de cerf dans une forĂȘt. Un jour, ils nous ont fait sauter en l'air pendant cinq minutes, pour crĂ©er un esprit de groupeâŠ""Ils avaient juste besoin de gens pour appuyer sur des boutons lors des votes"La suite est, dit-elle, moins loufoque. "La veille de la rentrĂ©e parlementaire, on nous a rassemblĂ©s dans une salle en sous-sol de la Rada pour nous dire 'Vous savez Ă qui vous devez votre place ici, donc faites ce qu'on vous dit!'" La jeune femme tombe de haut. "Ils avaient juste besoin de gens pour appuyer sur des boutons lors des votes." Elle renĂącle. On la menace. "On va monter un dossier contre toi", prĂ©vient le chef du groupe. Devant son obstination, la sanction tombe elle est virĂ©e du mouvement et son Ă©poux, un Russe, est arrĂȘtĂ©. Anton Polyakov, autre dĂ©putĂ© exclu de Serviteur du peuple, rĂ©sume ainsi son expĂ©rience au sein du parti au pouvoir "Une dictature."Certains appelleront cela simplement de la discipline de parti. Et Zelensky en a besoin tant il veut faire passer de lois. Cette frĂ©nĂ©sie lĂ©gislative vaut Ă l'exĂ©cutif un surnom "le turborĂ©gime". Le SuĂ©dois Anders Aslund, l'un des spĂ©cialistes mondiaux des Ă©conomies postsoviĂ©tiques, en reste admiratif "Que ce soit sur le marchĂ© foncier, la privatisation d'entreprises publiques, le systĂšme judiciaire, il y a eu plus de rĂ©formes en quelques mois que pendant des annĂ©es."Deux dossiers prioritaires la guerre dans le Donbass et la lutte contre la corruptionParallĂšlement, Zelensky s'attaque Ă deux dossiers prioritaires. Le premier, c'est la guerre dans le Donbass, cette rĂ©gion tenue par les sĂ©paratistes soutenus par la Russie et oĂč plus de personnes sont mortes en prĂšs de six ans. Alors que son prĂ©dĂ©cesseur instrumentalisait le conflit, Zelensky semble dĂ©sireux de le rĂ©gler. Il Ă©change des prisonniers avec Moscou, procĂšde au retrait de soldats de la ligne de front. L'ancien comĂ©dien pousse aussi pour un sommet oĂč il pourrait rencontrer Poutine. Il a lieu Ă Paris en dĂ©cembre. D'aprĂšs plusieurs tĂ©moins, le jeune prĂ©sident ne se laisse pas impressionner par son homologue russe et refuse les plans préétablis par le Kremlin."MĂȘme s'ils sont jeunes et ne savent pas vraiment comment procĂ©der, le prĂ©sident et les ministres ont de bonnes intention"L'autre grande affaire de Zelensky, c'est la lutte contre la corruption. Il incite les dĂ©putĂ©s Ă voter la fin de leur immunitĂ© parlementaire, purge le bureau du procureur gĂ©nĂ©ral, fait adopter un texte sur l'enrichissement illĂ©gal. "MĂȘme s'ils sont jeunes et ne savent pas vraiment comment procĂ©der, le prĂ©sident et les ministres ont de bonnes intentions", affirme Oksana Velichko, dont l'initiative citoyenne Ensemble contre la corruption collabore avec une bonne partie du s'attaquer seul Ă ce flĂ©au en Ukraine, c'est vouloir vider la mer Noire Ă la petite cuillĂšre. Bien sĂ»r, il y a les lois. Encore faut-il qu'elles soient appliquĂ©es par une administration accoutumĂ©e aux pots-de-vin. "Ces dessous-de-table s'expliquent notamment par les salaires trop bas des fonctionnaires, reprend Oksana Velichko. Mais l'Ătat n'a pas les moyens de les augmenter." Et puis le pays ne se rĂ©sume pas Ă Kiev. Les rĂ©gions sont des baronnies oĂč oligarques et gouverneurs rĂšgnent sans partage. "Pourtant, le parti ne cherche pas Ă y recruter de troupes, reproche Anton Polyakov, le parlementaire rĂ©pudiĂ©. Zelensky ne construit aucune verticale du pouvoir."Zelensky a surtout face Ă lui un systĂšme opaque et tout-puissant, celui des oligarquesIl a surtout face Ă lui un systĂšme opaque et tout-puissant, celui des oligarques. AprĂšs sa victoire, il a affirmĂ© qu'il leur ferait payer leur dĂ». Une gageure. Voire un mensonge. "Ă cause du compromis passĂ© avec eux pour virer Porochenko, Zelensky est arrivĂ© pieds et poings liĂ©s Ă la prĂ©sidence", affirme Ruslan Bortnik. Selon l'analyste, le pouvoir actuel serait composĂ© d'une mosaĂŻque d'intĂ©rĂȘts que l'ancien comique parvient pour l'instant Ă faire converger. Si une partie de l'administration prĂ©sidentielle est composĂ©e de proches, une autre est fidĂšle Ă KolomoĂŻsky, qui contrĂŽlerait aussi plusieurs dizaines de Pintchouk, un autre milliardaire â plus discret mais tout aussi influent â, disposerait de son propre rĂ©seau au sein de l'Ătat. Enfin, un homme serait quasi hors de contrĂŽle le ministre de l'IntĂ©rieur, Arsen Avakov, dĂ©jĂ en poste sous Porochenko. "Tant qu'il est lĂ , il n'est pas possible de rĂ©former les forces de sĂ©curitĂ©, pourtant notoirement corrompues", accuse Tetyana Chevtchouk. Il est soupçonnĂ© d'avoir prise sur les divers groupes d'extrĂȘme droite du pays. Un geste de sa part et ils descendent dans la rue. "Mieux vaut l'avoir avec soi que contre soi", note, pragmatique, un observateur europĂ©en."Vous le voyez refaire des sketches? Il ne ferait plus rire personne"La coexistence de ces diffĂ©rentes forces n'est cependant pas sans consĂ©quences "Elles passent leur temps Ă s'entre-tuer, Ă sortir des affaires les unes contre les autres", regrette Oleksandr Martynenko, le rĂ©dacteur en chef Âd'Interfax. La mise au jour, mi-Âjanvier, d'un enregistrement sauvage du Premier ministre en est l'illustration. Oleksi Hontcharouk y affirmait que Zelensky n'y entendait "rien Ă l'Ă©conomie". Un peu le prĂ©sident a refusĂ© sa dĂ©mission. Est-ce Ă cause de cette crise, ou de celle de l'avion d'Ukraine International Airlines abattu en Iran quelques jours auparavant? Zelensky semble ces derniĂšres semaines moins "virtuel", frappĂ© d'une certaine gravitĂ©. "Je ne fais confiance Ă personne", lĂąchait-il dĂ©jĂ en dĂ©cembre Ă plusieurs journaux occidentaux. Il a ainsi tranchĂ© dans le vif derniĂšrement en limogeant Andriy Bohdan, le puissant chef de l'administration prĂ©sidentielle. D'aucuns y ont vu un coup portĂ© Ă KolomoĂŻsky, son prĂ©tendu mentor, dont Bohdan est proche. DĂ©jĂ le prĂ©sident n'avait pas penchĂ© en faveur de l'oligarque dans l'affaire PrivatBank qui l'oppose Ă l'Ătat. "KolomoĂŻsky est dĂ©sormais presque en opposition ouverte", explique Anders Aslund. Si cela est vrai, les quatre annĂ©es qui restent au jeune chef de l'Ătat avant la fin de son mandat seront a promis qu'il ne rempilerait pas derriĂšre. Que fera-tâil alors? Retournera-tâil Ă la tĂ©lĂ©vision? "Ăa m'Ă©tonnerait, anticipe Ruslan Bortnik. Vous le voyez refaire des sketches? Il ne ferait plus rire personne." Peut-ĂȘtre mĂȘme est-ce dĂ©jĂ le cas. G73cV. 53 24 381 11 90 125 290 85 323